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Entre Ben et Benoît

Ce que le politologue yanki Samuel Huntington a vaguement discerné, c’est que la société yankie est à peu près dépourvue de conscience politique. Ce qu’on peut résumer ainsi : elle ignore d’où elle vient et elle ignore où elle va. Derrière les slogans positivistes nazis se cachait à peu près la même inconscience, le même angélisme triomphant.

En revanche l’expression de “choc des civilisations” est un abus de langage ; pour qu’il y ait choc des civilisations, encore faut-il qu’il y ait “civilisations” ; or si l’islam est une civilisation, elle est archaïsante ; et la démocratie yankie n’est pas une civilisation mais la négation de ce qui fait la civilisation, la négation de l’élan. Examinons la flèche de l’art, plus visible encore que celle de la science. Ce n’est que de façon marginale que l’art émerge aux Etats-Unis. Ezra Pound, isolé dans cette nef de fous, réfugié poétique en Italie, eh bien les Yankis n’ont rien trouvé de mieux que de le traiter comme un alien.

Mais le cinéma, l’architecture, l’art contemporain yankis, sont d’abord mûs par la volonté de propagande commerciale ou morale. Le procédé cinématographique n’a pas été inventé par les Yankis, mais ils en ont fait la plus grande entreprise iconoclaste, la plus légère industrie de destruction de l’imagination jamais conçue.

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Pour emprunter à la cinétique, il n’y a pas téléscopage mais simple friction entre l’islam et le capitalisme, entre deux modèles sociaux inertes. La concurrence se joue au-dessous de la ceinture.
L’islam est un moralisme qui nie la valeur morale du régime démocratique yanki ; et le régime démocratique yanki se fonde sur un moralisme tout aussi fanatique pour dénier toute valeur morale (actuelle) à l’islam.
Pour prolonger le parallélisme : idéologiquement l’islam nie toute forme d’évolution, politique autant que biologique ; mais le capitalisme nie aussi l’évolution, de façon plus sournoise, en s’affirmant comme le terminus de l’évolution politique ; pour ce qui est de l’évolution biologique, la société civile yankie l’affirme, mais elle n’a pas de sens, elle n’est anticipatrice de rien en dehors des films de science-fiction de S. Spielberg. Fatalisme contre relativisme, refus d’embrayer contre débrayage.
Quel régime illustre mieux l’harmonie entre le capitalisme et l’islam que le régime saoudien, qui superpose le capitalisme le plus radical à l’islamisme le plus fanatique et qui a produit Ben Laden ? Pour viser Manhattan et le Pentagone, pour comprendre aussi bien les Etats-Unis, il fallait être Saoudien. La foi dans les mathématiques et la géométrie des musulmans et des Yankis, c’est le point de tangence. On peut anticiper l’absorption de l'islam dans le capitalisme (Houellebecq), aussi bien qu'on peut prévoir l'absorption des Etats-Unis par l’islam.

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Bien sûr il y a des électrons libres, des personnalités intermédiaires. Ainsi Tariq Ramadan.
Ce que je vais dire est sans doute excessivement théorique pour une fois, mais tant pis. Après tout l’intuition est le sixième sens de l’Occident.
Je postule l’amour de Tariq Ramadan pour Voltaire. Dans ce cas ce théologien comprend mieux Voltaire que la Sorbonne nouvelle ne l’explique.
Car Voltaire se situe exactement à la charnière, entre le fanatisme exprimé par Pangloss et la honte du fanatisme exprimée par Candide. Voltaire oscille entre ces deux pôles. On pourrait presque dire : c’est un fanatique, un positiviste honteux, ou un faux fataliste. Du voyage initiatique de Voltaire à celui de Céline, il n’y a d’ailleurs qu’un style qui tient à quelques bains de sang.
Céline est un faux nihiliste lui aussi, nul besoin d’être un grand psychologue pour le deviner. Le Voyage de Céline est une transposition populaire de voyage de Candide. Bien au-dessus des guides touristiques Chateaubriand ou Proust. Si Ramadan était vraiment byzantin, c’est la littérature de Proust qu’il devrait citer, pas celle de Voltaire.
Comme l’oscillation de Voltaire est aussi un branle, un mouvement libre, aspiré par cette pente occidentale, vers quoi Tariq Ramadan peut-il évoluer sinon vers un islamisme radicalement différent de l’islamisme fondamental ? Mais ceci est une autre histoire.

