A l'espoir plus ou moins inquiet du paysan dans la moisson prochaine, puis dans la verdeur du printemps, la nostalgie plus étroite encore du néo-païen écologiste fait pendant. A gauche un paganisme futuriste, à droite un paganisme archaïsant.
"Se vautrer dans le passé c'est peut-être de bonne littérature. En tant que sagesse, il n'y a rien à en espérer. Le Temps retrouvé, c'est le Paradis perdu, et le Temps perdu, c'est le Paradis retrouvé. Que les morts inhument leurs morts. Si l'on veut vivre à chaque instant tel qu'il se présente, il faut mourir à chacun des autres instants."
Aldous Huxley, Le Génie et la Déesse
D'où vient ce préjugé que la sagesse et la littérature ne peuvent faire bon ménage ? De Platon ?
Commentaires
"Si l'on veut vivre à chaque instant tel qu'il se présente, il faut mourir à chacun des autres instants" : mais quelle niaiserie ! Qu'entend-il par vivre ce cher homme ?
Quant au temps perdu et au paradis retrouvé je ne comprends pas ce qu'il veut dire. Vous oui ? Mis à part la longueur de leur oeuvre je ne mettais pas Milton et Proust dans le même panier, c'est drôle vraiment cette citation, et pas sérieux du tout.
Je ne crois pas qu'il y ait un préjugé sur la sagesse et la littérature, simplement il est avéré depuis longtemps, que le Beau et le Bien ne sont pas interchangeables, et que le diable peut avoir la beauté de son côté.
(Que devient H. ? il a perdu son pinceau ? il me manque !)
Et Philip Dick?
http://www.arbre-vengeur.fr/Breves.htm
Il se vend à cette adresse des badges de Léon Bloy.
Comme vous faites bien l'ânesse, Nadine! Si je craignais de passer pour ce que je suis pas, je vous dirais même que vous êtes anéroïde sur ce coup-là.
Toute explication est assassine du vrai. Le beau ne se peut expliquer, il faut y être initié et vous concevez bien qu'on ne pourrait l'être en quelques explications. La réflexion de Huxley est pleine de bon sens, et par surcroît, magnifiquement tournée. Il n'est que de l'entendre, rien ne sert de vouloir la comprendre.
Philip K. Dick est un cas à part, Spendius, incomparable avec Huxley. Vous mélangez les genres, comme Nadine, pour la bonne raison que, tout comme elle, vous manquez de bon sens et donc de foi.
Pour être plus précis, et c'est pas maître Lapin qui me contredira, ce qui vous fait le plus défaut pour comprendre Huxley, c'est tout simplement la charité. Cette dernière étant, comme de bien entendu, la mieux ordonnée possible.
Petit extrait d'une interprétation bien sentie de la parabole du talent, si chère au Lapin et à votre serviteur.
Ne forçons point notre talent,
Nous ne ferions rien avec grâce:
Jamais un lourdaud, quoi qu'il fasse,
Ne saurait passer pour galant.
Peu de gens, que le ciel chérit et gratifie,
Ont le don d'agréer infus avec la vie.
C'est un point qu'il leur faut laisser,
Et ne pas ressembler à l'âne de la fable,
Qui, pour se rendre plus aimable
Et plus cher à son maître, alla le caresser.
L'auteur en est celui qu'on ne pourrait prendre pour un autre tellement son talent est singulier et coule de fontaine plus que de source.
Si tu veux bien m'excuser, Lapin, je profite de ta tribune pour un petit message à Alexia:
-- Quand tu verras ton père et s'il s'extasie sur ton nouveau sac à main, ne lui dit surtout pas qu'il te vient de moi. Mais n'oublie pas de lui parler de ma petite affaire, et tout comme nous en avons conclu ensemble hier au soir. --
Merci mon lapin, le bon dieu te le rendra au centuple.
Là, là, Nadine, voilà que vous serrez à votre tour vos petits poings contre la critique.
Bien sûr qu'on peut expliquer, Fodio. Saint Pierre exhorte les chrétiens à être toujours prêts à rendre une réponse aux païens à propos du logos - le sens et la raison - de leur espérance.
Donc Huxley entend par vivre, pratiquer la charité, par opposition à la thésaurisation de Proust, cette comptabilité sans fin des souvenirs d'enfance. Même Benoît XVI le dit, pourtant par ailleurs exagérément obsédé par les racines juives du christianisme : occupé des fins dernières, le temps du chrétien c'est le présent, et non le passé recomposé ou le futur antérieur.
Autofiction : le terme convient parfaitement à Proust et à l'illusion du temps retrouvé. Tiens, ça me rappelle une comptine chrétienne de mon enfance qui disait : "Le Temps qui est perdu ne se rattrape plus".
