Je ne sais pas si vous avez observé comme moi, c'est un phénomène typiquement démocratique, dès lors qu'un candidat est condamné à obtenir un score dérisoire, à partir de ce moment-là seulement on peut s'attendre à ce qu'il dise des choses sensées et qu'il s'élève ainsi au-dessus de la démagogie la plus grossière.
C'est le cas de Dominique Voynet, qui se condamne elle-même à obtenir un score dérisoire, de peur de faire perdre Ségolène Royal. L'autre jour D. Voynet - beaucoup plus jolie à la télévision qu'en vrai, c'est la réflexion que je me faisais après avoir failli la percuter au sortir d'une bouche de métro avant-hier -, D. Voynet disait publiquement que la France est dirigée par les cinquante plus grosses sociétés capitalistes, et que c'est un obstacle politique majeur.
Dominique Voynet nous fait partager ainsi le fruit de son expérience gouvernementale.
J'ajoute tout de suite que je me tamponne du programme de Mme Voynet comme de ma première layette, les programmes politiques, c'est comme les constitutions, c'est fait pour les cons, les "blogueurs-citoyens", mais son diagnostic a le mérite d'être juste.
Bien sûr que ça pose un problème d'être gouverné par Pinault, Arnault, Lagardère & Cie ! Il suffit de voir leurs goûts de chiotte !
Je sais bien que cet argument-là n'est pas de nature à pénétrer ceux qui n'entravent que dalle à l'art, eh bien dans ce cas qu'ils fassent l'effort de se pencher sur la structure de l'économie yankie, qui nous sert de modèle de civilisation, c'est pas moi qui vais dissuader quiconque d'une analyse marxiste, évidemment…
Je mets de côté l'industrie automobile, qui a fait la fortune de l'Empire américain et qui est en cours de délocalisation désormais. Non pas qu'il n'y a rien à dire là-dessus, ce phénomène de délocalisation est passionnant, comment un Empire peut abandonner pour des raisons économiques son industrie aux mains d'une puissance étrangère, ça n'est pas anodin ! On ne peut s'empêcher ici de penser encore à Marx pour qui le principal ennemi du capital, c'est le capital lui-même ; mais il faudrait analyser le phénomène de délocalisation de l'industrie américaine dans le détail, car le fait que cette industrie soit délocalisée en Chine ou en Amérique du Sud, par exemple, n'a pas la même incidence du tout.
Je préfère prendre deux exemples plus simples et emblématiques. D'abord celui de la production de pilules. Comme chacun sait (il suffit d'avoir lu les premiers tomes de Lucky Luke), c'est un commerce florissant aux États-Unis, où on peut se procurer à peu près n'importe quelle poudre de perlimpinpin au drugstore d'à-côté, des cinq variétés de Viagra jusqu'à la créatine, les emphétamines, bref tous les produits dopants dont les papys et les mamies yankis adorent se gaver en regardant la télé. Sans les retraités yankis, on carburerait encore au Pernod-Ricard sur le Tour de France et Blondin continuerait de rédiger ses chroniques sportives…
Lors du dernier banc d'essai de la revue Prescrire, la seule revue médicale indépendante de l'industrie, sur cent nouvelles spécialités médicales introduites sur le marché français, Prescrire concluait que trois d'entre elles, pas plus, représentaient une amélioration par rapport aux formules plus anciennes.
Caractéristiques aussi de la structure de la fameuse "croissance des États-Unis" sont les bénéfices générés par internet et les services informatiques. Il est utile de rappeler comment s'est développé l'internet. Au cours des premières années, c'est la pornographie qui a généré l'essentiel des bénéfices. Sans la pornographie, internet n'aurait pas connu un développement aussi rapide. Je me rappelle cette étude il y a dix ans sur un campus français qui venait d'être connecté à internet : 80 % des connexions se faisaient vers des sites pronographiques.
Le vernis moral dont internet essaie de se recouvrir aujourd'hui, avec des entreprises comme Google ou Wikipédia, a de quoi déclencher le sourire sarcastique de quiconque se situe au-dessus du niveau moral et intellectuel d'un gugusse comme Loïc Le Meur. Tout l'esprit de l'américanisme est là : une entreprise crapuleuse recouverte de bons sentiments à l'usage des gogos.
La propagande consommatrice a pris le relais. On voit bien ici le cynisme d'un Guy Sorman, qui essaie de nous faire croire que le capitalisme est inévitable, alors que les gouvernements soutiennent la croissance en offrant des ordinateurs à un euro aux étudiants, et qu'on remplace l'apprentissage du latin par l'apprentissage de l'informatique avec la bénédiction des syndicats enseignants qui ne tiennent qu'à une seule chose : être augmentés - alors que la publicité matraque du matin au soir la nécessité de passer au haut débit lorsqu'on est un ringard qui n'a que de tout petits bits… Pour Sorman, la publicité est un truc naturel, probablement, qui sourd des murs et des caméras… Il faut dire qu'il en vit, du capitalisme, alors pourquoi le dénoncerait-il ? Là où Sorman a raison, c'est que les parasites dans son genre ne sont pas faciles à déloger.
Mais le terme de "bulle spéculative" pour caractériser la tendance de l'économie yankie est très bien choisi, rien n'est plus gonflé de vent, plus brillant, ni en même temps plus fragile, qu'une bulle. Au fait, quelle mouche a piqué les Yankis de rompre avec leur politique de non-ingérence ? Après la catastrophe évitée de justesse du débarquement en Normandie, après le Vietnam, qu'est-ce qui leur a pris d'aller s'aventurer en Irak ?
