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L'aveu

Tandis que je consulte la Critique de l'Etat hégélien de Karl Marx introduite par Kostas Papaioannou en 10/18, mon téléviseur continue d'émettre derrière.

Même s'il majore l'athéisme de Marx, tic fréquent, ce Papaioannou n'est pas mal. Le marxisme en France a beaucoup souffert d'être tombé entre les mains des philosophes. C'est ce qui explique en partie qu'il se résume aujourd'hui à une vague sociologie post-soixante-huitarde : Machin-truc Badiou.

Mai 68 n'a pas porté atteinte aux valeurs chrétiennes, déjà éteintes et qui ne survivaient sous De Gaulle qu'à l'état de folklore. Mai 68 n'a pas porté atteinte aux valeurs bourgeoises non plus, qui ne se sont jamais aussi bien portées que depuis. C'est bien Marx qui a pâti le plus de Mai 68. Ce ne sont pas les réactionnaires qui ont eu la peau de Marx, mais bien les sociaux-traîtres, étudiants travestis en révolutionnaires, bourgeois travestis en bobos, trotskiste travesti en Premier ministre.

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... Quand une bonne femme dans un documentaire attire mon attention : elle vient de dire face à la caméra timidement : "La vérité, souvent, fait peur aux femmes..." Nom d'un chien, ça faisait au moins dix ans que je n'avais pas entendu une parole sincère de femme ! Le trait me frappe tellement que j'en oublie tout le reste, je ne sais même plus sur quoi porte le reportage... la chirurgie esthétique, peut-être ? Bien sûr une femme qui ose un lieu commun plein de bon sens comme celui-là, une critique qui est aussi une autocritique, elle s'élève au-dessus de ses semblables, acharnées bien souvent à étouffer la vérité sous le poids des conventions de toutes sortes, le corset, l'orthographe, la capote, etc.

Le sexe de l'homme effraie la bourgeoise contemporaine qui veut fuir sa condition féminine, son destin de mère. Le sexe de l'homme devient une vérité concrète dont il faut se préserver d'une manière ou d'une autre. Une vérité solide, lancée par surprise à la tête d'une femme peut lui faire perdre la tête, ne serait-ce que momentanément, comme je l'ai expérimenté : pâmoison ou crise d'hystérie.

Bien sûr il n'y a pas que la femme qui a peur de la Vérité. La démocratie aussi hait la vérité de toute sa force institutionnelle et de toute la culture de sa société civile, l'enfouit sous des tonnes d'hypocrisie, de propagande, d'interdits, de cinéma, de syllogismes, de traités de philosophie aussi emmerdants que divertissants, de football et de poker.

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Dans La critique de l'Etat hégélien tout est dit de l'interaction entre la société civile et l'Etat bourgeois modernes, d'où découlent la morale bourgeoise, la mystique laïque, le nationalisme et l'athéisme d'Etat. Le démocrate qui n'est pas strictement laïc, nationaliste et athée, mais aussi chrétien, ou communiste, voire déiste ou sataniste, le démocrate dont la morale est altérée par rapport au schéma directeur fait simplement preuve de nostalgie, de son attachement à ce qui fut, dans l'"ancien régime" ou à des périodes instables, un élément de la "culture populaire".

Le Dieu de la société civile laïque n'est pas un Dieu transcendant, mais immanent. Aussi s'incarne-t-il beaucoup mieux dans la démocratie libérale que dans un homme providentiel, tel que De Gaulle ou Napoléon III ont pu apparaître.

La nostalgie envahit le bourgeois qui ne croit pas à la Vérité, surtout à la veille de crever, aussi sûrement qu'une femme se penche sur ses jeunes années avec nostalgie dès que les premières rides commencent à chagriner sa peau.

On peut dire en quelque sorte en 2008 que tout vire à la nostalgie. En clair : ça pue déjà le cadavre, comme ces petits vieux qui ne sont pas encore morts mais presque lorsqu'ils lèvent les bras.

 

Commentaires

  • Moi, je vais revenir sur Hegel un coup - qui renvoie tout les philosophes intéressants comme Leibniz (dont j'ai essayé de retirer (avec un certain ridicule, faut le dire) tout ce qu'il y avait d'intéressant sans m'intéresser à son reste théologique classique) ou Guyau au rangs de minus.

