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Relecture

D’une poubelle du métro, je sors La Voix, l’organe de liaison des communautés catholiques de Neuilly ; un vieux numéro remontant à la semaine sainte. “Il est plus difficile à un habitant de Neuilly d’entrer au Royaume des Cieux qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille…”
Je plaisante… En couverture, le programme : “De racines communes, deux branches sont nées.” et en-dessous, pour illustrer ce propos novateur, un arbre (un figuier ?) cerné par les deux lettres “C” pour christianisme et “J” pour judaïsme. Voilà une lecture des Évangiles propre à rassurer le bourgeois ! Déjà Flaubert s’inquiétait du caractère révolutionnaire de Jésus.

J’imagine la tête des vieux clercs jansénistes que Simone Weil consultait lorsqu’elle leur suggérait qu’il fallait purger le christianisme de ses racines juives ! Y aura-t-il un jour de nouveau des gonzesses comme Simone Weil ? Je l’espère. Ça nous changerait de toutes ces grenouilles de bénitier laïques ou démocrates-chrétiennes.

Force est de constater, primo, que l’amalgame entre le christianisme et le judaïsme passe par le luthéranisme ou le jansénisme, “l’augustinisme” en général. Le verbiage anthropologique et pseudo-scientifique de Freud ne vient-il pas en grande partie de saint Augustin ? Sainte Monique n’est-elle pas la parfaite “mère juive”, toujours soucieuse des intérêts de son fils, et rien que de son fils ?

Deuxio, force est de constater que cet amalgame n’a pas débouché sur une meilleure entente entre juifs allemands et luthériens allemands, mais au contraire sur la concurrence la plus barbare entre eux.
Simone Weil, plus voltairienne, plus française que Sartre, ne pouvait que conclure radicalement à l’opposé.

Plutôt que d’écrire sur Bernanos, Bloy ou Claudel, on aimerait que les métèques à la solde du Figaro se mêlent de ce qui les regarde : informer des cours de la Bourse, du dernier navet cinématographique à regarder en couple ou en famille, ou de préparer la guerre contre l’Iran.

Commentaires

  • Qu'est-ce qui vous prend de faire les poubelles de Neuilly ? Occupez-vous de ma doctrine plutôt (qui n'en est pas une, ce pour quoi elle est méconnue), rappelez-vous ou apprenez que j'eus maille à partir avec Augustin.

  • Tiens je pensais justement faire un post la dessus.

    Purger le christianisme de ses racines juives est idiot. Vous vous insurgez que la pensee occidentale modrne renie ses racines grecques, et pourtant vous voudriez que le christianisme rejette ses racines juives. Je ne vous comprends pas.

    Pour justifier ses desideratas, Simone Weil disait que le peuple juif n'etait pas le seul depositaire de la revelation, ce qui est faux du point de vue catholique sans tomber dans la gnose, la tradition universelle, etc..., et que les juifs avaient fait de la religion, le gros animal, ce qui est en fait inexact. Il faut distinguer entre le mosaisme, la religion revelee par Dieu qui s'explicite par le Pentateuque (Torah), et la prostitution de cette religion en 'judaisme', ce bien avant la venue de Jesus. Le pharisaisme, qui est ne en reaction contre la culture grecque, est bien l'expression de ce socialisme religieux dont parle Sione Weil.

    Sainte Monique la parfaite femme juive, oui, mais n'est ce pas chretien de vouloir que son fils paien se convertisse ?

  • "Déjà Flaubert s’inquiétait du caractère révolutionnaire de Jésus"

    lol

    « La médiocrité chérit la Règle ; moi je la hais. Je me sens contre elle et contre toute restriction, corporation, caste, hiérarchie, niveau, troupeau, une exécration qui m'emplit l'âme, et c'est par ce côté-là peut-être que je comprends le martyre. »

    Gustave Flaubert.

    Une autre petite:

    « Le travail se subdivisant, il se fait donc, à côté des machines, quantité d'hommes-machines. »

  • Que Flaubert soit au moins aussi ambigu que Céline, je ne dis pas le contraire.
    D'où : "Le style, c'est le bourgeois". Avec le bourgeois, dit Marx, c'est toujours "d'une part et d'autre part".

  • J'avoue que je n'aime guère saint Augustin, qui, pistonné par les manichéens s'empresse de les trahir, ou casse du sucre sur le dos de Manès pour mieux pomper ses idées.
    Je préfère Jean-Jacques ou même Luther.

    Mais sans Augustin, soyons objectif, qui se souviendrait encore de Pélage ?

  • Si je comprends bien, la Voix, vous dissociez Jésus de la Révélation ? Vous n'habiteriez pas Neuilly, par hasard ?

    Le propos de Simone Weil, et il me paraît fondé historiquement, c'est que le christianisme s'est en partie coupé de la culture grecque de saint Paul. Il a influencé le monde romain, mais le monde romain l'a influencé aussi.

    Comprenez que pour Simone Weil le meilleur de la Grèce c'est Aristote et Homère, non le néoplatonisme confus de Plotin.

    (Je ne suis pas sûr que Monique ait beaucoup compté dans la conversion de son fils au christianisme.)

  • Vous prenez le problème à l'envers, voyons, monsieur le Subjectif ! Sans mon assassin Augustin, j'aurais fait mon chemin et ouvert une voie, qui sait ? pour les siècles à venir. Ne connaissez-vous mon histoire ?

  • Disons que j'estime plutôt que d'Aristote contre Platon à Marx contre Kant, en passant par Pélage contre Augustin, la ligne de fracture s'est perpétuée, même si les circonstances historiques assurent tantôt la domination d'un parti, tantôt celle de l'autre.

    Et il n'y a pas vraiment de synthèses réussies, ni Thomas d'Aquin ni Hegel, dont tout le mérite est de pencher nettement du côté d'Aristote ou des Lumières.

    (Charles Fourier m'intéresse plus que Pélage.)

  • Auriez-vous l'amabilité M. Lapin, dans votre grande science historique et théologique relativement curieuse et fort étonnante, de nous donner les noms et adresses exactes des : "vieux clercs jansénistes que Simone Weil consultait lorsqu’elle leur suggérait qu’il fallait purger le christianisme de ses racines juives" (sic) !

    Par avance merci de vos précisions attendues...

  • Merde, en voilà un!