Commentaires
"Au cours des premières années, c'est la pornographie qui a généré l'essentiel des bénéfices." Le bénéfices de quoi? de qui? Des sites marchands? Des fournisseurs d'accès? Des constructeurs informatiques? Des installateurs de réseaux? Dans quelles proportions?
L'outil internet a été développé par l'armée américaine; le coût de développement était donc déjà amorti pour l'essentiel. Les gros investissements pour le déploiement du réseau ont d'abord été supporté par les entreprises, puis par les particuliers (par le biais des abonnements), avec un relais important de la finance. Sur le marché des particuliers, le porno a probablement joué un rôle important, sur lequel je n'ai cependant jamais trouvé de chiffres autres qu'approximatifs, partiels et abusivement extrapolés. C'est en effet à peu près impossible à calculer: il faudrait savoir, pour chaque abonnement vendu, la part du porno dans la décision d'achat. Le volume des connexions est un indicateur difficile à connaître (sur un campus... franchement...) et au total assez peu significatif.
Il est parfois des affirmations péremptoires qui résument bien une situation, et qui méritent d'être employées malgré les simplifications qu'elles impliquent. Ce n'est clairement pas le cas de "Internet a été financé par le porno".
Par ailleurs le contraste qui vous amuse avec "le vernis moral dont internet essaie de se recouvrir aujourd'hui" ne me paraît pas bien pertinent, vu que la morale en question s'accomode assez bien du porno en général.
Je réfléchissais en vous lisant au lien qui lie vos opinions entre elles, vu que ce lien n'est manifestement pas la cohérence logique. Votre guide principal, vous le dites vous-mêmes, est esthétique. Vous avez un pif pour repérer tout ce qui, selon vous, représente l'opinion dominante des gens que vous n'aimez pas (et que vous amalgamez sous les vocables "bobo" et "capitaliste"). Votre méthode consiste simplement à en prendre le contre-pied systématique. Sous votre fenêtre gisent les cadavres de centaines de bébés impitoyablement jetés avec l'eau du bain.
"Sous votre fenêtre gisent les cadavres de centaines de bébés impitoyablement jetés avec l'eau du bain."
Wow, l'image est... belle, gloups, je ne me priverai pas de l'utiliser à nouveau.
Faut tout vous expliquer, Gloups…
Les premiers bénéfices substantiels dégagés par internet au cours des premières années ont été engrangés par l'industrie pornographique. Ça signifie d'une part que l'essentiel des dépenses des particuliers consistait en des achats en lignes d'images ou de services pornographiques. Les sites pornographiques étaient les seuls sites rentables. D'autre part ces sites ont démultiplié le trafic (ils le démultiplient sans doute encore) ; la publicité repose là-dessus, sur l'intensité du trafic.
Je parle de la pub parce qu'internet est devenu bien évidemment un outil marketing complémentaire. La fortune de Google, c'est la pub. Vous verrez que Wikipédia ne tardera pas à convertir en bons dollars sonnants et trébuchants ses beaux idéaux démocratiques de façade…
Bien sûr c'est un enchaînement économique complexe, le boom de l'informatique n'est pas dû seulement à internet, mais c'est évident qu'internet a beaucoup contribué à doper la demande. La comparaison avec le développement, puis l'échec commercial du minitel, est intéressante.
Bien sûr je ne suis pas assez naïf/trop marxiste pour ne pas voir que le fait que l'argent et non la morale gouverne la plupart des entreprises humaines n'est pas complètement nouveau. N'empêche que ce modèle économique est particulièrement instable. Jusqu'à quand peut-on pousser les gens à s'endetter pour acheter du vent, des gadgets, sans aucune considération morale ?
Car, quoi qu'essaie de faire croire tel ou tel pornocrate intelloïde, il n'y pas de différence entre l'esclavage et la pornographie. Peut-être est-il même plus difficile de s'affranchir de la pornographie que de l'esclavage ?
Vous faites en permanence la confusion entre moyens et finalités. L'argent est un outil, Lapinos. Il n'est ni moral ni immoral. Il est ce qu'on en fait. Dire qu'un phénomène est mû par l'argent et non par la morale n'a aucun sens. C'est comme dire qu'une voiture est mue par son moteur et pas par son conducteur.
Vous allez me dire que le moteur argent a pris son indépendance et guide seul la voiture. C'est en partie vrai. Mais dans ce cas c'est le conducteur qui doit se remettre en cause, pas le moteur.
On peut parfaitement gagner de l'argent en étant moral. Ou de moralement neutre. Tout comme on peut conduire pour aller à la messe ou au bordel. Gagner de l'argent, ça veut dire dégager des bénéfices, qui sont taxés et redistribués - inégalitairement, mais redistribués - à l'ensemble de la société, sous forme d'impôts et charges qui financent des prestations, ou sous forme de consommations qui financent des salaires. Ce n'est pas du blabla, c'est le fonctionnement du système.
Le capitalisme tend sur le long terme à rendre les riches très riches et les pauvres moins pauvres. Ce n'est pas terrible mais c'est ce qu'on a trouvé de mieux. Et c'est absolument et incontestablement établi par un siècle et demi de tendances observées. C'est ce système qui permet à la planète de compter aujourd'hui 6 ou 7 milliards d'individus. Les économies traditionnelles ne peuvent absolument pas nourrir autant de gens.