    Tenez, je me suis replongé dans les "Souvenirs personnels sur Karl Marx" de Lafargue, et je retombe sur ce passage que j'avais complètement oublié, j'ai eu immédiatement envie de le mettre ici, rien que pour vous mon ami:

    "A part les poètes et les romanciers, Marx avait un moyen original de se distraire : les mathématiques, pour lesquelles il avait une prédilection toute particulière. L'algèbre lui apportait même un réconfort moral ; elle le soutint aux moments les plus douloureux de son existence mouvementée. Pendant la dernière maladie de sa femme, il lui fut impossible de s'occuper de ses travaux scientifiques ordinaires ; il ne pouvait sortir de l'état pénible où le mettaient les souffrances de sa compagne qu'en se plongeant dans les mathématiques. C'est pendant cette période de souffrances morales qu'il écrivit un ouvrage sur le calcul infinitésimal, ouvrage d'une grande valeur, assurent les mathématiciens qui le connaissent... Marx retrouvait dans les mathématiques supérieures le mouvement dialectique sous sa forme la plus logique et la plus simple. Une science, disait-il, n'est vraiment développée que quand elle peut utiliser les mathématiques."

    :D

  • Votre définition de la Vérité est plein de brouillard: on sait pas si vous parlez de la Vérité dans le sens scolastique du terme, qui ramène aux élécubrations de Bloy, ou dans le sens scientifique voir hégélien du terme.

  • Si le capitalisme n'existait pas, on pourrait alors enseigner Marx dans les écoles de cirque aussi...
    Le capitalisme n'est ni une philosophie, une religion ou une invention de l'Histoire : C'est une structure économique antédiluvienne (Ce qui n'est pas une raison pour le critiquer et l'amender, certes). Mais je vous parie que l'on va lire et relire notre Karl très bientôt à l'ESSEC ou HEC ou mêmes tonneaux du même cercle. Nous ne sommes plus à une contradiction près.

  • Spendius est un antilapin comme tu fais de l'antijournalisme mon lapin, il m'arrive de lui donner raison contre toi, ce qui reviendrait à dire qu'il y a dans ton esprit supérieur de quoi te contredire. Ca ne m'étonne pas plus que ça, bien au contraire, ça me rassure.

    Ca saute aux yeux pourtant...Il n'y a plus d'hommes en France et dans toute l'Europe, et je ne parle pas du ricain qui ne comptent plus du tout, c'est entendu, même par le bobo de base. Je ne fais que rencontrer des lopettes partout où je vais. Et chaque fois que j'allume la téloche, que j'écoute la radio. J'ai fait un dernier séminaire lacanien entouré de gonzesses sans barbes, sans moustache, peignées, manucurées, manièrées, bavardeuses inconséquentes, et qui se croient des hommes parce qu'elles ont une bite. Le cadavre de l'homme, celui du père, a disparu corps et âme, comme celui de Jésus! (qui lui était le fils)
    L'hystérie, cette structure névrotique chérie des femmes depuis l'antiquité, s'applique désormais à la plupart des "hommes". Sans compter que comme la femme d'aujourd'hui se rapproche du genre masculin, l'obsession, qui est la névrose préféré des hommes, lui sied à ravir. On a donc une sorte d'androgyne, homosexuel asexué, pervers sans organisation phallique, une sorte d'irréalité subjective insupportablement schizo/parano/mélanco. Ces gens-là n'existent pas. Dieu les a abandonné, et je ne suis pas loin de croire qu'ils l'ont bien mérité.
    Comme je pratique l'anglais, je tente un coup de wait and see. Mais c'est du vent, car je me prépare au pire. Il y a des moments de l'histoire où les paranos sont ceux qui survivent. Je n'en suis pas là, mais que Olga me donne un fils, comme il en est question depuis mon séjour en janvier dernier et je reconsidère ma névrose en psychose. Je mourrai pour cette femme et le fruit de ses entrailles et contre mon pays s'il le faut. A mon sens le Corse aurait dû rester à Moscou et y fonder la capitale de l'Europe avant d'aller reprendre l'amérique aux protestants. Deux graves erreurs, piètre politique le Napo!
    Aussi, je n'hésiterai pas une seconde à trucider autant de citoyens français qu'il le faudra en épargnant toutefois certains de ma famille si je le puis.
    Mon père et ma mère risquent de ne pas en faire parti. Deux abrutis, la femme est l'homme et inversement. Mon père est hystérique et ma mère me traite d'obsessionnel, je me méfie d'eux comme de la peste. Mon frère est un crétin fini qui ne vit que pour sa bite et son confort de VRP, qui ne peut rester seul, ne serait-ce qu'une soirée, en dehors de chez lui. Ma soeur est une pervers qui se prend pour une artiste parce qu'elle a fait deux ans de beaux-arts et que des connasses sur le retour lui achètent ses bijoux de merde dans sa ferme-atelier qu'en bonne bobo elle a cru bon de baptiser "Emergence de bijoux en terre inconnue", tu vois le genre.
    Je compte bien travailler à faire revivre l'amitié franco-russe, mon lapin, comme tu me l'as suggéré. Olga est très bien et haut placée et elle a foi en moi. Je suis le maître sur lequel elle règne, une véritable hystérique comme il n'en existe plus la moindre trace en occident.
    Une femme qui a eu un père, c'est tout, mais c'est tout ce qui fait la différence.