Commentaires

  • "Mais le cinéma, l’architecture, l’art contemporain yankis, sont d’abord mûs par la volonté de propagande commerciale ou morale. "

    Comme cela l'a été de tout temps...

    Je vous dis que l'oppression actuelle n'est pas spéciale par apport aux oppressions antérieures, il n'y a pas à la faire spéciale, Marx ne la faisait pas spéciale, vous, vous reprenez tout les concepts chiantissimes de Bloy et Bernanos style "Notre époque est un complot contre la vie intérieure"... Exactement le genre de phrases que pensaient Giordano Bruno en son temps...

    Toutes les époques ont toujours présenté un complot contre la vie intérieure, alors au lieu de papoter sur telle ou telle époque - acte.

  • - Vous niez l'évolution historique, Spendius, que Marx démontre, la transition du christianisme/luthérianisme, opium du peuple, à la religion des droits de l'homme, opium non seulement pour le peuple mais pour TOUTE la société civile bourgeoise, religion qui fait de l'homme "un individu égoïste et indépendant".
    Lorsqu'on rabaisse le marxisme, comme font votre Deleuze ou Max Weber, à une sociologie, on lui retire tout son sens. De fait Marx serait vraiment matérialiste s'il était un sociologue.

    - Dans le domaine artistique on peut prendre l'exemple du mythe du génie artistique, inventé par la société civile bourgeoise. "D'une part et d'autre part", comme dit Marx : d'une part le génie, idéalisation de l'art, n'a pas de prix ; d'autre part cela permet d'en fixer un très élevé pour des merdes décrétées géniales à l'aide de quelques syllogismes rédigés par des bureaucrates. Hypocrisie concentrée dans l'euphuisme : "Hors de prix."

    Le marché de l'art aujourd'hui, il n'y pas de démenti plus fort aux slogans libéraux et en même temps il n'y a pas de marché plus typiquement capitaliste. "Tout se vend et à n'importe quel prix du moment qu'on sait le vendre", voilà l'axiome qui sous-tend réellement la pseudo-économie capitaliste.
    À tel point qu'il y a des artistes contemporains (d'avant-garde) aujourd'hui qui ne produisent plus, qui préfèrent sous-traiter, le "cœur du métier" d'artiste n'étant plus de produire mais de vendre.

    Ce modèle économique pose l'équation hasard = liberté. Ce n'est pas une économie c'est une martingale. Marx ne dit pas que la société civile bourgeoise a inventé l'usure ou la martingale, mais qu'elle en a fait des principes moraux.

    - Dans la peinture vénitienne, la propagande de la Foi ou du doge, sincère ou pas, n'est qu'un prétexte pour le peintre et son atelier, pas un principe. Aussi déséquilibré soit-il, le rapport entre Michel-Ange et le pape est cent fois plus équilibré que le rapport entre Bernard Arnault et un artiste contemporain, car l'art de Michel-Ange a une valeur en soi suffisante, tandis que la valeur de l'art contemporain est conceptuelle, aussi spéculative que possible.

  • Je suis tout à fait en accord avec l'idée d'évolution historique, c'est vous qui allez à contre-courant en décrétant que notre époque est plus basse que les autres. L'oppression a simplement pris de nouvelles formes. Par exemple, vous me dites "Dans la peinture vénitienne, la propagande de la Foi ou du doge, sincère ou pas, n'est qu'un prétexte pour le peintre et son atelier, pas un principe." - il n'empêche qu'il était impossible que de passer par d'autres moyens que les thèmes religieux pour diffuser son art, ce qui fait que l'Art était en quelque sorte sclérosé. Même chose pour la Science. Maintenant, la Science et l'Art sont subordonnés à la nouvelle idole qu'est "La Technologie", à la Production, comme avant elles étaient subordonnés à la Foi.

    "Ce modèle économique pose l'équation hasard = liberté."

    Non, notre modèle économique actuel ne pose rien du tout, et c'est ça le problème. Il n'y a aucun principe, aucunes règles, aucune conscience, je ne dirais pas comme vous "conscience politique" mais "conscience économique" de ce que l'on fait. Tout a été noyé dans l'océan de l'utopisme marchant à la va-comme-je-te-pousse. Il n'y a pas au contraire de ce que vous pensez de pensée axée sur l"'individu, égoïste et indépendant" - il n'y a AUCUNE pensée.

