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hegel

  • Un malentendu à propos de Karl Marx

    Il est un malentendu persistant à propos de Karl Marx, entretenu par le régime des Soviets, puis par les intellectuels communistes en France, un malentendu tel que l'on peut dire que le marxisme n'a pas essaimé en France*.

    Ce malentendu consiste à prendre Karl Marx pour un "utopiste". Le projet clairement affiché de Marx et Engels était de vacciner le prolétariat contre le romantisme révolutionnaire, c'est-à-dire l'utopie. Lénine, qui n'était pas illettré, savait très bien qu'il inventait quelque chose qui n'avait qu'un lointain rapport avec la critique marxiste.

    Si, donc, la critique marxiste n'a rien perdu de son utilité, c'est en raison des ravages persistants de l'utopie, sans doute le principal obstacle au progrès.

    Si on prend la peine de lire Marx, on verra qu'il ne démolit pas seulement l'utopie du ruissellement libéral, avant que l'Histoire n'ait illustré la puissance génocidaire de cette utopie -cousine germaine du communisme-, dont l'égalitarisme n'est autre que l'expression juridique ; l'illusion du ruissellement rejaillit sous la forme de l'illusion de l'égalité parfaite.

    Marx démolit aussi l'utopie des "droits de l'homme" virtuels : dès la fin du XIXe siècle, bien avant G. Orwell, Marx a défini la démocratie-chrétienne comme un Etat de non-droit (anarchique).

    Marx démolit encore l'utopie de l'Etat providentiel hégélienne, architecture néo-gothique derrière laquelle on devine l'Etat totalitaire ultra-moderne. L'Etat soviétique omnipotent est, en réalité, une architecture hégélienne. Le clergé communiste s'est employé, pour cette raison, à réhabiliter la philosophie de G.W.F. Hegel, dont Marx avait démontré qu'elle ne tenait que par des syllogismes.

    On peut ici parler de "clergé" car l'Etat hégélien est une institution analogue à l'Eglise romaine. Le tour de passe-passe de Hegel consiste à intégrer le processus historique dans l'Etat, tandis que l'Eglise romaine était structurée autour du "droit naturel". Dans les deux cas, qu'il s'agisse du "sens de l'Histoire" hégélien ou du "droit naturel" catholique romain, il s'agit de PURE RHETORIQUE. L'Etat totalitaire hégélien repose donc sur une théorie de la providence, la plus destructrice du progrès véritable ; la liberté et la démocratie brillent comme des idoles au fronton des régimes totalitaires.

    George Orwell prolonge bien K. Marx quand il décrit "Big Brother" comme une idole, réclamant l'amour des citoyens et non seulement le respect et la crainte comme un Léviathan ordinaire (tel que Hobbes l'a théorisé et qui n'a jamais vu le jour).

    Orwell prolonge encore Marx puisque "1984" est une contre-utopie. La religion des régimes totalitaires est l'utopie, qu'elle soit nationale-socialiste (utopie biologique), communiste (hégélienne), ou libérale (ruissellement de la richesse). En affinant l'analyse, on démontrerait que ces trois utopies ne diffèrent que par des détails.

    Si la critique du capitalisme apparaît moins nettement dans "1984" que dans la satire d'Huxley où la plus immonde société de consommation est admise par 99% des citoyens ("Brave New World"), la raison en est que ce sont les ruines de l'Europe industrielle qui ont servi de décors à Orwell. "1984" est concentré sur le dernier pouvoir auquel s'accroche Big Brother - celui des mots. La ruine est, quoi qu'il en soit, où l'économie capitaliste conduit systématiquement, cycliquement.

    Marx n'est pas un utopiste : il croyait à la capacité de l'humanité de s'extraire de la logique autodestructrice de l'économie capitaliste, quoi que ce ne soit pas dans l'intérêt des élites dominantes de s'extraire d'un tel mode de gouvernement, car leur domination en dépend, et qu'elles ne connaissent pas d'autre moyen que l'esclavage.

    *Si la critique marxiste avait exercé une influence en France, il n'y aurait pas autant de Français à croire que le suffrage universel est un "instrument démocratique".

  • Preuves de Dieu

    Du point de vue païen, la preuve de dieu est physique ou psychologique ; il y a une forme d'humilité de la part des païens à accepter de se soumettre aux forces de la nature ; mais aussi une forme de résignation à la mort, qui est probablement l'aspect le plus antichrétien.

    Certains païens ont foi dans l'au-delà, d'autres non - l'au-delà n'est qu'une construction anthropologique, une religion faite pour rassurer le peuple.

    Du point de vue chrétien, la preuve de dieu est historique. On pourrait multiplier les exemples de bouleversements introduits par la révélation chrétienne dans le cours du monde. On se contentera ici de mentionner que la philosophie des temps modernes est axée autour de l'histoire. Sur le sujet de l'histoire, Marx, Hegel et Nietzsche ont des avis et proposent des doctrines divergentes ; cependant Nietzsche lui-même, qui s'emploie à nier que l'histoire a un sens, ne serait qu'un poète subalterne si sa doctrine ne touchait pas à l'histoire.

    On peut mesurer l'enjeu moderne de l'histoire de différentes façons, hormis la notoriété des philosophes modernes dont le propos tourne autour de l'histoire. La force d'attraction de l'histoire explique en grande partie la dévaluation presque complète de la vertu, considérée autrefois comme le plus grand des trésors. Là encore on peut remarquer que Nietzsche, acharné à restaurer la vertu contre la moraline moderne, prêche quasiment dans le vide ; ses disciples préfèrent se référer à ses avis les moins sûrs, concernant la culture antique.

    Ici il faut remarquer l'importance de la vertu du point de vue de l'homme d'élite, et l'importance de l'histoire du point de vue de l'homme du peuple. La religion de l'homme d'élite consiste dans une conception mystique de la vertu (proche de l'art). Tandis que les religions populaires ou populistes tournent autour d'une issue heureuse de l'histoire. L'extraordinaire confusion de la politique moderne résulte du fait que les élites gouvernent toujours, et le peuple jamais, mais que les élites ne peuvent plus gouverner au nom de leurs seuls intérêts...

    Il faut enfin distinguer la "preuve de dieu" de ce que Paul de Tarse nomme foi véritable, et qu'il oppose aux oeuvres prétendument chrétiennes, suivant une exégèse conforme à l'apocalypse. La preuve de dieu n'est pratiquement rien au regard de l'engagement qu'exige la foi à suivre le Christ dans son combat de propagation de la vérité.

     

  • Christianisme & Histoire

    Les chrétiens se comportent ordinairement comme s'ils étaient les seuls détenteurs de la vérité historique. J'ai récemment échoué à expliquer pourquoi à l'auteur d'un blog réactionnaire et néo-païen.

    Tentons donc d'y remédier ici. Il ne s'agit pas de nier l'existence d'historiens païens dans l'Antiquité, capables de relater avec exactitude des événements politiques majeurs. Mais l'apocalypse chrétienne, récit mythologique, indique que le monde a une issue, ce qui fait une différence radicale avec la culture de vie païenne qui postule le sempiternel recommencement du monde, et l'organisation sociale suivant les lois de la biologie (transposées dans l'ordre politique et culturel). La doctrine néo-païenne de Nietzsche proscrit ainsi logiquement l'Histoire. L'Histoire ne peut qu'être une mystification chrétienne selon Nietzsche, qui rejeta son éducation protestante jusqu'à se faire le porte-parole du satanisme.

    Tandis que le but d'un "historien chrétien" sera de mettre à jour et d'élucider le sens de l'histoire, c'est une tout autre fonction que l'historien païen donnait à l'histoire - une fonction essentiellement morale et politique. On reconnaît au contraire l'historien chrétien authentique dans la quête d'une vérité universelle qui dépasse le registre terre-à-terre (anthropologique) de la politique et de l'éthique.

    Cela peut paraître étonnant à ceux qui conçoivent l'Histoire comme une science moderne, fondée sur la précision des faits, mais l'histoire chrétienne se présente sous la forme d'un récit mythologique synthétique. Elle n'est pas une science humaine.

    L'apocalypse et l'eschatologie dérangent les plans de tous les soi-disant chrétiens occupés à tirer parti du message chrétien sur le plan politique, et qui bravent ainsi effrontément la parole divine, probablement incrédule dans le châtiment de dieu.

    L'apocalypse a ceci d'extrêmement dérangeant pour les élites des nations dites "chrétiennes" qu'elle prive ces élites d'une quelconque légitimité. C'est ce qui explique que l'apocalypse, au cours de l'ère chrétienne, ait pu être occultée, minimisée, sabotée, en dépit de sa logique concordante avec les évangiles admis officiellement.

