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Marxiste et chrétienne

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Vous ne m'en voudrez pas de vous avoir fait attendre, Henri, j'espère.

Le premier exemple que je veux développer un peu, autant qu'il est possible ici, quitte à en recauser autour d'un verre de votre Montlouis, c'est celui de Simone Weil (1909-1943), la petite emmerdeuse juive qui se fit catholique en passant par Marx. Je vous entends d'ici, Henri, bougonner : « Ça vous ressemble pas, Lapinos, de vous fier à une gonzesse, z'avez bien changé… À moins que ça soit encore une de vos blagues en plusieurs épisodes ? »

En réalité Simone Weil n'est pas vraiment une femme, Henri, mais peu importe sa biographie. Marx l'a persuadée que le mode de production capitaliste est une menace pour l'humanité entière, que derrière la transformation de l'objet utile en fétiche, aussi de la monnaie en fétiche, se prépare la transformation des rapports sociaux en choses, une forme évoluée de barbarie.

Au contraire de Marx qui a tendance à oublier le rôle de l'État, Simone Weil propose pour sortir de la spirale du profit et échapper à la barbarie finale, une constitution de type monarchiste. Simone Weil substitue à la solution finale "par le bas", la lutte des classes de Marx, une solution finale "par le haut", la réforme institutionnelle de l'État.

Il y a cet effort chez Simone Weil comme chez Marx pour "déphilosopher", toucher la réalité du doigt. Hélas Simone Weil demeure une idéaliste. Elle croit qu'on peut changer les choses avec une constitution… Fût-elle monarchiste, cette constitution, c'est-à-dire à l'opposé de la démocratie actuelle, du gouvernement alterné des partis financés par le grand capital, je crains que ça ne soit pas le bon bout par où révolutionner les choses. Les débats institutionnels sont stériles en eux-mêmes. On retombe dans Aristote, en quelque sorte.

Mais, dans le détail des propositions de Simone Weil, il y en a une plus restreinte qui n'est pas purement théorique et pour laquelle il me paraît raisonnable de militer, Henri : c'est la possibilité pour le ministère public d'attaquer les journalistes en justice, de mettre fin à leur immunité, en réclamant bien entendu des dommages-intérêts conséquents, dès l'instant qu'ils portent atteinte à la vérité dans quelque domaine que ce soit, sciemment ou non. Les cas sont nombreux au cours des décennies passées, pour s'en tenir à la France, de mensonges par action ou par omission, d'erreurs, de bidonnages de la presse écrite ou audiovisuelle, qui ont entraîné des catastrophes à l'échelon individuel ou collectif parfois, sans que cette presse ait eu à assumer ses responsabilités.

Simone Weil a raison, si le devoir d'information n'est pas sanctionné par la loi, il n'existe pas, c'est une vaste supercherie.

Pas de risque que je porte un tee-shirt à l'effigie de ce minable Che Guevara, Henri, ni du dictateur Chavez.

Commentaires

  • Un peu facile sur ce coup... Deja que les journaleux sont faute de lectorat soutenus financièrement par qui de droit et dans l'ensemble assez dociles, rendez les responsables des erreurs involontaires (ce qui de prime abord paraît logique je vous l'accorde) en donnant aux tribunaux (tous indépendants, c'est une evidence) et ils n'oseront plus rien écrire.

  • Immunité ? Quelle immunité ?

  • Je compte bien donner des exemples.

  • Avec votre néo-marxisme, vous me faites penser aux néo-socialistes d'avant-guerre qui conservaient de Marx la critique du capitalisme, mais voulaient en même temps réhabiliter l'ordre et la nation. Tout cela ressemble à un drôle de syncrétisme idéologique, d'autant que vous ajoutez le Christ à Marx... A défaut de porter un tee-shirt à l'effigie du Che, vous pourriez en porter un à l'effigie de votre nouvelle trinité : Jésus-Marx-Weil. Je croyais pourtant que vous aviez certaines préventions...

  • Simone Weil veut plutôt rétablir la primauté du devoir sur le droit. Là encore c'est une manière de voir les choses un peu restrictive, je trouve, néanmoins qui n'a rien à voir avec un socialisme béat…

    Mais l'important c'est que je vous fasse toujours autant rire, Uhlan.

  • Marxiste puis chrétienne, nuance.
    Sinon vous oubliez que si les journalistes mentent c'est sinon sur ordre, au moins avec approbation de l'état social-démocrate.

  • Ça ne change rien à ce que je disais, Cadichon, c'est Marx qui a amené Simone Weil à se poser les vraies questions, qui sont politiques. Si vous examinez toutes les problèmes qui se posent aujourd'hui en Occident sous l'angle marxiste, vous les appréhenderez mieux que les idéologues de gauche comme de droite. Des problèmes démographiques aux problèmes d'insécurité en passant par les problèmes de violence.

    Essayons d'appliquer la méthode marxiste au problème du journalisme, de l'information, Cadichon, dont Simone Weil a raison de faire le nœud du problème.

    Au début, vous êtes bien placé pour le savoir, l'ORTF a été conçu comme un outil de propagande gaulliste. Mais peu à peu les journalistes ont échappé au contrôle des politiciens. Je ne dis pas que la politique n'a plus d'influence sur les journalistes, mais ce qui gouverne les médias aujourd'hui, d'abord, ce sont les grands groupes capitalistes. Le profit est devenu le premier critère, devant les idées. Ça n'a posé aucun problème au "Monde" (Vous connaissez l'importance de ce quotidien qui "inspire" les principaux JT) récemment de troquer ses idées de gauche pour les idées de Sarkozy, sans changement de directeur.

    Je simplifie, mais peu à peu les médias deviennent un pouvoir autonome tourné vers le profit. Le mouvement communiste antipub a raison de dénoncer la collusion entre l'argent et les médias. Elle est évidente. Sans les recettes publicitaires, 90 % de la presse et 100 % des médias n'existeraient pas aujourd'hui. Le problème des antipubs, et la raison pour laquelle ils sont incapables de faire des propositions efficaces, c'est que les lois communistes ont favorisé en France cette médiacratie soumise aux lois capitalistes, et que le mouvement antipub communiste est incapable de la moindre autocritique vis-à-vis de son idéologie trotskiste-léniniste.

    Regardez ce qui s'est passé avec la guerre en Irak, c'est un comble. Ce sont les médias qui ont poussé les États-Unis à entrer en guerre. Après le 11 septembre, des campagnes incessantes dans les journaux influents ont été menées en faveur de ce conflit. Pourquoi les journalistes français annonçaient-ils le déclenchement du conflit plusieurs semaines avant les premières frappes yankies ? Parce qu'ils savaient que Bush ne pouvait plus reculer, malgré les avis contraires des ses proches, la pression était trop forte, l'opinion yankie était DÉJÀ préparée à la guerre !

    Une fois les GI sur le terrain, Cadichon, ce sont les médias qui les ont empêchés de gagner la guerre contre le terrorisme, qui les ont obligés à se retrancher dans des camps fortifiés parce que l'opinion publique yankie, informée presqu'en temps réel par les médias, au-delà d'un certain quota de morts (yankis), risque de se retourner.

    Les États-Unis ont étalé aux yeux de l'opinion publique mondiale leur impuissance militaire, pire, la médiacratie a fait d'eux des criminels de guerre. Et ce n'est pas fini.

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