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Lilliputien bas de soie

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Je rame depuis des heures et toujours rien à l’horizon… Entre le fiel et l’eau de rose, où est passée cette île promise ? Hors quelques langues de terre hostiles à l’homme civilisé, je n’ai rien senti de bien ferme sous ma quille…

Et puis le problème avec les types sincères comme Houellebecq, c’est qu’ils causent, ils causent, et ça déborde. Beaucoup plus que les hypocrites ! Comparez avec Beigbeder ; à côté c’est le type bien élevé, bien coiffé, l’œcuménique presque parfait (mi-Juif, mi-catho, amoureux de la Turquie), un bobo prudent qui sait s’en tenir à un nombre de pages raisonnable compte tenu de ce qu’il a à dire. Et qui n’en dira jamais trop.
Si je compare ces deux auteurs à succès, c’est qu’ils jouent tous les deux le même petit air de flûte désenchanté (exploitant honteusement l’apathie économique dans laquelle nous marinons, seurfant inconsciemment sur l’antiparlementarisme fâchisant d’une France d’en-bas mortifiée par la baisse de son pouvoir d’achat.)

Moi je verrais bien La Possibilité d’une île en feuilleton dans Le Monde ; cette idée m'est venue en entendant Josyane prendre sa voix mielleuse pour parler de Houellebecq. Et puis parce que le pavé de Houellebecq, on peut l’entamer un peu par n’importe quel bout, comme un feuilleton (ou un pamphlet). Pour remplacer les billevesées de Fottorino ou les délayages de Dominique Dhombres. Sur cinq colonnes à la Une - sûr que ça relancerait les abonnements comme l'anémie des budgets publicitaires inquiète tous les journalistes-actionnaires du consortium.

Les fantasmes de Houellebecq sont quand même moins chiants que ceux de Colombani & Plenel, non ? La possibilité du clonage est aussi incertaine qu’une partie de golf sur Alpha du Centaure, et puis tel clone ne perpétuerait en rien tel individu, mais c’est quand même moins casse-couille que la paix mondiale garantie par l’Onu pour assurer la prospérité d’Israël.
Mais au Monde ils préfèrent Blueberry en feuilleton, c'est sûr que c'est moins polémique.

Commentaires

  • "Les pensums de Fottorino" : comme c'est bien dit !

  • Hum, pas tant que ça en fait : pensum convient mieux à Colombani ou Plenel, parfaitement somnifères. Si tu peux m'aider à trouver le terme exact pour Fottorino, à l'aide de ce large extrait, qui te donnera une idée de sa prose… C'est léger mais insignifiant, lisible mais plein de fatuité inconsciente ("notre univers"). Je cherche un mot qui résume tout ça…
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    «(…) Lire son horoscope, celui de son conjoint, de ses enfants, lire ou ne pas lire, prendre ou non au sérieux le message des astres, telle est la question. Elle ne se pose pas aux lecteurs du Monde puisque nous n'avons pas cet article en magasin, et sans dévoiler outre mesure les projets du "nouveau Monde " prévu pour début novembre, précisons tout de même que, sauf dernière minute bien improbable, les signes du Zodiaque resteront éloignés de notre univers !

    Nos confrères de L'Est républicain ne peuvent pas en dire autant, eux qui publient chaque jour dans leur grand quotidien un horoscope. La semaine passée, le tribunal d'instance de Montbéliard a été saisi d'un cas assez unique dans les annales de la chronique judiciaire. Il s'agissait de statuer sur la plainte d'un habitant de la ville qui poursuivait L'Est républicain en justice. Motif : l'horoscope du journal s'était montré selon lui diffamatoire à son égard.

    Il faut dire que ce lecteur est du signe du Bélier, signe réputé fonceur, si on en croit les livres de sciences naturelles, les reportages animaliers et les témoignages de nombreux témoins à travers les âges. Ce lecteur a sans doute aussi le sang chaud, bien que cette caractéristique ne soit pas propre au Bélier. Qu'on en juge : l'intéressé n'avait guère apprécié de lire une prédiction imprimée dans son journal et se rapportant à son signe astral. L'augure était ainsi libellé, à propos du Bélier : "Certains retrouveront les émois de l'adolescence, surtout dans le domaine sentimental où l'envie de s'amuser prend le pas sur le besoin de construire du solide."

    A première vue, il n'y a pas de quoi ruer dans les brancards de la justice, même pour un homme doté du tempérament d'une bête à cornes. Pourtant, l'intéressé s'est senti visé par cet auspice de léger dévergondage. "Père de famille sérieux" , comme il s'est lui-même présenté à la cour, ce demandeur d'emploi au chômage depuis deux ans est monté, si on peut dire, sur ses grands chevaux.

    Il s'est plaint qu'"en tant que Bélier" il pouvait être considéré par un employeur potentiel comme "un coureur de filles". Aussi avait-il réclamé 51 euros d'indemnités à L'Est républicain pour avoir diffusé de telles vilenies sur les Béliers, tout en recommandant à l'astrologue coupable de "consulter un médecin" (…) »

    Éric Fottorino

  • Il aurait dû avoir le Goncourt, c'est quand même mieux que Gaudé !

  • "Fatuité inconsciente" : comme c'est bien dit ! ;-)
    Sans blague, un jour une amie me parlait de certain journaliste, qui, selon elle, "s'écoute écrire". Je trouve que ça s'applique bien à Fottorino.

  • Fottorino? Je dirais: babillage précieux.

  • Il y a quelque chose d'abyssal dans le creux de cette pensée là ...

  • On a le droit de proposer un néologisme ou pas ? Je dirais "abyssilité".

    Proposition de définition:

    "abyssilité": n.f. (XXI) une abyssilité est une pensée dont le creux n'a d'égal que la bêtise. "les abysillités d'Eric Fottorino étaient notoires mais il avait comme circonstance atténuanyte d'être payé à la ligne" (extrait d'une brêve antologie de la littérature journaleuse française)

  • Pour le décrire, il y a un mot déjà employé : creux. Inutile d'y ajouter "abyssal" ; ce serait lui donner de la hauteur...en creux.
    Ce n'est pas très imagé mais, bien introduit, l'adjectif a sa puissance.

    "abyssilité ": très bien. Sonne comme l'antique et l'oreille l'approuve.

  • Moi je propose "île flottante" : c'est léger, un peu sucré, vaguement agréable mais parfaitement inconsistant…

  • Madame, j'avoue que je m'attendais plutôt de votre part à un archaïsme.
    Ève, ton dessert me tente : "les îles flottantes" de Fottorino, car j'aime beaucoup les métaphores culinaires : le problème c'est qu'ils servent plutôt les chroniques de Fottorino en entrée dans l'univers du Monde.
    J'opte donc pour les babillages. Merci de m'avoir aidé, j'avais un petit coup de barre.

  • Monsieur, si Madame de ... prise fort les poulaines brodées, il lui arrive aussi de chausser des mules à paillettes.

  • Ah, il y a aussi billevesée (je ne supporte pas de perdre.)

  • Billevesée me plaît encore mieux, je l'adopte. Et vous, seriez-vous orpheline, Ève ?

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