    Bien que le clergé catholique romain soit beaucoup plus suspect de vouloir jeter le voile sur l'apocalypse, en raison de la collusion notoire de ses hauts dignitaires avec telle ou telle élite politique, l'exemple du luthéranisme est beaucoup plus significatif. En effet, la réforme protestante s'est d'abord appuyée sur l'apocalypse afin de dénoncer l'iniquité des papes romains siégeant à Rome dans des pamphlets illustrés restés célèbres. De fait, l'apocalypse insiste particulièrement sur le détournement de la foi chrétienne au cours de l'histoire. Devenu ensuite la religion officielle de nombreux Etats germaniques ou nordiques, le luthéranisme et son clergé se sont peu à peu débarrassés de l'argument eschatologique, obstacle pour ériger le protestantisme à son tour en culte national.

    L'Histoire chrétienne est donc destructrice de l'idée de "civilisation chrétienne" ; à cet égard, la philosophie chrétienne hégélienne est une imposture aisément décelable pour un chrétien, qui ne s'étonnera pas qu'elle ait force de dogme dans l'Occident moderne - de substitut aux anciens dogmes catholiques romains. Le chrétien ne s'attend pas à la manifestation de la vérité ou de la paix sur la terre, mais bien plutôt au triomphe de l'Antéchrist dans le monde.

    On pourrait citer de très nombreux littérateurs ou artistes soi-disant chrétiens hostiles à l'apocalypse. Il est préférable d'indiquer que la croyance dans la survivance de l'âme au-delà de la mort, reliquat de l'ancienne foi païenne, permet de confondre ces littérateurs.

    Il s'agit-là en effet d'un "emprunt" (parfaitement illégitime) à la culture païenne. L'eschatologie chrétienne et le sens apocalyptique de l'histoire sont RADICALEMENT INCOMPATIBLES avec un tel mysticisme, dont on peut constater qu'il a persisté bien au-delà de l'emprise légale du clergé catholique romain. Cette persistance indique la nécessité, sur le plan social, d'une telle foi, au contraire de l'histoire dont l'usage est nul sur le plan social.

    De très nombreux indices permettent de reconnaître en Shakespeare un historien chrétien authentique. A commencer par son entreprise de démolition systématique du "roman national" britannique.

    Peintre habile, peu soucieux du sens de l'Histoire et de la révélation, l'historien tirera au contraire des événements historiques une fresque propice à justifier la culture nationale. Shakespeare invite à voir au-delà de l'apparence trompeuse de "l'Occident chrétien".

  • Dieu est mort

    Extrait du chapitre de mon "Dialogue avec l'Antéchrist" consacré à l'athéisme de F. Nitche.

    «Dieu est mort» : tout en contribuant à la renommée de son auteur, ce constat a donné lieu à une interprétation erronée de la doctrine de Nietzsche. Celle-ci n'est pas athée au sens moderne le plus courant, mais païenne ou antiquisante. Or l'Antiquité païenne n'a pas connu l'athéisme, mais tout au plus une certaine indifférence à l'égard de la théologie de la part de rares philosophes.

    Nietzsche avance la thèse d'un escamotage de dieu imputable au christianisme. La "mort de dieu" indique le terme de cette évolution, au détriment d'une notion païenne authentique de dieu ou du divin. Paradoxalement cette translation de dieu de la Nature à la rhétorique a entraîné une tension religieuse plus forte. N. juge cette évolution néfaste, car excessivement aliénante et conduisant au nihilisme. La mort de dieu n’a donc pas pour conséquence l’irréligion, bien au contraire.

    A l'opposé de Nietzsche se situe l'athéisme de Ludwig Feuerbach, dont l'influence sur la culture moderne est plus marquée, comme l'art moderne atteste, plus rhétorique (démonstratif) que l'art antique pris par Nietzsche pour modèle.

    L'analyse par L. Feuerbach des rituels chrétiens («L'Essence du Christianisme»), d’où celui-ci déduit que la métamorphose de la théologie en anthropologie constitue un progrès de la conscience, contredit l'interprétation morale de Nietzsche. Cependant elle confirme sa thèse selon laquelle la culture moderne est comme «suspendue à la question de dieu». Le dieu chrétien hante la culture moderne comme un fantôme ; il a remplacé les dieux concrets, identifiables à la Nature, auxquels l’Antiquité rendait un culte plus sain.

    Par ailleurs la démonstration de Hegel d'un progrès historique indexé sur les valeurs chrétiennes concorde avec l'élucidation par Feuerbach d'une religion chrétienne propice à l'émancipation de la raison humaine de la chrysalide de la théologie. Or la démonstration de Hegel tend à réduire dieu à un "concept historique". Perspectives et projets humains reçoivent grâce à Hegel l’onction chrétienne. Mais, que la référence chrétienne soit conservée (Hegel), ou bien qu’elle soit jugée démodée (Feuerbach), l’homme s’est hissé au rang des dieux sur la foi de sermons apparemment chrétiens.

    C'est contre cette anthropologie chrétienne que l'athéisme de Nietzsche se dresse, afin de restaurer un culte moins fanatique.

     

    Il reste à examiner dans un autre chapitre si la théologie chrétienne ouvre bien droit à un développement anthropologique, et si la suggestion d’un accomplissement du salut chrétien dans le temps a un quelconque fondement évangélique. La validité de la psychologie de l'histoire moderne selon Nietzsche, en dépend.

  • Fin de l'histoire

    Ce que l'on désigne habituellement sous le terme un peu emphatique de "post-modernité", qui évoque la théorie des suites (n+1), peut se comprendre entièrement à travers le concept de "fin de l'histoire". Auparavant le sens de l'histoire "faisait débat", pourrait-on dire, puisque Nitche, Hegel et Marx ont des conceptions distinctes de l'histoire.

    Et la France, n'a-t-elle pas part au débat qui agite la pensée allemande ? Elle n'y a pas part sous la forme scolastique, assez peu conforme à l'esprit français. Cependant on peut dire qu'il y a derrière la Comédie humaine de Balzac une forme de conception de l'histoire, avec laquelle K. Marx dit éprouver une certaine affinité. Ni l'un ni l'autre n'ont une confiance très grande dans la justice des hommes.

    D'une manière générale, les Français ont tendance à penser comme Nietzsche que le "sens de l'histoire" est un pur fantasme. Les Français ne diront pas comme Nietzsche "un pur fantasme chrétien", car la mentalité française négationniste (du sens de l'histoire) est due à l'influence de l'Eglise catholique. Martin Luther a justement accusé l'Eglise romaine, sous couvert de la "tradition", de faire prévaloir les questions sociales sur les questions spirituelles. Il n'a pas remarqué au point où Shakespeare l'indique, combien cette préoccupation sociale a pour effet d'occulter la dimension prophétique du christianisme.

    L'histoire, Nitche souhaite donc y mettre un terme, ou plus exactement la question du sens de l'histoire, puisqu'il n'y a là selon lui que pure spéculation chrétienne et fantasmes de prophètes juifs et chrétiens mal inspirés. Seule la morale, fondée dans la nature, a une véritable signification du point de vue de ce philosophe allemand. Sa doctrine a le mérite de souligner l'antagonisme du raisonnement moral et de la logique historique.

    Plutôt qu'à une finalité, la démonstration de Hegel mène à une aporie ou une sorte d'impasse. L'histoire devait mener à un progrès dont nous sommes les contemporains. L'avènement de l'idée ou du concept en art est ainsi un raffinement spirituel ultime. Nul ne conçoit de progrès au-delà. La philosophie post-moderne ressemble à un codicille au bas du testament laissé par Hegel, sa grande théorie du progrès et de l'avancement de la civilisation conçue par Hegel. Cela laisse le champ libre aux concepteurs de nouveaux gadgets afin de nous prouver que le progrès, nous baignons désormais dedans. De cette façon, on comprend que Hegel ne "nourrisse plus beaucoup le débat" sur le sens de l'histoire. On est désormais moderne, point final.

    Quant à Marx, sa théorie du progrès achoppe beaucoup trop sur le problème de l'Etat moderne, dans lequel elle ne voit nullement le résultat d'un progrès démocratique, pour que les fonctionnaires du sens de l'histoire et de la modernité ne disqualifient pas sa critique.

     

  • Hitler ou Hegel ?

