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Houp-houp-houp !

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Je confesse que je suis un peu jaloux de ces vieux briscards, Constantin Copronyme et Philippe Billé, de leur science des oiseaux. À leurs chants, ils savent reconnaître le pipit farlouse, le bruant-ortolan, le traquet pâtre, le geai des glands… C’est de la poésie pure, ça, ces noms exotiques, ces plumages, le vol papillonnant de la huppe fasciée (Et non pas la huppe fasciste, malgré sa livrée un peu ostentatoire, hypothétique emblème d’un parti réactionnaire caché dans un vallon de la Combraille).

J’ai toujours rêvé, me promenant de conserve avec une donzelle par les petits chemins de campagne, de la méduser avec ce truc de la science des oiseaux. « Pipipipipipipipi !! »… « Eeeh, t’as pas entendu ce trille ? Ça, c’est la sitelle torchepot de la ferme du Buisson qui fait son nid, ma caille ! » Il y a encore des gonzesses qu’on appâte à la poésie.

Vous me direz, pourquoi ne pas pallier l'ignorance avec un peu d’imagination, pourquoi ne pas inventer, tout simplement ? Pour peu que la donzelle soit de la ville ou banlieusarde - y’a d’ailleurs bézef de jolies filles dans la Combraille désormais -, elle y verra que du feu. « T’as entendu ce sifflement ma poule ? Hmm, c’est un écalard railleur si je ne m’abuse… Tends donc l’oreille un peu, il risque de remettre ça ! »
Avais-je des scrupules naguère à truffer mes dissertations de fausses citations pour piéger mon prof de philo ? Evidemment non. Mais je m’en voudrais de tricher avec la poésie des noms d’oiseau, c’est pas pareil.

Je suis juste bon à reconnaître les oiseaux marins, le pétrel fulmar, l’huîtrier-pie, le fou-de-bassan, mais ça n’a pas le même charme, je trouve, ces piafs sont trop voyants et leurs cris trop stridents.

Dans le même genre, il y a le truc des étoiles dans le ciel, que j’ai un peu oublié mais qu’un vieux trappeur avait commencé de m’apprendre. C’est bien pour frimer aussi. Ça me rappelle cette fille qui ressemblait à Ornella Mutti et qui dégoisait un peu moins stupidement qu’elle. Quand je la raccompagnais chez sa mère au crépuscule, elle se serrait contre moi, vu qu’elle n’était pas rassurée dans l’obscurité et qu’une hulotte dans le quartier en rajoutait dans les hulements de cinéma. Et je la prenais par le cou pour l’aider à voir le double v de Cassiopée ou le Baudet.

Je me demande quand même si elle s’en foutait pas un peu, de mon Baudet. La première fois que je l’ai serrée contre moi, elle m’a dit qu’elle aimait bien mon odeur. « Tu sens la forêt, Lapinos… » Ah, ah, je crois bien que c’est le meilleur dans les relations entre un homme et une femme, ces réflexions incongrues qu’elles lâchent de temps en temps et qui nous surprennent (J’imagine que nous devons nous aussi les surprendre involontairement)… Au vrai, je devais sentir la cigarette froide et je n'avais pas pu me laver pendant quinze jours (Depuis cette saillie flatteuse d’“Ornella”, je répugne d’ailleurs à prendre plus d’un bain par semaine.)

J’avais treize ans de plus qu’elle mais en déclarai seulement sept. J’abusais ainsi la fille mais la mère m’envoya un gendarme, le sien, pour faire un esclandre et la récupérer… Je me demande si je ne pourrais pas trouver une photo d’“Ornella” sur internet pour voir comment elle a vieilli ?

Merde, je serais pas en train de virer nostalgique, moi, à force de lire les blogues de ces deux vieux briscards !?

Commentaires

  • Ainsi cet oiseau que vous vîtes sur une route de campagne, assez gros, beige avec des ailes bleues, était un geai et non une huppe fasciée. Passionnante controverse.

  • Ah Lapin, si tu te mets à écrire du Vialatte je te demande en épousailles.
    Concernant ton odeur boisée, je sais que tu n'es pas fleur bleue, mais avoue que si elle t'avait dit "Mon lapin, j'aime ton odeur de crasse et de tabac froid", t'aurais trouvé la réflexion incongrue et peut-être moins charmante.