    Bloquez le Lapin, avant qu'il ramène ses potes! Le janséniste, seul, ça va encore, mais à plusieurs, c'est glouton, ça te fout un bordel pas possible... En plus, ça aspire l'énergie vitale des gens, des vrais vampires ces mecs: avec dans leur main droite les "Pensées" de Pascal, ils t'enlèvent petit à petit toute raison de vivre, et là, du fond de ton désespoir, tu va les rejoindre...

  • Si seulement le coeur vous en dit Spendius, sachant que s'y trouvent, dans cet organe, des raisons...

    Au fait, avez-vous trouvé les renseignements demandés M. Lapin ?

  • (Il ne les as pas encore trouvés, mais il est en train de les inventer, patience.)

    Je suis pas contre l'idée de vivre malheureux, mais pourquoi entrer dans une secte pour ça? Vivre malheureux et seul, c'est vivre doublement malheureux, non?

  • @ Lapinos : Le Christianisme a deux racines en fait l'une juive et l'autre... (Ça c'est mon secret) sachant que la juive fut entée bien plus tard.
    Quant à l'arbre que je n'ai pas vu, c'est évidement un olivier. (Relire Alain - Emile Chartier - à ce propos)
    @ Spendius : Je ne suis pas encore convaincu que Pascal fut un vrai janséniste dont il avait toute la rigueur et la sècheresse intellectuelle, mais bon... A mon avis, il ne fut que pascalien (et ce n'est déjà pas si mal !)

  • (À la bonne heure ! et vive la fantaisie, cette "dérive contrôlée de la raison", selon C. Fourier)

  • Il me semblait que le marcionisme avait été condamné par l'Eglise et ce dès le premier siècle...On est en plein "revival"

  • @ Tlön : Oui bien vu, mais pour moi Marcion n'aura été qu'un déviant parmi les déviants et un paumés parmi les égarés.
    Une racine (d'olivier ou d'autre arbre qui font les croix) est aussi et surtout un rhizome, une sorte de labyrinthe en fait qui s'enfonce beaucoup plus profond qu'on ne le croit et plus loin aussi, beaucoup plus loin... Tous les chemins mènent à Rome, mais personne n'a la même carte, et Rome n'aura jamais été qu'une ville cent fois bâtie et rebâtie à droite ou à gauche ou d'autres points plus ou moins cardinaux. Le premier "évêque" n'a jamais été catholique, juif, ni même orthodoxe, mais il a été, c'est sûr et je le retrouverai.

  • "...est aussi et surtout un rhizome"

    Putain, après le janséniste, le deleuzien...

    Selon Bloy, Pascal est un sceptique et un esprit médiocre, Martin. C'est donc un janséniste pur jus!

  • Spendius : Bloy (que j'admire) pouvait bien penser ce qu'il voulait de Pascal (que j'admire aussi) mais leur très grand problème à tous les deux au jour d'aujourd'hui, c'est qu'ils sont morts (Primo, et hop !)
    Secundo : Ce que j'admire dans Bloy c'est qu'il a mis la Charité comme boeuf devant la charrue de tout le reste. Ce que j'admire dans Pascal, c'est que son boeuf pour lui c'était la Science (la connaissance) c'est-à-dire le doute portée par l'expérience.
    Ces deux-là sont divins comme ils sont complémentaires : Des jumeaux Spendius et des vrais (homozygotes) comme on dit de nos jours.
    Enfin et de plus, Pascal n'aura jamais de sa vie mélangé la science, la philosophie, la politique et sa propre foi. Et ça Spendius, personne, mais personne sur cette planète ne l'a encore fait comme lui l'a fait !
    ET hop !
    Putain, je vais encore me faire engueuler là ! Je le sens !

  • Je m'agenouille - de toute façon vous allez recevoir la fessée du lapin.

  • La dernière joie du dernier des loups sera de se faire bouffer par le dernier des lapins !
    Relevez-vous Spendius, vous êtes ridicule à genoux et pas crédible du tout (MDR !)

  • Ridicule? Pas crédible du tout?
    Je devrais peut-être me faire janséniste alors...

  • J'invite Zacharias à consulter la revue "Les Temps modernes" où fut instruit naguère par un farceur dénommé Francis Kaplan le procès en antisémitisme (sorcellerie) de Simone Weil.
    Ce qui est absurde, ce n'est pas de dire que la Révélation est une révolution et qu'elle n'est pas plus admise par les juifs orthodoxes que les catholiques ne se disent soumis à la loi juive, ce qui est absurde ce sont plutôt les tentatives de faire de Bernanos ou Bloy des penseurs philosémites. Bloy a parfaitement saisi que "Salus ex judaeis" signifie non seulement "de", mais "hors de", même s'il a choisi de contrer Drumont en traduisant "par".

    Pas difficile de voir qu'entre luthériens ou calvinistes d'une part, et juifs de l'autre, c'est une question de concurrence ; Bernanos ne fait que "répéter" Bloy sur ce point.
    Une question de concurrence, comme entre la théocratie laïque et la théocratie coranique, soit dit en passant.
    Nabe, en choisissant de défendre les musulmans opprimés, est bien l'héritier de Bloy. Il y a peu de chance qu'une gazette démocrate-chrétienne sponsorisée par des industriels lui offre une tribune libre comme à Redeker, soutenu par toutes les polices de France.

    (Pascal est "scientifique" comme deux et deux font quatre, Lothar. On fait parfois observer que les théories scientifiques d'Aristote sont complètement fausses ; mais son raisonnement est bon, il ne lui manque que l'expérience ; tandis que chez Pascal, Descarte ou Kant, dès le début la logique est tarée. La faute à Platon ou Socrate, méprisés à juste titre par le bel Aristote.)

  • Lapinos,

    Si vous etiez catholique, vous sauriez que la revelation de Jesus se greffe sur celle de Yawhe faite aux juifs, comme l'explicite la phrase du Fils : 'je ne suis pas venu abroger la loi mais la parfaire'. La phrase est encore plus radicale qui parle de loi et pas de dogme.