    "Nous, Allemands, sommes des hégéliens, quand bien même il n'y aurait jamais eu de Hegel, en ce que (contrairement à tous les latins) nous attribuons instinctivement au devenir, à l'évolution, un sens plus profond et une valeur plus riche que ce qui "est"

    F. Nitche (Le Gai Savoir)

    Inconsciemment, Nitche fournit ici la clef de l'athéisme des Allemands, alors qu'il a tenté par ailleurs (grosse plaisanterie) de poser le principe de leur fidélité chrétienne. J. Ratzinger n'est fidèle qu'à son déguisement.

    L'Allemand ne jure que par sa mère. Le débat entre deux Allemands, par exemple B.H. Lévy et M. Houellebecq, ne porte que sur cette question : lequel des deux a été le plus "aimé" par sa mère ? Il n'y a rien de plus suspect que l'amour d'une mère pour ses enfants ; mais l'Allemand, lui, ne le remettra pratiquement jamais en cause. Les Français qui ont essayé de faire de Marianne-Déméter la déesse des Français ne peuvent être que des Allemands dans le genre de Barrès, Blum ou Proust.

    L'athéisme des Allemands réside dans l'extrême subjectivité de leur jugement. Une subjectivité qui fait que, du point de vue français, le point  de vue allemand est similaire au point de vue féminin. Ce sont deux espèces mobilisables au service des causes les plus abstraites, c'est-à-dire religieuses.

    Nous, Français, haïssons Hegel plus encore que Hitler, parce que Hegel ouvre la voie à l'irresponsabilité politique maximale ; la seule obligation d'une élite politique hégélienne est de faire rêver et de divertir les masses. L'art hégélien est pire que l'art hitlérien. L'art hégélien n'est jamais que l'art au stade de la momie et du musée. Il faut être nécrophile pour exposer l'art dans des musées, et cette nécrophilie est entièrement dérivée de la passion pour le Christ en croix, qui fait bien les affaires du clergé. Hegel justifie ça.

    Croyez-moi, ne perdez pas votre temps à essayer de ressusciter l'art. Laissez ça aux petits connards de bourgeois élevés par leur mère comme Proust. Le style le plus raffiné du monde ne les empêchera pas de crever en appelant au secours leur maman.

  • Hegel = SS

    Le sens de l'histoire n'est pas la décadence indiquée par Nitche. Pas exactement. Non pas parce que la décadence n'est pas, mais parce que Nitche ne donne pas la clef de cette décadence, contrairement à Shakespeare.

    Le sens de l'histoire est encore moins le progrès social ou spirituel selon Hegel, emblématique de l'imposture universitaire moderne. On peut pronostiquer que les élites occidentales périront de la ruse qu'elles ont tirée de l'hégélianisme.

    Bien sûr la politique et l'histoire ne peuvent s'accorder ensemble - à aucune époque ils ne l'ont pu. L'Egypte contre les Juifs, c'est la politique contre l'histoire ; idem pour les Romains contre les chrétiens. La haine d'un homme d'élite républicain vis-à-vis de l'histoire, un chrétien est capable de la deviner à travers toutes ses ruses pour l'étouffer sans avoir l'air d'y toucher.

    La dernière ruse en date consiste pour les élites à remettre l'histoire entre les mains du peuple, à en faire le dépositaire, en espérant qu'il l'écrase sous son poids.

    Ce que Nitche n'a pas compris, c'est que la trahison définit le sens de la politique moderne, irrémédiablement. La vertu fait définitivement partie du passé.

  • Hegel = SS

    Je replonge un peu pour le besoin de mon "Dialogue avec l'Antéchrist" dans l'entreprise de démolition de l'hégélianisme par Karl Marx, parallèle à celle de Nitche (non pas comme Nitche, au nom de la culture et de l'élite, mais au nom de l'histoire et du peuple).

    L'introduction de l'hégélianisme en France après la 2nde guerre par ses "nouvelles élites", à lui seul suffit à les condamner dans les termes catégoriques de Bernanos. Cette introduction revient en effet à substituer, disons à la variété des idées françaises, la philosophie pangermaniste de Hegel et faire perdurer l'uniformité allemande au-delà de l'Occupation. On comprend ici pourquoi certains passages de Bernanos ou Simone Weil restent confinés à l'enfer des bibliothèques. Et ce sont les élites démocrates-chrétiennes qui, en ce qui concerne Bernanos et S. Weil, effectuent le travail de censure, comme les élites staliniennes ont effectué le travail de translation du marxisme en hégélianisme.

    Le dégât de l'hégélianisme est comparable à une régression de la pensée au moyen-âge : il en est en effet de la "Phénoménologie de l'esprit" comme des sommes théologiques médiévales : personne ne la lit, mais tout le monde se prosterne devant ce Reich de syllogismes. Il est vrai que le curé Sartre en a donné dans "Les Mots" une version sublimée pour les écolières, exprimant dans un français correct ce que Hegel exprime dans un allemand de cuisine. De la même manière il faut reconnaître une plus grande efficacité au curé d'Ars qu'à Maître Eckart ou Thomas d'Aquin.

    Je reviens à Marx et sa dénonciation du subterfuge du droit moderne, sur ce point très proche de Nitche, c'est-à-dire faisant valoir la nature de la règle de droit contre l'abstraction juridique, comme un mathématicien pourrait faire valoir la règle mathématique contre les syllogismes d'Einstein.

    «Constatons avant tout le fait que les «droits de l'homme», distincts des «droits du citoyen», ne sont rien d'autre que les droits du membre de la société bourgeoise, c'est-à-dire de l'homme égoïste.» (Marx, La Question Juive)

    J'avais oublié que la dénonciation des droits de l'homme comme une imposture de la bourgeoisie libérale figurait dans "La Question Juive", où Marx se démarque complètement de Nitche, puisque Marx fait valoir dans cet ouvrage secondaire qu'il ne faut pas confondre Juif et adorateur du veau d'or ; tandis que Nitche lance de temps à autres des compliments aux banquiers juifs ou à la race juive.

    Puisqu'il est question de droit et de loi, soulignons que la critique de Marx est conforme aux prophètes juifs en général, et à Moïse en particulier. La transcendance de la loi que Hegel s'est efforcée de fabriquer, si elle a le don de remettre les clefs de la loi entre les mains d'un nouveau clergé -ici Hegel joue le rôle de la "trappe" des prêtres babyloniens dans le livre du prophète Daniel-, ce deus ex-machina plus totalitaire encore que le culte brahmanique emprunté à Nitche par les nazis, est bien sûr irrecevable pour un Juif fidèle à la loi de Moïse, qui n'a pas le caractère anthropologique des "droits de l'homme". Hegel se défend d'être subjectif, mais sa démonstration revient à démontrer que la démocratie n'est pas une utopie subjective. Pour le chrétien qui ne reconnaît pas d'autre loi que l'amour, c'est-à-dire le perfectionnement de la loi de Moïse dans la matière ou l'esprit le moins subjectif et le plus contraire à la règle juridique, il verra dans le procédé hégélien une extraordinaire sournoiserie en comparaison de la loi égyptienne ou romaine ; il ne s'agit plus en effet seulement d'ignorer l'amour, mais de l'empêcher en le reléguant dans les mots.

    On voit à quel point les idéologies modernes naissent de l'arbitraire humain, c'est-à-dire d'un désir de mort parfaitement identifié par Nitche. En effet, cette idéologie hégélienne, Shakespeare en a parfaitement discerné le mécanisme près de deux siècles avant qu'elle ne germe et pousse sous la forme de la très volumineuse somme de Hegel. On peut constater en effet que pas un des éléments de cette conjuration ne manque dans "Hamlet". Ni la trahison de Luther par Hegel, bien plus subtile que celle de Nitche ; ni le mariage incestueux de l'Eglise et de la loi, à quoi Hegel ne fait qu'apporter un perfectionnement tactique, essentiellement sous la forme du flou juridique (Hobbes, lui, est un traître positif, aussi peu hypocrite qu'un jurisconsulte chrétien peut l'être) ; ni le préalable essentiel de la réduction de la cosmologie à une mécanique céleste ; ni le retour provisoire de l'Aryen Fortinbras au sein d'un complot occidental, dont son faible degré d'initiation le condamne comme Nitche à jouer le second rôle d'inséminateur culturel ; et on pourrait continuer ainsi morceau par morceau, jusqu'au moindre détail : Ophélie comme la pétasse existentialiste kirkegaardienne à son papa. Sans oublier la transposition du prophète Daniel dans le personnage de Hamlet, qui explique que les banquiers juifs ou démocrates-chrétiens ne reconnaissent pas Hamlet, et estiment qu'il s'agit-là d'un personnage énigmatique et peu policé.