L'ennui est que pendant que 300 millions de Chinois sortaient de la pauvreté, il en naissait 300 millions d'autres. C'est que pour parvenir à des sociétés comme les nôtres où les pauvres sont minoritaires ("pauvres" dans une définition purement nutritionnelle du terme), il faut beaucoup de croissance. Ce qui veut dire beaucoup de circulation de sous. Et donc plein d'activités "inutiles". C'est un système plein de paradoxes. Vous n'en acquerrez pas la compréhension dans Marx, dont l'époque n'avait pas grand chose à voir avec la nôtre et qui n'a pas compris le capitalisme (la paupérisation des classes moyennes, depuis le temps qu'on en parle...).
Que voulez-vous dire exactement par "la pornographie est un esclavage"? vous pensez aux conditions de travail des salariés du secteur, ou à l'aliénation de ses consommateurs? Ou aux deux?
J'ai du mal à comprendre la pornographie. Quand on est à deux, elle est inutile, et quand on est seul elle vous le fait sentir encore plus cruellement. Il doit s'agir d'un goût acquis, je suppose. Litote pour "une addiction". C'est effectivement un mécanisme pervers, semblable à l'économie de la drogue: ce sont des sociétés entières que l'on rend dépendantes économiquement et humainement, à un produit qui sur le long terme est nuisible à la santé des plus faibles.
Et ça y est, revoilà le discours malthusien complètement périmé, au secours du capitalisme cette fois ! Pour la énième fois les populations ne meurent pas de faim à cause de la surpopulation, mais à cause des guerres ou des épidémies (parfois il y a des famines "organisées", ç'a été le cas en Ukraine et en Éthiopie plus récemment.)
Au contraire la division du travail à l'échelle mondiale à plutôt désorganisé les économies des pays pauvres, accentué leur dépendance. Les surproductions agricoles en Europe et aux États-Unis ne servent pas à nourrir les pays "pauvres", ou très peu.
Marx n'avait pas tout prévu en effet, notamment pas l'invention de la bombe atomique, qui a stabilisé le monde pendant un certain temps, mais pour le reste, ses analyses économiques sont beaucoup plus fines que celles d'Adam Smith, par exemple. Essayez de dépasser un peu le stade de la "main invisible", Gloups…
Je précise que mon opinion n'est pas arrêtée sur le capitalisme. Par bien des aspects, il fait penser à ce héros d'un film américain (que je n'ai pas vu, je crois que ça s'appelait "speed") qui devait conduire un véhicule à toute vitesse sans pouvoir s'arrêter. C'est une sorte de fuite en avant, qui crée en permanence des problèmes qu'il est le seul à pouvoir régler, en créant de nouveau problème. Mais il ne faut pas le réifier à l'excès, comme je suis en train de le faire par commodité: il n'est après tout que le mode opératoire de l'emballement de l'histoire humaine au cours du dernier siècle et demi. Le critiquer comme un mal en soi relève du contresens et de l'animisme.
La "main invisible" est chez Smith un concept plus sophistiqué que ce que vous imaginez, Lapinos.
Votre remarque sur le malthusianisme est étonnante, on dirait que vous lisez toutes les phrases à l'envers. Où ai-je dit ici que la surpopulation était cause de famine? Vous inversez les choses: ce que je vous dis, c'est que c'est la croissance économique tirée par le capitalisme - et les innovations qui l'accompagnent, notamment dans les domaines agricole et médical - qui permet au bout du compte la croissance démographique que l'on connaît. Bien sûr il y a rétroaction, la croissance démographique stimule la croissance économique. Pourvu que le système productif soit organisé correctement. Le drame des pays du tiers-monde, c'est qu'il bénéficie à la marge de l'économie de marché, suffisamment pour voir sa population croître, mais insuffisamment pour élever son niveau de vie. Ils se retrouvent avec une structure démographique qui découle d'un modèle civilisationnel qui n'est pas le leur et qu'ils ne souhaitent ou ne peuvent adopter.
1693-1694 : Les années de misère
La dernière grande famine de l'Ancien Régime
En 1693 et 1694, deux années terribles, près de 1,7 million de Français trouvent la mort. Autant que durant la Première Guerre mondiale, mais pour une population deux fois moindre. C'est la grande purge des miséreux que la cherté du pain jette sur les chemins pour y mendier et qui meurent au hasard de leur errance.
Les 25 ans qui vont de 1690 à la mort de Louis XIV constituent le versant sombre du règne du Roi-Soleil. Les guerres s'enchaînent :
celle dite «de la Succession d'Espagne» (1702-1714) vient juste après la déjà très meurtrière guerre de la ligue d'Augsbourg (1689-1697).
Mais les pertes militaires pèsent peu à côté des mauvaises récoltes à répétition que provoquent étés pluvieux et hivers glaciaux. Mal nourries, quand elles ne meurent pas littéralement de faim, les populations sont la proie de maladies endémiques qui se transforment alors en épidémies, telle la redoutable dysenterie. En 1693-1694, tout concorde pour donner lieu à la plus grave crise de subsistance de l'Ancien Régime.