    Ce que dit Simone Weil n'est pas historiquement fonde. Vous croyez que saint Paul par ce qu'il etait de culture grecque et citoyen romain, n'etait pas juif, avec l'esprit juif? Figurez vous qu'il connaissait tres bien la loi, les prophetes, l'histoire juive, et qu'il a meme persecute les chretiens un temps.
    L'idee de couper le christianisme de ses racines juives est bete en elle meme (coupez un arbre de ses racines, vous verrez ce qu'il devient), je l'ai deja dit, mais surtout elle mene a la gnose immanquablement. Ou bien, il faudrait comme vous que le christianisme est ne de nulle part, ou bien qu'il s'inscrit dans la Tradition Universelle dont parlent les gnostiques. Par exemple, les musulmans pensent comme vous que la revelation chretienne est un fait isole, du aux juifs, mais fait malgre eux. La difference est que eux disent celle de Mouhammad plus parfaite et definitive, quand pour vous c'est celle de Jesus.
    Car enfin, que ferez vous une fois l'arbre deracine ? Vous le replanterez, et dans le terrreau grec je presume. Le probleme qui se posera alors, c'est que vous aurez le choix ce faisant, soit de faire de la religion catholique une pure production intellectuelle ou affirmer que la philosophie grecque est la degradation d'une revelation particuliere, et non plus un temoignage de ce que l'homme a perdu par le paganisme.


    Votre these est irrecevable du point de vue de la theologie traditionnelle, mais je signale autre chose : les juifs devaient etre les premiers chretiens, s'ils avaient accepte le messie. Avec vous, ils ne pouvaient que rester hors de l'Eglise, ou alors, se metamorphoser en grec ou en romain, comme votre imaginaire saint Paul.

    Ne me dites pas que Simone Weil est sans tache de platonisme, alors que c'est le philosophe platonicienne par excellence ! Tout est reference a Platon chez elle, et sa facon de raisonner, et son inspiration. Peut etre preferait elle d'autres grecs, mais je ne l'ai jamais lu d'une part, et elle demeure platonicienne par dessus tout, d'autre part.

    D'ailleurs elle n'etait pas chretienne (surtout pas sur ce point) et j'ai note des erreurs historiques concernant l'histoire du peuple juif, et des moyens orientaux en general dans ses ecrits, alors, pas de quoi preferer Simone Weil aux cures democrates chretiens.

    (Je ne vous dis pas que Sainte Monique a compte dans la conversion de son fils. La conversion est oeuvre de Dieu seul, et c'est uniquement par la priere qu'elle a pu aider son fils. Vous la compariez a une femme juive, et je repondais que prier pour son fils, tout faire pour son salut, c'est chretien, pas typiquement juif. C'est mosaique, pas judaique.)

  • Votre théorie de la greffe est amusante. Même si je ne comprends pas bien dans votre métaphore qui se greffe sur qui ?
    Bloy préférait : "Lorsque le figuier ne donne pas de fruits, on le coupe." Il a lui aussi été accusé d'être gnostique. A ce compte-là, on peut faire et on a fait aussi de saint Thomas un païen gnostique.
    "Les intuitions préchrétiennes" de Simone Weil ne sont d'ailleurs pas très éloignées de l'incorporation de la raison grecque aristotélicienne à la pensée chrétienne à laquelle Thomas d'Aquin a procédé, ni de la formulation (maladroite) de "loi naturelle".

    De mon point de vue c'est bien sûr le mysticisme de Pascal qui sonne faux et cache mal son vertige, son iconoclasme qui est un archaïsme antichrétien.

  • Ma theorie de la greffe comme vous dites, est catholique, pas mienne. Ne faites pas semblant de ne pas comprendre.

    Le catholicisme est l'heritier direct et unique du mosaisme. Voila le point de vue catholique sur la question. Dire le contraire, ce n'est pas catholique. Mais si vous voulez une religion a votre gout, alors, n'hesitez pas a recopier les ecrits de Simone Weil dans les nouveaux ' actes des apotres' de votre secte.

    Cette phrase de Bloy, que je ne connais pas assez pour juger a sa juste valeur, ne signifie rien prise en elle meme. Le figuier a ete jete au feu parce qu'il avait carnalise, prostitue la religion mosaique revele par Dieu (role surtout des pharisiens en derniere instance). Est ce que veut dire Bloy ? Si oui, je suis d'accord avec lui.
    Ce que je crois, c'est que vous denaturez la pensee de ces deux auteurs.

    En aucun cas on ne pourra faire de saint Thomas un paien gnostique. Il se sert de la philosophie grecque pour expliciter la religion catholique, c'est autre chose que de se debarasser des racines juives du catholicisme.

  • C'est vous qui êtes sourd, la Voix. J'affirme que si vous allez dans une synagogue affirmer que le christianisme "perfectionne le judaïsme", vous n'y serez pas reçu avec des palmes.

    Et du côté catholique, que faites-vous du mot de Bernanos : "Hitler a déshonoré l'antisémitisme." ? Vous pouvez penser que Mgr Lustiger est un catholique plus orthodoxe que Bernanos, et c'est à la mode de le penser, mais pour ma part j'estime que c'est un point de vue discutable.

    Je remarque aussi la tendance de votre "parti" à dissimuler la vérité. A faire dire par exemple à Bloy exactement le contraire de ce qu'il dit.

    Bien sûr Simone Weil ne nie en aucun cas l'ascendance juive de Jésus. Son appréciation historique est ailleurs. C'est l'évolution du catholicisme vers le jansénisme qu'elle vise. Ou la pénétration du christianisme par les principes romains au cours de la période de décadence.

    Sur un point vous n'avez pas complètement tort. C'est à propos de Platon. Simone Weil ne s'en sépare pas autant que Marx. Elle le critique assez sévèrement (de là vient sa détestation de Nitche, dont les délires viennent manifestement de Platon.), mais reste influencée par lui.

  • Votre réponse minimaliste singulièrement décalée est loin d’être satisfaisante Lapinos («J'invite Zacharias à consulter la revue "Les Temps modernes" où fut instruit naguère par un farceur dénommé Francis Kaplan le procès en antisémitisme (sorcellerie) de Simone Weil »), et il y a une grande distance, c’est le moins qu’on puisse dire, entre cette petite dérobade maladroite avec une franche réponse qui viserait à éclairer pourquoi Simone Weil put affirmer que le contexte spirituel de l’Europe participait d’une « inspiration religieuse qui, bien que chronologiquement pré-chrétienne, était chrétienne en son essence », et votre affirmation relativement gratuite stipulant que la dite Simone Weil consultait de « vieux clercs jansénistes lorsqu’elle leur suggérait qu’il fallait purger le christianisme de ses racines juives ».