     

  • Exit la démocratie

    Le pouvoir réel ne consiste pas dans l'exercice du droit, dit Nitche. Celui-ci condamne l'idéal égalitaire moderne, non pas au nom de la justice et de l'équité comme K. Marx, mais au nom de la raison juridique. Si le droit n'enregistre pas un rapport de forces, ce n'est plus le droit mais une ruse.

    De la même manière, les mathématiques permettent de formuler des lois de force physique, à partir de postulats dépourvus de consistance physique, mais les lois mathématiques ne sont pas en elles-mêmes une force ou une puissance.

    On peut dire des modèles mathématiques de l'univers, comme du modèle juridique démocratique moderne, qu'ils sont purement virtuels. Ils sont probables, mais on ne peut pas en faire l'expérience. Ils sont du domaine de la science-fiction, mais non du domaine de la science. Du modèle juridique "Etats-Unis", porteur de l'idée de démocratie, on peut dire qu'il se définit comme une pure fiction juridique ; l'unité réelle des Etats-Unis est dans le mouvement, c'est-à-dire dans la croissance économique. L'entretien d'une telle fiction implique le négationnisme le plus rigoureux possible de l'histoire, tel qu'il fut pratiqué pendant longtemps par l'Eglise catholique romaine, afin de préserver la cohérence de l'institution et de son appareil judiciaire. Si Shakespeare est sans doute "universel", et donc catholique au sens étymologique du terme, le seul fait de son matérialisme historique est dissuasif de le croire attaché à l'Eglise romaine. 

    De même la Ve République française est une pure fiction juridique, et ses fonctionnaires délivrent un enseignement de l'histoire au niveau de l'instruction civique. Sans doute ce n'est pas entièrement nouveau. Pour manigancer une monarchie chrétienne de droit divin, il fut nécessaire de substituer à l'Etre divin chrétien un principe providentiel païen. Mais, aussi totalitaire et centralisé soit le régime de Louis XIV, il était beaucoup plus perméable à la critique, ne disposant pas pour le besoin de sa propagande d'un réseau aussi serré. D'une certaine manière, la Ve République dispose d'un pouvoir de censure équivalent de celui d'une nation en temps de guerre.

    La pensée matérialiste relègue la géométrie algébrique à un niveau subalterne, car elle promeut le raisonnement hypothétique ou spéculatif, c'est-à-dire le raisonnement le plus religieux, en lieu et place de l'expérience scientifique. L'activité technique, comme la religion, se nourrit d'un maximum d'hypothèses de travail afin de stimuler l'inventivité (ce qui, en soi, constitue une mauvaise méthode), au contraire de l'esprit scientifique qui se défie de l'invention. La science n'est pas, comme la musique, une récréation. Les peuples ingénieux, tels les Allemands, adorent la musique. L'esprit français, plus scientifique, a moins de temps à perdre avec la musique, qu'un verre de vin remplace d'ailleurs efficacement, et dont le bénéfice cardiaque est plus sûr. L'importation du goût barbare pour la musique en France n'a fait qu'accroître les ravages de l'alcoolisme et de la drogue dans les milieux populaires. Nitche serait sans doute plus français s'il avait écrit sur les mérites comparés du blanc et du rouge, plutôt que sur les mérites comparés de Wagner et de Bach. En quelque sorte il aurait mieux fait de laisser Dionysos à la cave, comme les Grecs. Un Français se demandera toujours, comme il se demande pour les femmes : où est l'humour là-dedans ? La suggestion de l'infini par la musique est très utile pour inciter les petits enfants à prendre la vie au sérieux - et donc à faire leurs devoirs.

    Les mathématiciens des XVIe et XVIIe siècles, jointes à leurs hypothèses scientifiques, émettent un grand nombre d'hypothèses religieuses coïncidentes ou opposées à partir de lectures de la Bible.

    De même le matérialisme historique ne concède aux constitutions juridiques que la propriété de refléter brillamment leurs époques, excluant qu'on puisse déduire de cette draperie le sens de l'histoire. Marx anéantit la prétention de Hegel à indiquer le sens de l'histoire, c'est-à-dire à relier les différents stades ou étapes de l'histoire occidentale entre eux, autrement que par un raisonnement purement spéculatif. Si Hegel théorise paradoxalement aussi bien le progrès de l'histoire que sa fin, c'est par la méthode qui consiste à réduire l'histoire à un mouvement cyclique ou sinusoïdal.

    Comme on peut dire la démonstration mathématique pure de toute matière, et le moins métaphorique des langages, l'homme est absent de la théorie hégélienne de l'histoire, qui consacre le point de vue élitiste, sous la forme d'une cinématographie de l'histoire, c'est-à-dire du moyen le plus propre à maintenir la conscience en-deçà d'un certain niveau par le brio et la séduction de la démonstration. On peut dire l'hégélianisme et le cinéma ensemble berceuses de l'esprit humain infantile. Hitler et Staline eux-mêmes ne méritent pas d'être condamnés autant que Hegel, n'ayant pas contribué aussi directement à accroître la bêtise humaine. La barbarie de Hitler et Staline est "banale", comme dit A. Arendt, seulement décuplée par les moyens techniques à leur disposition. Le maléfice de Hegel, lui, n'est pas banal, permettant le blanchiment de la barbarie technocratique "a posteriori".

    L'enseignement de l'histoire de la révolution française de 1789, mais aussi celle de la révolution soviétique de 1917, est dispensé en France selon l'idéologie hégélienne, en dépit de la critique matérialiste marxiste. L'idéologie hégélienne est si élitiste qu'elle permet d'ailleurs, selon les nations occidentales, des adaptations aux goûts particuliers de ces différentes élites. Même Lénine n'est pas aussi mensonger que la doctrine officielle de l'Education nationale française. Les universitaires communistes dans l'après-guerre ont joué aux Français le même tour pendable que les jésuites auparavant, substituant l'hégélianisme à la critique marxiste afin de pouvoir attribuer à la caste des intellectuels un rôle éminent dans la marche de l'histoire.

    *

    Pour revenir à l'introduction de ce développement, derrière la critique du droit moderne par Nitche ou Marx se profile la critique du "droit chrétien". Tout comme Nitche, Marx est parfaitement conscient de l'altération dangereuse que la "civilisation chrétienne" a fait subir au droit, et par conséquent qu'il est impossible d'envisager le monde moderne occidental séparément du ressort de la morale judéo-chrétienne.

    L'Eglise romaine n'est plus qu'une ruine, certes, mais l'art entreposé dans les musées continue de déterminer l'art moderne apparemment le plus scindé de la morale catholique, que l'on considère cet art sur le plan féminin le plus passif de l'existentialisme (Sartre), ou bien sur le plan de l'art viril le plus actif (Picasso).

    Mais Marx n'opère pas, contrairement à Nitche, le lien impossible entre la "civilisation chrétienne" d'une part, et les évangiles et le Messie d'autre part. Nitche tente d'établir que la culture de mort judéo-chrétienne se propage par le peuple et les mouvements populaires révolutionnaires ; Marx rapporte au contraire la preuve que le poison est versé dans l'oreille du peuple par ses élites dirigeantes. Les évangiles n'ouvrent pas droit à une morale du faible ou au féminisme, à toutes les manifestations compassionnelles hypocrites, ainsi que Nitche le leur reproche. En revanche ils réduisent la perspective politique infinie, c'est-à-dire la ligne d'horizon que l'homme d'élite se fixe, à une peau de chagrin. La sentence du Christ Jésus visant Judas Iscariote : "Il eût mieux valu qu'il ne fut pas né." - pratiquement s'applique à l'homme d'élite du point de vue chrétien. Les aristocrates sont contraints de faire un choix entre leur caste, ses intérêts, et dieu, un choix qu'ils n'avaient jamais été contraints de faire auparavant. Nitche a le courage de faire le choix de Satan que peu d'hommes d'élites occidentaux ont eu le courage de faire. Ce sont les tentatives de conciliation de l'éthique et du christianisme, aristocratiques, puis bourgeoises, qui rendent la civilisation occidentale aussi absurde et dangereuse. Mais le peuple, contrairement à l'élite, perçoit ses droits le plus souvent sous la forme d'illusions millénariste ou de miettes.

    On peut ajouter le nom de Nitche à la liste des philosophes qui ont perçu dans l'utopie millénariste démocratique-libérale une menace terrible ; à la suite de Marx, Baudelaire, Balzac, pratiquement tous les penseurs qui, au XIXe siècle, ont fait l'effort pour penser, au lieu d'entériner comme Hegel, et de faire pousser sur les charniers des fleurs d'éthique.

