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beigbeder

  • Pourquoi Coffe ?

    Pourquoi Jean-Pierre Coffe, qui lacère de l’ersatz de jambon de chez Leclerc, vomit sur des yahourts Danone, piétine des pommes importées d’Australie, insulte les pourvoyeurs de merde, et à côté de ça il faudrait se taper les bouquins de BHL, de Poivre-d’Arvor, de Labro, tous les Nothomb, les Beigbeder, tous ces navets de supermarché, sans moufter !?
    Est-ce que la “Fnac” ne mérite pas le même mépris que les “Trois Mousquetaires” ou “Casino” ? Les bouquins pasteurisés nuisent aux bouquins “goûtus”, exactement comme pour la bouffe. Alors ?

    Quelques pistes :
    - D’abord, si Coffe peut s’en donner à cœur joie et jouer au grand Inquisiteur de la malbouffe, c’est parce que son public de bobos ne mange pas de l’aggloméré de porc ou de dinde. Il ne se sent donc pas visé par ces autodafés.
    Si on s’en prenait à des gadgets comme Harry Potter ou Johnatan Littell, à toute cette sous-littérature yankie prisée, les Bret Easton Ellis, les DeLillo et autres Paul Auster, Norman Mailer, Philippe Roth, chiants comme un week-end au Texas ou à New York, voire à des idoles comme Proust ou Camus, ça ne serait pas la même chanson.
    Qu’on se souvienne du scandale provoqué par Edern Hallier chez les lecteurs de Philippe Sollers pour quelques bouquins indignes d’intérêt jetés ostensiblement aux ordures…

    On va objecter : « Mais les bobos ne lisent pas tant que ça ! Ils vont surtout au cinéma, ou ils matent des dévédés, se fourrent l’i-pod dans l’oreille… Ils ne sont pas beaucoup plus concernés par la mauvaise littérature que par la malbouffe. »
    Certes, mais ça ne les empêche pas d’avoir le fétichisme de la littérature. Dans un régime laïc, même si on lit peu, les jolies tranches dorées de la Pléiade, ces gros livres cossus qui ornent les intérieurs bourgeois, remplissent le rôle des statuettes de saints chez les chrétiens ou des totems dans les tribus. Ils rassurent.

    - Les autodafés de livres et de tableaux, dans le régime nazi, manifestent un intérêt pour les choses spirituelles comme on n’en verra plus jamais dans un régime laïc bourgeois. On peut dire du bourgeois actuel, par rapport à son ancêtre à la croix gammée, qu’il a un estomac à la place de la cervelle.

  • Triptyque politique (II)

    Après les Etats-Unis et la France, passons au Royaume-Uni. Nul doute que les Britanniques surpassent en intelligence les Français. Ils n’ont pas élagué l’arbre en commençant par les racines, comme la bourgeoisie française.
    Ils n’ont pas renié Shakespeare comme nous avons renié Molière ou Racine. Mais les Britanniques, dissimulant derrière un double-jeu politique leur mépris pour la “civilisation” yankie, les Britanniques, pris à leur propre jeu machiavélique, ne savent plus très bien eux-mêmes où ils en sont, du côté de Shylok ou du côté d’Henri V.

    L’Allemagne, c’est une affaire entendue, après son écartèlement et sa décapitation, se réveille à peine. Ce raseur de Gunther Grass peut passer en Allemagne pour un penseur. Les Allemands en sont même réduits à importer pour se nourrir la littérature de Beigbeder, Eric-Emmanuel Schmitt ou Houellebecq !
    L’Allemagne, d’ailleurs, a-t-elle jamais vraiment existé ? Tout au plus de 1870 à 1943, et dans la cervelle embrumée de Maurras et des gaullistes.

  • Trop d'immigrés à la télé

    À la télé, l’historien Michel Winock avance timidement que le pouvoir des médias dépasse désormais celui des hommes politiques ; vu l’irresponsabilité des médias, ça lui semble inquiétant. Ce danger, Simone Weil le pointait déjà sans aucune timidité il y a plus de soixante-dix ans !
    La démocratie, au plan de la pensée, apparaît comme une sorte d’âge glaciaire. Régis Debray accuse soixante-dix ans de retard ; ce n’est qu’au plan de la syntaxe, complètement décadente, qu’il a dix ans d’avance.
    Même pour défendre l’égotisme bourgeois, il n’y a plus de philosophe du niveau de Sartre.
    La critique de la télé à la télé est forcément timide, quand la télé ne suscite pas carrément des guignols, de Gaccio à Jean-François Kahn en passant par Karl Zéro-talent, pour agiter des chiffons rouges : le fachisme, l’islam, la scientologie, l’antisémitisme, le réchauffement, etc., et faire diversion.

    En l’occurrence c’est F.-O. Giesbert, mi-homme de Cromagnon, mi-brute yankie, qui réplique à Winock que rien n’a vraiment changé sous le soleil depuis les démagogues de la Grèce antique.
    Winock disposait pourtant d’un bon exemple tout frais, celui de la guerre en Irak, déclenchée par les médias yankis d’abord, qui ont forcé la main de l’administration Bush, débordée par l'"enthousiasme populaire".
    Non contents d’avoir semé la zizanie en Irak, les démocrates voudraient voir maintenant l’anarchie régner en Birmanie. La dictature chinoise est beaucoup plus supportable : les Chinois sont de futurs clients - en Birmanie, il n'y a que des bonzes et des soldats.

