Par la fenêtre du bolide, un paysage agreste à faire oublier tout l’art contemporain. Comme dit Drieu : « Restent les beautés physiques de la France. ».
Deux jeunes Hollandaises en vis-à-vis aussi, qui s’extirpent enfin à moitié dénudées de leurs sacs de couchage et me dévisagent avec un sourire mi-ingénu mi-affranchi, surtout celle de droite. Pourvu qu’elles se taisent encore un moment…
Je saute sur l’occasion de ce déplacement éclair, quelques centaines de kilomètres horizontalement et quelques centaines de mètres verticalement, pour analyser mon anticapitalisme dans ce qu’il a de plus primaire, j’ose dire : de “métabolique”. Ce transfert brutal d’un point géographique à un autre, me rendra tout patraque. Je suis un être sensible. Pas au sens de Proust, quand même, qui ne peut supporter le moindre inconfort et se retrouve tout bouleversé lorsqu’il passe brusquement d’un arrondissement à un autre…
Aujourd’hui, les humains se trimballent d’un point à un autre du globe comme des paquets, cette agitation est nécessaire à la marche absurde de l’économie capitaliste. Logiquement, ceux qui résistent le mieux à ce traitement sont ceux qui, moralement, sont les plus proches du sac de voyage ou du paquet : brutes yankies inconscientes, démocrates-chrétiens gavés, athées arrogants, jet-setteurs, abonnés du Monde ou du Figaro, sportifs dopés de haut niveau, représentants de commerce, etc.
C’est dire à quel point le boeing jeté sur Manhattan était symbolique ! (Pas le symbole que veulent voir ces crétins de Beigbeder et de Maurice Dantec, bien sûr, ces deux suppôts travestis du capitalisme, l’un en écrivain mélancolique, l’autre en mafioso nippon.)
Un exemple précis : ce que les pédants appellent “jet lag”, l’effet du décalage horaire brutal dû à une traversée du monde en avion. Un démocrate-chrétien, il lui faudra un jour-un jour et demi pour s’en remettre, un être moyen un peu moins abstrait, trois ou quatre jours ; moi, il me faut trois semaines pour m’habituer ! Pendant trois semaines, je continue à vivre à l’heure de mon terroir, à m’endormir lorsque le jour point, à me réveiller lorsque la nuit tombe. On devine ce que ce régime a d’aliénant.
Bien sûr, j’ai pris un cas extrême, mais n’empêche, je redoute ce changement de pression atmosphérique brutal entre Paris et la montagne ; il va me déboussoler pendant trois ou quatre jours ; je serai réglé de nouveau qu’il me faudra repartir vers la capitale ! (Je serais curieux de savoir si les cycles menstruels féminins sont perturbés par les déplacements brutaux, qu’en est-il par exemple des hôtesses de l’air, perdent-elles leur féminité à force de transports brutaux ?)
Trois ou quatre jours de perdus, ce n’est pas rien quand on sait que la mort nous guette à chaque virage, même si le train est moins dangereux que l’automobile.
Ça explique pourquoi il a fallu les arguments extraordinaires de mon pote pour que je consente à monter dans un horrible TGV à deux étages, à respirer cette immonde odeur de plastique, et à m’infliger ce décors bouffon de Christian Lacroix. J’espère que mon pote va m’accueillir comme l’année dernière avec une de ces brioches à la châtaigne émouvantes.
Commentaires
Mais avec ça vous allez rater les journées chouannes de Chiré, malheureux!
"avec une de ces brioches à la châtaigne émouvante"
De la châtaigne émouvante ? Comme Lino Ventura en offre à Bernard Blier dans les Tontons flingueurs ?
Epatant ! un feuilleton ! vite la suite...
Pour les cycles je ne sais pas mais je connais des femmes terriblement gênées par les décalages horaires pour prendre leur pilule à l'heure (certaines femmes combinées à certaines pilules exigent une ponctualité très stricte pour être efficaces).
Les gaullistes s'y mettent à plusieurs pour tenter de me déstabiliser !
Les déplacements brutaux bouleversent-ils les cycles menstruels ? Faudrait secouer une femme suffisamment fort pour le savoir.
Quittez Paris(et les villes), Lapin! Vous devenez dingue!
Putain, si maintenant le dernier des débiles se met à lire Drieu la Rochelle, franchement...
Tu ne parles pas par ta bouche, mais par ton anus, Lapinos. C'est pour ça qu'il n'y a que de la merde qui en sort.
Belle logique.
J'en suis assez fier, hihi
M'étonne pas.
Ben moi, un petit con gauchiste , un "silence dans la mélodie de la vie", ça m'étonne qu'il puisse lire des esprits qui le dépassent de loin. En plus, un lapin...
Plus développé là, non?