"Les Confessions", "Candide" ou le "Voyage", voire "Les Mots", ne méritent pas d'être qualifiés d'autofictions, en revanche : ce sont des voyages initiatiques. Analogie contre homologie, évolution contre identité. Êtes-vous identique à ce que vous étiez à quatre ou à cinq ans, Nadine, et dans ce cas vous ne seriez pas libre ? Non, l'évidence c'est que vous avez évolué, progressé ou régressé. Pas facile à comprendre pour une femme, je reconnais, portée à confondre le Temps avec une horloge. La nouvelle Eve n'est pas "biologique".
Où en étais-je ? Ah oui, je voulais dire à Fodio/Spendius, que le frangin de Simone Weil, mathématicien "étriqué" comme Pascal, s'irritait de ce que sa sœur lui dise parfois : "C'est si beau que ça ne peut qu'être vrai". Simone Weil est un peu trop "platonicienne" sans doute, et je préfère la formule du peintre communiste anglais Hogarth : "La beauté, c'est ce qui est vivant".
C'est ce que veut dire Huxley par : "Que les morts inhument leurs morts". Le diable n'est pas beau, il est charmant, nuance. Proust n'est pas beau, il est envoûtant (comme une formule algébrique peut l'être aussi aux yeux de certains).
Un badge Léon Bloy "Pour un monde meilleur" ?
Réduire Bloy à un gadget démocrate-chrétien, ce n'est pas vraiment une initiative nouvelle.
Les démocrates-chrétiens mettent autant d'acharnement à nier l'histoire et à se vautrer dans la science-fiction que Bloy met de force à affirmer le caractère sacré de l'histoire.
Ils mettent autant d'acharnement à affirmer que Jésus est juif que Bloy met de force à affirmer que Jésus est un "homme nouveau".
Je demandais l'avis du Lapin sur Dick, par de vous, je me contrefiche de vous et de vos théories à la con, Freudio.
Quelle conne, cette Simone Weil "c'est si beau que cela ne peut être vrai": C'est le raisonnement typique de l'artiste et du philosophe étriqué (un mathématicien n'est jamais "étriqué") et empoisonné par sa culture débile. Il y a vraiment une plaie dans l'Art depuis la fin de Saint Amant plus ou moins, c'est que l'artiste croit pouvoir s'élever à la connaissance de la réalité, qu'il matérialise en une diverse panoplie d'objets avec des mots comme "sacré" "charité" ou, le pire de tous, "Verbe". Bloy par exemple, l'écrivain le plus éloigné de Saint-Aimant, ou de Sponde, ou de Cyrano de Bergerac, bref, l'écrivain le plus éloigné de l'art vrai. Peut-être l'unique écrivain honnête du 19ième siècle a été Paul Louis Courier, mais bien entendu personne ne le connait...
Je disais simplement que Dick et Huxley sont deux mêmes décérébrés pseudo-mystiques de mon point de vue - en me projetant dans votre cerveau, j'en avais déduit que vous aimiez surement Dick et j'ai voulu tester la théorie.
"Ne pas chercher à retrouver le temps perdu, c'est avoir une chance de gagner son paradis" alors ? la formule pète moins, mais dit comme ça c'est plus clair. Toujours l'histoire du grain de blé qui meurt. Oui, je suis d'accord. C'était vvvvvivre avec le grand V alors, Chemin, Vérité, Vie etc. Vivre sans le grand v, c'est vivre la vie d'après la chute. Celle où laisser les morts enterrer les morts n'est pas chose facile, où la nostalgie est un sentiment naturel, et où rien n'est pur. Et le Christ a pleuré Lazare et l'a ressuscité du reste.
On peut regarder la Recherche comme une grande vanité. La contemplation d'une vanité renvoie l'homme à sa finitude, la solution proustienne du problème sous la forme de la madeleine, ou du pavé descellé me semble plus vaine encore que tout le reste, mais on peut être client du reste. La lecture de Madame Bovary comme celle des romans de Barbey peut emplir d'effroi et de compassion à la fois et jeter de manière strictement identique son lecteur au pied de la Croix.
O felix culpa quae talem et tantum meruit habere redemptorem, pas ?
Petit aparté sur l'horloge biologique : c'est l'expression la plus idiote de toutes les expressions idiotes. Ce que les femmes ont dans le ventre ce n'est pas une horloge mais un sablier (un qu'on ne peut pas retourner). Croyez-moi, l'irréversibilité de la flèche du temps c'est notre rayon. Non pas seulement à cause du temps de fertilité très limité et de l'irréparable outrage des ans mais parce que si nous devenons mères nous protégeons des corps qui pourriront un jour, et notre travail consiste pour une grande part à retarder autant que possible le début du pourrissement.