  • Cela me rappelle mon 1er amour que je gratifiais d'une malheureuse réflexion sur cette lèvre supérieure qu'il avait si mince qu'elle semblait "inexistante".

    Cela ne l'empêchait pas au demeurant d'embrasser divinement.

    Très important le baiser pour les femmes !

  • Ne pas confondre "sentir la forêt" et "sentir le bûcheron". Les femmes n'ont pas toujours conscience de ce genre de nuance.

  • Et voilà, tu dis que tu pues et elles rappliquent pour te demander en mariage (ça ne se fait pas, Pim, c'est au monsieur de proposer, mais tu fais bien de me faire penser que je n'ai encore rien lu de Vialatte, il faudra que je songe à en emporter avec moi lorsque je retournerai en Combrailles) ou pour te réclamer un baiser (je ne suis pas très fort en baisers, Suzette, hélas, sauf ton respect c'est une étape que je sauterais volontiers). Comme quoi la disparition des valeurs viriles ne fera pas que des heureuses.

  • Hopop, t'emballes pas Lapin, il y avait un si (et pas juste un bémol). Avant de pouvoir m'emmener en noce dans la garrigue à serpolet, faut que tu lises les "Chroniques de La Montagne" et "Battling le ténébreux" pour bien t'imprégner du style.

  • Voilà un constat bien classique, hélas.
    Cela ne te fait donc aucun effet ? Ou prèféres-tu une carresse derrière les oreilles ?

  • Il n'aura jamais été autant question des Combrailles dans la blogosphère ! Quoique moins improbable que la Pologne de Jarry, c'est, il est vrai, un pays dont on ne parle guère et qu'on situe mal, aux confins de l'Auvergne, de la Marche et du Bourbonnais... Vialatte l'ignore. Dans une chronique, peut-être, ou dans son beau livre sur l'Auvergne, il évoque les routes pavées d'améthystes, du côté de Saint-Éloy-les-Mines, comme s'il parlait d'une terra incognita. L'Auvergne de Vialatte, né en Limousin et mort à Paris, c'est celle de Blaise Pascal et de Pourrat, de Clermont-Ferrand et des villages "couleur de bure et de fumée", pas cette région où les patois d'oc s'exténuent, où l'on préfère parfois le fromage de Chambérat et le vin de Saint-Pourçain au saint-nectaire et au boudes...
    Les Combrailles, hélas ! n'ont pas leur Vialatte. Dommage : on eût aimé que s'y déroulât l'intrigue d'une "Salomé" ou d'autres "Enfants frivoles"...

  • Avec une mâle répartie telle que, Constantin, comme je la connais, Pim va se pâmer. Laissez-moi au moins la Suzette-aux-baisers !

    Je préfère, moi, le chambérat au saint-nectaire, ce frometon de bébé. Dans l'ordre : fourme de Montbrison, fourme d'Ambert, salers, laguiole. Vous m'intriguez avec votre boudes, beaucoup plus qu'avec Vialatte, d'ailleurs…

    Ah, et tant que je vous tiens, Constantin, dites-moi, doit-on dire plutôt la Combraille(s) ou les Combrailles ?

  • Il s'y connait en fromage, ton ami Constantin et sa plume est belle ....

    Mais j'ai vu ton portrait Lapin et tu manies bien le pinceau.

  • Constantin, où avez-vous parlé d'oiseaux? J'aimerais lire ça.

    Fromageplus, votre sens de la nuance vous honore.

    Sébastien, non, si Lapinos reconnaît une huppe sur les images, c'est qu'il a vu une huppe. Simplement sa description inexacte correspondait mieux à un geai. Mais ça ne vous intéresse pas. Le monde est ainsi fait, que voulez-vous, il y a des gens qui s'amusent de choses qui ne vous intéressent pas. Heureusement, vous n'êtes pas obligé de les lire.

    Lapinos, ça n'est pas masculin, trille?
    C'est sans grande importance, mais je voudrais préciser que je n'ai pas une telle "science des oiseaux". Je ne connais assez bien que ceux qui crèchent dans mes biotopes habituels. Des quatre bestioles que vous citez, je ne saurais reconnaître que le geai (qui n'a d'ailleurs pas à proprement parler un chant mais une sorte de criasserie). Je connais très peu les espèces marines.
    Qu'est-ce que c'est que cette histoire de Baudet, il y a vraiment une constellation qui s'appelle comme ça, ou vous voulez encore nous tourner en bourriques?
    Vous taquinez les "vieux briscards", cher Lapin, mais si j'en juge à votre courrier des lectrices, votre ramage me semble tout à fait propre à vous attirer les faveurs que vous recherchez, je vois que l'on se déclare déjà prête à vous manier le pinceau.