Marxiste, pas gauchiste. Rien n'est plus éloigné de Marx en effet que la gauchisme français actuel, porté par de grands bourgeois libéraux comme Strauss-Kahn ou Fabius, ou le syndicalisme porté par des corporatistes comme Bernard Thibault, qui réclament des rallonges de salaire pour pouvoir se payer l'abonnement à Canal+ au lieu de dénoncer l'esclavage en Chine communiste, les dizaines de milliers de morts dans les mines de charbon, les enfants attelés à des machines toute la journée, etc.
Ah, vous avez raison, un petit faible pour Ségolène, moins soutenue par les médias que les candidats gauchistes habituellement, surtout lorsqu'elle a proposé le boycott des jeux olympiques en Chine.
Oh! Je rigolais bien entendu dans ma caricature, ce blog est très bon et je le visite souvent. ;)
Mais n'empêche...marxiste? Vrai?
Ce n'est pas un simple concours de circonstances si catholiques et rouges se sont retrouvés unis dans l'opposition parlementaire à Bismarck, soutenu, lui, par la bourgeoisie financière et industrielle.
Les grands réactionnaires catholiques français du XIXe siècle, Veuillot, Baudelaire et Bloy, et la papauté, sont aussi hostiles que Marx à la bourgeoisie capitaliste et à son système de rackett, d'abus de confiance, d'escroquerie, de mensonge.
Le point de vue de Marx n'est pas directement moral, il analyse la perversion du système capitaliste, de la division excessive du travail, de la plus-value, de la concurrence farouche, du marketing, mais il rejoint le point de vue de Baudelaire.
Il faut bien comprendre que Marx n'est ni Allemand, ni Français, ni surtout Russe, il est Anglais, il a cette compréhension supérieure de la politique que Voltaire et Diderot admiraient déjà chez les Anglais au XVIIIe siècle.
Les Français, y compris et surtout les communistes, méconnaissent la pensée de Marx ; d'abord parce qu'elle correspond plus à une tournure d'esprit anglo-saxonne, ensuite parce que le marxisme est dangereux pour l'idéologie démocratique et libérale ambiante qui forme une sorte de ciment religieux.
Un seul exemple qui vous prouve que les syndicalistes actuels ne sont pas marxistes pour un sou : Marx, qui a prévu la mondialisation du marché du travail et de la finance, verrait dans les syndicalistes de Sud ou de la CGT de simples corporatistes. Il est évident pour un marxiste que la grande masse des prolétaires est en Asie désormais et que les intérêts du patronnat français et des syndicalistes sont liés.
Les altermondialistes sont un peu plus marxistes que les syndicalistes, sauf qu'ils sont nettement anarchistes ou démocrates, ce qui n'est pas très marxiste. Pour Marx la démocratie n'est que le côté reluisant du capitalisme absurde et inhumain.
Par conséquent être catholique et marxiste me paraît assez logique, beaucoup plus que d'être catholique et libéral.
J'oubliais : ce qui constitue un autre obstacle, c'est que Marx c'est très chiant à lire.
Très intéressent et assez original mais...savez-vous vraiment ce que c'est que le libéralisme? Avez-vous lu des auteurs comme Mises, économiste de renom qui a démontré que le socialisme et de surcroit le communisme ne peut jamais fonctionner pour des raisons intrinsèquement liés à la structure même de leur idéologie? Que l'unique système viable, économiquement et socialement, c'est le libéralisme? Non pas le libéralisme bourgeois, mais le vrai libéralisme, c'est à dire l'idéologie de la liberté...soutenue par ces même Voltaire et Diderot?
De surcroit, savez-vous que plusieurs historiens ont dit que le christianisme est intrinsèquement lié au libéralisme? La scolastique par exemple a été une des premières "idéologies" a avoir développé les concepts de droit naturel (École de Salamanque). Le saviez-vous?
Donc, daccord à moitié avec vous, mais ne jouez pas sur les mots: Il faut savoir ce qu'est que le capitalisme avant d'en parler, et dans la théorie pure, et pour savoir ce qu'est le capitalisme, il faut lire des personnse comme Bastiat plutôt que Marx et son Capital mensonger que des grands économistes (comme le Prix Nobel d'Économie Friedrich Hayek) le démontrent. D'ailleurs, Hayek et Mises avaient remarqué que le nazisme et le communisme étaient liés économiquement parlant (et socialement parlant aussi - il faut voir certains discours d'Hitler pour s'en rendre compte, notemment quand il dit que les commnuistes sont les frères des nazis. Malgré son opposition aux bolchéviques, Hitler aimait les communistes - du moment qu'ils rejoignent la cause raciste et nationaliste). Savez-vous que Ludwig Von Mises a été chassé par les nazis et ses papiers disparus dès qu'ils ont annexé l'Autriche?