Ou à faire en sorte qu'ils ne pourrissent pas du tout, Nadine! Soyons folles!
...et pourquoi pas hystériques tant que vous y êtes, parce que là, pour le coup, vous seriez dans le beau et dans le vrai.
Tu sais Lapin/Spendius, moi, le rapport beau/vrai (puisque t'aimes les slaches) c'est de Balzac que je le tiens et je m'y tiens: "Le beau, c'est le vrai bien habillé". Avec ça on comprends huxley sans avoir besoin de se répandre en justifications oiseuses pour femelles en pamoison.
Vous savez quoi, fodio? vous êtes lourd!
Les femelles en l'occurence n'étant certes pas celles qu'on pense (chut les filles, Spendius va encore pas tout comprendre)
Vous savez quoi, fodio? vous êtes lourd!
Ecrit par : mother goose | vendredi, 18 avril 2008
Non, il est con. J'ai longtemps pensé qu'on faisait difficilement plus con que Lapinos, mais là je dois dire que le sous-peintre a trouvé son maître : Fodio. Aussi bête que son patron mais avec cette touche cucul-gnangnan dans le mystique et dans le machisme ras des pâquerettes que l'abruti du terrier n'a pas.
Vous savez, la mère, quand Lapin conseille "Brideshead revisited" de Waugh aux gonzesses, moi c'est un bouquin de Lucien israël que je leur suggère de lire 'Le Médecin, Le Sexe et l'Hystérique". Ouvrage sans lequel on ne peut pas aprécier l'hystérique dans toute sa valeur progressiste. Le féminin est là pour marquer la structure et non pas la femme. La femelle en l'occurence c'est spendius, non pas vous ni Nadine. vous êtes des femmes, relativement structurées, donc hystériques aussi. Mais spendius, ce personnage bien de son temps, est une femme qui se croit homme. Ca, c'est plius difficile à appréhender.
Il n'y a bien entendu qu'une seule structure, la névrotique. Qu'elle prenne une tournure obsessionnelle chez les hommes et hystérique pour les femmes, c'est dans l'ordre des choses. les phobiques sont des indécis de l'identité sexuelle.
Que je sois lourd est une présomption qu n'engage que vous mais que je prends pour une bonne chose; toute cette affaire de structure psychique, c'est du pesant et du chargé.
- On peut voir Proust comme le taxidermiste passif de ses plus infimes souvenirs d'enfance. Mais c'est sous-estimer sa haine de la critique et de la science, de l'esprit de la Renaissance perpétué par Sainte-Beuve.
Cette haine caractéristique se traduit dans le style même de Proust, ce flot ininterrompu de syllogismes à n'en plus finir. Si on le compare à Chardonne, qui aime lui aussi parler de la bourgeoisie et de sentiments (ses romans sentimentaux sont les moins bons), on voit vite la différence puisque pour Chardonne la critique est en quelque sorte consubstantielle à la littérature. Effort constant de la part de Chardonne pour repérer et tailler ce qu'il y a de moins bon dans son style. Tandis que pour Proust tout est dans l'effet que sa littérature peut produire, et sur lui-même d'abord, un effet hallucinogène.
Un des aspects les plus rebutants de cette société pourrie, c'est la nostalgie, et, je vous le redis Nadine, Proust et les proustiens me donnent envie de dégueuler.
- A propos d'horloge biologique, vous me dites que la femme contemporaine qui s'éveille à la sexualité vers trente ans en moyenne, et qui se dit que les minutes sont comptées, cette femme-là appréhende le temps ? Je parlais de la femme "en général".
"Que je sois lourd est une présomption qu n'engage que vous"
Non, elle commence à engager tout le monde, vous et votre psychanalyse à deux sous de gauchiste moderne hystérique, habillé en réactionnaire pour entrer dans le terrier du lapin - mais qui croyez-vous que vous trompez?
Si moi et le lapin nous ne faisons qu'un, faites attention à vos arrières, mon petit, car je supporte mal les cons. Les cons honnêtes, comme disait Feynman, ça va encore, mais vous... Et si je suis une femme, il faut faire attention aussi, vous les connaissez, ce sont des salopes en toutes circonstances.
***
Proust, c'est simplement Bloy en puceau.
Je connais un peu Paul-Louis Courier, critique bien que démocrate-chrétien, mais pas ce Dick. A moins qu'il ne s'agisse de Moby Dick ?
Et A. Huxley était d'une famille de scientifiques assez pointus.