    Il ne me reste plus que le travail et le rêve, mais ce dernier passe après. La vie est un songe disait déjà Calderon au siècle d'or. La mienne était un cauchemar avant la révélation, c'est devenu un rêve; I'm on God's side, that's a reality!

  • - Belle démonstration, Spendius, de ce que les mathématiques sont pour Marx une distraction (je préfère la natation) : lorsqu'il n'est pas en mesure de penser, Marx calcule. Dans le meilleur des cas les mathématiques sont un outil, c'est aussi ainsi que les peintres de la Renaissance voient la géométrie.
    En aucun cas les mathématiques ne sont une connaissance en soi, comme pour les Ioniens archaïques ou les néo-païens nostalgiques, négateurs du progrès, du temps et de la science (Pascal, Diderot, Nitche, Freud).

    - Bloy n'est pas du tout "scolastique", dix lignes suffisent pour s'en rendre compte ; autrement dit Bloy n'est pas "platonicien".
    Même si bien sûr Bloy n'a pas la rigueur de Hegel, il s'en rapproche sur de nombreux points. Avec cette même fascination exagérée (Marx est plus lucide sur ce point) pour Napoléon.

    - Si vous cessiez d'essayer de faire croire que ce sont Freud ou Lacan qui ont inventé Adam et Eve, Fodio ?

    - Etant donné ce que dit Marx du marketing ou du capital, il me paraît difficile de l'enseigner aux abrutis d'HEC ou de l'ESSEC, du moins dans sa version complète.
    Il existe cinquante versions édulcorées de Marx pour les étudiants des écoles de commerce, de Baudrillard à Beigbeder en passant par Badiou, toute la sociologie ou presque. La sociologie est passive, Marx est actif donc "non grata". Hors la passivité intellectuelle et artistique qui règne en Chine comme aux Etats-Unis, le capitalisme ne peut s'épanouir. HEC n'est pas fait pour fabriquer des rebelles.

  • Vous éludez la fin, mon ami :

    "Marx retrouvait dans les mathématiques supérieures le mouvement dialectique sous sa forme la plus logique et la plus simple. Une science, disait-il, n'est vraiment développée que quand elle peut utiliser les mathématiques."

    Oh, dingue, arrêtez de nous faire le coup des Ioniens! Les Ioniens "archaïques" ont posé les bases de la science, je suis plus ou moins d'accord pour votre vision sur les Ioniens "nostalgiques", mais on ne peut faire des "archaïques" des types qui vont à l'encontre de la science.

    -Bloy est aussi chiant que les scolastiques, c'était là ou se situait ma comparaison. Il voit la littérature comme subordonnée à un Dieu complètement archaïque qui ressemble au Dieu des juifs par ailleurs, le côté épique en moins.

    "- Si vous cessiez d'essayer de faire croire que ce sont Freud ou Lacan qui ont inventé Adam et Eve, Fodio ?"

    Vous voyez, c'est pour ça que je ne le lis plus moi.

    "Le capitalisme n'est ni une philosophie, une religion ou une invention de l'Histoire : C'est une structure économique antédiluvienne"

    Réfléchissez bien à ce qui est antédiluvien dans toute l'histoire de l'Humanité, et vous verrez très clairement apparaitre un mot qui est la source de nos maux (héhé): l'État.

    La "structure" de la domination économique à certes changée, mais l'idée de domination économique a toujours été là, et l'entité qui la pratiquait a toujours été l'État.

  • La seule différence, c'est que maintenant, la domination étatique est clairement visible, alors qu'avant la domination de classe la contenait.

  • Dans la pensée évolutive de Marx, l'Etat est amené à disparaître. Mais Hegel et Marx opèrent des distinctions nettes entre les différentes formes d'Etat (le régime tribal ou féodal n'est pas "étatique") ; l'Etat totalitaire pour Hegel et Marx, c'est l'Etat bourgeois moderne, qui comporte, élément nouveau, une "société civile", et non plus des "classes sociales".

    Quelques constitutionnalistes aujourd'hui qui se croient malins, comme Jacques Julliard, ou le fiscaliste J.-C. Martinez pensent qu'on pourrait résoudre le hiatus de la Ve République en copiant la constitution des Etats-Unis et l'artifice du bipartisme. Difficile de faire plus naïf que ce raisonnement de juristes, qui pensent qu'il suffit de modifier le droit pour modifier la réalité.

  • C'est bien ce que je dis (par apport à l'État), la division maintenant n'est plus celle de classes mais d'une société civile contre l'État. Vous, vous niez encore en bonne partie cela dans la plupart de vos analyses (qui sont donc erronées, mais le fond est juste)...

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