Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

nolleau

  • Pas de Mai qui tienne

    Merci à Nolleau et Zemmour d'avoir, sur le plateau de Laurent Ruquier, fait table rase du printemps de Mai 68 dès le mois de mars 2008, étalé au grand jour les mobiles bobos d'André Glucksman, pantin qui s'est jeté dans leur ligne de mire.

    Liquidation précoce, et en même temps que de temps perdu !

    Si Glucksman a encaissé pour toute la bande, c'est parce que c'est le plus bête. Une bêtise narcissique, "ontologique" comme on dit à la fac de Nanterre. Les soixante-huitards ont élevé leurs enfants pour en faire leurs propres reflets, sans la moindre ride si possible.

    On peut penser qu'avec BHL, le règlement de compte aurait été plus "serré". Que les deux exécuteurs testamentaires de Ruquier auraient dû forcer un peu plus leur talent, esquiver un ou deux anathèmes, le genre que BHL sait dégainer plus vite que son ombre. Et puis BHL c'est pas le genre de crétin à sortir à découvert. Narcissique, mais quand même pas sarkozyste ! Et puis un sens aigu du western.

    Mais c'est insuffisant. La génération suivante à laquelle j'appartiens ne peut se passer, après les truands, de liquider aussi les mercenaires Nolleau et Zemmour.

    Si comme l'explique clairement Zemmour, la censure de la FNAC ne fait que prolonger la censure gaulliste, et le puritanisme bobo celui de Tante Yvonne, le corsage généreux de BHL n'est donc que le revers du costard-cravate strict de Zemmour. La logique, un journaliste du "Figaro" ne la pousse jamais très loin. La bourgeoisie gaulliste a engendré les bobos qui partagent avec leurs parents la peur et la haine de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à la Révolution. Ils peuvent bien citer Bernanos, Bloy ou même Marx, au "Figaro", ça ne trompe que les abrutis.

    Nolleau, lui, flingue pour le compte des socialistes. Gonflé de laisser entendre que la gauche libérale ne doit rien à la philosophie vaseuse de Glucksman & Cie. En termes électoral, la gauche doit au contraire tout aux soixante-huitards, qui se sont chargé de son "marketing" et de sa publicité, de faire passer des vessies pour des lanternes. La jeunesse emmerde Mai 68 !

  • Table rase de la critique

    Une seule façon pour mesurer la censure objectivement, d’une époque en dentelles à une époque bottée, jusqu’à notre “cyber-époque” libérée : tâter la force de la critique.

    Je ne vais pas vous assommer avec une thèse mais juste un exemple. Voyez Zemmour et Nolleau chez Ruquier ; on leur a dit qu’ils allaient jouer le rôle de critiques, disques, bouquins et dévédés, tout en vrac.
    Eh bien il ne s’est pas passé beaucoup de temps avant qu’ils endossent le costume de baltringues, hués par le public au moindre pet de travers, dès qu’ils débordent le cadre strict du “politiquement correct”.
    Puisqu’il n’est plus permis de dire du mal du physique des gens, c’est ce qu’on appelle la “censure positive”, je n’insiste pas sur les bobines de Zemmour et Nolleau, très pratiques pour tourner en dérision la critique, il suffit d’allumer la télé en pleine nuit pour le constater, entre Laurel et Hardy et une paire de têtes à claques (ça m’a échappé.)

    Quand ils ne sont pas tournés en dérision et parviennent à distiller un peu d’acide - genre jus de citron plutôt que vitriol -, sur le petit Moix qui sait plus quel filon exploiter, à quel rabbin se vouer, sur la vieille maquerelle Breillat ou le vieux Chancel déphasé, c’est le tollé général et nos duettistes finissent par bredouiller des excuses et se laisser tirer les oreilles.
    On imagine le barouf si Nolleau dénonçait sans périphrase les motifs putassiers de Moix ou de Breillat, ou montrait l’encéphalogramme plat de Chancel.

    Bref, les critiques aujourd’hui, ce sont des marionnettes. Quant à la censure, elle, elle est carrément interdite. C’est bien le sens du certif de non-conformité délivré par la Fnac, non ?

  • Si j'étais…

    Si j’étais de droite, je crois que ça m’agacerait au plus haut point d’être “représenté” par Eric Zemmour du Figaro à la télé. Dans une certaine mesure, la gauche (Ruquier) a “inventé” Zemmour pour rendre la droite encore plus ridicule.
    Le problème de cette tactique, qui n’a pas marché avec Sarkozy, dont le ridicule saute pourtant aux yeux, c’est qu'elle est inopérante dans une large mesure vis-à-vis des personnes âgées, dont les sens sont émoussés.

    Certes, Zemmour est moins antipathique que Finkielkraut, parvenu qui fait semblant de cracher dans la soupe, parce que Zemmour, lui, est courageux ; il a des opinions idiotes, comme Finkielkraut, mais il les défend bec et ongles, un peu comme Le Pen en moins couillu.

    Mais Nolleau a beau jeu d’apparaître ensuite comme un type subtil à côté de Zemmour (Ce qui n’était pas le cas de Polac, nitchéen dont la vertu principale n’était pas la subtilité.)
    Sur le féminisme, par exemple, le dada de Zemmour. Contrairement à ce que Zemmour croit, le féminisme n’est pas un phénomène de société, mais un symptôme de société ; les femmes elles-mêmes ne sont donc pas les actrices principales, le moteur du féminisme - pas plus que les hommes, et même sans doute un peu moins. On peut penser qu'elles en seront les premières victimes, en revanche.
    Même Tocqueville avait fini par comprendre ça ! On n’enseigne pas Tocqueville dans les universités d’été de l’UMP ou quoi ?
    Cette évolution politique, dont le “féminisme” n’est qu’un produit, appelons-la par son nom : c’est l’anarchie. Une autre conséquence de l’anarchie, c’est justement que Zemmour ait pu accéder au statut de penseur, même “de droite”, et puisse se prendre au sérieux avec des bouquins qui ne le sont pas. De même Muray, Tillinac, Finkielkraut, Pascal Bruckner, toute cette “lumpenphilosophie” de gare.

    *

    Si j’étais de gauche, je crois que ça m’agacerait au plus haut point d’être représenté par Guy Carlier. D’abord parce que c’est un comique sinistre : même Bigard a plus d’autodérision et moins d’arrogance invincible. Ensuite parce que c’est l’ex-comptable du père de BHL, exploitant colonialiste dont le fils s’est reconverti dans le néo-colonialisme à l’américaine et le cinéma d’auteur

    Ce qui nous donne une différence entre la gauche et la droite ; la droite dit n’importe quoi mais elle ne le fait pas exprès ; la gauche, elle, est plus consciente de son hypocrisie et de sa démagogie.
    Étant donné qu'en politique la plus grande faute c'est la bêtise, on pourrait en conclure qu'il vaut mieux, quand même, malgré tout, être "de gauche" ; ça serait vrai si, désormais, la gauche et la droite n'étaient pas à peu près inextricablement mêlées, enlacées dans la chute. Spirituellement, on ne tombera pas de bien haut.