    L’emploi des adjectifs « janséniste » ou « jansénisme », est certes devenu aujourd’hui l’un des sommets les plus ridicules de l’imprécision et de l’inexactitude terminologique, cela dit sans oublier le fait que le dit « jansénisme » historique est une appellation fort problématique que beaucoup seraient bien en peine de définir clairement pour signifier ce qu’elle recouvre, puisque (sans minimiser le fait que l'on devrait parles des "jansénismes" tant sont contrastés les différents aspects de ce courant) l’on a beau chercher dans les plus minces recoins de l’histoire de l’église jamais aucune condamnation du Magistère ne visa ce fantôme terminologique forgé de toute pièce au XVIIe siècle au moment des polémiques menées par les Jésuites contre « l'Augustinus », « forgerie » à visée polémique qui ne servit qu’à désigner, sous la plume d’auteurs pas toujours très inspirés, les opposants à la bulle « Unigenitus » qui se définissaient plutôt, eux-mêmes, simplement comme des disciples de saint Augustin. Mais passons.

    Il se trouve ainsi, actuellement, que cette utilisation absurde se révèle être, comme le disait déjà naguère Saint-Simon, « l'inévitable pot au noir pour barbouiller qui l'on veut », et on la retrouve adaptée à toutes les sauces sous diverses plumes indigentes pour signifier souvent n’importe quoi, comme en témoignent nombre de vos textes, qui sont à l’examen un modèle du genre en ce domaine, se distinguant par un emploi vertigineusement inflationniste du terme.

    Mais quant à qualifier, et là est vraiment le bouquet si je puis dire, les catholiques qui dialoguèrent avec Simone Weil M. Lapin, à savoir le Père dominicain Marie Alain Couturier (1897 - 1954), qui fut l'un des principaux acteurs du renouveau de l'art sacré en France, ancien élève de Maurice Denis, Le Père Perrin (1905 - 2002), dominicain également, aveugle depuis l’âge de dix ans, actif dans la résistance en aidant les juifs à quitter le territoire français, emprisonné par la Gestapo en 1943, ou plus impressionnant encore, Gustave Thibon (1903-2001), connu comme étant, après-guerre, le « catholique qui osa parler du sexe » se faisant un devoir de lever le tabou du plaisir en proclamant les vertus charnelles de l’amour contre l’érotisme publicitaire, «d’interlocuteurs jansénistes », relève du plus pur délire sémantique et de la fantaisie de très haut niveau de nature authentiquement hallucinatoire.

    Sachez donc, que le seul janséniste véritable, du moins par sa formation port-royaliste de jeunesse, autre que Pascal, M. Lapin, qui joua un rôle, certes modeste, mais décelable sur Simone Weil, était mort depuis bien longtemps lorsqu’elle se pencha sur la question du christianisme, il s’agit de Racine (1639-1699).

    Lisez, à ce titre, son court commentaire sur Phèdre dans « La pesanteur et la grâce » :

    « Qu'importe ce qu'il y a en moi d'énergie, de dons, etc. ? J'en ai toujours assez pour disparaître.

    Et la mort à mes yeux ravissant la clarté
    Rend au jour qu'ils souillaient toute sa pureté...

    Que je disparaisse afin que ces choses que je vois deviennent, du fait qu'elles ne seront plus choses que je vois, parfaitement belles.

    Je ne désire nullement que ce monde créé ne me soit plus sensible, mais que ce ne soit plus à moi qu'il soit sensible. A moi, il ne peut dire son secret qui est trop haut. Que je parte, et le créateur et la créature échangeront leurs secrets.

    Voir un paysage tel qu'il est quand je n'y suis pas...

    Quand je suis quelque part, je souille le silence du ciel et de la terre par ma respiration et le battement de mon coeur.»


    Pensez donc à l’avenir, pour contribuer à la crédibilité de votre propos, à l’exactitude de vos définitions, la « science du juste est un critère du vrai » disait Nicole dans sa « Logique ou l’art de penser » … un auteur, je vous l’accorde volontiers pour cette fois, qui enseignait aux enfants placés sous la garde des solitaires de l’abbaye de Port-Royal des Champs, et qu'il n'est pas inutile de relire !

  • Ah, il nous a baisé, lui et Gustave Thibon!

  • - Je ne renvoyais à l'article de Kaplan que pour des références que vous possédiez déjà, apparemment, Zacharias.
    Pour le reste, cet article des "Temps modernes" est fondamentalement malhonnête qui s'achève par l'acquittement de Simone Weil qui semble bénéficier de circonstances atténuantes du simple fait qu'elle est elle-même juive, ce qui me paraît être le comble du racisme. Sartre aurait certainement lui-même condamné ce genre de pamphlet burlesque.

    - Si le jansénisme vous paraît être une notion trop floue, je vous renvoie au "Port-Royal" de Sainte-Beuve, qui établit des critères assez pertinents. C'est sur la base de ces critères que j'ai critiqué la dernière encyclique de Benoît XVI récemment sur mon blogue.

    - Il est à peu près incontestable que la pensée libérale prolonge au XIXe siècle le mode de pensée janséniste. Tel "spécialiste" du jansénisme qui prétend qu'il s'est éteint à la fin du XVIIIe siècle ne voit pas qu'après la révolution bourgeoise de 1789, c'est au contraire les idées jansénistes qui l'emportent, se répandent dans la bourgeoisie, et le parti des philosophes comme le parti jésuite qui sont défaits. Quel rapport y a-t-il entre Voltaire et les philosophes laïcs actuels, Comte-Sponville, Onfray, BHL ou Luc Ferry ? Aucun.

    - A propos de Simone Weil, il est significatif qu'elle ait réclamé de la logique aux clercs qu'elle a souhaité rencontrer, et qu'on lui ait répondu par des spéculations sur la grâce. De mon point de vue, le meilleur de Simone Weil c'est son désir (marxiste ou voltairien) de science, que des prêtres stoïciens l'ont poussée à enfouir.

    Gustave Thibon, lui, est peut-être moins lugubre, moins obtus que Pascal ? Mais pour accorder une quelconque valeur aux niaiseries néoplatoniciennes de Nitche pour lesquelles Simone Weil n'éprouvait que mépris au contraire, il faut être fort peu "jésuite". On imagine facilement les sarcasmes de Voltaire ou de Marx à l'encontre d'un hurluberlu tel que Nitche.