    Auparavant, Shakespeare a fait voir le caractère radicalement sinistre de la tentative d'associer le christianisme à la marche aveugle de l'Occident.

  • Hinterwelter

    "Baudelaire n'est pas seulement un décadent, mais aussi un idéaliste, un platonicien chrétien, ce qui le rapproche dangereusement des hinterwelter (amateur d'arrière-mondes)" F. Nitche

    "Platonicien chrétien" : une fois n'est pas coutume, l'accusation de Nitche vise précisément un courant de penseurs chrétiens, qui a tenté d'interpréter les évangiles à la lumière de Platon, lui-même pythagoricien. C'est donc le syncrétisme médiéval à quoi Nitche aurait dû limiter ses attaques, comme Shakespeare-Bacon l'a fait au nom du christianisme et de la pureté de la parole divine.

    Les idéologies modernes totalitaires, qu'elles soient nazie, soviétique ou démocratique sont toutes teintées de ce platonisme chrétien, dans lequel Hegel n'a fait qu'introduire une théorie de l'histoire truquée, destinée à donner le beau rôle aux élites occidentales.

    L'amalgame pratiqué par Nitche le plus souvent entre le "platonisme chrétien" et le christianisme authentique lui permet d'établir un lien entre le populisme ou l'anarchie, et le message évangélique, suivant la vieille tactique des historiens romains en quête de boucs émissaires. Mais, comme le montre Shakespeare-Bacon, le platonisme chrétien est une ruse des élites. Le syncrétisme est opéré par des moines catholiques pour le compte de potentats, badigeonnant le tout d'un prétexte compassionnel totalement étranger à l'esprit du christianisme.

    On retrouve la même ruse que celle, moderne, qui consiste à faire passer le populisme démocratique pour un mouvement populaire, en effaçant soigneusement des tablettes, par exemple, le profit du suffrage universel pour l'empereur Napoléon III, aussi crédible dans le rôle du chef d'Etat chrétien que Ponce Pilate.

    Depuis le moyen-âge, les universités occidentales ont persévéré dans leur rôle de blanchiment systématique des valeurs occidentales.


  • Sainte Famille

    "La Sainte Famille" est le titre du pamphlet dans lequel Karl Marx dicrédite les valeurs familiales paysannes. De ce point de vue, Karl Marx s'inscrit dans la droite ligne de Martin Luther, qui dénonçait déjà l'imposture des sacrements ; bien sûr dans la droite ligne aussi des épîtres de Paul de Tarse ; l'apôtre fournit la meilleure explication à la révolution évangélique, c'est-à-dire pourquoi "les oeuvres de la loi ne justifient pas l'homme", ce qui implique deux choses : 1/Le christianisme n'est pas une voie morale ; 2/La charité, par laquelle l'homme devient juste et immortel, n'est pas une oeuvre de la loi. Au contraire dans les religions païennes démoniaques, l'homme est justifié de se conformer aux lois de la nature.

    La haine des démocrates-chrétiens vis-à-vis de Karl Marx s'explique très bien, y compris lorsque ceux-ci se disent luthériens. Marx est parfaitement conscient de l'étiolement définitif, au cours du XIXe siècle, du paganisme catholique romain et de la nécessité pour les élites industrielles européennes d'instaurer une religion nouvelle pour le monde ouvrier, moins liée à la propriété foncière agricole que le catholicisme romain d'ancien régime. Le providentialisme catholique romain se trouve aussi dévalué du fait de la consolidation des Etats-nations totalitaires et de leurs systèmes de sécurité sociale, qui constituent une garantie plus sûre que le purgatoire, bien que les systèmes de sécurité sociale sont fondés sur l'exploitation des peuples opprimés.

    L'histoire moderne est donc marquée par la conjonction de deux phénomènes que Shakespeare ne manque pas de prendre en compte, et qui font de lui l'historien majeur de l'Occident : le premier est d'une grande banalité, c'est l'élitisme - aucune société humaine ne peut éviter l'élitisme. C'est une observation suffisante pour envisager l'utopie millénariste démocratique et égalitaire comme ce qu'elle est : un piège tendu par les renards libéraux au peuple. Le deuxième phénomène accentue la tragédie humaine et fait de l'Occident un monde sinistre où le bonheur n'est plus permis qu'aux vampires : c'est l'impossibilité pour les élites sataniques, malgré leur combat acharné contre les anges, d'éradiquer le message évangélique.

    Le théoricien nazi G.W.F. Hegel, prenant le boucher corse Napoléon pour modèle, tente d'élaborer une contre-apocalypse, de théoriser un sens de l'histoire juridique pour pallier l'effondrement de l'Eglise romaine et sa fonction négationniste... et patatras Marx démolit le sophisme nazi. Bien qu'il se réfère explicitement à l'apocalypse pour discréditer Hegel, sachant l'effroi que ce texte a le don de provoquer dans les élites chrétiennes, Marx a peut-être perdu la foi à ce moment-là ; qu'importe, luttant contre la toile judiciaire, il lutte contre le cavalier noir et la bête de la terre.

    Pratiquement les élites occidentales ne disposent pour suborner les foules que de moyens d'intimidation et de propagande extraordinaires. Le rapport de force physique mis en place par la tyrannie antique et son art viril ne suffisent plus. Il était nécessaire que l'Eglise romaine et son clergé mettent en place une culture de mort féminine pour parer la menace que la révélation chrétienne fait peser sur l'organisation sociale, comme le prophète Daniel représenta une menace pour la religion et l'ordre babyloniens.

     

  • Lumière de Lucifer

    Pour reconnaître la photographie comme un art, il faut se placer sur le plan social, dont la ruse consiste à prêter à des choses pratiques ou triviales un caractère spirituel, de façon théorique (ce que les Allemands appellent "éthique pure", et devant quoi ils se prosternent).

    Un Français comprendra facilement que la principale cause de la conversion des barbares allemands au bouddhisme est technocratique. Autrement dit le bouddhisme, culte paysan primitif, dont le meilleur usage est anxiolitique, résulte de l'évolution technique, qui place l'homme dans un contexte animiste. Nombre de penseurs occidentaux ont le mérite de rappeler qu'une technocratie est nécessairement un régime théocratique, dont le b.a.-ba est d'inculquer un mode de pensée spéculatif. Je lisais récemment le propos d'un mage moderne, expliquant que l'idée de récompense ou de paradis est au coeur de l'inconscient de l'homme. Il est plus exact encore de dire qu'il est au centre de l'inconscient collectif dans un régime totalitaire. L'Allemagne nazie fut mobilisée à l'aide d'un millénarisme de cette nature.

    L'homme qui s'efforce d'être libre voudra se débarrasser de cette puce qui lui a été implantée dans le cerveau, pour ne pas se retrouver comme un chien à qui son maître jette un os pour le tenir en haleine, jusqu'à la dramatique et cocasse immolation par le feu du type qui vient de comprendre qu'il n'y a plus d'os dans le garde-manger, archétype de l'homme manipulé. Quelle raison l'individu a-t-il  d'adhérer à la société ? Voilà une question taboue dans un régime totalitaire, et pourquoi la culture est faite pour imperméabiliser l'homme contre le christianisme et toutes les doctrines qui prônent la vérité et la liberté.

    Toute la philosophie allemande moderne, que Karl Marx a justement déclaré nulle et non avenue, l'est pour la raison qu'elle est entièrement prévisible. Les clichés allemands ont une vocation thérapeutique. La cinématographie de Hegel contient toutes les autres. Pour ma part j'ai d'ailleurs complèment cessé d'aller au cinéma, dont j'avais perçu assez jeune le rôle de médication à l'usage des femmes ou des personnes mélancoliques, après m'être cogné G.W.F. Hegel-le néo-Platon. Si la médecine psychanalytique était faite sérieusement, elle devrait considérer la cinéphilie comme un symptôme de névrose. A l'instar de Hitler, on doit considérer les responsables politiques qui avouent leur passion pour le cinéma, comme des criminels en puissance.

    Dans un petit résumé synthétique des éléments physiques qui déterminent le national-socialisme de Hegel, Karl Marx mentionne d'ailleurs le courant électrique.

    Baudelaire et Delacroix éprouvent vis-à-vis de la photographie un mélange de fascination et de dégoût. Il est significatif de leur écartèlement entre la lumière de Lucifer, et celle du christianisme.