    Je vous accorde que cela peut paraître comme proche de l'idée de Main Invisible (concept de Smith au début mais il a été développé jusqu'à toucher une véritable réalité par les économistes autrichiens) - mais c'est une caricature de la Main Invisible. Rothbard fait bien de rappeler les origines scolastiques du libéralisme, à savoir que le libéralisme est tout sauf l'idéologie du n'importe-quoi et de l'hasardeux mais une morale concrète et un souci d'objectivité.

    Deleuze n'est pas sociologue mon ami - mais en fait, je sais pas trop ce qu'est Deleuze en même temps...

  • Trop facile de critiquer l'islam général en citant des exemples extrêmes comme l'Arabie Saoudite, tu devrais plus te pencher sur les mouvement des frères musulmans, le hamass pour comprendre combien leurs dirigeants sont de brillants politiciens quant à Tariq Ramadan, je te rappelle qu'il est le petit fils du Fondateur des Frères Musulmans dont le but etait de renforcer la religion et la conscience politique chez les musulmans. C'est dans ce sens ou Ramadan rêve de créer islam "Européen" .

  • Vous confondez Hegel et Darwin, Spendius. Hegel est dynamique, même si comme le critique Marx, la dynamique des idées est impropre à rendre compte de la dynamique réelle de l'histoire.

    L'idée de dynamisme implique l'idée de liberté. Hegel est si peu évolutionniste qu'il a anticipé la régression de l'art en charabia philosophique. Il est vrai, à votre décharge, qu'il y a une contradiction chez Hegel, que d'une certaine façon il "ferme la porte", comme Feuerbach, sinon la critique de Marx serait inutile. Hegel, qui se veut critique et non philosophe, avant Marx, c'est un système "semi-ouvert" si vous voulez. Les mauvais élèves de Hegel - à savoir Kierkegaard, Heidegger - ont systématisé Hegel. Marx lui, incarne le verbe de Hegel.

  • L'Arabie saoudite est un exemple de la fascination que cette caricature de l'Occident qu'on appelle les Etats-Unis peut exercer sur le monde musulman. Si les Saoudiens sont d'ex-nomades, sans mauvais jeu de mot les Yankis, eux, sont monades, et fiers de l'être. C'est une coïncidence entre deux anachronismes, du point de vue occidental qui est le mien.
    La fascination que les Etats-Unis exercent sur le Maghreb, ou pas, je suis moins bien placé que toi pour en parler, d'autant moins que je suis obligé d'admettre que la France de Sarkozy est victime de la superfiction yankie.

    Mon hypothèse sur Tariq Ramadan est la même que la tienne. A un détail près. L'islam n'est-il pas fataliste ? Si l'on sort du fatalisme, ne sort-on pas de l'islam ? De la même façon qu'un démocrate-chrétien qui a foi dans la mystique laïque, profondément fataliste, sort du catholicisme (un mouvement inverse à l'oscillation de Voltaire ou de Tariq Ramadan)…

    Ce que je redoute pour le monde musulman en général, Gretel, c'est qu'il soit aussi perméable à l'américanisme que la démocratie-chrétienne l'est, non pas en général cette fois, mais par principe.
    Par ailleurs je prétends que l'obsession de l'islam qui est le fait de certains démocrates-chrétiens comme Benoît XVI vient de là. Du fait que sa théologie est en concurrence directe avec l'islam. Si tu lisais la lettre encyclique de Benoît XVI, je ne suis pas sûr que tu y trouverais comme moi des motifs d'indignation. Hors du contexte politique sioniste, un musulman a-t-il beaucoup de raisons théologiques de ne pas vivre en bonne intelligence avec un juif orthodoxe ? Je ne crois pas.

  • Personne ici n'a parlé de Hegel...