En ce qui concerne la peinture, vous confondez le naturalisme des peintres de la Renaissance avec celui des impressionnistes qui veulent capter la lumière et la couleur et la déposer sur leurs toiles ; il s'agit là en effet d'un réalisme imbécile et antiscientifique, aussi stupide qu'à l'opposé la peinture mathématique de Paul Klee qui provient de la même "épistémologie" inepte : les moyens justifient la fin. Le "matérialisme" de Karl Marx et celui des peintres de la Renaissance sont identiques.
Dites, et comment à la base d'une vague connaissance, vous pouvez foutre une étiquette? Courier est surtout un écrivain classique, pas dégénéré comme Bloy et autres, mais dans la lignée de Rabelais.
Philip Dick est un écrivain drogué assez marrant, sa littérature, c'était une application trash du principe bloyen "On voit toutes choses à travers un miroir". Comme Bloy est une caricature de la littérature, lui c'est une caricature de Bloy, donc c'est un espèce de remède à la mauvaise littérature, finalement.
Aldous Huxley, il a ce côté "sérieux" qui doit vous plaire mais qui est encore plus ridicule, à savoir qu'il plonge dans un océan de conneries et en ressort tout digne et fier de lui-même en prétendant avoir découvert des vérités divines. Au moins, Saint Amant et autres, ça avait pas ce côté malhonnête.
Pour le reste (peintres de la Renaissance, etc), je sais pas à qui vous parlez, j'ai même pas touché un mot sur la peinture.
Je parle bien évidemment de "classicisme" dans un autre sens que le sens habituel, à savoir que je parle d'une littérature honnête et qui ne se déforme pas par quelques mots-gadgets. Boileau comme Saint Amant sont inclus dedans.
Au 19ième siècle, il n'y avait guère que Sainte-Beuve pour perpétuer cet esprit d'honnêteté.
Je commence à comprendre ce que vous reprochez à Proust, Lapinos, il était temps me direz-vous, et si ça se trouve je suis encore complètement à côté car vous n'êtes encore pas assez limpide, ou moi pas assez intelligente. En fait je crois même que j'ai tout compris, voire que je suis convaincue. Je voudrais encore en parler longuement avec vous mais c'est si fastidieux d'écrire tout ça, pfff on en reparlera au jour du jugement, quand nous nous verrons, si Dieu veut.
Quel Chardonne dois-je lire pour l'aimer ? Parce que les Destinées, je crois vous l'avoir déjà dit, ne m'ont pas emballée du tout.
Pour l'horloge biologique vous êtes d'une épouvantable mauvaise foi, comme d'habitude. Feriez bien de me relire et de vous demander si pour une fois je n'aurais pas moi raison et quelque chose à vous montrer. La femme en général dès qu'elle a passé seize ans se voit vieillir et comparer à des jeunettes. La femme qui a des enfants voit à chaque grossesse sa chair et sa peau s'éloigner de son squelette, et plus ça va plus on devine le futur macchabée sous la peau (de moins en moins, merci la lessive) douce. Quelle femme qui peut faire un noeud de chaise avec ses mamelles ne se rend pas compte que le temps passe ? Les femmes dont le travail est la plupart du temps plus répétitif que celui des hommes se rendent bien compte de l'absurdité qu'il y a à désirer chaque jour de hâter le cours du temps (que les enfants soient enfin couchés, la maison propre, l'hiver terminé, les vacances finies etc) alors que ce temps passe si vite, que les enfants grandissent trop vite (passer son temps à remiser le linge devenu trop petit et qu'ils ne mettront plus, se réjouir de les voir devenir des hommes et savoir qu'eux aussi pourriront sous terre !).
La mère je prends votre truc pour empêcher les enfants de mourir et pourrir ??? la sainteté elle-même, qu'on ne saurait forcer, marche-t-elle à tous les coups ? Jusqu'où serons-nous trop folles ?
Malheureusement, Nadine (enfin, heureusement!), contre la mort et le pourrissement, je n'ai pas de "truc" mais ce que je voulais dire, c'est qu'au fond...on s'en fou. Ce qui importe c'est la non corrosion de l'âme. Comme disait Blanche de Castille à Saint Louis : "Je préfererai vous voir mort que vous voir commettre un seul péché mortel". Il n'y a qu'une femme pour dire ça, une mère et une sainte mère! Les plus grands saints avaient tous de saintes mères (ce qui ne veut pas dire chiantes....tss, tss pas d'amalgame).
Quant à la décrépitude du corps, Oscar Wilde disait bien "L'âme naît vieille dans un corps jeune, c'est pour la rajeunir que le corps veillit". Je commence à comprendre qu'il avait raison.
N'empêche, il y en avait de chiantes, à commencer par Blanche de Castille ! mais faut ce qu'il faut.