La vie précaire
Dans la France de l'époque, on ne meurt généralement pas de faim. En année normale, la population est à peu près convenablement nourrie, même si l'immense masse des humbles se contente d'une tranche de pain trempée dans un potage de légumes — «la soupe» —, qu'un morceau de lard parfume parfois et où manque encore la pomme de terre... Mais l'agriculture, avec ses rendements dérisoires, reste un exercice précaire qui, chaque année, rend redoutable la période dite «de la soudure», celle où, aux environs de mai les réserves de l'armée passée s'épuisent alors que le blé sur pied n'est pas encore prêt à être moissonné.
En 1693 après plusieurs mauvaises années, la récolte s'avère très médiocre : aux Halles de Paris, en juin, un pain d'une livre coûte à un ouvrier l'équivalent d'une journée de travail. L'hiver qui suit est exceptionnellement rude et les organismes affaiblis par la malnutrition supportent mal les basses températures : on meurt en abondance dans toutes les villes de France. Puis survient le printemps, désespérément sec, au moment où l'on attend des pluies pour nourrir les semences. Une partie
des vivres disponibles est réquisitionnée pour les besoins de l'armée des Flandres; le reste est acheté en hâte par des spéculateurs qui misent sur le renchérissement des cours. Une tension s'installe entre les provinces, peu soucieuses de laisser partir leurs grains, et le pouvoir central, qui craint la fureur des Parisiens et se soucie de constituer des stocks.
L'effroyable famine
Dans la capitale, cependant, à l'été 1694, l'heure est à l'angoisse et non encore a la colère À l'initiative des clercs, de longues processions se forment autour de la chasse de sainte Geneviève, patronne de la cite. Sur ordre de la municipalité et appointes par elle, des «chasse-gueux» se chargent d'expulser les pauvres; il en va ainsi également dans la plupart des villes de France. Condamnes a l'errance, les malheureux se jettent dans les champs sur le blé encore vert et le dévorent : il
faut instituer un système de surveillance des récoltes. Mais la situation des campagnes n'est pas meilleure : dans bien des régions, en particulier dans le Massif central - le Limousin et l'Auvergne sont particulièrement touches —, de nombreux paysans quittent leurs villages et se lancent à leur tour sur les routes, tachant, a
force de mendier, de gagner les villes ou ils espèrent trouver de la nourriture...
Quand toutes les céréales sont épuisées - le froment, le seigle, l'avoine après le blé -, es pauvres se trouvent réduits à recueillir les glands ou les fougères pour en faire une sorte de pain. Ces «méchantes herbes» achèvent de ruiner la santé des malheureux, qui enflent après y avoir eu recours. Les orties, les coquilles de noix, les troncs de chou, les pépins de raisin moulus n'ont pas meilleur effet. Les curés, qui nous renseignent sur ces tristes expédients, parlent aussi des bêtes, ( qu'on ne nourrit plus et qui meurent avant les hommes : les charognes de chiens, de chevaux et «autres animaux crevés» sont consommées en dépit de leur état de pourriture des sources indirectes mentionnent des cas de suicides et d'autres, plus rares, d'anthropophagie.
Durant tout l'été 1694, la chaleur, qui accélère la putréfaction des milliers de cadavres sur les chemins, est responsable de graves épidémies. La typhoïde, notamment, propagée par l'eau et les aliments souillés, achève ceux qui ont réussi à se nourrir un peu. Les organismes, affaiblis, sont moins féconds : la natalité, loin de compenser le nombre des morts, fléchit durant tous ces mois. C'est la dernière grande famine de l'Ancien Régime, terriblement meurtrière : elle légitime le nom qu'un historien a récemment donné à cette période sombre, «les années de misère».
Le pain est, pendant toute, l'époque moderne, le fondement même de la nourriture et sa composante essentielle, Que le blé vienne à manquer, et c'est la famine (détail d'une peinture de j Le Nain, la Famille de paysans dans un intérieur, Paris, musée du Louvre).
L'horrible menu
Mort à l'automne de 1694, le prêtre stéphanois Jean Chapelon a mis en vers la triste litanie des nourritures dont doivent se contenter ses contemporains durant la famine : « Croiriez-vous qu'il y en eut aw, à grands coups de couteau, 1 Ont disséqué des chiens et des chevaux, /Les ont mangés tout crus et se sont fait une fête/De faire du bouillon avec les os de la tête. Les gens durant l'hiver n'ont mangé que des raves 1 Et des topinambours, qui pourrissaient en cave, /De
la soupe d'avoine, auel^ues trognons de chou 1 Et mille saletés qu'ils trouvaient dehors, /jusqu'à aller les chercher le long des Furettes [le marché aux bestiaux], /Et se battre leur soûl pour ronger des os. Les boyaux des poulets, des dindons, des lapins 1Étaient pour la plupart d'agréables morceaux. »
Cité par M. Lachiver, les Années de misère/ Paris, Fayard, 1991.
Paysage d'hiver (peinture de J. Montrer le Jeune, Châlons-sur-Marne, musée des Beaux-Arts). A la fin du XVll siècle et au commencement du XVlll, le refroidissement du climat, qui a fait parler de «petit âge glaciaire», eut des conséquences catastrophiques sur l'agriculture.
Le petit âge glaciaire
La famine de 1693-1694 est la conséquence de la dégradation climatique qui s'observe dans les 10 ans qui précèdent et qui suivent le tournant du siècle.