Mises et son idéologie de la liberté gênait les barbares national-socialistes.
- Ce que je dis n'est pas original, c'est juste que dans un climat d'américanisation, on l'entend peu.
- Le libéralisme est une idéologie qui repose sur des slogans disparates, sans grande cohérence, empruntés à droite et à gauche.
Il n'est pas difficile de démontrer, par exemple, que la formation de l'industrie automobile aux États-Unis, dont vous savez l'importance, n'a rien de spontané et qu'elle ne s'est pas faite dans un climat de libre concurrence mais de cartels qui se font une guerre féroce. Un autre exemple plus accessible, c'est le phénomène internet, qui repose en partie sur une propagande privée et étatique gigantesque ; l'informatique a été introduite à l'école, on a persuadé les ménages qu'il était indispensable qu'ils s'équipent pour le bien de leurs enfants, et on n'a pas lésiné sur les moyens !
Si un système similaire comme le minitel (lancé également par la prostitution) n'a pas connu le même succès, c'est justement en grande partie parce que la France n'avait pas la capacité POLITIQUE de l'imposer comme les Etats-Unis ont pu imposer l'Internet.
La publicité même et le marketing, qui sont au cœur de l'économie capitaliste, anéantissent cette idée de marché qui s'autorégulerait et toutes les fables libérales.
Le nazisme, pas plus que le libéralisme, n'a de cohérence. Les idéologues nazis font des clins d'œil à tous ceux qui sont susceptibles de les rallier, communistes, capitalistes, catholiques, protestants, et même juifs (discussions vers 1935 entre les sionistes juifs allemands et les nazis, enrôlement dans la Wehrmacht de milliers de juifs aryanisés - curieusement il n'y a que les sites communautaires juifs qui évoquent cet épisode historique.)
- Le plus intéressant, dans le libéralisme, ce sont les analyses micro-économiques de Ricardo, Smith, Thompson, dont Marx s'est servi et qu'il a dépassé. Il les a dépassées dans le sens où, pour simplifier, là où Smith propose une équation, Marx discerne qu'il y a un mystère dans l'argent que les économistes libéraux n'épuisent pas - et qui change tout. D'ailleurs les slogans du libéralisme ne s'inspirent que vaguement de Smith et Ricardo qui ont mis Marx sur la voie.
Votre erreur n'est pas nouvelle. C'est celle de Diderot qui, séduit sans doute par l'aspect abstrait du libéralisme (les athées aiment les choses abstraites), fut "recadré" par l'abbé Galiani en quelques phrases, et admit qu'il se trompait - pour retomber ensuite dans son penchant pour l'abstraction.
- Marx ne fournit pas de système valable, d'abord parce que le marxisme est destructeur de tout système et de toute idéologie. Ensuite parce qu'il n'a pas eu le temps, le "Manifeste du communisme" n'est qu'une harangue de circonstance assez vague, l'intérêt de Marx n'est pas là, pas plus que l'intérêt de Platon n'est dans sa cité communiste. L'intérêt de Marx, c'est de montrer en quoi le système capitaliste de la plus-value anéantit à long terme la politique, et le danger que cela représente pour l'homme et sa liberté.
Eh oui, le matérialisme de Marx mène à la liberté, aussi sûrement que l'idéalisme démocratique mène au matérialisme capitaliste.
Smith n'est libéral, donc déjà toute vote pensée est faussée. Par contre le reste est hautement intéressant et prouve bien ce que je dis...Le monde n'est pas du tout libéral, car il n'est pas fais sur des idées marché libre, et par marché, j'entends système ou les gens échangent librement et ne sont soumis à personne.
(enfin, je ne suis pas sur de la validité de vos exemples, mais je vous fais confiance)
Et j'insiste donc sur le fait que le libéralisme est cohérent, mais le vrai libéralisme, non pas Keynes, mais Mises, non pas Smith est ces conneries très peu libérales, voir pas du tout, mais Bastiat (qui a foutu une belle raclée à Proudhon par ailleurs, non?)
Vous connaissez les idées catallarchistes d'un Patri Friedman ou d'un David Friedman? Connaissez-vous les agoristes?
Cherchez par là (surtout sur les agoristes, vous serez surpris) - pour moi, la liberté se trouve là.
Ah, et je ne suis pas du tout athée. Je pense sincèrement que c'est un des maux de notre siècle.
Je ne fais que remarquer que sur le point de vue économique, le capitalisme pur (c'est à dire celui d'un Mises) est le meilleur systèm d'organisation sociétal, et c'est aussi un système anarchiste dans son essence - comme le dit Konkin dans son manifeste agoriste, démonstrations à la main.
Je ne sais pas de quel capitalisme vous parlez, mais ce n'est en tout cas pas le mien.