Vous avez raison, il n'y a qu'une mère pour dire une chose pareille, parce que dès que les enfants sont conçus nous savons que nous ne pouvons que retarder leur trépas, en nous débrouillant bien. Mais de ce point de vue cette intuition qui me semble la chose la plus spontanée, la plus naturelle chez la mère, dès la grossesse, est gravement battue en brêche par tous les marchands de sécurité physique qui traînent par ici. "Tu fumes ? - Oui c'est pas grave le cancer, ce qui est grave c'est la damnation. - Devant tes enfants ? - Ben oui, pour eux c'est pareil !"
Enfin je ricane mais en fait il me faut reconnaître que je passe plus de temps à oeuvrer pour leur santé que pour leur salut (je parle de temps, après, la qualité, la quantité, bon...), et que je n'aime pas leur fumer dans le nez. Et que je suis moins douée de foi que d'espérance ou de charité (quoi qu'en dise l'incorrigible Fodio).
Bah, nous sommes toutes pareilles, Nadine! Sur ce j'arrête de fumer des clopes devant mon écran, je range mon bourgogne et je vais me coucher! Bonne nuit les petits!
Je comprends qu'on puisse avoir des réticences vis-à-vis d'Huxley, Spendius. Je disais juste qu'il est moins bête que Proust (Le refus de Gide de publier Proust est pour moi un signe d'intelligence - d'ailleurs l'histoire lui a donné raison étant donné qu'en dehors de quelques bourgeois allemands, personne ne lit vraiment Proust.)
Mais Sainte-Beuve et Baudelaire sont assez proches, Spendius, ne serait-ce que parce qu'ils incarnent (comme Hegel) une résistance de la critique et de l'histoire face à la montée de la philosophie libérale qui accompagne la révolution industrielle.
- Nadine, c'est vrai que j'ai tendance à être confus, mais je vous dis que la femme est nostalgique, qu'elle n'a pas la notion du temps, et vous pensez me contredire en affirmant que la femme contemporaine vit dans l'angoisse de la décrépitude physique et de la perte de ses jeunes années ??
- Avec moi vous tombez mal pour faire un discours sur la bonne éducation que les mères dispensent à leurs enfants, La Mère l'Oie. Etant donné que parmi les rois de France, vous choisissez le pire, Louis XVI, vous devriez vous demander si entre les saints vous faites le bon choix ? Votre citation de Blanche de Castille, on croirait entendre la mère de Proust, ou celle de saint Augustin (ou encore le père d'Anne-Lorraine). Qu'est-ce que le goût d'une mère de famille pour le linge plus blanc que blanc a à voir avec les Evangiles, au nom du Ciel, je vous le demande ? (Si vous n'étiez pas mère de famille nombreuse et amatrice de vin de Bourgogne comme Marx, je ne vous parlerais pas aussi poliment.)
E. Waugh disait que ce qui fait la différence entre un protestant qui va à la messe et un catholique, c'est que le premier se rend à l'office parce qu'il n'est pas pécheur, tandis que le deuxième va à l'office au contraire parce qu'il est pécheur. Etant devenus de pures consciences comme Proust, Freud, Feuerbach ou Nitche, de là les protestants ont décidé de suspendre les offices religieux et de fermer leurs temples.
Je vous dis que les femmes pensent à la mort, notamment à celle de leurs enfants et ne peuvent pas se payer le luxe du déni. Vous dites que les femmes sont portées à voir le temps sous la forme d'une horloge, je dis que c'est faux, elles le verraient plutôt sous la forme d'une flèche. Malgré les cycles qui rythment leur temps de fécondité, malgré leurs journées qui se répètent presque à l'infini.
Je dis surtout que l'expression horloge biologique est plus digne d'un journaliste que du dernier des Lapinos.
Vous m'énervez lapinos, avec cette histoire de louis XVI! Je n'ai jamais dit que je le préférais aux autres rois de France! C'est vous qui avez décrété ça après avoir vu une carte postale dans ma bibliothèque...vous êtes terrible tout de même, quand vous vous êtes mis une idée dans le crâne...
Quand à mon Saint "favoris", ce n'est pas Saint Louis, c'est une femme et elle n'est pas encore sur les autels (mais y sera un jour, j'en suis certaine) et c'est Isabelle la catholique ( de Castille elle aussi d'ailleurs).
Et ce n'est pas le goût du linge plus blanc que blanc mais le plaisir d'étendre le linge sale redevenu propre et frais après une bonne lessive!
Décidémment, je me demande quelle paroisse augustinienne vous fréquentez, Nadine ?
Le "déni" de la mort, comme vous dites, mais justement il est partout. C'est le botox de Carla Bruni, le désir d'Isabelle Alonso d'être un homme sexy, la momification de son vivant de Madame de Fontenay, toute la presse féminine qui parle aux trentenaires comme si elles étaient des pimbêches de douze ans, le plastique d'Arielle Dombasle, petit rire étouffé pour éviter la déchirure.
