La fascination des journalistes pour Sarkozy, celle des journalistes “de gauche” est la plus remarquable, s’explique par le fait que Sarkozy a “inventé” un truc qui les méduse : l’existentialisme d’Etat.
La plèbe a toujours été avide de ragots sur les puissants, au point d’en fabriquer sur le compte de Marie-Antoinette, par exemple. Ce qui est nouveau dans le cas de Sarkozy, qui ferait presque regretter la discrétion de Chirac ou de Mitterrand, l’abstinence de Balladur ou de Jospin, c’est que sa politique consiste à donner à la plèbe ce qu’elle réclame, même si Carla Bruni évoque plus un plat de tagliatelles “light” qu’une de ces orgies plus ou moins fantasmées d’Ancien régime.
Berlusconi en Italie, la référence s'impose plus encore que la référence à Giscard, Berlusconi a choisi le football. Maigre consolation pour un Français que de constater que les grandes capitales italiennes symboles de la Renaissance, sont désormais peuplées de crétins amateurs de football !
Berlusconi possédait cependant un avantage politique sur Sarkozy : celui d’être directement propriétaire des médias qui faisaient sa promotion. Sarkozy, lui, est juste pote avec Lagardère, Bolloré (candidat au rachat de TF1) et cie. On sait ce qu’il en est de l’amitié entre “businessmen”. Le jour où Sarkozy ne remplira plus ses objectifs d'audimat, il pourrait se retrouver plus démuni que la fourmi Berlusconi.
Commentaires
"Maigre consolation pour un Français que de constater que les grandes capitales italiennes symboles de la Renaissance, sont désormais peuplées de crétins amateurs de football !"
Les crétins du Quattrocento auraient adoré le football.
C'est ça, et Berlusconi c'est Laurent de Médicis.
Jusqu'au début du dix-huitième siècle, le calcio florentin a fait fureur. On le présente, à tord ou à raison, comme le précurseur du football. En tout cas, par bien des aspects, il préfigure ce qui ce passe aujourd'hui autour de ce sport, notamment les manifestations d'hystérie collectives et l'impression que le sort du monde dépend du résultat de la rencontre. Le chapionnat italien en a repris le nom et s'appelle "calcio."
De nombreux membres de la famille de Medicis le pratiquèrent dans leur jeunesse, dont des futurs papes.
Mais oui, on peut tout à fait insister sur la coïncidence entre Berlusconi et un prince milanais de la Renaissance, entre le jeu de Paume et le tournoi de Roland-Garros, entre Rohtko et Michel-Ange, entre le skaï et le cuir, etc.
C'est même un procédé très courant en marketing : lorsqu'il s'agit de fourguer de la camelote, on la compare à du solide. Jamais vous ne lirez un prospectus en faveur de l'art contemporain sans que les noms de génies incontestables de la peinture soient cités ; cette règle du marketing veut même qu'en s'appuyant sur la loi de l'évolution, on affirme que le dernier qui a causé est le plus pertinent. Nul doute que Rohtko dépasse Michel-Ange et que la dernière Twingo soit plus performante que la précédente.
Moi je comparerais plutôt le football aux jeux barbares du cirque… en moins spectaculaire ; pourquoi croyez-vous qu'il faut toujours une paire de crétins pour commenter les matchs en continu ? Ou un fanatique aboyeur dans les stades ? Parce que c'est trop compliqué à piger ? Non, pour persuader les veaux devant leur télé que le spectacle n'est pas d'un ennui démocratique mortel. On est en plein dans la société du non-spectacle.
Vous avez mal interprété mon propos.
Lapinos, la masse a toujours adoré la camelote. Le vulgaire du Quattrocento n'était pas différent du vulgaire de l'Antiquité ou du XXIe siècle. Ce sont exactement les mêmes hommes.
La révolution aura lieu le jour où quelqu'un interdira le football.
Ni les athées ni les païens n'ont su recréer catharsis équivoque à ceux des grands monothéismes. Du sport à la réappropriation post-moderne, l'homme a choisi le plus universel.
Tant de croyants qui s'ignorent...
Il y a toutes sortes de paganismes, mais celui-ci est particulièrement ennuyeux ; moi, causer avec un supporteur de football ou un passionné d'automobiles, ça me flanque le bourdon immanquablement.