  • Bien sur que si je rentre dans une synagogue aujourd'hui en arguant de mes idees, je serai chasse. Je ne vois pas en quoi cela vientcontrarie ma these, que le judaisme a ete prostitue par le pharisaisme, et que les heritiers de Moise, 'les fils d'Abraham' comme dit saint Paul, se sont les chretiens. Le judaisme actuel est descendant du pharisaisme, surtout chez les ashkenazim qui generalement preferent le Talmud a la Torah, ce qui est significatif.

    Le mot de Bernanos non plus ne contredit pas ce que j'affirme. Lui comme moi detestons le judaisme (que je differencie du mosaisme, je ne crois pas que vous m'ayez lu), et moi surement plus que lui. Quant a Mgr Lustiger, il n'est rien du tout. Ni juif judaique, ni chretien, c'est donc un samaritain, entre judaisme et paganisme.

    Mon parti. Encore votre rethorique. Figurez vous que je ne suis d'aucun parti, que personne ne soutiendrait mesaffirmations sur le web. Je n'ai que l'Eglise et ses Peres pour moi. Face a votre parti,je m'estime tres bien outille, donc. Mais le plus drole, c'est que vous comme ces cretins de votre magazine de Neuilly, finissez par judaiser le catholicisme. Eux volontairement, en en faisant un ersatz du judaisme, vous par votre inconsequence, en sapant le fiondement de sesdogmes, ce qui tend a n'en faire qu'une pure loi comme celle que s'etaient forge les pharisiens.

    La critique historique de Simone Weil n'a pas grand interet pour le sujet que nous traitons, puisqu'il s'agit de theoliogie et de revelation, pas d'histoire.
    Maispuisque vous voulez parler de savision de Rome, je prefere ajouter qu'elle n'a rien compris a la facon dont le christianisme pouvait recuperer le paganisme romain. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle n'arrive pas a analyser vraiment ce qu'elle percoit qui cloche dans la Renaissance. Mais c'est un sujet large, pas vraiment en rapport d'ailleurs.

    Simone Weil ne deteste pas Nietzsche pour son platonisme. Elle le deteste pour des raisons ma foi purement sentimentales. Elle ne l'a jamais lu, mais ne l'aime pas. C'est tout.
    Mais c'est ainsi que vous trafiquez la pensee des gens. Simone Weil admirait Platon (ce qui n'empeche pas de le critiquer), toute sa pensee se base sur lui, bref, elle est platonicienne, mais avec vous elle n'aime pas Nietzsche pour son platoncisme, et voila comment la faire devenir lapinement correcte. C'est du grand n'importe quoi.

  • Lorsque vous déclarez, Lapinos, vous appuyer sur le « Port-Royal » de Sainte-Beuve (texte objet d’un cours à Lausanne de 1837 à 1838 paru ensuite en feuilleton de 1840 à 1859) pour établir vos critères de pertinence à propos du « jansénisme », permettez moi de vous dire, qu’il y a bien longtemps, tant du point de vue de l’historiographie, que de la théologie politique ou de la question des problèmes propres à l’augustinisme, que le vieux Sainte-Beuve, bien qu’attachant, est très largement, vraiment très largement dépassé et parfaitement obsolète (même si ces 5 volumes possèdent un incontestable charme désuet il est vrai). En identifiant l'histoire du jansénisme à celle de Port-Royal, comme le fit le plus célèbre des historiens du jansénisme, c.a.d. Racine lui-même, dans son « Abrégé de l'histoire de Port-Royal » (1767), Sainte-Beuve ne perçoit pas (faute du recul nécessaire et de la documentation encore difficilement accessible) l’immense diversité et les multiples singularités très dissemblables du courant, ce qui n’est pas sans poser beaucoup de problèmes sur le plan de l’Histoire, de la politique et de la théologie.

    Plongez-vous sans tarder pour remédier à cela, et encore pour une simple identification territoriale du sujet, dans J.-R. Armogathe ; J. Grès-Gayez, (articles "Jansénisme", respectivement dans le Dictionnaire de la spiritualité (Beauchesne) et dans le Dictionnaire de théologie (PUF), sans oublier Louis Cognet, Henri de Lubac: (cf. Augustinisme et théologie moderne), Bruno Neveu: "L'erreur et son juge. Remarques sur les censures doctrinales à l'époque moderne" (Bibliopolis) et les incontournables et fondamentaux, sans lesquels point d’approche cohérente de la question : Jean Orcibal : « Les origines du jansénisme » (cinq volumes chez Vrin) et Augustin Gazier, « Histoire générale du mouvement Janséniste depuis ses origines jusqu'à nos jours ».

    Cela vous évitera je l’espère (bien qu’allégeant significativement votre budget), de voir dans la pensée libérale du XIXe un « simple prolongement » du jansénisme – tout étant bien plus complexe et demandant des analyses innombrables beaucoup plus fines et précises – ou alors, faute de quoi, on se contente d’un discours grossier fonctionnant à l’aide de slogans et d’affirmations gratuites, ce qui n’a aucun intérêt et relève du bruit pur et simple, comme en fabrique avec une frénésie rare notre société actuelle, mais non de la pensée.

    Je sais bien qu’il est convenu d’admettre (Jules Michelet, Louis Blanc, Henri Martin ou Charles-Louis Chassin sont passé par là) que la lutte du courant janséniste contre l’absolutisme royal fut l’un des axes principaux du combat politique des disciples de Jansénius, mais c’est omettre, dans la réflexion, ce que mit très bien en lumière E. Preclin dans son étude : « Les jansénistes du XVIIIe siècle et la constitution civile du clergé », ou plus récemment T. Tackett, à savoir que s’il y avait globalement plus de « jureurs » dans les diocèses marqués par le jansénisme (cf. T. Tackett, La Révolution, l’Église, la France. Le serment de 1791, Paris, 1986), il ne faut absolument pas sous-estimer le nombre et le rôle des réfractaires jansénistes qui rejoindront en masse les rangs des contre-révolutionnaires. Ainsi Maultrot (1714-1803), un janséniste (du moins considéré comme tel) qui posa pourtant sous Louis XV la question de la légitimation du politique, de l'Etat et du régime monarchique, sera un des plus farouches adversaires de la constitution civile du clergé, condamnant toute l'oeuvre de la Révolution, ainsi que la déposition et l'exécution du monarque (cf.Y.Fauchois, « Jansénisme et politique au XVIIIe siècle: légitimation de l’État et délégitimation de la monarchie chez G.N.Maultrot », Revue d’histoire moderne et contemporaine, 1987, p. 473-491).
    Comme l’explique Monique Cottret : « Les jansénistes maintiennent face aux Lumières une ambivalente répulsion. Ils ont été les premiers à dénoncer chez Montesquieu la conception de la loi comme un rapport. Ils ont été au cœur du processus de persécution contre Rousseau en 1762 (M. Cottret, « Les jansénistes juges de Jean-Jacques », in. Ph. Lefebvre, Les pouvoirs de la parole, l’Église et Rousseau, Paris, 1992), restant hostiles au chapitre de la religion civile du Contrat social… » (M. Cottret, « 1789-1791: triomphe ou échec de la minorité janséniste? »).