Et si c'est pas du luxe, je ne sais pas ce que c'est !?
Si vous pensez à la mort de vos enfants plutôt qu'à la vôtre, Nadine, c'est encore une façon de repousser l'échéance.
La démocratie elle-même est une vieille pute fardée qui pense vivre encore mille ans. La démocratie qui nie le Temps historique de Hegel pour se vautrer dans la fausse science biologique de Darwin.
"Miroir, beau miroir, ne suis-je pas le plus beau des régimes ?
- Oui, tu ressembles un peu à une vieille guenon ménopausée, mais tu es le plus beau des régimes sans conteste, ô Démocratie, puisque tu assures à tout le monde (moins un tiers), un pouvoir d'achat merveilleux."
Autrement dit la femme est du côté (en général) de la pure fiction (Proust, Nitche, Freud, Einstein), et l'homme du côté de la réalité la plus solide, c'est-à-dire Dieu. La haine viscérale des démocrates pour les Talibans, par exemple, c'est parce que ceux-ci apparaissent comme des "hommes de Dieu", beaucoup plus sûrement que nos curés démocrates-chrétiens moralisateurs. Benoît XVI fait la morale à une société extrêmement moralisatrice. Il reproche son positivisme à une société extrêmement peu scientifique. Hors contexte.
(Ce n'est pas moi qui tente d'étouffer l'Eve future, Nadine.)
Hé, hé, les gonzesses comme vous, la mère, aussi instables soient leurs talons, savent comment se raccrocher aux rideaux pour éviter la chute.
Et en plus je ne porte jamais de talons, figurez vous! D'abord parce que je préfère avoir les pieds sur terre, ensuite parce que je suis déjà assez grande et que j'ai peur d'avoir à me raccocher aux rideaux, justement.
Nulle paroisse augustinienne, une petite paroisse sans histoire avec de braves gens bien propres sur eux, un peu bourgeois mais pas trop riches. J'ai effectivement un ami qui vit selon la règle de st Augustin, et nous n'avons pas le même regard sur ledit saint, car quand je vais l'ouvrir c'est plus pour m'enquérir des réalités du paganisme sur lesquelles il est assez disert dans la Cité de Dieu (en fait il cite Varron mais comme on a perdu Varron on est content de le trouver). Et j'aime, je suis dingue du style des Confessions. Ce qu'il a fait là avec sa langue c'est inouï.
Donc les aspects théologiques, comme d'habitude, hum, ne me concernent pas.
J'ai été rattrapée sur le tard par des jansénistes de l'Opus qui ont voulu compléter mon catéchisme, en les écoutant je me suis instruite mais il était trop tard. Du reste le défaut de foi que je me trouve c'est peut-être surtout un défaut de foi dans ce fatras déprimant.
Sur la question des femmes, je ne vous cause plus ; une fois vous parlez de la femme éternelle, une fois d'Isabelle Alonso, une fois des femmes afghanes, faut savoir. Une question toutefois : si je pense à la mort de ma culture, de ma civilisation, c'est aussi pour ne pas penser à ma propre mort ? Vous n'êtes vraiment pas sérieux, vous m'inquiétez, ce froid printemps ne vous réussit pas (et d'ailleurs si je m'inquiète pour vous c'est aussi pour ne pas penser à ma mort, vous l'avez deviné hahahaha on ne peut rien vous cacher).
Sur vos théories sur Mars et Vénus, Nietzsche et Dieu je n'entrave que dalle, comme d'hab. Ne me parlez pas du Saint Père, je ne le lis jamais.
Parlez-nous s'il vous plaît plus clairement de l'Eve future, ça m'intrigue.
I'm taking over, Lapin, roger.
Ce que notre hôte ne vous dit pas, Nadine, c'est que Dieu ne s'est pas adressé à l'homme et à la femme dans les mêmes termes. L'Eve future, c'est celle du début avec une côte en plus, celle d'Adam. A l'homme il a dit tu auras à faire avec la mort. A la femme tu enfanteras dans la douleur. Pourquoi? demandez-vous ce qu'il pourrait arriver si elle se mettait à avoir un orgasme en enfantant: les ventes de grossisseur de pénis se ferait des couilles en or. Vous allez me dire, mais c'est le cas. Donc passons, et tirez les conclusions que vous voulez. La mort c'est pas votre truc, vous c'est la vie! éduquez bien vos enfants surtout vos filles, nous, les pères nous nous chargeont des fils, et vous les consolerez des devoirs que nous leur donnons comme vous consolez vos hommes par la douceur et la lubricité...la blanche marguerite ou la tarentule, le crotale, la vipère, visqueuse. la moitié pour Dieu, le bien, et l'autre pour le Diable, le mal. D'où la science que vous possédez! mais si vous ne la possédez pas, elles vous possède. CQFD! du coup vous vous retrouvez à lire Proust au lieu de Flannery O'Connors, par exemple.
