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Pour un art communiste

Il y a une gradation dans la haine du bourgeois pour l'art. Ce qu'il méprise en particulier dans la peinture, où elle s'affiche, c’est la maîtrise technique : par exemple le fait qu’on ne peint pas de la même façon sur du bois, de la toile ou sur une muraille, sur un grand ou un petit format.
Lorsqu’on parle de “siècle de la technique”, c'est un paradoxe amusant tant le dilettantisme de la bourgoisie dans tous les domaines est frappant - exceptés les domaines du football et de la gastronomie d'où la plaisanterie est exclue. Même lorsqu'un représentant de la société civile bourgeoise se pique de poésie, pour se distinguer, tel l'empanaché Dominique de Villepin, il ne peut s'empêcher de choisir des vers de mirmiton et de fuir systématiquement la poésie politique.

Seule l’intention compte. Sur ce spiritualisme bourgeois repose la grande alchimie laïque et capitaliste qui permet de changer le plomb en or, la merde en objet d’admiration, de dociles crétins en artistes.

La célèbre phénoménologie de Maurice Denis définissant la peinture comme : « (…) avant tout une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » a été détournée de son sens. Du manifeste d’un artisan affirmant la solidité de son art, on a fait une formule magique, le théorème de l’art schématique.

Aux yeux des bourgeois, le “fauvisme” passe pour une révolution artistique qui confère une plus-value aux toiles des fauves. Un matérialiste tel que moi y voit au contraire une adaptation de la peinture de salon à l’opacité croissante des mélanges de couleurs, à la diminution de l'éclat du vermillon et de l'outremer - et même la terre faiblit.

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Est-ce que ce n’est pas une preuve de matérialisme que de de prétendre posséder un métier, de garantir cinq siècles son travail, comme Dürer ? Le matérialisme des peintres de la Renaissance est exactement le même que celui de Karl Marx. Sans domination, sans intelligence de la matière, pour Léonard comme pour le théoricien du communisme, il n’y a que domination de l'esprit par la matière.

La pensée de Marx, c’est la pensée de Hegel INCARNÉE. Aussi Marx est-il, plus encore que Hegel, dans le collimateur de la bourgeoisie iconoclaste, à l’instar des peintres de la Renaissance, trahis, changés en philosophes ou en géomètres-experts sans que les historiens d'art puissent s'opposer à ces préjugés.

La victoire du communisme sur les Philistins doit être une victoire de l’intelligence sur la bêtise. Il ne s’agit pas de chercher à concurrencer la bourgeoisie mais de la renverser. Réclamer au premier chef une meilleure répartition des richesses, pour un communiste, voilà bien un signe de son asservissement aux Valeurs actuelles.

Commentaires

  • Ah, la "résistance", mon bon ami, vous êtes utopiste...

    Il y a un bon critique des moeurs bourgeoises de notre temps, c'est Alévêque. Il devrait faire ami-ami avec Soral (d'ailleurs, ils étaient à la télé une fois, on voyait bien le rapprochement) et Nabe, et faire déguerpir les Houellebecq et les Dantecs, faux subversifs, et on aurait un début de "résistance". Vous pourriez être le chef de la bande...

  • Même si je ne déteste pas Halévêque, il est un peu trop nostalgique de la gauche à mon goût. J'aimerais savoir ce que la gauche a produit d'intéressant dans ce pays ?

    A notre époque où l'écrit ne compte plus guère, c'est sûrement Houellebecq le plus subversif de la bande (avec Le Pen) ; le seul problème c'est que Houellebecq n'a pas des idées subversives, il a seulement eu l'intention d'être subversif. Ce qui est subversif, ce n'est pas d'être "antisocial" aujourd'hui - même ma concierge l'est - mais au contraire d'être ultrasocial.

  • Vous francisez le nom d'un français ? :D

    Quand même, l'époque ou Soral était encore du parti communiste n'était pas une si mauvaise époque pour la gauche. Bon, après, quand elle a été prise par des intellectuels comme Deleuze, Derrida ou autres, je dis pas, mais la France a produit de bons marxistes: Je pense encore et toujours à Clouscard.

    Houellebecq, je le trouve terriblement mou. Il croit pas à ce qu'il dit, c'est peut-être pour ça que les médias le trouvent innofensif. Alévêque, c'est un humoriste (tout le monde a noté sa ressemblance avec Desproges), et de plus plébiscité par Ruquier, il a une certaine "protection" aussi donc.

    Par contre, Soral, ou Nabe, là c'est la diabolisation complète...

  • Oui, quelques marxistes français intéressants jusque dans les années soixante. Mais Marchais, quel baltringue, ne serait-ce que comparé à Doriot.

    Houellebecq peut paraître mou, il n'empêche qu'il a mis le système à genoux, contraint les bâtards capitalistes à lui lécher les pompes - ce qui n'est pas le cas de Soral ou Nabe.

    (Il y a une relative dédiabolisation de Nabe et Soral en ce moment, que j'attribue au sarkozysme.)

  • Une dédiabolisation vous dites? Faudrait préciser; c'est vrai que Nabe et Soral vont souvent chez Taddeï, mais Taddeï est un pote à Nabe...

    [Sinon, Nabe a écrit il y a peu de temps un petit papier marrant sur l'euthanasie, vous l'avez lu?]

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