    D'autres affaires m'appellent, hélas, je dois quitter. Bien le bonjour dans la garenne.

    PS. Je ne connais pas vos fromages, Messieurs. Moi, je n'ai rien goûté de meilleur que l'époisses, jusqu'à présent.

  • Ph. B. :
    Note du 11/02/2006.
    Rien d'inoubliable !
    L.S. vous citait élogieusement dans un commentaire...
    Amicalement.

  • Décidément, je me fais étriller à cause de mon orthographe ces temps-ci !
    Dites-moi, votre biotope est bien pauvre, Monsieur Billé, s'il n'y a pas quelque bruant dans vos parages - ni le moindre pipit. Pays d'agriculture intensive ? Vous vivez en Poitou-Charentes, non ? Parce qu'on y a introduit une nouvelle espèce de grue à géométrie variable qui fait se déplacer les foules pour l'admirer, à ce qu'il paraît. Une des rares espèces à plume où la femelle est plus belle que le mâle. Celui-ci se sert d'ailleurs de cette beauté pour attirer les grenouilles qu'elle subjugue.

  • Je ne voudrais pas, encore une fois, ramener ma science, mais pour trouver le bruant que tu cites, l'ortolan, il faut se lever tôt Lapin, il est en voie de disparition. D'ailleurs des mercenaires CPNTistes le vendent à prix d'or pour la fameuse recette de l'ortolan faisandé. Paraît-il que c'est un délice, jamais goûté, en tout cas vu la taille de l'oiseau autant manger des alouettes grillées, c'est moins rare et très bon.

  • Ramène, ramène, te gêne pas. Mais qui te dit que le Billé n'est pas un animal qui se lève aux aurores ? Dis-moi plutôt où les derniers ortolans nichent, Pim, j'aimerais bien y goûter au moins une fois avant que les socialistes les aient tous bouffés.

  • Je suis plutôt du matin, en effet, Lapinos. Ma triste condition de goy errant me fait alterner les résidences entre la banlieue de Bordeaux, mon bois en Dordogne et mon jardin de Charente, tous endroits où vivent probablement pipits et bruants, mais je dois avouer que c'est là une de mes grandes lacunes, je sais très mal distinguer tous ces petits passereaux bruns ou beiges. Pim et vous m'avez l'air + calés que moi sur ce point. Quant à la grande Bécasse à plumes roses, je ne vous surprendrai pas en vous confiant que je ne suis pas de ses admirateurs.

  • Ph B. vous n'avez pas idée à quel point je suis callée, mes parents hébergent pas moins de 7000 canards et mon père zigouille régulièrement de la bécasse des bois, au pays où le bruant ortolan tchipitais autrefois. La bécasse farcie au foie gras, voilà bien un met de socialiste que je te conseille Lapin.
    (Bon, en vérité je suis nulle en ornithologie. Les ornithologues ont ce quelque chose du cruciverbiste qui me déplait beaucoup, leur plus grand plaisir est de "cocher". A vrai dire je préfère les mycologues.)

  • Ça doit faire un sacré boucan, sept mille canards, non ? Ils doivent porter en permanence des boules Quiès tes parents, Pim…
    (Je n'épouserais pas quelqu'un sans m'être renseigné un minimum sur ses parents, à la place de Philippe Billé.)

  • Tu confonds avec les oies et les dindes, les canards ne font pas de bruit. Eventuellement au bout d'une quinzaine de jours de gavage intensif, ils sifflent un peu du bec, tels des sénateurs repus à l'heure de la sieste.

  • Y'aurait que les cols verts du Bois de Boulogne qui font coin-coin ? T'es sûre qu'ils t'ont pas rendue sourde, à force, les sept mille ? (Je comprends aussi un peu mieux ton malthusianisme)

  • Les colverts sont -en principe- des animaux sauvages, pas des clones d'élevage sélectionnés pour leur foie et vendu par paquets de 1000. (mais puisque je te le dis Lapin, tu peux me croire non quand même?)

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