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Le pape et le Père Noël

Paraît que saint Nicolas Sarkozy a offert à Benoît XVI lors de son excursion au Vatican, ex-cité des papes reconvertie en parc d'attraction, une paire d'éditions originales de Bernanos. C'est pas avec ce genre d'étrennes qu'il risque de grever le budget de l'Etat, Sarkozy !
La France contre les robots était un choix qui s'imposait pour un Allemand, mais Sarkozy a choisi d'autres titres, "au petit bonheur" semble-t-il.

On peut penser d'ailleurs que Benoît XVI connaît aussi bien la France et son histoire que Sarkozy. À l'heure actuelle les étrangers sont mieux placés que les Français eux-mêmes, soûlés de propagande et obnubilés par leur pouvoir d'achat, les pauvres… cons !
Exporter sous le manteau un auteur comme Bernanos, ce n'est donc pas franchement une priorité. Les Français ont plus besoin des avertissements de Bernanos que Benoît XVI, d'ailleurs, faute de pouvoir faire mieux, répète en les édulcorant.

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Sarkozy lui-même, ou un de ses conseillers, aura estimé sans doute que Bernanos est en littérature ce que le gaullisme a produit de mieux. En ce qui me concerne je trouve que Mauriac exprime mieux dans ses romans que Bernanos, comme "de l'intérieur", la noirceur et les ressorts de la bourgeoisie contemporaine. Bien qu'il n'y ait pas une distance énorme entre les deux, Mauriac c'est l'anti-Chardonne.
En outre, pour être exact, Bernanos est un authentique "cocu du gaullisme" :
« Il y a eu des collaborateurs mais la collaboration était un mensonge. Il y a eu des résistants, mais la résistance était un autre mensonge. Il y a eu la victoire, qu'on a tout de même pas osé appeler Victoire, par un reste de pudeur, mais libération. Et cette libération était aussi un mensonge, et le plus grand de tous… ! » : paroles amères et lucides, paroles de cocu !

Commentaires

  • Bernanos encore et toujours. Quel fulgurant aperçu de la "morale" bourgeoise, s'esprime dans cette phrase tirée de la préface de la France contre les Robots : "S'il n'y avait que des salauds dans le monde, le réalisme serait aussi le bon sens, car le réalisme est précisément le bon sens des salauds."
    Salut Lapin, ne m'en veuillez pas si je déroge à l'obscène usage des voeux : je me contenterai de continuer à vous lire avec le même régal en 2008.

  • Bon, il faut dire qu'il lui aurait été difficile de fourguer une centrale nucléaire ou un TGV au Pape hein ! Non ?
    Quoique...
    Meilleurs voeux au Lapinos même s'il s'en branle comme de l'an 40...

  • Du moment que c'est pas des vœux pieux…

  • Quelle coïncidence Lapinos, je viens juste de finir La France contre les robots.
    Pourrais-tu me dire d'ou viens la dernière citation de Bernanos dans ton post.Il me semble pas l'avoir lu dans le livre (ou Bernanos fustige la collaboration,mais "glorifie" la résistance).

  • "La France contre les robots" est un pamphlet quasiment "marxiste" dans lequel ne figure pas en effet ma citation.

    Avant de se rendre compte qu'il était cocu, que le gaullisme n'était qu'une version un peu autoritaire du libéralisme et du nationalisme portés par la classe bourgeoise, il a fallu un peu de temps à l'"Américain" Bernanos.

    (Cette citation que j'ai récitée par cœur est extraite d'un article de Bernanos.)

  • Je suis assez d'accord avec toi Lapin, et d'ailleurs Mauriac s'est bien vengé sur sa Desqueyroux, anticipant un poil sur Dieu et donc sur son temps (les Thérèses du deuxième volet sont aujourd'hui légions et je sais bien des hommes en être du point de vue de leur modernité).
    Anti-Chardonne et proche de lui, c'est... comme de bien entendu à l'adresse des aveugles qui ont l'ouïe fine. D'ailleurs j'en profite pour ajouter à tes voeux celui d'abolir l'emploi d'euphémismes au profit d'anti- métonymies, sorte d'hyper-métaphores. Que les aveugles deviennent des "Oreilles", les sourds des "Mains", les manchots des "Yeux" , les muets des "Doigts", les fonctionnaires des "Excellences", les bourgeois? des Mohicans?

  • Je parlais de proximité géographique. Mais Chardonne est le chantre de la bourgeoisie charentaise, tandis que Mauriac en a brossé un tableau qui fait froid dans le dos, tout en menant lui-même une vie de grand bourgeois gaulliste et démocrate-chrétien. Je ne connais pas assez les Charentes et le Bordelais pour entrer dans une comparaison climatique et sociale plus poussée.

    Ce qui a peut-être retenu Mitterrand d'être tout à fait marxiste, hors les circonstances politiques extérieures, c'est son appartenance à une bourgeoisie somme toute assez humaine si on la compare aux requins de Neuilly qu'on appelle "bobos".

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