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arnault

  • Demain la Révolution

    Le krach économique de 2009 ne signe pas plus que celui de 1929 l'arrêt de mort du capitalisme. Il ne signe même pas l'arrêt de mort de l'idéologie libérale, puisque le propre de l'idéologie est d'être mensongère, et que le propre d'un mensonge c'est qu'on peut l'échanger contre un autre. De l'ultralibéralisme au gaullisme ; la police de Sarkozy protège les coffres de Pinault et Arnault, telle est la substance du contrat social actuel.

    Cependant le capitalisme a envoyé bien malgré lui à ses ennemis, peu nombreux en France mais qui se comptent en millions, si ce n'est en milliards d'individus dans le monde, un message clair, celui-ci : le capital, rongé par la bêtise, ne tient plus désormais qu'à un fil.

     

     

     

     

  • Table rase de la télé

    La fascination des journalistes pour Sarkozy, celle des journalistes “de gauche” est la plus remarquable, s’explique par le fait que Sarkozy a “inventé” un truc qui les méduse : l’existentialisme d’Etat.

    La plèbe a toujours été avide de ragots sur les puissants, au point d’en fabriquer sur le compte de Marie-Antoinette, par exemple. Ce qui est nouveau dans le cas de Sarkozy, qui ferait presque regretter la discrétion de Chirac ou de Mitterrand, l’abstinence de Balladur ou de Jospin, c’est que sa politique consiste à donner à la plèbe ce qu’elle réclame, même si Carla Bruni évoque plus un plat de tagliatelles “light” qu’une de ces orgies plus ou moins fantasmées d’Ancien régime.

    Berlusconi en Italie, la référence s'impose plus encore que la référence à Giscard, Berlusconi a choisi le football. Maigre consolation pour un Français que de constater que les grandes capitales italiennes symboles de la Renaissance, sont désormais peuplées de crétins amateurs de football !
    Berlusconi possédait cependant un avantage politique sur Sarkozy : celui d’être directement propriétaire des médias qui faisaient sa promotion. Sarkozy, lui, est juste pote avec Lagardère, Bolloré (candidat au rachat de TF1) et cie. On sait ce qu’il en est de l’amitié entre “businessmen”. Le jour où Sarkozy ne remplira plus ses objectifs d'audimat, il pourrait se retrouver plus démuni que la fourmi Berlusconi.

  • Sur la pente

    De Sarkozy, bientôt, on dira peut-être : « Il faisait pourtant un bon maire de Neuilly ! »

    Mon antipathie vis-à-vis de Sarkozy est proportionnelle à la confiance qu’ont placée en lui les démocrates-chrétiens de tous poils et autres experts-comptables patentés.
    Cette quasi-unanimité du patronnat français, aussi, de Bolloré à Pinault en passant par Arnault, Dassault, Lagardère, Bouygues, Michelin, etc., est inquiétante. Car que vaut cette élite ? Sur le plan intellectuel, le “Figaro” est un bon indicateur : la théologie de Jean d’Ormesson, la critique littéraire de Philippe Tesson et la politique d’Eric Zemmour, voilà pour les sommets. Sur le plan moral, Pinault et Arnault donnent le “la” en collectionnant les boîtes de sardines "customisées" et "millésimées", et en inaugurant des fondations pour entreposer leurs trésors de bêtise.

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    Il faut replacer les choses dans le contexte historique. Dès le début, avec plus ou moins de franchise, les artistes ont détesté le régime démocratique et bourgeois, Baudelaire et Delacroix en tête. Mais cette bourgeoisie était encore capable de singer l’aristocratie dans son comportement et ses goûts. Moins d’un siècle plus tard, le désespoir de Drieu La Rochelle est complet.

    Petit extrait de L’Œuvre de Zola, une description de la réaction de la foule devant la peinture nouvelle exhibée au Salon :
    « Dès la porte, il voyait se fendre les mâchoires des visiteurs, se rapetisser les yeux, s’élargir le visage ; et c’étaient des souffles tempétueux d’hommes gras, des grincements rouillés d’hommes maigres, dominés par les petites flûtes aiguës des femmes. En face, contre la cimaise, des jeunes gens se renversaient, comme si on leur avait chatouillé les côtes. (…) Le bruit de ce tableau si drôle devait se répandre, on se ruait des quatre coins du Salon, des bandes arrivaient, se poussaient, voulaient en être.
    (…) Ceux qui ne riaient pas, entraient en fureur : ce bleuissement, cette notation nouvelle de la lumière, semblaient une insulte. Est-ce qu’on laisserait outrager l’art ? De vieux messieurs brandissaient des cannes. Un personnage grave s’en allait, vexé, en déclarant à sa femme qu’il n’aimait pas les mauvaises plaisanteries. »


    L’hypocrisie de Zola, qui raille ici les bourgeois, est connue. En effet il a fourni sans scrupule à la bourgeoisie brutale une caution sans réserve, faisant l’éloge du travail quand les mineurs crevaient dans les puits, s’acharnant contre les derniers restes de l’Eglise et de l’armée, qui auraient pu faire trébucher ses commanditaires.

    Mais ce n’est pas le point où je voulais en venir. On est plutôt frappé dans cette description par la capacité à réagir des bourgeois, quelle que soit cette réaction. Ils seraient même capables de distinguer, selon Zola, différentes façons de "noter la lumière" !? Que l’on compare cette réaction à celle du bourgeois contemporain. Visitant un musée, siégeant à l’opéra ou au théâtre, il applaudira sur commande, quel que soit son rang. Qui aurait l’idée de faire un scandale au musée Pompidou, au milieu des fétiches en plastique, serait immanquablement dénoncé aux flics dans la minute qui suit.
    La bêtise du public est telle qu’elle a même ébranlé dans ses convictions modernistes mon pote Henri des Etats-Unis, pourtant élevé dans la propagande yankie, lorsque je l’obligeai, pour son édification, à suivre un groupe de badauds et leur guide, au Pompidou. Même les employés aux guichets y sont frappés d’une stupidité particulière que les caissières de supermarché n’ont pas, comme s’ils se prenaient pour les gardiens du Temple.