Une carte postale de Louis XVI dans la bibliothèque et d'un coup tous vos livres sont caducs Madame ze goose, avouez que le Lapin est perspicace et moins lourd que moi.
"(Proust, Nitche, Freud, Einstein)"
Et voilà, il a trouvé un nouveau jouet-concept, "Einstein"... Vous avez un côté d'une idiotie qui touche le sinistre, cher Lapin (et Fodio n'arrange rien). Pauvre Einstein quand même, lecteur de Poincaré dès ses débuts, presque disciple de Poincaré, croyant en Dieu, tout pour que vous l'appréciez....Mais non, vous préférez vous complaire à vos critiques idiotes du déni de la mort dans les civilisations modernes, comme Celse critiquait la même chose dans le christianisme.
J'ai une théorie, elle, très scientifiques: Tout les réactionnaires modernes piquent ou à Celse ou à Jospeh de Maistre, en d'autres termes, sont vides.
Saint Augustin : gros succès aussi dans la bourgeoisie allemande, comme Proust.
Comme je vous l'ai déjà dit, je préfère Jean-Jacques. Votre Augustin est le type même du premier de la classe prêt à trahir tout le monde pour satisfaire ses ambitions, et qui érige ensuite son mobile en morale universelle.
Les réalités du paganisme à travers Augustin ? Mais il refait l'histoire pour se donner le beau rôle ! Neuf ans chez les manichéens, qui se sont mis en quatre pour lui, l'ont pistonné à Milan, pour les traîner ensuite dans la boue !
Tiens, un autre qui a été poussé à écrire pour la même raison, réécrire l'histoire en se donnant le beau rôle, c'est De Gaulle. Précurseur saint Augustin, ça y'a pas de doute.
Les jansénistes de l'"Opus dei" n'ont fait que vous confirmer, à mon avis.
Pour l'Eve future, voyez plutôt les "symbolistes".
Joseph de Maistre : un esprit italien aux prises avec la bêtise allemande. Le rejet de la philosophie idéaliste allemande par Baudelaire, puis Bloy, vient de lui. Bien sûr mélanger Nitche et Joseph de Maistre comme fait Sollers est complètement crétin.
Vous êtes Le Petit Larousse?
"Ouais c'est vrai les chansons d'amour c'est ce qui me branche" un type nommé Bazbaz qui chante et parle dans une émission nommée Bateau Livre, (ha ha, le jeu de mot pourrave) tandis que Nicolas XII cause sur la deux et sur la une depuis deux plombes... je sais pas toi Lapin, mais moi j'ai envie d'aller me branler, là... je vois pas ce que je pourrais faire de mieux... Olga qui travaille trop dort déjà dans sa Kiev adoptive...
Moi, je vais dormir en attendant la crucifixion, le Crucifiement de porte à porte.
Avé mon Lapin, la vie est belle, mais quelle défi! (oups c'est un vrai lapsus, j'écoutais ces pédés d'écrivains qui cause entre femme, et voilà!)
Vous exaltez pas pour st Augustin, sur le paganisme mon intérêt est strictement philologique (Varron) ; pour ce qui est du style, le tour de force qu'il réussit, à savoir faire du latin une langue lyrique, n'est pas sans rapport avec son ego et sa mauvaise foi, sans doute. Mais vous savez que c'est la mauvaise foi qui rend les gens irrésistibles - puis fatigants.
Je sais que vous me connaissez mieux que moi-même, mais je crois que les jésuites qui étaient passés avant ont formaté la bête de façon définitive. Ce que j'aime dans l'Opus c'est renouer avec la piété espagnole dans laquelle j'aurais dû grandir (je vous épargne de fastidieux détails biographiques), et aussi le culte du Saint-Sacrement. Sur les questions de fond, éternel dialogue de sourds.
Nous sommes tous des bourgeois allemands alors ? je n'en connais guère, ou alors complètement illettrés. Les seuls Allemands civilisés que je fréquente sont un bourgeois bavarois et des aristos prussiens.
Bon si j'ai bien compris il va falloir que je retrouve le roman de Villiers au fond de mes cartons pour comprendre vos allusions divinement évidentes qui m'échappent.
Ah oui, je voulais redire à Nadine, pour Chardonne : "Lettres à Roger Nimier".
Vaut mieux se branler que lire Lacan, Fodio, c'est donc un progrès.