  • "la plus légère industrie de destruction de l’imagination jamais conçue" ? Pourquoi légère? c'est du lourd de chez lourd leur tsoin tsoin... tu te souviens de Bardamu dans la grande Nouille, son cinéma sexuel? Il l'a bien vu le Docteur Destouches que c'était de la confiture à psychotiques, le cinéma. Et du psychotique ça manque pas de nos jours... Ton Spendius, là, c'est du Bouvard revisited, du Pécuchet de grande surface, du Perreire de carouf, du Bardamu de chez bricorama, tout à fait crédible ton personnage, des comme lui? mais y en a plein les aéroports! Je sais de quoi je parle, j'y ai passé deux jours chez les néo-nazies de Zurich (j'insiste sur le féminin de nazi, tu me comprendras).

    En tous cas les nouvelles du front, c'est que les yankies, they are finished pour tout le monde de l'employé de restaurant à l'hôtesse de l'air en passant par le PDG, le flic, le pasteur, la protestante neo américaine (j'ai mis un moment à comprendre qu'elle parlait des indiens, une pseudo squaw qui m'apprenait des choses comme entre autres le sens du mot squaw en indien des territoires du Nord; une mauvaise femme, hé oui.)
    Les conneries qu'elles se racontent! Ha j'oubliais, un descendant des Lombards, militaire à la retraire et sans un sou pour bouffer...je l'ai laissé à sa schizophrénie après avoir mérité tout ce qu'il m'a appris de son illustre famille. J'allais quand même pas lui payer à bouffer, Scrogneu...un type qui me mélange Céline Dion avec les Lombards... gneu.

  • "absorption des Etats-Unis par l’islam"... et digestion par les Nipponais.
    Ce serait enfin la bonne raison au saké et aux sabres qui coupent comme des rasoirs... parce qu'en fin de compte, c'est harakiri qu'ils se sont fait les ricains à être aussi voleurs et cons qu'ils peuvent l'être quand ils s'y mettent.

  • l'euphuisme : "Hors de prix." ! Là tu m'as appris un mot, mon lapin, et comment dire... ça n'a pas de prix.

  • Dites, vous pouvez arrêter de parler de moi? Déjà, vos délires, c'est dur à supporter, mais quand vous attaquez les autres, c'est vraiment pénible. J'en ai marre, vous n'avez certainement rien lu de Flaubert à part ce qui est récupéré chez Évène, et maintenant vous traitez un de ces lecteurs de "Bouvard" ou de "Pécuchet". Merde! Lisez ce livre, bon dieu, et après on en reparlera.

    Ou alors, si vous voulez, dites moi votre email, on pourrait avoir une discussion franche ou vous perdriez certainement votre côté vicieux et hystérique.

  • Vous êtes une vraie gonzesse, Spendius, vous écrivez haut et fort, injures à l'appui, que vous ne me lisez pas puis vous en avez marre que je parle de vous. Prenez une position et tenez-là, un peu de constance saperlotte. Sinon vous n'aurez bientôt plus de balle à vous tirer dans les pieds.

  • La constance, c'est la marque des esprits idiots et gauchistes comme vous. Car si je ne vous lis pas, je lis néanmoins quelques unes de vos phrases pour estimer l'intérêt de votre post, et à mon grand désespoir, la plupart de celles-ci parlent de moi, comme si vous fantasmiez sur moi, un être virtuel qui vous entretient. Vous avez pensé aux putes?

    La critique pour la critique ne mène à rien, dit le sage Lapin, je n'aurais donc qu'un mot pour vous: Acte!

    Au lieu d'insulter toutes personnes qui s'opposent à votre manière de femelle d'appréhender la vie et utiliser de votre singulière malhonnêteté consistant à retourner les remarques contre celui qui les as envoyés ("C'est celui qui dit qui y est"), ouvrez un livre et lisez. Je vous recommanderais Boileau, l'un des meilleurs écrivains français, loin des niaiseries modernes de Bloy ou Dostoïevski, pour vous apprendre l'honnêteté. Vous pouvez tenter Flaubert aussi, mais c'est plus "instable", de plus le fait qu'il soit un anti-idéologue me fait dire que vous ne l'aimeriez pas. Ou alors, vous pouvez toujours rester à Bloy ou Dostoïevski bien sûr, mais ce sont eux les femmelettes, des pucelles abreuvées au mysticisme branché, soi-disant chrétien. Incroyable à quel point les réactionnaires puisent dans des écrivains relativement neufs et donc modernes, incroyable à quel point les réactionnaires sont modernes...

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