    Les paroles de Jésus à propos des pharisiens : "Ils ne savent pas ce qu'ils font." est valable pour tous les mathématiciens et les cinéastes, l'art mécanique en général, qui n'est qu'une méthodologie. Nul mieux que Bacon-Shakespeare, pas même Marx, n'a discerné l'effet destructeur de la méthodologie sur la métaphysique. Le tocard allemand Descartes est bien plus néfaste que Hitler. Descartes est le modèle de l'ingénieur ; il ne comprend jamais rien de ce qu'il lit pour s'instruire : la vanité du raisonnement mathématique virtuel, selon Aristote : comprend pas ; que la culture de vie est un principe païen et non chrétien : comprend pas ; que le temps est une question physique et non métaphysique : comprend pas ; que Bacon tient la mécanique pour un art subalterne : comprend pas non plus. Descartes ne raisonne qu'en termes de rapport, c'est un méthodiste pur.

     

  • Wurmbrand and Satan

    Richard Wurmbrand wrote a lampoon against K. Marx, in which he is trying to demonstrate that Marx was satanic.

    I was joking a few years ago on this weblog about the fact that Richard Wurmbrand should have change his satanic name before writing this kind of lampoon (Brand and Mark have therefore same meaning).

    The kind of arguments that this Wurmbrand does use to demonstrate that Marx is satanic can be used to demonstrate that Apostle Peter was too. And in fact he was accused to be possessed by Jesus himself.

    Due to the fact that 'nations' are representing the devil in the Christian Book of Revelation, K. Marx in his early years wrote himself a lampoon against G.W.F. Hegel German nazi philosopher who was praising at this time French Napoleon, same kind of mass-murderer than A. Hitler. Hitler was based on genetics and Napoleon/Hegel on civil-law, but there is no difference here. Civil law is just a natural philosophy or an ideology inspired by genetics or biology.

    No doubt that K. Marx is right on the fact that Roman right has nothing to do with the Gospels. Thanks to Marx (repeating Bacon-Shakespeare on this point), we know that the more satanic Kingdoms and nations are not those under Pagan flags and devices like Hitler's one, but those 'using' Christian symbols. For example it would be better for USA-Citizen to know that they are living under Aegyptian laws, that have nothing to do with Jewish tables or Christian love.

    Thanks to the Holly Spirit, USA Citizen have Shakespeare to help them to come out the Highway to Hell, as French people under Satanic King Louis XIVth had French Moliere to show them Hell under Baroque Christian Music.

    +

    I must speak about French poet Baudelaire too, who makes me think about young US people for many reasons such as:

    -tortured by his mother wanting him to be the right man at the right place (because of their stupidity, mothers do not understand that the cemetary is not the perfect place to be, though it is very comfortable);

    -feeling possessed by the Devil and admitting it. Lady Gaga is not the only young bright US Woman to claim his love of Judas, who was a kind of Barack Obama, dreaming of a Christian-Jewish Kingdom in this World.

    About the Difference between God and Powerful Satan, French Baudelaire wrote this useful Theology:

    'Satan: easy to love, but difficult to believe in. God: easy to believe in, but difficult to love.'

  • Anges et Démons

     

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    A l'intérieur du christianisme congénital, l'éloge du cinéma non seulement en tant qu'art, alors qu'il n'est qu'un procès politique, mais en tant qu'instrument d'évangélisation (!), alors que le cinéma ne fait qu'exciter les pulsions sexuelle et de mort, indissociables pôles électriques que la religion ou la politique doivent contrôler pour conserver son empire sur l'individu comme sur une marionnette.

    Autant la sagesse grecque véritable, celle qui n'est pas géométrique, vise à se connaître soi-même, par le biais de l'art, autant la cinématique existentialiste est instrument de schizophrénie.

    Mais l'éloge par le pape Pie XII de ce moyen de propagande totalitaire qu'est la télévision, éloge en tant qu'"instrument de paix", un tel degré de criminelle bêtise dont on retrouve la trace dans les encycliques de l'Evêque actuel de Rome, ne doit pas surprendre. L'Eglise romaine a fourni en effet aux nations modernes de nombreux modèles d'organisation politique et schémas de développement. On peut citer par exemple :

    - la franc-maçonnerie chrétienne, non pas seulement celle, tardive et théorique, anachronique de Joseph de Maistre, mais effective du cardinal Wolsey en Angleterre, stigmatisée par Shakespeare, et qui préfigure celle de Richelieu en France ;

    - on peut citer la propagande également, que les publicistes modernes n'ont pas inventée, et qui est la cornue où le message évangélique est subverti au point de devenir : "C'est un devoir chrétien de voter." (Card. Barbarin), slogan parfaitement satanique dans la mesure où son auteur ne s'engage pas seul, mais le Christ avec lui, avec une impudence extraordinaire, au service de ses petites intrigues politiciennes ;

    - le discours physiocratique libéral, simple émanation de l'animisme janséniste (les spéculations de Darwin poussent sur le terrain puritain) ;

    - la mécanique du droit romain, "empruntée" par Hobbes à l'Eglise romaine à l'agonie pour en doter son "Léviathan" moderne. Les traces de politique chrétienne sont encore visibles au stade de la philosophie nationale-socialiste de G.W.F. Hegel. A l'intérieur de cette cathédrale de tessères et de notions (qu'on n'ose plus enseigner en Allemagne, l'élite allemande sachant parfaitement l'accointance de la foi laïque hitlérienne avec les principes hégéliens, à tel point que Marx a décrit l'existentialisme comme la religion de la bourgeoisie libérale - qui de Sartre à Ratzinger ou H. Küng, en passant par T. Adorno, Balibar, Heidegger remportant la palme de l'ésotérisme, s'est développée comme un ténia.)

    *

    Il est donc logique que les derniers pans sclérosés de l'Eglise au sein de laquelle on vit sous l'empire d'une histoire fantasmée, ces derniers bataillons s'accrochent à des "valeurs actuelles" sataniques. La démonstration de J. Duquesne, extérieur au christianisme puisque coupé de toute référence évangélique, que l'Eglise romaine a escamoté le diable, cette démonstration suffit à comprendre que Satan s'est installé dans l'architecture romaine, suivant une lente progression.

  • Protestantism... of Satan?

     

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    Protestantism is for some Sociologists the Matrix of Capitalism; obviously they did not read German Luther, Dutch Erasmus or English Francis Bacon. Condemning Speculation M. Luther is not different from Catholic Dante Alighieri; that makes today Catholic Pope more 'Protestant' -in the sociologist idea- than Luther himself!

    This problem allows to understand two points:

    -First one is that Marxism is opposite to Sociology;

    -Second one is that Sociology is not a Science but a Religion;

    *

    - Marxist History against Sociology, because Protestantism is the consequence of Capitalism, not its Inspiration or Cause. As a result, there is no big difference between Protestantism and Roman catholicism today. Divisions are coming from Politics and the Hypocrisy of the clerks is to deny it.

    Did Luther intended to make the religion of German bankers, insurance Officers, Auditors or Lawyers? Of course not, though he committed the big mistake to ask for the help of some Prince.

    Good question is: what is so useful for Politicians and Bankers in Protestantism that made this religion puted on by rich nations after they defeated Catholic Church? First thing, easy to understand, is that Protestantism is based on Ethics and is an 'out of History' Christianity. Puritanism was the door opened to the State religion which became the most common religion though Christian people cannot serve two Masters. Capitalist gangsters have so 'Ethics' in their mouth as kids have chewing-gums in their.

    Therefore Protestantism is, as French Jansenism does, the coming back to old Soul System which is the best for one dictatorship. That is why French Moliere made of Jansenism, this Christian free-masonic idea the Devil's religion with deep understanding that tells me he probably read Shakespeare. Human Pyramid -as a goal of every kind of Theocracy or fiendish Politics, dictatorship can be made if only you are changing people in souls, that is to say little cells.

    *

    - Sociology is a religion then, because it is taking Capitalism as a Necessary turn of History (exactly as Theory of History in the nazism of G.W.F Hegel does). 'Capitalism is because it had to be'. This is not History but Mathematics. To make the link with Satan here: this kind of explanation (latin explanation because it is the 'mutatis mutandis' explanation) was qualified by Marx as a Philosophical or Esoteric one. Sociology has grown up on Nazism, not on Marxist History.

    Therefore Sociology seems to be entirely made for hiding this truth that Capitalist Economy is a static one and that "the stronger central Poweis, the stronger capitalism is too", along capitalist History. Greek Nation is going bankrupt as a regular Bank, asking the help of other Bankers after themselves asked the help of some States a few month before. Economy is not really teached in Business Schools but a kind of Religion. But most important is that common people must not understand the Game.