Merci ! veuillez m'excuser, vous me l'aviez déjà dit, et je l'avais oublié. C'est noté pour de bon maintenant.
Désolé, mais moi c'est la bonne foi des gens qui me tape dans l'oeil.
Pour le lyrisme d'Augustin, vous êtes sûrement dans le vrai. Il faut bien qu'il y ait une explication à la perpétuation d'une telle littérature. Mais je ne suis pas capable de l'apprécier dans le texte. Mon niveau en latin est beaucoup trop faible pour ça.
(C'est ça, relisez Villiers.)
Y'a pas de mal, je comprends que vous ne buviez pas mes paroles comme Fodio, qui devait être bien seul avant sa Olga.
Ou encore : "Le Bonheur de Barbezieux", "Vivre à Madère". Chardonne n'est pas toujours de très bonne foi non plus, si ça peut vous inciter.
Comme disais Mitterrand. "Ma famille, c'étaient des vinaigriers, la famille Boutelleau (Chardonne), des fabriquants de cognac, la classe juste au-dessus."
Son Olga, Lapin. Le hiatus; même si en l'occurence ça me fait un peu mal au cul ce masculin! t'ont pas appris ça les noms de Jésus? ha non zut, c'est Nadine, pas toi. En attendant, Olga est en train de tourner sa veste. Elle me croit fou parce que je crois à la justice. On me parle d'éthique (des cons de psy qui ont mal lu Lacan, qui aurait mieux fait de se branler; c'est la mauvaise foi qui les mène, c'est sûr) et on me dit qu'on ne croit pas à la justice! Je me suis fait voler quinze cent euros par une famille toulonnaise bien sous tous les rapports, dignes héritiés d'une fabrique de bouchons. J'ai essayé de régler ça en bon catholique mais ces gens là sont bouddiste d'une part et d'autre part ne supporte pas qu'on les titille sur leur cathéchisme... Seigneur! tu connais un bon avocat mon lapin? j'ai rdv à seize heures, si les flics me laissent repartir, je file ce soir plein nord. Je voyage de nuit. Je serai demain matin dans le XIIIème, vers le pont de Tolbiac, une vielle connaissance, bretonne par ailleurs, hé hé. Oui je bois tes paroles mon lapin, car seul, très seul, j'étais avant toi.
Magine-toi, mon lapin, qu'ils sont en train de (re)tourner l'Emmerdeur à Nice. Timsit, je veux bien, je l'ai connu sur le tournage du Prince du Pacifique, par hasard. Un gros fumeur de Ganja, le petit juif. Brave queutard par ailleurs. Y avait la Marie de Trintignant aussi, toujours à montrer sa culotte aux tahitiens, des fois que... Le Lhermitte, le Berléand, et le Corneau, tous ces patronymes à l'orthographe étrange, des filous, des cafards, des affreux jojos. La Nadine aussi, la mère Trintigne, le mépris pour les petites gens qu'elle affiche derrière ses lunettes de vieille peau de star sur le déclin! Quelle vache de saloperie tout ce joli minuscule monde.
Et après ça, je me suis fait voler mon Ukulélé (gravé à mon nom par un sauvage de mes amis) par une petite prof de français que j'avais consenti à honorer de mes vigueurs. Le fougueux Fodio se fait voler comme dans un bois le fruit de son agréable labeur, il croit donc encore et toujours à la justice, comme son Balzac.
Allez, je retourne à Waugh, lui au moins, c'est un frère digne de foi et qui raconte du réel comme dirait ton Spendius .
J'ai rarement lu un tel ramassis de conneries ! Je crois encore être la seule à commenter qui ne soit l'auteur vraissemblablement dérangé de ce billet idiot ! Et j'aime Proust, alors que P.K. Dick me fait tartir et Gide encore pire. Je ne vous ferai pas un cours de littérature, car comme disait Frédéric Dard, je ne parle pas aux cons, cela les instruit !
Eh, nous faites pas chier! - Fodio, Lapin et moi on est des intellectuels.
Je hais les avocats, Fodio, ne me demandez pas de vous en conseiller un. On vous a volé quinze cents euros ? L'avocat vous en volera au moins le double, avec un sourire hypocrite en sus.
Proust, c'est de la littérature pour les avocats.
Je vous visualise tout le temps avec une canne, Lapin, vous comprenez pourquoi j'imagine : Cette phrase sur l'avocat, je suis sur que vous l'avez piqué à House. :-D
sortez les vrais ecrivains ! les Lucien Rebatet, les L-F Céline, les Drieu la Rochelle, les Flaubert ( ce dernier pour ne pas etre taxée de defénseuse de littérature fasciste )
A en croire Céline lui-même, l'ensemble de son oeuvre ne vaudrait pas un verset de Shakespeare.