Entre 1690 et 1710, en effet, la France, et avec elle une large partie de l'Europe, connaît une détérioration sensible du régime des températures et des précipitations, marquée par un refroidissement important des hivers et par des étés «pourris». L'étude de l'avancée des glaciers dans les vallées alpines aussi bien
que le témoignage des contemporains ont inspiré aux historiens l'expression de «petit âge glaciaire». Sans rien de commun toutefois avec les grandes glaciations préhistoriques, cet abaissement des températures aurait commencé vers 1560 pour ne prendre fin qu'aux environs de 1850. Le creux est atteint entre 1687 et 1700 avec des moyennes inférieures de 1,5 °C à celles de la décennie précédente — soit une différence considérable. Plus terrible encore que celui de 1693-1694, l'hiver de 1709-1710 reste longtemps dans les mémoires : le vin gèle jusque sur la table du roi. Le froid atteint -25 °C en rase campagne et, dans les masures paysannes en torchis, il ne fait guère plus de 0°C. Puis la neige protectrice fond, découvrant la terre nue, qui gèle de nouveau quelques jours après... Néanmoins, il n'y a cette fois «que» 200 000 à 300 000 morts, victimes du froid ou de la faim.
C'est rigolo que Lapinos s'aligne sur Allègre pour dénoncer l'idée que l'homme est le principal responsable du réchauffement, et non l'évolution "naturelle" du climat, pour ensuite retourner sa veste et expliquer les famines d'ancien régime par l'action de l'homme plutôt que par le climat.
Je ne pense pas que les guerres d'ancien régime étaient à même de désorganiser la production à grande échelle au point de tuer 1,7 millions de personnes.
Vous refaites le lien entre la famine et l'excès de population. La crainte de Malthus qui s'avèrera infondée, c'est que la production alimentaire ne croisse pas assez pour permettre de nourrir une population de plus en plus nombreuse. Vous faites le même raisonnement - "a posteriori" (Malthus raisonne "a priori").
Votre assertion selon laquelle une économie traditionnelle ne permet pas de nourrir une population qui croît, est complètement idéologique et infondée. À vous lire, on croirait que les capitalistes ont inventé les rendements agricoles. Vous n'êtes qu'un bazouillet. Et Driout qui zappe tout le XVIIIe siècle !
Par ailleurs Gloups, vous semblez complètement ignorer que les massacres entre Tutsis et Hutus ont fait des centaines de milliers de morts en quelques semaines !
Vous n'avez pas compris ce que dit Allègre sur le climat non plus. Il souligne que la preuve de l'influence de l'activité humaine sur le réchauffement climatique est incertaine, primo, le carottage glaciaire n'est pas une science exacte ; deuxio, Allègre signale que c'est pas avec des slogans démocratiques qu'on stoppera une économie démago-capitaliste qui REPOSE sur un gaspillage invraisemblable et se refuse à tout discours moral. L'agitation médiatique est contre-productive, par conséquent.
Je ne vais pas vous faire un cours d'histoire de la Grèce antique, Gloups, mais pour un Européen, au contraire d'un barbare yanki, l'éthique et l'esthétique se rejoignent souvent. Il y a un mot pour dire ça : la qualité. Vous voulez une image ? Voyez l'art vénitien du milieu du XVe au milieu du XVIIIe siècle, par exemple : trois siècles où l'art et la morale se rejoignent.
La production capitaliste s'est spécialisée dans la production de gadgets et de services superflus. C'est ce que Marx avait anticipé sous le nom de fétichisation de la marchandise ; de même qu'il avait anticipé la division mondiale du travail, qui est loin d'avoir le bénéfice que vous affirmez.
Je ne dis pas qu'une économie traditionnelle ne peut pas nourrir une population "en croissance"... Je dis qu'elle ne peut pas nourrir une population de plusieurs milliards d'individus désormais majoritairement urbains... L'approvisionnement d'une ville de plusieurs millions d'habitants demande une organisation humaine et technologique complexe qui demande beaucoup de capitaux et une régulation non intégralement planifiable.
Avant la Révolution Industrielle, aucune ville n'a jamais dépassé 2 millions d'habitants, pour cette raison. C'est impossible dans une économie traditionnelle. Capitalisme et urbanisme de masse sont inséparables.
Pour le reste, votre argumentation passe à côté de mon message, en présentant comme des contre-arguments des choses que précisément je partage ("La production capitaliste s'est spécialisée dans la production de gadgets et de services superflus"), en répondant à des arguments que je n'emploie pas (où fait-je le "lien entre la famine et l'excès de population???), en évoquant curieusement des événements qui n'ont rien à voir avec le schmilblick, comme les massacres au Rwanda (largement liés à la surpopulation, au passage)... Sur Internet, vous ne m'avez toujours pas dit d'où vouos tirez votre appréciation pour le moment purement qualitative du rôle de la pornographie dans son développement.
Quant à me dire que l'éthique et l'esthétique se rejoignent souvent, c'est me donner raison en constatant qu'il n'y a pas de lien nécessaire entre les deux.
Vous contestez mon résumé rapide d'Allègre en proposant un résumé en gros semblable.
Seul argument pertinent: les "capitalistes" (?? qui sont-ils?) n'ont effectivement pas inventé les rendements agricoles. Mais la croissance des rendements est indissolublement liée à l'émergence du capitalisme. En réduisant le nombre de bras nécessaire, elle a conduit à l'urbanisation et à la croissance démographique. Le capitalisme est la réponse organisationnelle à cette nouvelle situation. Et rien d'autre.
Comment ça les massacres au Rwanda sont liés à la surpopulation ?? Vous êtes incroyable, vous êtes en train de nous expliquer que si les Hutus et les Tutsis n'avaient été qu'une poignée, il n'y aurait pas eu beaucoup de morts… C'est même pas chez Malthus que vous êtes allé chercher votre mode de raisonnement, mais carrément chez Kant ou Heidegger !