    C’est pourquoi affirmer brutalement, comme vous le faites : « Tel "spécialiste" du jansénisme qui prétend qu'il s'est éteint à la fin du XVIIIe siècle ne voit pas qu'après la révolution bourgeoise de 1789, c'est au contraire les idées jansénistes qui l'emportent, se répandent dans la bourgeoisie », me paraît participer, bien que des sentiments apparentés au jansénisme se répandirent effectivement (mais ce lointain cousinage ne fait pas une hérédité légitime), d’un raccourci extrêmement impressionnant et totalement fragmentaire, comme le démontrent les très nombreuses études contemporaines, la recherche ayant réalisé des avancées significatives depuis ces dernières années, qui prouvent, au contraire, que les idées natives du jansénisme en France s’évanouiront peu à peu avec le temps au profit de tendances étrangères aux fondements doctrinaux du jansénisme, période où l’on vit apparaître sur le devant de la scène des caricatures politiques ou littéraires qui conjuguèrent allègrement les positions gallicanes en matière de droit ecclésiastique, le refus de l’absolutisme, un certain laïcisme, une forme de romantisme poétique républicain, l’esprit du labeur et la culture du travail, caricatures militantes vidées de tout augustinisme théologique, que l’on couvre, par facilité de langage, de l’appellation « jansénisme », mais qui n’ont strictement rien à voir avec lui.

    Ce fut l’époque, (fin du XVIIIe première moitié du XIXe), où les références à un prétendu « jansénisme », références très imprécises furent nombreuses, tant en politique qu’en littérature. La politique de la Restauration y fera même parfois des allusions, et des hommes comme Pierre-Paul Royer-Collard ou Lanjuinais se verront publiquement présentés comme des jansénistes eux qui l’étaient si peu, ainsi que qu'un certain nombre de parlementaires de la Monarchie de Juillet ou de la Troisième République, comme Pierre-Paul Royer-Collard, Victor Cousin ou Jules Dufaure. Il n’était pas exceptionnel, exemple parmi bien d’autres de cette dérive terminologique, que l’on se traitât publiquement, et avec force vociférations, mutuellement de « janséniste » à la Chambre, et on y ira jusqu’à qualifier un journal politique si faiblement augustinien comme Le Constitutionnel de « janséniste ». Il n’est pas anodin non plus, par exemple, pour mieux comprendre ce climat où le terme « jansénisme » glisse dans le vocabulaire commun, de remarquer que Stendhal fait de l'abbé Chélan, formateur de Julien Sorel dans le « Rouge et le Noir », un curé dit, selon des critères discutables, « janséniste », soit un prêtre typique de ce que l’on entendait alors : gallican, intransigeant sur le plan religieux bien qu’humain et pédagogue. On peut se reporter également aux « Mémoires » de l'abbé « Wladimir » Guettée (qui passera à l’orthodoxie) pour retrouver des éléments voisins de ces descriptions fantaisistes.

    Par ailleurs, en rester à ces idées reçues, c’est entièrement passer sous silence le fait non négligeable que si pendant la première période du jansénisme, c'est-à-dire le XVIIe siècle, l'essentiel de l'histoire de son histoire se déroule dans le royaume de France, ensuite il n’en va plus du tout de même puisque le jansénisme passe en Hollande, le lieu d'exil de nombreux jansénistes français, puis se fait italien, ou plus exactement savoyard, car au XVIIIe siècle, le Piémont (comme le Grand-duché de Toscane) est pénétré par les idées jansénistes, le Piémont étant un lieu refuge pour les exilés, (l'abbaye de Tamiers ou Chambéry seront des asiles idéals). Sait-on par exemple que Victor-Amédée II de Savoie, qui prit parti contre la bulle Unigenitus, chassa les Jésuites de son royaume et les remplaça par des port-royalistes ? Et l’on vit, chose incroyable, en 1761, l'évêque d'Asti inciter les prêtres de son diocèse à prendre publiquement position en faveur de l'Église d'Utrecht. Cela donne une vision bien différente des choses et donne lieu à des évolutions du courant janséniste d’une nature radicalement originale, très éloignée, tant sur le plan politique que religieux, des itinéraires français.

    Ainsi, l'historiographie récente, qui a depuis fait radicalement justice des clichés controuvés, parvient à faire ressortir tellement de nuances et de divergences contradictoires, si ce n’est antagonistes au sein de l’héritage de Jansénius, que nous sommes impérativement conduits à devoir cesser de considérer le « jansénisme » comme un ensemble cohérent et à parler, non pas de « jansénisme » mais des « jansénismes » au pluriel. La primitive « cohérence » du jansénisme lui est venue surtout de la convergence des attaques subies au XVIIe siècle, c'est-à-dire de ses adversaires, et en premier lieu les Jésuites. En réalité, que nous fait voir une recherche attentive ? C’est que l'augustinisme absolument intransigeant d'un Jansénius ne s'est guère retrouvé chez les disciples, même chez Arnauld (sur le tard ce dernier, en ce qui concerne par exemple la « liberté d'indifférence », revient à des positions thomistes et abandonne plus ou moins saint Augustin), pour ne pas parler des positions de l'Eglise vieille catholique hollandaise, très éloignée de l'augustinisme, et qui n’a plus rien à voir avec le jansénisme.

