Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Mai 68 pour les Nuls

En somme la commémoration de Mai 68 en 2008 réunit dans la même ferveur nostalgique gaullistes et antigaullistes. Fin de la dispute.
Ce qu’il importe de comprendre, c’est à quoi tenait le différend et sur quelle base la réconciliation incarnée par Sarkozy peut avoir lieu.

On doit pour ça examiner les opinions des uns et des autres.
Pour ce qui est des gaullistes, force est de constater qu’en dehors de leur chef, ils n’ont jamais eu de métaphysique bien définie.

Pompidou était favorable au principe d’enterrer la hache de guerre entre les poètes et les banquiers, mais Pompidou était-il particulièrement “gaulliste” ?

Mauriac ? Mauriac est l’emblème de la bourgeoisie bordelaise qui ne dit jamais ouvertement ce qu’elle pense et qu’on ne peut percer à jour qu’à travers ses romans.

Bernanos ? Il faut avoir le culot d’un Sébastien Laplanque, gros garçon joufflu journaliste au Figaro, pour attirer l’auteur de La France contre les robots dans les filets du gaullisme. Il s’agit sans doute d’un clin-d’œil à Dassault, fabricant d’armes de destruction massive ou chirurgicale.
Les robots, on sait à quel point De Gaulle les aimait, si possible à son image, c’est-à-dire monstrueux. C’est d’ailleurs sans doute ça la véritable idéologie gaulliste : la robotique.
Sinon De Gaulle tenta d’imiter Chateaubriand. Mais qu’est-ce que la pensée de Chateaubriand sinon une pierre qui roule sans amasser de mousse, l’ancêtre du “rock’n roll”…

*

Le camp des soixante-huitards peut-il se prévaloir, lui, de pensées plus élevées ? Laissons de côté les acolytes, les thuriféraires Finkielkraut ou Glucksman, Alain Geismar, trop heureux de l’aubaine médiatique, pour aller directement aux grands-prêtres, Sartre, Lévinas ou Benny Lévy.
Pour Lévinas, “grosso modo”, le summum de la modernité c’est… le Talmud, la tradition juive. On est encore à ressasser la vengeance contre l’Allemagne : “Œil pour œil…” ; difficile de ne pas prendre la philosophie de Lévinas pour autre chose que du tribalisme enveloppé dans des périphrases sophistiquées.

Sartre est moins bénin, moins saisissable. Il mène une guerre de positions et ne cesse d’en changer. Il pisse sur la tombe de Chateaubriand pour mieux dissimuler qu’il n’est pas beaucoup moins futile.
Un voltairien au XXe siècle, un voltairien attardé, voilà comment résumer Sartre.
De Gaulle-Chateaubriand contre Sartre-Voltaire : on peut mesurer l'écart de cette façon.

*

Ce qui fait que les raisons qui ont pu pousser ces deux partis antagonistes à se fondre plus ou moins l’un dans l’autre, quitte à se jetter quelques slogans à la figure lors des campagnes électorales, en souvenir du bon vieux temps, ces raisons paraissent assez évidentes, sans qu’il soit besoin d’épiloguer.

Commentaires

  • Les guerres de positions de Sartre étaient celles prises sur les croupes des femmes de ses amis. Sur ce point vous avez raison : il en changeait sans cesse.

  • Pas seulement. Sartre avait conscience d'être largement resté sous l'influence des principes bourgeois voltairiens qui lui avaient été inculqués dans son enfance. Il doutait de sa propre liberté de pensée. Chez Voltaire lui-même on retrouve cette oscillation entre Leibnitz/Pangloss et l'opposition à Leibnitz.

    En revanche Simone Weil, qui avait reçu une éducation similaire, est un apôtre radical.

Les commentaires sont fermés.