Je citais cet exemple du Rwanda pour montrer que le chiffre qu'avance Driout des victimes de la famine et des guerres au XVIIe siècle n'a rien d'exceptionnel (30 à 50 millions de morts à cause de la grippe espagnole au XXe siècle en Europe).
Par ailleurs il n'y a pas de lien entre l'amélioration des rendements agricoles et le capitalisme. Là encore vous faites comme Driout un raisonnement erroné ; pour vous le rendement est uniquement dû à l'industrialisation de l'agriculture. C'est faux. On se rend même compte aujourd'hui que c'est peut-être le contraire, en vidant les campagnes l'industrie a suscité une agriculture irrationnelle.
C'est pas un hasard si Driout, apôtre du capitalisme, zappe le XVIIIe siècle. Il sait bien en effet qu'au XVIIIe siècle le problème de la disette a été résolu, AVANT l'ère industrielle. En grande partie d'ailleurs parce que Louis XV a cessé de faire la guerre pour un oui ou pour un non comme son prédécesseur.
Ce que je dis sur l'internet est parfaitement clair et connu, chiffré. L'argent injecté par la pornographie dans l'internet a donné un coup de starter à ce système économique artificiel. Et les profits engrangés par l'industrie pornographique sont supérieurs à ceux de l'industrie de l'armement.
Bon, Lapinos, vous vivez visiblement dans une réalité parallèle, on va vous y laisser.
La dernière crise économique d'origine agricole avec disette à la clé date de 1830.
Sur le Rwanda, je suis peu renseigné. Une étude mentionnée dans le bouquin de Jared Diamond, "Effondrement" (que vous n'avez pas besoin de lire, il vous suffit de le disqualifier comme "auteur pour bobos", ce qui rend uniformément faux tous les faits cités dans ses pages), mettait en évidence le rôle de la surpopulation dans l'exacerbation des tensions et conflits d'intérêts qui ont conduit au génocide. L'analyse est manifestement partiale mais mérite d'être prise en compte (pour peu qu'on cherche à comprendre les choses dans leur complexité).
"Ce que je dis sur l'internet est parfaitement clair et connu, chiffré."
Où?
"L'argent injecté par la pornographie dans l'internet a donné un coup de starter à ce système économique artificiel."
On est déjà sur une proposition plus raisonnable.
"Et les profits engrangés par l'industrie pornographique sont supérieurs à ceux de l'industrie de l'armement."
Source? Intérêt de la remarque?
Encore cette idée de surpopulation ! Mais surpopulation par rapport à quoi ? C'est dingue, ça, ces raisonnements de bobos (en effet) écolos mystiques qui nous promettent tous les dix ans une nouvelle catastrophe écologique ou démographique, la disette, le refroidissement, le trou dans la couche d'ozone, et puis maintenant le réchauffement. D'ici qu'on explique les massacres du XXe siècle par la surpopulation, il n'y a qu'un pas que je vous sens prêt à franchir, Gloups.
De la part de Sevran, je comprends, il n'est pas rare que les pédés aient un problème avec les questions de natalité, mais vous, vous n'êtes pas pédé, Gloups ?
L'intérêt de la remarque sur les profits engrangés par l'industrie pornographique, que vous retrouverez sans peine dans vos moteurs de recherche favoris, c'est de contredire la remarque que vous avez faite qu'il est impossible d'avoir une idée de la part de la pornographie dans l'économie capitaliste, petit bazouillet ! Avec votre bonne foi habituelle, vous allez sans doute me répliquer que ce sont les putes du périphérique qui font ces millions de dollars de bénéfices.
"La production capitaliste s'est spécialisée dans la production de gadgets et de services superflus. C'est ce que Marx avait anticipé sous le nom de fétichisation de la marchandise ; de même qu'il avait anticipé la division mondiale du travail, qui est loin d'avoir le bénéfice que vous affirmez."
Evidemment, dès que vous quittez les grandes généralités (le capitalisme, c'est mal, et je suis marxiste), on tombe dans le n'importe quoi. Il faut donc vous reprendre pour expliquer (je m'adresse ici à votre jeune lectorat, sachant qu'il est inutile de vous contredire) :
- le gadget et le superflu existent dans tous les régimes économiques. Toute civilisation produit une sphère d'objets sans valeur d'usage matérielle. Cela s'appelle le luxe, et l'inexistence de sa valeur d'usage ne doit pas être confondue avec son inutilité sociale. Le luxe, c'est très utile.
- le capitalisme ne s'est pas spécialisé dans la production de gadgets et de services superflus. Mais en dissociant valeur d'usage et valeur d'échange (le besoin d'un produit et le coût socialement défini qu'il renferme, cad la force de travail nécessaire pour le produire), il jette un voile d'illusions sur la qualité d'une marchandise, c'est le concept de fétichisme de la marchandise.
- l'extension de ce que vous appelez les services superflus est due d'une part à une forte division du travail, et d'autre part à un nouveau partage entre temps de travail et temps de loisir au profit de ce dernier. On peut cependant penser que l'extension du temps de loisir est un moyen pour le capitalisme contemporain de reprendre en main cette "vacance" de l'individu (il fait ce qu'il veut : lecture, promenade, flânerie sentimentale...) pour la socialiser et la transformer en source de profit. Le temps de loisir devient alors un temps de consommation (tourisme, cinema, télé...). Mais c'est moins l'analyse de Marx que celle de Debord.