    En conclusion de ce billet, à la longueur rendue nécessaire par tant d’approximations si souvent lues et répétées à l’infini de façon mécanique et systématique, nous ne pouvons que convenir, et admettre, qu’apparu en 1641, le mot « janséniste » s’il stigmatisa en effet les disciples de Jansénius, alors qu’ils se considéraient simplement alors comme des « amis de la vérité », des « disciples de saint Augustin », de vrais catholique, nous place, incontestablement, face à une « hérésie imaginaire » (cf. Jean-Pierre Chantin, « Le jansénisme, entre hérésie imaginaire et résistance catholique », Le Cerf, 1996), un « fantôme » ; le jansénisme en réalité n’existe pas, entendant par « jansénisme » non les fantaisies terminologiques dues à la fertile imagination de peu sérieux auteurs, mais la doctrine authentique de Cornelius Jansénius. Or, cette sensibilité catholique, positivement augustinienne, la seule qui puisse se revendiquer d’un « jansénisme » authentique bien qu’elle en récuse le terme comportant une connotation polémique, s’affirme, cela n’est pas surprenant, par la négative : être en n’étant pas pourrait donc parfaitement résumer sa position paradoxale.

  • - Sainte-Beuve, contrairement à ce que vous affirmez, a bien conscience de la complexité de la question janséniste, comme de toute question historique en général. Il n'enferme pas le jansénisme dans une définition étriquée mais tente de dégager quelques axes, et même de comprendre le "style" janséniste.

    Sainte-Beuve est du côté de la logique, vous êtes du côté du paradoxe. Ce n'est pas Sainte-Beuve qui est démodé - je serais curieux de savoir quel critique contemporain le démode ? - c'est plutôt la logique et la synthèse qui ne sont guère en vogue dans la bourgeoisie libérale.

    Relisez Sainte-Beuve, vous verrez que votre conclusion sur l'"être n'étant pas" est déjà présente dans l'étude magistrale de Sainte-Beuve, formulée plus clairement.

    - A propos du tournant révolutionnaire, je ne souscris pas du tout à la thèse de Joseph de Maistre selon laquelle le parti des philosophes a triomphé en 1789. Comme le pensent Balzac et Marx, la révolution bourgeoise de 1789 sonne le glas des Lumières. Exit les Jésuites et les philosophes. Le jansénisme, théologie archaïque heureusement circonscrite en France, peut resurgir.

  • Zacharias, n'essayez pas de répondre. Je vous jure, c'est décourageant.

  • Avec la méthode de Zacharias on peut aussi bien démontrer, en excipant des contradictions, que le communisme n'a jamais existé.

    Il est peut-être temps pour vous, Spendius, de retourner sur le blogue de ce guignol d'Asensio d'où vous venez ?

  • Lapinos,

    La revolution bourgeoise de 1789 est bien fille des Lumieres, que vous le vouliez ou non. D'ailleurs vous qui aimez ce qualificatif de bourgeois, je ne vois pas comment vpous pourriez le refuser a Voltaire.

    Le communisme a existe ? Un communisme quelconque ou celui dont vous parlez ici ?

  • Et vous, Lapin, vous arrivez à dire que le nazisme est une tentative de retrouver le classicisme, que Baudelaire est un nazi par conséquent, que Bloy est un proto-communiste et qu'il veut comme Marx "un retour à la politique".

    Qui est le guignol des deux?

    (Et oui, votre commmunisme catholicio-bloyen, n'a jamais existé. Je me demande même si vous avez réellement lu le post de Zacharias, mais passons...)

  • Ah ouais, j'oubliais! Marx est chestertonien.

    "Marx ne serait ôter raisonnablement le surnaturel du naturel"

    Toujours vos foireuses tentatives de faire de lui un penseur catholique...

  • C'est la thèse des bourgeois libéraux confirmée par les réactionnaires (J. de Maistre en tête) à laquelle vous souscrivez.
    Etant marxiste, je ne crois pas que le processus d'évolution politique dépende avant tout de facteurs idéologiques.

    Comme Balzac l'a parfaitement saisi, le XIXe a en haine non seulement Dieu mais aussi le siècle des Lumières.

    Voltaire lorgnait du côté de l'Angleterre politiquement et du côté de Leibnitz scientifiquement. Les valeurs de la société bourgeoise sont très éloignées de l'Angleterre et de Leibnitz. Il n'est pas difficile de voir que c'est plutôt l'aberrante philosophie allemande (Kant, Nitche, Heidegger) qui règne, et l'Etat laïc totalitaire qui sert de modèle politique. Voltaire était pour réformer un pouvoir monarchique qu'il jugeait excessivement absolu, certainement pas pour concentrer encore plus le pouvoir, sacraliser les institutions, sanctifier la nation, etc.

    - Ce n'est pas de fait une révolution bourgeoise qui a eu lieu en Russie comme en France. La classe bourgeoise russe n'a pas su "reprendre" la main comme elle l'a fait en France.

    Marx voit certes en Voltaire un penseur bourgeois, mais le dernier des penseurs bourgeois avant le déclin.

  • Il y a chez Hegel comme chez les nazis ensuite une volonté de lutter contre la décadence, contre le cancer romantique, mais sans sacrifier les valeurs de la bourgeoisie. Comme marxiste je considère que Hitler vaut mieux que tous les banquiers et industriels bourgeois démocrates-chrétiens ou laïcs qui l'ont subventionné et qui n'ont pas été, eux, jugés et condamnés.

    D'une certaine façon, bien que mort, Hitler continue de servir les intérêts de la bourgeoisie. Il n'a été qu'un pion et le demeure.

  • Qui n'est un pion ?

  • Celui qui obéit à la logique et ne se laisse pas enfermer dans la contradiction : Léonard, Karl Marx, Léon Bloy, Balzac. Il y a un effort de la part de Hegel ou d'Hitler pour échapper à la contradiction, mais il est insuffisant.

  • Est-ce que vous avez remarqué que personne ne vous critique sur le fond, lapin?