    *Portrait is of Joseph de Maistre by Valotton, example of a Christian typical free-mason not far away from German Leibniz or English Isaac Newton, G.W.F. Hegel, this kind of Christianity that is the Matrix of nazism, devotion for Politics checking the truth that one cannot serve two Masters at the same Time.

  • Apocalypse 2012

    Pour la première fois de ma vie il m'a été donné d'entendre dans une paroisse catholique un sermon entièrement consacré à l'Apocalypse. Les virages théologiques -parfois de véritables revirements-, ont toujours été imprimés à l'Eglise catholiques de l'extérieur ; à chaque grande "hérésie", l'Eglise a répondu en s'adaptant pendant des siècles avant d'être étouffée par l'étatisme. On prête généralement à Marx et Engels des opinions anticléricales ; en réalité ils épargnent leurs forces pour lutter contre le fonctionnaire, sachant que le clerc a perdu son pouvoir depuis longtemps déjà et appartient au folklore. L'anticléricalisme qui subsiste en France est plutôt un produit politicien, une idéologie qui se prétend héritière de la Révolution française mais ne l'est pas : il suffit pour s'en rendre compte de lire le VRAI d'Holbach et de le comparer à la traduction qu'un clerc moderne comme Michel Onfray en donne.

    On peut citer ainsi l'adaptation de l'Eglise allemande luthérienne au capitalisme, par exemple, alors que celui-ci est peu compatible avec les invectives de Luther à l'endroit des marchands et des prétendues "lois du marché" par Luther.

    L'institution étatique ne semble pas elle-même posséder d'intelligence propre. Hegel, le "nec plus ultra" en matière de religion de l'Etat marche à côté de l'Histoire.

    Si l'on prend par exemple un apôtre de l'Etat ET du Capital typiquement "hégélien" comme Claude Allègre (qui a le mérite de ne pas opposer l'Etat au Capital, et le Capital à l'Etat, comme un banquier hypocrite ou un imbécile écologiste) ; Allègre peste à la fois contre l'idée de consensus scientifique, tout en déroulant dans ses bouquins de vulgarisation scientifique la panoplie des idées scientifiques les plus consensuelles, notamment celle de "neutralité" ou d'"objectivité" de la science laïque, qui prend pourtant racine dans le terreau scientifique le plus religieux qui soit (Descartes, Mersenne, Gassendi, Huygens, Newton, Leibnitz, etc.) ; on peut être sûr du caractère religieux d'une science lorsque celle-ci accorde aux mathématiques un rang élevé, quasiment de science autonome. C'est d'ailleurs exactement ce que fait le nazisme : à la science historique il substitue une raison historique mathématique, la "mutation" étant selon Marx l'exemple-type de la non-explication explicative religieuse. Marx fait observer ironiquement à propos de la scolastique médiévale de Duns Scot qu'elle s'impose par le volume de ses pages. C'est aussi le cas de l'évolutionnisme néo-darwinien, celui de Stephen Gould par exemple, qui s'impose rien que par la quantité de ses pages, impressionnante pour le dévot laïc.

    *

    On peut établir un parallèle entre le chef d'orchestre J.-C. Casadesus et Claude Allègre. Le premier veut rendre la "musique de chambre" accessible à tous, sans se demander si retirer sa vocation élitiste à la musique de chambre ne la dénaturerait pas. De même Allègre veut rendre Einstein compréhensible par tous, sans se demander si Einstein n'a pas vocation à rester énigmatique pour le plus grand nombre et si son art ne participe pas, comme celui de Pascal, d'une mystique religieuse insane. Sont idolâtres indubitablement les chrétiens qui se prosternent (comme Jean Guitton) devant des théories scientifiques auxquelles ils ne pigent que dalle. Le "veau d'or" n'est pas seulement l'allégorie de l'argent, il est aussi celle du pouvoir, qui repose aussi sur la rhétorique. Dans toutes les "grandes nations politiques" (comme l'Inde, l'Espagne), le culte du taureau, de la vache sacrée, du veau, etc., se retrouve.

    L'Allemand Schelling donne une explication très confuse du passage des dieux égyptiens, mi-humains, mi-animaux, aux dieux grecs beaucoup plus proches de la figure humaine. Il faut dire simplement que le culte de la figure animale est une double marque d'animisme et de politisation d'une société, très proche de la géométrisation des formes dans la peinture capitaliste. Le progrès grec s'effectue donc en grande partie CONTRE la politique et son mouvement de spirale (politique qui est le domaine de la relativité pour Aristote). Les dieux ou les monstres grecs qui demeurent à demi animaux (comme le centaure Chiron, Pan, la Sphinge, le minotaure, etc.) sont à la fois démoniaques et tous liés à la politique.

    On pourrait croire qu'il y a des Egyptiens aux Grecs un mouvement vers plus d'anthropologie, mais c'est le contraire. L'homme a tendance à se concevoir anthropologiquement comme un animal (politique). De là à dire que les animaux sont des mathématiciens et des musiciens hors pair, il y a un pas que je franchis allègrement.

    *

    Pour revenir à mon sermon sur l'apocalypse après cette digression, deux remarques :

    - Le clergé chrétien s'intéresse très peu à l'apocalypse parce que c'est un texte politiquement incorrect ;

    - Deuxièmement, si le sermon que j'ai entendu fut finalement vague et inepte, c'est parce qu'il était prononcé par un prêtre manifestement "augustinien" voire "kantien" : or l'apocalypse de Jean n'est pas un texte dont on peut tirer une morale, n'en déplaise aux gens de robes et aux jeunes filles des deux sexes qui composent à 99% les assemblées dominicales. Gilles Deleuze fait d'ailleurs cette fine remarque que l'apocalypse "n'a pas de style" : shocking! Manquer de style pour une oeuvre est comme se promener à poil pour un homme : ça effarouche les jeunes filles en fleur et les académiciens. Le style n'est autre en effet que le voile de la morale, et Deleuze est comme ces nonnes qui ne supportaient pas la nudité de la peinture de la Renaissance et firent appliquer des feuilles de vigne dionysiaques, en croyant que l'art de Michel-Ange est sexuel.

     

     

     

     

     

  • Marx ou Ariès ?

    Le philosophe Paul Ariès est un des rares intellectuels, à la faveur de la crise, à s'attaquer au mode économique capitaliste et à faire la promotion de l'oisiveté grecque.

    - Une parenthèse pour signaler que les médiats, indissociables du capitalisme qui ne peut se passer d'une propagande centralisée, "deviennent" vaguement marxistes en période de crise, ou ridiculisent au contraire le communisme en période de "boom" économique, sans qu'aucun journaliste ait une idée vraiment précise de la doctrine de Marx.

    Ravissante niaise, la journaliste d'"Arte" Isabelle Giordano peut ainsi déclarer que les Allemands "ont inventé la lutte des classes", sous prétexte que Marx était allemand, alors qu'il n'y a pas savant plus germanophobe, et accessoirement antisémite, dans tout le XIXe siècle ; le rejet de la culture allemande est plus radical encore de la part de Marx que de l'écrivain catholique Léon Bloy (dont l'antisémitisme n'est pas très différent de celui de Marx et Engels), ou Baudelaire.

    Le cas de Baudelaire est intéressant car il rejette violemment la philosophie de Hegel alors même que son propre idéal artistique est très proche de l'esthétique nazie développée par Hegel et plagiée ultérieurement par Malraux. Hegel n'a pas connu la technique cinématographique; aurait-il tenté de l'ériger en art moderne comme fait Malraux ? Ce qu'on peut dire c'est que l'argument spéculatif qui permet de consacrer le cinéma comme un art moderne est présent dans l'esthétique nazie de Hegel.

    *

    Refermons la parenthèse. La métaphore d'Ariès d'une bicyclette dont on est sans cesse obligé d'actionner le pédalier sous peine de tomber, correspond bien au schéma marxiste de l'économie capitaliste. Tout y est : le cycle, la chaîne, les déraillements réguliers... sans oublier le dopage requis par l'effort de production d'énergie surhumain à fournir. C'est la nécessité de dégager une plus-value qui selon Marx oriente le travail vers la production de plus en plus massive. On pédale et on ne pense plus à rien.