Si vous faisiez un effort pour être VRAIMENT plus marxiste que moi, je ne vous contredirais pas, Slothorp, je saluerais ce bel effort pour secouer votre petite ontologie steinerienne.
Mais en fait de dialectique vous vous enfoncez dans une attitude de cabotinage insupportable. Vous mettez au crédit de cette andouille de Debord la schématisation de la marchandise contemporaine et ses conséquences sociales, dont Marx est bien le théoricien, forcément imparfait, mais fécond.
C'est bien parce qu'il est tourné vers la quête de la plus-value que le mode de production capitaliste conduit au fétichisme de la marchandise, c'est-à-dire à la perversion de sa valeur d'usage, supplantée par sa valeur d'échange ; puis cette mauvaise chrématistique, ainsi que Marx le prévoit, entraîne la perversion de tous les rapports sociaux au cœur desquels la production se situe (et de la politique, par conséquent).
C'est le spectacle qui a toujours existé, pas le gadget coûteux. Le problème avec un gugusse comme vous, c'est que vous confondez ce qui est du domaine du luxe (l'art vénitien de 1450 à 1750) et ce qui relève du gadget (le cinéma de Spielberg).
Le problème avec un type comme vous, c'est que vous vous rattrapez toujours aussi mal aux branches, même après une après-midi à suer sur internet pour comprendre le début du quart d'un mot que vous employez à mauvais escient. Votre deuxième paragraphe est assez juste (bel effort de compréhension pour une fois) mais n'invalide en rien ce que je disais.
Sinon, le gadget coûteux, comme vous dites, a toujours existé et n'avait bien sûr rien à voir avec le fétichisme de la marchandise comme vous l'avez d'abord écrit.
Renseignez-vous aussi : Spielberg fabrique du spectacle (incidemment une oeuvre, mais là vous allez vous étouffer).
Ce que Marx n'a pas vu, et Debord analysé (il faut reconnaître que c'était tout simplement plus évident à l'époque où il écrivait), c'est l'extension du fétichisme dans la sphère non marchande, c'est à dire dans l'espace du loisir, même si les phénomènes d'aliénation y étaient déjà présents. Mais cela, une andouille comme vous ne peut rien en savoir puisque elle n'a pas besoin de lire pour délivrer ses lumières (enfin ses loupiottes de néon).
Et je ne suis pas marxiste.
Ni steinerien.
Mais vous ne pouvez pas comprendre.
Alors lancez encore vos épithètes pour vous éviter de répondre sur le fond.
Te laisse pas détourner mon Lapinos creuse ton terrier de toutes façons en cas de guerre nucléaire tous ces zozos-bobos seront bien contents de venir s'y réfugier !
Vendre de l'air des montagnes en boîte, de la propagande filmée (Spielberg), ou des enseignes publicitaires (Warhol), c'est ça qui est nouveau et caractéristique du régime démago-capitaliste, de son économie. Votre Spielberg enfonce Goebbels.
Marx avait déjà prévu la chosification des rapports sociaux, Debord n'a fait que le pomper, quand vous aurez fini de le lire vous admettrez ça, le détournement de Marx par Debord à l'usage des petits bourgeois.
Je vous ai traité de "steinérien", et là je reconnais que ça ne va pas au-delà d'une insulte, vu que Steiner est incapable de dire deux choses cohérentes d'affilé, ce n'est qu'un parasite radiophonique.
Plus exactement vous êtes un publicitaire, Slothorp, vous êtes capable de nous vendre n'importe quoi avec le même discours. La marchandise change, le causerie reste la même.
Que voulez-vous que je vous réponde ? Vos commentaires ont l'apparence d'être sensés, mais ils sont complétement idiots. L'expliquer necessite de reprendre pas à pas chacun de vos mots, ce qui fait passer votre interlocuteur pour un pisse-froid prétentieux et fatigant. Je l'ai déjà dit : cette époque est la vôtre, puisque faute de savoir penser, vous rendez toute critique dérisoire.
Votre premier paragraphe n'a rien à voir avec ce que je vous disais de Debord, que vous n'avez pas lu, et dont vous ne savez rien, à part les bricoles habituelles en cours chez Ardisson, et gnagna... bobo... gnagnagna... bourgeois.... Bref, ça tourne en rond, pour éviter d'avoir à ouvrir un livre.
Bon, sur Steiner, votre remarque est évidemment totalement gratuit et stupéfiante de bétise. Là encore, il n'y a qu'à le lire (je sais, vous n'avez pas le temps, entre deux dragues de supermarché, l'alimentation du blog et vos soirées télé quotidiennes...)
Pour le reste, la personnalisation et le concours du plus con, c'est réellement assommant.
Je ne vous ai pas sonné, si vous êtes fatigué de chercher des arguments pour défendre Debord ou Steiner, c'est votre problème, pas le mien.
Je ne défends ni l'un, ni l'autre, et m'en tiens à commenter (rarement) vos assertions (presque toujours) inexactes.
La fatigue vient d'ailleurs, mais qui sait lire peut le comprendre.
A part cela ?
Mmh, j'arrive à vous piger un peu mieux, lapin.
