Le style de certains, c’est d’avoir des choses à dire :
« Il y a dans les campagnes une autre tradition à laquelle j’associe ce vin de la Vallée du Rhône [le Crozes-Hermitage rouge], celle de la sanguette.
Après avoir tué une volaille, on en recueille le sang dans une assiette ou un plat en terre, au fond duquel on dispose une couche de persil et d’ail haché. Lorsque le sang a coagulé, on le fait rissoler des deux côtés pour faire une sorte de galette, puis on lui ajoute du sel, du poivre et des épices (…) »
La mort, le stylet, le sang frais, le feu, le plaisir, c’est presque du Shakespeare.
L’intarissable F. Weyergans, lui, n’a pas grand-chose à raconter en revanche, hors quelque virée en boîte de nuit escorté de sa femme et de sa… maman. De quel genre d’homme s’agit-il ? Disons que trois jours chez sa mère sont un sujet qu’il nous impose sans gêne particulière. C’est un auteur contemporain.
Inutile de parler du talent subtil de Weyergans, de ses contreprousteries de Narcisse rigolo. De louer la simplicité d’un auteur pourtant passé par Les Cahiers du Cinéma. Non, le devoir d’un critique aujourd’hui, c’est surtout de résister à la corruption, car sur le fond, si le métier sert encore à quelque chose, à supposer qu’il reste des lecteurs intelligents, l’affaire Potter m’en fait douter de plus en plus, sur le fond le boulot s’est considérablement simplifié.
Grosso modo, les nouveautés peuvent être classées en deux catégories didactiques : “Bitable”/“Imbitable”. On peut se permettre d'exagérer jusqu'à "Indubitablement imbitable" (C. Delaume, PPDA, etc., etc.), ou de nuancer jusqu’à “À demi bitable”. Ainsi le dernier Weyergans, même si ce n’est pas très pratique de réclamer un demi-livre de Weyergans à son libraire.
Je laisse à propos du dernier Dantec mon jugement en suspens, car je me doute que certains n’attendent que ce prétexte pour venir se défouler sur mon blogue en y tenant des propos confus.
Commentaires
Tu n'as pas précisé d'où vient cette éloge shakespearienne du boudin de volaille... Mais bon, parler boudin ou boîte de nuit, franchement c'est kifkif non? L'un est indubitablement plus tendance, mais la question du style reste la vraie question.
[Précision de haute importance, certains compatriotes, plus portés sur les monts madiranais que la Vallée du Rhône, parlent de sanquette et non de sanguette.]
C'est vrai qu'il y a beaucoup de boudins en boîte de nuit, Pim.
C'est ça que tu voulais me faire dire, non ? Ou : "Le style est l'homme même."
Oui, la perche était énorme... "Le style et l'homme, même", pourquoi pas oui, du peu que je lis je trouve que fond et forme se confondent dans le style, dans l'auteur donc. N'importe quel fond paraît insipide si le style l'est. En revanche un bon auteur n'a pas de mal à transformer des vessies en lanternes. Et quelle importance finalement que ce soient des vessies... On parle bien de littérature, pas d'information.. pfiou, et même là encore....
(ahah, me pousse pas trop Lapin, j'adore brasser de l'air à grands coups de vérités péremptoires, surtout si ça concerne des domaines que je maîtrise peu)
zuteuh, et je fais des fotes