    (Sur le plan chrétien, c'est ce qui rend le capitalisme aussi diabolique, c'est que le fait de gagner sa vie n'est plus accessoire mais principal. Autrement dit : ne cherche pas seulement à satisfaire ses besoins essentiels le chrétien soumis à une économie capitaliste, mais est entraîné à vouloir d'abord gagner sa vie et à thésauriser... et donc à perdre sa vie.)

    Cet effet prospectif, de bascule perpétuelle en avant, Marx l'a donc nettement vu ; c'est certainement ce qui séduit les femmes dans le capitalisme, son aspect "programmatique" ; tandis qu'il brise ou révolte plus les hommes. Le capitalisme est une physiocratie et la femme est -non pas exactement "naturelle" comme croit Baudelaire- mais physiocratique, plus "sexuelle" que l'homme contrairement à certains racontars dérivés de la psychanalyse.

    *

    On ne doit pas être étonné que, parlant d'économie et de communisme, on en vienne à parler d'art. Toutes les grandes doctrines matérialistes depuis Aristote jusqu'à Marx en passant par François Bacon ont en commun d'être des doctrines artistiques. Nonobstant douze cent pages consacrées à l'esthétique, Hegel, LA tête pensante du nazisme, est incapable de penser l'art autrement qu'en termes d'outil politique. Le seul intérêt de l'approche nazie, même si ce n'est pas franchement un "scoop", c'est de souligner le caractère "phallique" de l'architecture et de la poésie, et par conséquent de la politique.

    S'il fallait choisir, c'est la femme et non l'homme qui est "sexuelle et politique". D'ailleurs on voit bien que dans les conversations entre hommes il s'agit plus de "refaire le monde" que de politique réellement ; les aspects sexuels, domestiques et familiaux préoccupent plus les femmes : et c'est là le vrai terreau de la politique. Ce qui n'empêche pas Simone Weil d'être dix fois plus virile que le pédérastique Charles Maurras ("Politique d'abord !") ou que son propre frangin entiché de jongleries mathématiques puériles.

    Comme on confond souvent le marxisme avec l'anarchie, on peut souligner aussi que l'idéologie anarchiste est aussi féminine et sexuelle que l'idéologie maurrassienne ou capitaliste, bien que Marx ait éprouvé de la sympathie pour les anarchistes en raison de leur sincérité.

    *

    Ici s'arrête l'emprunt de Paul Ariès à Marx. Pour le reste, la proposition d'Ariès de révolutionner ou réformer le raisonnement anthropologique dominant, Marx l'aurait trouvée d'une grande naïveté, puisque le capitalisme comme l'existentialisme, le cinéma, le débordement de la politique et de la morale, tous ces phénomènes traduisent un même symptôme : la sidération anthropologique. On peut reprendre la comparaison de la bicyclette qui convient non seulement pour décrire le mode économique capitaliste mais aussi le mode de raisonnement anthropologique spéculatif (il est typiquement romain, allemand ou oriental d'accorder au psychisme un rôle primordial).

    Historiquement on peut presque dire que l'anthropologie nazie ou existentialiste est "innée" puisqu'elle n'est que le surgeon d'une anthropologie chrétienne -elle-même déjà en état de décomposition avancée au XVIIe siècle.

    A la fois on est reconnaissant à Paul Ariès de rompre publiquement avec le discours de la prostitution capitaliste comme destin commun et inéluctable de l'homme, et en revanche il est stupéfiant qu'il n'aille pas au bout de la dialectique marxiste qui lui permet de décrire le délitement intellectuel causé par le narcissisme cartésien ou anthropologique, l'aspect mécanique du projet capitaliste.

    Le philosophe retombe en effet pour conclure dans les préjugés bourgeois et une connerie proche de la psychanalyse, jansénisme du parvenu boche ou yanki -c'est-à-dire un intellectualisme que Marx a toujours vivement rejeté.

    (Je dois dire que j'ai été encore plus stupéfait d'entendre Alain Badiou il y a quelques jours vanter les mérites de la copulation bourgeoise, sentimentalement travestie par les régimes capitalistes en "amour", parée de canoniques puis civils attributs, jusqu'à ce que le mariage devienne en définitive une "icône gay". Difficile d'extraire pourtant le "conjugo" du principe consumériste capitaliste dont la morale de la famille restreinte -le couple avec un ou deux enfants- traduit même la tension capitaliste entre l'épargne et la consommation, l'anorexie et la boulimie, le puritanisme et l'orgie coexistant.

    En outre pas plus que les théologiens chrétiens sérieux Marx n'accorde au conjugo une valeur autre que temporelle et "tribale", par conséquent archaïque.)

     

     

     

     

  • De Marx à Shakespeare

    En démolissant le discours sur le "sein" et le "dasein" de G.W.F. Hegel, discours qui est la recette de base de la béchamel existentialiste (réduisible à néant ou un petit bout de carbone, une goutte de pétrole pour figurer le miroitement de l'âme nazie), K. Marx isole le principe de la mutation. L'idée de mutation, dit-il, est ésotérique. Or la science bourgeoise, qui n'en est pas une, pas plus que l'existentialisme n'a de fondement dans la réalité, cette spéculation repose presque exclusivement sur ce principe de mutation, ce que Simone Weil comprendra elle-même plus tard, dénonçant l'insanité de Max Planck, monument de connerie bourgeoise boche, aussi solidement fondé sur les jongleries de Helmholtz que la science économique capitaliste sur le jeu de bonneteau ou le "Black Jack". Le sable du temps, dont Shakespeare démontre tout le noir projet qu'il implique.

    L'historien (Michel Winock) qui appuie sa "science" sur le principe de mutation ne fait ainsi que sacrifier à la religion nationale-socialiste en fonctionnaire exemplaire, c'est-à-dire fournir une explication ésotérique au changement historique, interpréter l'histoire comme le destin collectif. Difficile d'être plus sectaire béotien. La mort est le grand projet capitaliste, et tous les efforts du clergé capitaliste tendent à le dissimuler. L'existentialisme, que la grenouille de bénitier laïque appelle aussi "fin de l'histoire", est plus étriqué encore que l'idée nazie ou romaine de destin. A chacun son petit carré de cimetière et les vaches seront bien gardées. Pas étonnant que la grandeur d'âme d'Hitler fascine autant à côté du cinoche à petit buget de Sartre.

    D'ici que le capitalisme canonise Judas Iscariote et son évangile avec l'aide de Joseph Ratzinger... ce projet semble tellement proche !

    Le grand Volontaire Shakespeare, lui, c'est en Ajax, le vertueux Ajax qu'il voit le principe satanique, sachant bien que l'idée de potentiel et celle de destin sont identiques. Ajax c'est Hegel, mais aussi Einstein ou Planck : des aliénés ou des zombis, comme on voudra. On peut vivre en restant mort, et mourir en restant vif comme Shakespeare. Le sang versé d'Ajax dans le sol qui se change en narcisse. La métaphore d'Homère est plus forte que la métamorphose d'Ovide. Bacon notre Shakespeare nous dit que le sort du suppôt est d'aller engraisser la terre-mère.

     

     

     

     

     

  • French attacks

    If glorious Body of Renaissance classical art and science is under Baroque principles carefully buried, materialistic painting translated into religious music, without forgetting the praise of phallic architecture by the horde of german grave-diggers such as Hegel, Proust, Panofsky... the reason is that Renaissance is far too much politically uncorrect for the bourgeoisie. 'Sexual revolution' is the paederastic choir-boy's revolution.

    When it is speaking with its prudishness about 'collective unconsciousness', Shakespeare says more acurately 'Lucifer'. K. Marx himself is defining capitalism as a fiendish virtual principle (Puritan clerks are hating Marx who does underline the link between marriage and prostitution, pornography, although Freud has been masking this link. A puritan guy made a book to try to demonstrate that Marx was possessed by the devil whose name was... Richard Wurmbrand, a program in itself!).

    The agreement between Lucifer and Puritan virtue on which French people are educated thanks to Moliere (Don Juan & Sganarelle) is illustrated by the USA now. Louis XVIth wanted to change the rules too as B. Obama does, but he could not.

     

  • Pour un art communiste

    Si le corps glorieux de l'art de la Renaissance est soigneusement enfoui sous un chaos de principes baroques, l'éloge de l'architecture phallique, par la horde des fossoyeurs allemands (Hegel, Proust, Panofsky, etc.), c'est que la Renaissance est beaucoup trop politiquement incorrecte pour le petit-bourgeois.

    Ce que la bourgeoisie appelle pudiquement "inconscient collectif", Shakespeare l'appelle par son nom : Lucifer. "Politique d'abord !", pour finir par le massacre légal des innocents, l'holocauste à Bel.