En fait, votre marxisme est le suivant: Tout va bien mais pas dans le bon sens. C'est à dire que vous ne niez pas l'étonnante stabilité du système capitaliste en soi, mais simplement la voie dans laquelle ce système s'embarque. Chez Marx, le système capitaliste était complètement instable et prêt à s'effondrer à n'importe quel instant. Vous, vous nous dites qu'il est "instable" mais au fond, l'instabilité dont vous parlez est une instabilité ou superficielle (le luxe par exemple, il a toujours existé mais en gros pour vous, dans notre modernité ce luxe est "moins bon" - et après vous nous dites en gros que c'est une preuve de l'"instabilité" du capitalisme) ou d'origine étatique (comme la crise des subprimes, due à l'étatisme) - mais vous acceptez plus ou moins le fait que le système capitaliste ne s'effondrera pas. Vous truandez un peu de temps en temps : Par exemple sur la mondialisation. La mondialisation a été commencée dès la découverte de l'Amérique, on voit donc difficilement en quoi elle peut être néfaste actuellement si elle ne l'a pas été avant. Bien sûr, vous nous ajoutez vos concepts de plus-value etc...Moi je vous rétorque que ce concept ne vaut rien en soi et je vous oppose des réalités (la fin dans les pays occidentaux capitalistes de la notion de classe, l'enrichissement des pays pauvres par la fin de l'oppression étatique qui les isolait du marché, etc) là vous me dites que la richesse c'est pas quelque chose de bon en soi et que l'exploitation peut être psychologique (elle l'était pas avant aussi? Ou alors au Moyen-Âge c'étaient tous des esprits libres...). Après vous nous parlez de la division du travail, au fond elle est tout à fait stable (et Marx soutenait l'idée de division du travail, c'était l'instabilité provoquée par elle qu'il ne soutenait pas, cette instabilité n'existe plus actuellement)...Bref vous essayez de laisser entendre que le capitalisme peut péter [notamment par les allusions du genre "La gauche s'occupe de la peinture et la droite du moteur qui s'essouffle peu à peu" alors qu'en paradoxe avec cette affirmation vous nous parlez souvent dans un ton d'urgence, comme si le capitalisme devenait de plus en plus fort - tout en étant résolument opposé à l'idée même d'action (votre communisme est littéraire, il adopte plus la philosophie "La haine du bourgeois est le commencement de la vertu" de Flaubert que la philosophie d'action révolutionnaire de Marx - sauf si vous considérez les "plans de drague au supermarché" comme de l'action révolutionnaire), bref bougez-vous mais faîtes surtout rien, un vrai bordel idéologique], mais au fond vous savez très bien que non.
Cela se résume facilement: Vous êtes un marxiste passif (comme Nabe d'ailleurs). Les deux termes sont opposés, donc vous n'êtes pas un marxiste, ce qui induit que vous n'êtes pas réellement anti-capitaliste, simplement grincheux : "Tout va bien mais pas dans le bon sens".
Vous êtes encore bloqué dans le trou noir idéologique des réactionnaires, qui consiste à dire que notre époque est l'anti-thèse même d'une époque "saine". Or, si votre lecture de Hegel a du vous apprendre quelque chose, c'est bien que l'Histoire est guidée par la raison, et donc qu'elle ne peut pas produire une époque si longue qui en soit la parfaite anti-thèse (de la raison - vous me dites si vous me suivez pas les mecs :D). Même Marx avait compris ça plus ou moi.
Au fond, la caractéristique de notre époque c'est que les bourgeois ont pris l'État, voilà tout. L'oppression a changé de visage, mais elle reste oppression. Il n'y a donc rien de particulièrement "anti-historique" dans notre époque. Et comme toute époque, elle produit son anti-thèse qui va s'opposer à elle (moi aussi, je suis dialectique les mecs) pour le développement d'une nouvelle époque. C'est dans ce raisonnement que Marx a fait son oeuvre, c'est dans ce raisonnement qu'on doit la poursuivre. Et rappelez-vous que pour Marx, cette époque est aussi la dernière époque d'oppression de l'Histoire, étant donné qu'après surgira la "société sans classes". Maintenant, au vu de nos connaissances de la Thèse (notre époque), à savoir que les classes ne suivent plus le schéma marxiste (le prolétariat n'existe plus), il nous faut chercher la nouvelle division de classe, le capitalisme naissant ayant "résolu" les antagonismes médiévaux (bourgeoisie/noblesse) et notre capitalisme moderne ayant résolu les antagonismes provoqués par le capitalisme naissant (prolétariat/bourgeoisie). Qu'est-ce qu'il nous reste? Eh bien, les quelques auteurs économistes qui ont voulu garder le schéma de classe sont arrivés à la conclusion que notre antagonisme actuel est entre étatistes et individus libres. La bourgeoisie n'est plus "unie" comme auparavant, elle n'a plus des intérêts uniques, elle n'existe plus donc en tant que classe, seule reste les étatistes. La "sphère privée" est encore infestée de bourgeois mais leur mainmise sur l'économie est au fond artificielle car la concurrence et le marché libre a rendu l'économie tellement riche qu'on ne saurait y voir leur monopole comme réel, c'est un peu comme aux débuts du capitalisme il y avait quelques nostalgiques de la féodalité.
La sphère étatique a une classe opérante et unie (de racine bourgeoise - et les bourgeois soutiennent encore l'État, mais comme je l'ai dit cela ne veut plus dire grand chose au regard de la complexité de l'économie), c'est donc contre elle qu'il faut lutter - ce sera la conclusion de mon long bordel de réflexions.