    *

    Plus divertissant que le directeur du Point sur un plateau de télé, son chroniqueur Patrick Besson qui tente désespérément de “se faire adapter au cinéma” et pond ainsi des romans de plus en plus plats. On devine que Besson ne sera pas parfaitement heureux tant qu’il n’aura pas atteint le niveau de Marc Lévy.
    D’après Patrick Besson, on a tort d’être aussi sévère avec la littérature française, qui a de beaux restes. Qui a lu les sept cents romans de la rentrée et peut prétendre qu’ils sont unanimement mauvais ?
    Jusque-là l’argumentation de Besson est assez habile, même s’il doit être le dernier à mettre le nez dans cette surproduction de navets nouveaux.
    Mais après Besson dérape ; les Serbes sont souvent comme ça, d’un culot épatant dans un premier temps ; après, ils finissent par prendre leurs propres coups de bluff pour la réalité.
    Lui-même, dit Besson, est parfaitement capable de citer sur-le-champ une bonne vingtaine de noms d’écrivains contemporains compétents ! Une vingtaine ! Bigre, je sens qu’on va rire… Le chiffre est vite ramené à trois. Parmi les trois, Besson cite Frédéric Beigbeder. Ça aurait pu être pire, vu que Beigbeder a beaucoup lu et beaucoup pompé sur les “anciens”, mais quand même, le coup est un peu gros (sauf pour un plateau de télé).
    Laissons de côté les petits romans publicitaires de Beigbeder, qui n’ont aucune espèce d'intérêt. Lorsque Beigbeder est à son meilleur niveau, c’est-à-dire lorsqu’il se raconte, il est incapable de couper, sur trois pages, les deux qui sont ratées. C’est pourtant le b.-a.-ba du métier, et Besson le sait bien. Même si Céline n’est pas parfait, il y a dans Mort à crédit trente à quarante pages de trop, Céline a conscience de son métier et de ses propres limites, contrairement à Beigbeder. Il y a cinquante ans, on pouvait au moins dénombrer encore une petite dizaine d’écrivains et une petite dizaine d’éditeurs qui dominaient leur art.

    Plutôt que de continuer à entendre ce genre de grossièretés, je me demande parfois si je ne ferais pas mieux de demander l'asile politique à la junte birmane.

  • Anticapitaliste primaire

    Par la fenêtre du bolide, un paysage agreste à faire oublier tout l’art contemporain. Comme dit Drieu : « Restent les beautés physiques de la France. ».
    Deux jeunes Hollandaises en vis-à-vis aussi, qui s’extirpent enfin à moitié dénudées de leurs sacs de couchage et me dévisagent avec un sourire mi-ingénu mi-affranchi, surtout celle de droite. Pourvu qu’elles se taisent encore un moment…

    Je saute sur l’occasion de ce déplacement éclair, quelques centaines de kilomètres horizontalement et quelques centaines de mètres verticalement, pour analyser mon anticapitalisme dans ce qu’il a de plus primaire, j’ose dire : de “métabolique”. Ce transfert brutal d’un point géographique à un autre, me rendra tout patraque. Je suis un être sensible. Pas au sens de Proust, quand même, qui ne peut supporter le moindre inconfort et se retrouve tout bouleversé lorsqu’il passe brusquement d’un arrondissement à un autre…

    *

    Aujourd’hui, les humains se trimballent d’un point à un autre du globe comme des paquets, cette agitation est nécessaire à la marche absurde de l’économie capitaliste. Logiquement, ceux qui résistent le mieux à ce traitement sont ceux qui, moralement, sont les plus proches du sac de voyage ou du paquet : brutes yankies inconscientes, démocrates-chrétiens gavés, athées arrogants, jet-setteurs, abonnés du Monde ou du Figaro, sportifs dopés de haut niveau, représentants de commerce, etc.
    C’est dire à quel point le boeing jeté sur Manhattan était symbolique ! (Pas le symbole que veulent voir ces crétins de Beigbeder et de Maurice Dantec, bien sûr, ces deux suppôts travestis du capitalisme, l’un en écrivain mélancolique, l’autre en mafioso nippon.)

    Un exemple précis : ce que les pédants appellent “jet lag”, l’effet du décalage horaire brutal dû à une traversée du monde en avion. Un démocrate-chrétien, il lui faudra un jour-un jour et demi pour s’en remettre, un être moyen un peu moins abstrait, trois ou quatre jours ; moi, il me faut trois semaines pour m’habituer ! Pendant trois semaines, je continue à vivre à l’heure de mon terroir, à m’endormir lorsque le jour point, à me réveiller lorsque la nuit tombe. On devine ce que ce régime a d’aliénant.
    Bien sûr, j’ai pris un cas extrême, mais n’empêche, je redoute ce changement de pression atmosphérique brutal entre Paris et la montagne ; il va me déboussoler pendant trois ou quatre jours ; je serai réglé de nouveau qu’il me faudra repartir vers la capitale ! (Je serais curieux de savoir si les cycles menstruels féminins sont perturbés par les déplacements brutaux, qu’en est-il par exemple des hôtesses de l’air, perdent-elles leur féminité à force de transports brutaux ?)
    Trois ou quatre jours de perdus, ce n’est pas rien quand on sait que la mort nous guette à chaque virage, même si le train est moins dangereux que l’automobile.

    Ça explique pourquoi il a fallu les arguments extraordinaires de mon pote pour que je consente à monter dans un horrible TGV à deux étages, à respirer cette immonde odeur de plastique, et à m’infliger ce décors bouffon de Christian Lacroix. J’espère que mon pote va m’accueillir comme l’année dernière avec une de ces brioches à la châtaigne émouvantes.