  • Quel être humain n'a jamais obéi, ne peut obéir qu'à la logique ? Le tendre, l'adorable, l'enfant fluet devenu adulte monstrueux, l'impossible monsieur bébé par excellence, l'amoureux grotesque, l'être humain sublime, le parvenu, l'ange, le géant tourmenté par des soucis lilliputiens, Peau de chagrin et Séraphita en même temps, celui qui disait : "Quel opéra qu'une cervelle d'homme !", le romancier pour qui tout était sève, qui voyait le monde comme une totalité dont chacun de nous est un élément, qui cultivait la pensée de l'Un, le disciple de Swedenborg qui voyait la vie comme un fluide circulant entre les âmes, l'homme supérieur aux yeux noirs à pépites qui aurait fait baisser la prunelle à un aigle... abattu par ses contradictions ? = piégé par son amour pour une chipie ?
    Mettons que, fort de son génie, Balzac a obéi à la logique de ses contradictions.

  • Ben ouais!

  • Marx a raison, Balzac n'est pas un romancier, il est plus que ça.
    Et si vous ne voyez pas la logique, dans ces dizaines de milliers de pages, mademoiselle, c'est que vous ne voulez pas la voir.

    Sorti des vulgaires fétichistes, le genre Proust ou Sollers, esclaves consentants, il y a la catégorie des romantiques : ceux-là sont contradictoires ; Voltaire = Sceptique-Pangloss ; Céline = hygiéniste-bohême ; Flaubert = bourgeois-antibourgeois ; Rousseau = antisocial-socialiste ; Baudelaire = moderne-archaïque ; l'intérêt qu'ils suscitent vient même de ce dédoublement ; mais tous ceux-là, pas seulement Voltaire, Céline aussi malgré ses dénégations, sont en quête d'un graal : la logique.

  • Nous sommes d'accord, ne voulez-vous pas le voir ? — Le propre du Graal est d'être inaccessible. Vous me répondrez que le Graal est le contenant, pas le contenu et que le Graal est la quête du Graal... On peut tellement dire tout et son contraire, ne voulez-vous pas le savoir ?

  • Faudrait faire une thèse là-dessus...
    (On pourrait vous rétorquer que votre truc est complètement illogique, ce qui ferait de vous un romantique, logique-illogique
    , mais là je serais méchant)

    Plus sérieusement, pourquoi personne ne vous critique sur le fond? Vous vous êtes jamais que c'est parce que sur le fond, vous êtes complètement délirant?

    C'est dingue à quel point on ne vous critique que sur des détails. Le fond, c'est une bouillie, on' dirait l'univers à ses premiers instants (oh, je suis poète!)

  • Touchez pas à mon contemporain ! Dinosaure-lapin fait les dents qu'il peut sur la bouillie qu'il peut.

  • Vous croyez vraiment que des types comme Céline ou Voltaire se sont mis en route pour atteindre l'inaccessible ? Céline n'est peut-être pas un affranchi mais il est moins esclave que d'autres et il le sait.

    J'aurais mieux fait d'éviter de parler de "graal", d'employer ce vocabulaire. Car quel collectionneur ne possède pas un "graal" dans une vitrine ?

    (Ce que vous dites, Spendius, pourquoi ne le faites-vous pas ? ça serait peut-être plus clair ? Car pour moi c'est comme si vous parliez le basque. D'autant plus que je ne sépare pas la forme du fond. Si Balzac n'a pas de style, c'est qu'il y a une raison de fond.)

  • Pourquoi je fais pas de bouillie? Je suis pas bon en cuisine.

  • Question de fond : Qu'est-ce que le fond ?
    (Cf. "Comme en passant", de je ne sais plus qui.)

    "Comme les nuages il faut poursuivre. Le voyageur est assis en face d'elle. Maintenant elle le regarde aussi. C'est elle qui se penche.
    - Pourriez-vous me dire une chose ?
    - Je vous en prie.
    - Quand touche-t-on le fond ?
    L'homme n'a pas le temps de répondre, la femme le prend de court.
    - Quand il est à fleur de forme.
    - À fleur de visage ?
    Il n'y a plus de jour que celui de la lampe.
    - La vie est déchirante, monsieur, de nous refuser les paradis que nous savons concevoir.
    - La vie ?
    - La chaloupe, monsieur. L'essence secrète de la vie, c'est la chaloupe.
    - Elle coule ?
    - Faut écoper. Mais s'il traîne un peu d'eau au fond, ça swingue encore mieux... Savez-vous ce que dit Tchékhov, médecin des âmes ?
    - Je vous écoute.
    - "L'homme a besoin de répit et de se dire : Ah, que je me sens bien ! Ah, que c'est merveilleux !... Take my lips..."

  • « L'homme qui la dévisageait de la tête aux pieds aurait aussi bien pu lui répondre, comme Christophe, qu'on touche le fond dès lors qu'on pose les pieds sur le rivage…

    Mais peu importe, au XXIe siècle la poésie, cette suave odeur de femme, était partout, jusque dans la publicité et le métro. Il valait mieux si on était un homme, dans ces conditions rester coi.

    Ce que les femmes possèdent encore de sûr en ce bas-âge, à côté de leurs monologues, c'est leur corps. Aussi ont-elles décidé de s'y attaquer méthodiquement. »

    ("L'Eve future s'éloigne", projet de conte inachevé par Lapinos, aux éditions du Terrier libre.)

  • "C'est un gars qui rend visite à un ami. Le pauvre est paralysé suite à un accident de voiture.
    Ils papotent un peu dans le salon, et puis au bout d'un moment, celui qui est impotent dit à son pote :
    - Dis-moi, tu veux bien monter là-haut pour me chercher mes charentaises ?
    J'ai oublié de les mettre à mes pieds quand tu es arrivé... Le gars monte à l'étage sans se faire prier et il tombe sur les deux filles de son ami, deux superbes nanas en peignoir de bain qui venaient juste de prendre leur douche.
    Dragueur dans l'âme, il attaque à fond :
    - Salut les filles. C'est votre papa qui m'envoie pour vous faire l'amour à toutes les deux !
    Les deux filles le regardent, interloquées :
    - C'est n'importe quoi ! Papa n'aurait jamais dit une chose pareille !
    - D'accord, répond l'ami en souriant, on va vérifier...
    Alors il se retourne et interpelle son pote au bas de l'escalier :
    - Toutes les deux ?
    - Ben oui, les deux évidemment ! "

    (Blague piochée sur blague.info )

  • Je compte bien la réutiliser, Spendius. Y'a pas à dire, dans le registre de la poésie vous êtes inattaquable.

  • J'ai pris le premier tome des "Oeuvres anthumes" de Alphonse Allais, au fait, Lapin - c'est vrai que c'est un maître!

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