(système avec un e, pardon)
L'image (intéressante mais fausse) de la main invisible de Smith est utilisée par la propagande libérale pour démontrer que, bon an mal an, les choses s'équilibrent, le système capitaliste s'autorégule. C'est très grossier, mais le libéralisme est grossier.
Je parle bien de propagande libérale, car non seulement le libéralisme, comme vous dites, n'a pas de réalité, mais on pourrait démontrer sans peine que les Etats-Unis sont la nation la moins libérale du monde. Avec la nouvelle Chine capitaliste.
Le libéralisme que vous souhaitez est une pure utopie. Ce que Marx démontre, à la suite d'Aristote, c'est que plus il y a de politique, plus il y a de liberté, et que le capitalisme détruit les systèmes politiques inexorablement, les capitalistes eux-mêmes ne contrôlent plus rien.
Ce n'est pas grossier (enfin, si, chez Smith oui, c'est bien pour ça que les libéraux détèstent Smith), c'est quelque chose de prouvé, notemment chez Smith et Hayek, développé par Rothbard, et finalisé par Friedman : Une société parfaite ne doti pas avoir d'impératif externe la controlant, elle devrait changé selon les comportements individuels.
Je vous invite à vous documenter sur la Panarchie, concept développé par les libéraux qui dit en gros que tout les systèmes peuvent cohabiter librement et sans frontière, car l'individu choisis librement de s'affilier librement dans les systèmes. Ces systèmes (panarchisme, anarcho-capitalisme, catallarchisme surtout) existent et ont été appliqués théoriquement (Friedman insiste sur l'Athing Irlandais des anciens temps comme premier système presque anarchiste) et dans le passé et certains subsitent encore, comme la Mesa dans le Nouveau-Mexique ou l'Íle Smith dans le Maryland, voir même la Somalie qui, durant un certain temps, vivait dans une Anarchie pure et grâce justement à cette Anarchie, avaient pu développé une économie florissante, propulsant même leur PIB par habitant plus haut ques les PIB les pays africains les plus riches. Malheureusement, ce ne fut que durant un instant, mais cet instant permets de mettre sans aucun doute le principe qu'une Anarchie pure, dans un sens libéral réel et malheureusement occulté par l'histoire (les gens entendant dans le libéralisme plus Tocqueville que Dunoyer ou Courier), permet de faire évoluer d'une manière explosive l'économie.
Comme vous indiquez, l'anarchie, la démocratie (et même la monarchie selon Maurras), le phalanstère de Fourier, toutes ces utopies sont voisines. Elles partent d'une erreur d'appréciation qu'on trouve chez Rousseau puis Nitche, que les libéraux ou les anarchistes invoquent parfois, alors que la valeur de Rousseau est poétique : l'idéologie qui consiste à surestimer la liberté de l'individu.
Hegel détruit cette idéologie, et ce n'est pas un hasard si Hegel s'intéresse à l'art comme phénomène social.
À une petite échelle, les utopies peuvent être réalisées, au moins temporairement. Les règles monastiques sont des exemples d'utopies politiques qui ont fonctionné plus ou moins longtemps, à condition de ne pas perdre de vue que l'histoire des monastères est faite de restaurations fréquentes de l'utopie que la réalité ne cesse d'entamer. Je ne serais pas étonné que la démocratie et l'anarchie soient sortis des monastères.
Nietzsche a comme modèle l'Antiquité, grecque comme romaine, ne l'avez-vous pas compris? Il a comme désire de retourner à la Nature, la véritable Nature et non pas la Nature rousseauiste. Par conséquent aucun utopisme n'est présent chez Nietzsche, mais - comme je ne cesse de le répéter, elle est continuellement présente chez les chrétiens et les marxistes, et c'est pour ça que Nietzsche les détestait: Ils sont utopistes.
La "vraie nature" de Nitche, c'est le "struggle for life" de Malthus, qui influence aussi Darwin, la sélection expliquée par le combat pour la survie des espèces, une hypothèse infirmée par la recherche scientifique et abandonnée par les néo-darwiniens. La "vraie nature" de Nitche comme vous dites, est une idée erronée de la nature, au moins autant que celle de Rousseau.
Marx était darwiniste, pas Nietzsche. On peut dire que certaines idées de Darwin ont influencé Nietzsche, mais c'est une goutte d'eau, car c'est plutôt des philosophes comme Guyau qui ont influencé Nietzsche. Guyau que vous n'avez bien évidemment pas lu...
Donc, au lieu de parler sans savoir...
"La "vraie nature" de Nitche comme vous dites, est une idée erronée de la nature"
Prouvez-le. Et ne vous servez pas de Darwin, car...Marx était darwiniste et pas Nietzsche. Sans sophismes, donc.