À vrai dire je connaissais assez mal La Rochefoucauld, seulement à travers les petites anthologies de Marx et du parigo-belge t’Serstevens.
Et si, de loin, La Rochefoucauld paraît fin, de près il est plus épais. On se lasse assez vite de son aigreur trop systématique. Rivarol est beaucoup plus impertinent et La Fontaine bien meilleur poète.
Est-il toujours vrai aujourd’hui, pour prendre la plus célèbre des maximes, que l’hypocrisie “rend hommage à la vertu” ?
L’hypocrisie contemporaine est comme "redoublée" et ne rend plus hommage, bêtement, qu’à elle-même, un réflexe et non plus un calcul.
L’exemple du clown triste Jacques Attali me vient à l’esprit. On peut l’introduire dans certaines maximes :
« La fidélité retrouvée à François Mitterrand, dont Jacques Attali ne se sépare plus, n’est qu’une invention de son amour-propre pour attirer la confiance ; c’est un moyen de s’élever au-dessus des autres et de se rendre dépositaire des choses les plus importantes. »
Invraisemblable Jacques Attali qu’une journaliste félicite dans un cocktail mondain pour les quelques noms prestigieux qui l’entourent, et qui répond, impavide :
- Et encore, ce n’est que la partie émergée de l’iceberg…
D’où je déduis cette petite maxime personnelle :
« L’orgueil est le seul vice qui ne requiert aucune intelligence. »
Commentaires
Lapinos : Je vous suggère (humblement) de remplacer dans votre vénérable maxime le mot "’orgueil" par "vanité".
En effet, L’orgueil est le dernier bastion des vertus que l'amour-propre de tout individu ayant encore un quelconque dignité sur cette planète. (de plus en plus rares, je le concède) utilise le cas échéant.
Quant à la vanité ce n'est qu'une pub, une affiche des dites vertus qui n'auront jamais, mais alors jamais été en stock.
Par ailleurs, la "vertu" de La Rochefoucauld ou de La Fontaine n'est plus la nôtre depuis longtemps, mais je pense que vous le savez.
Vous sous-estimez Jacques Attali si vous pensez qu'il n'est capable que d'une vanité de starlette façon Sophie Marceau ; on a au moins affaire à l'orgueil d'un double major de promo de polytechnique et de L'ENA.
Giscard est battu, vous ne croyez pas ? Et pas que Giscard, Coluche également. Je trouve le bouffon Coluche un peu éculé, alors que je ne raterais pour rien au monde un nouveau gag du bouffon Attali. Son jeu est bien meilleur que celui, trop appuyé, de Coluche, justement parce qu'Attali ne joue pas.
Polytechnique fut pourrie par l'ENA.
A l'origine, vous le savez, c'est une école militaire, puis d'ingénieurs (de niveau mondial). A force de perdre les guerres ou de ne pas gagner de paix, la France fait de la pacotille de tous ses joyaux. Polytechnique aura failli à sa vocation aussi vite et aussi sûr que le communisme.
Pour moi ce sont les polytechniciens qui détiennent la palme, devant les énarques. Voyez la mégalomanie de Giscard, d'Attali, de Jean-Marie Messier, elle est d'autant plus frappante qu'ils ont subi des échecs cuisants, et des échecs qui selon eux ne peuvent pas leur être imputables.
Tout dans cette histoire de commission Attali est pourtant caractéristique de l'esprit mathématique décadent.
D'abord le taux de croissance, ça ne veut rien dire, c'est un calcul comptable qui n'a pas de sens politique ; aucun bilan sérieux ne peut reposer sur un calcul annuel. Ensuite il n'y a aucune synthèse, aucun axe n'est dégagé, volontairement ou pas, ces 300 propositions font penser à un manuel de bricolage.
Et, si l'on tente de dégager une tendance, il semble que la commission Attali veuille imiter le modèle économique yanki, comme si on pouvait abstraire le modèle économique yanki du contexte politique de domination des Etats-Unis grâce à l'arme nucléaire.
Sur la faillite du communisme, je vous propose d'en reparler dans quelques années. L'importation de la pensée occidentale dans la Russie quasi-médiévale par les soviétiques me paraît être au contraire une force supplémentaire pour la Russie. La Chute du mur de Berlin, c'est la victoire de la société de consommation yankie, mais cet épiphénomène a été abusivement transformé en triomphe par la propagande occidentale. L'idée de post-modernité, complètement stupide, anihile la conscience politique des occidentaux.
Quand je vous parle d'intelligence, vous me répondez par des vanités en slip kangourou ; quand je vous cause communisme, vous me hurlez du soviétisme retapé par Dior.
Le communisme est tout sauf une idéologie - je ne pense même pas à une philosophie - et c'est ce que les chinois vont apprendre à leur dépens et leur génocide après leurs jeux olympiques (pour parler de l'avenir plus présent, tu meurs)
Le communisme n'est rien d'autre qu'une méthode politique (soulignons) qui aura permis à des millions de gens de ne pas crever de faim. C'est déjà pas si mal, et j'en suis bien conscient, mais il faut rajouter immédiatement, que c'est une méthode surtout limitée dans le temps et avant tout adaptée à la culture qui la reçoit ou la subit (comme on voudra ou pas)
La limite, la base comme la cause du communisme, c'est bien le capitalisme et c'est ce que Marx s'est "maudit" à nous expliquer.
Mais bon, vu l'état du capitalisme actuel, il est effectivement urgent de repenser le communisme.
Ce n'est pas moi qui confond le communisme et le soviétisme, c'est Benoît XVI ("Spe salvi", n°21) : mauvaise foi, ignorance, jansénisme de la part du pape ? Sans doute un mélange des trois.
Il reste que si la révolution russe est une révolution en grande partie païenne, paysanne, les bolcheviks ont introduit à cette occasion dans l'empire russe la pointe acérée de l'esprit occidental que constitue le marxisme. L'effet ne pouvait être immédiat, mais lorsque cette pointe affleurera sur le sol russe, les croisés orthodoxes n'auront qu'à se baisser pour s'en saisir, et elle sera entre leur main une arme redoutable pour les aider à conquérir la Nouvelle Jérusalem.