Toutes ces attaques contre la rebelle Simone Weil, c'est plutôt bon signe... pour elle.
La dernière en date vient de la gazette papiste "Famille chrétienne", dont la dévotion au cinéma suffit à résumer tous les principes réels, sous le crépi blanc d'un christianisme BCBG. L'attaque de "Famille chrétienne" contre Simone Weil est d'autant plus perfide qu'elle passe par le courrier des lecteurs, stratagème journalistique transparent.
Deux longues lettres sont publiées, développant les leitmotivs habituels, l'accusation d'hystérie et celle d'antisémitisme. L'asile ou les flics, voilà le sort que "Famille chrétienne" réserve à celle qui offrit, d'assez loin, la plus forte pensée du XXe siècle (une pensée qui comme celle de Marx est une science puisque Simone Weil a constaté l'absurdité des "travaux" scientifiques de Max Planck).
- Hélène Mongin, de Lisieux, écrit ainsi : "(...) Ce n'est pas la tuberculose qui l'a tuée, mais son refus complet de s'alimenter, sous prétexte que les Français n'avaient pas assez à manger. Raisonnement généreusement fallacieux d'une grande anorexique qui haïssait son corps. Alors Simone Weil, un des plus grands génies de notre époque, certes... mais pas un modèle à suivre ! (...)"
On a envie de dire à la dinde farcie de principes auteur de ces lignes qu'elle se rassure : étant donné que la principale vertu de Simone Weil fut le courage, elle ne suit absolument pas son exemple en pratiquant la diffamation en toute impunité (du moins le croit-elle).
L'anorexie !? C'est quand même un comble de coller cette maladie typiquement capitaliste à Simone Weil, qui dégueula à peu près tous les principes libéraux, capitalistes ou jansénistes ; alors qu'on peut trouver du sado-masochisme dans la littérature de nombreux saints ou philosophes chrétiens, y compris chez Benoît XVI dont le désir exprimé de "purgatoire" est pour le moins bizarre, Simone Weil n'a jamais fait l'éloge de l'autoflagellation ; bien au contraire, puisque sa théologie se rapproche de l'antimonachisme occitan, voire de Rabelais, admirateur comme Simone du naturalisme grec abandonné par l'Eglise catholique au profit de la science-fiction.
Le frère de Simone Weil a témoigné que la maladie seule a causé le décès de sa soeur. Vu qu'elle écrit de Lisieux, on peut subodorer que cette Hélène Mongin est une bonne soeur jalouse de la concurrence que Simone Weil pourrait faire à l'extrême platitude de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus.
On déduit aussi hâtivement du fait que Simone Weil ne s'est pas mariée qu'elle n'aimait pas son corps. Déduction téléologique qui ne tient pas compte du fait que le mariage est sans doute une des institutions les moins érotiques qui soit. Les "théologiens" chrétiens du mariage sont d'ailleurs en général des abrutis complets (on peut citer par exemple dans ce cas le père de l'écrivain belge François Weyergans.)
(Précisons en outre qu'il n'y a pas de "génie" chrétien, contrairement à ce que le pédérastique Chateaubriand tente de faire croire ; il n'y a que des suppôts de Satan. Et le catholicisme est l'ennemi du temps et de l'époque, en aucun cas il n'a vocation à l'accompagner servilement comme un magazine télé.)
- L'autre lettre est signée Joël Losfeld, indisposé par les diatribes de Simone Weil contre le peuple juif (de l'Ancien Testament). Cet énergumène prétend faire d'Etty Hillesum et Edith Stein deux saintes plus grandes que Simone Weil. Primo, il se trouve que ladite Etty Hillesum fait l'apologie du crime d'avortement dans son "Journal". Deuxio, Edith Stein a grenouillé dans la philosophie de Husserl, qui est un des plus sinistres idolâtres du temps, dans le sillage de Hegel, que le terreau judéo-boche ait jamais engendré. Même si l'accusation lancée à saint Paul d'avoir dérobé aux Juifs leur religion (!) n'est pas imputable à Edith Stein elle-même, mais à l'écrivaillon putassier Yann Moix, biographe d'Edith Stein, cette dernière n'excède pas le niveau de la bigoterie hystérique.
Ce J. Losfeld exprime d'ailleurs lui-même dans sa bafouille des opinions parfaitement ésotériques sur la religion catholique, dignes seulement d'un abonné à ce "Télé-poche" prétendument chrétien qu'est "Famille chrétienne".
La chiantissime revue "Les Temps modernes" de Claude Lanzman, dont la ligne consiste à tenter de faire passer les principes les plus archaïques pour des principes modernes, avant "Famille chrétienne" a fait à Simone W. le même procès (fleuve) en antisémitisme. Instruit par un guignol yanki nommé Francis Kaplan, l'instruction s'achevait sur une sentence raciste, puisque l'acquittement de Simone Weil en raison de ses origines juives était prononcé. Un gag.
- Un troisième courrier est publié qui fait cette fois l'éloge du philosophe Henri Bergson. Qu'il fut baptisé ou non, jamais Bergson n'épousa comme Simone Weil une pensée catholique. L'évolutionnisme de Bergson, emprunté à Spencer et Huxley, non seulement est hérétique au regard du catholicisme, mais cet évolutionnisme discrédite l'ensemble des spéculations philosophiques de Bergson, puisque la théorie de Darwin n'est plus défendue que par des fonctionnaires et ne subsiste plus qu'à l'état de dogme. Tout au plus le mérite de Bergson est-il de souligner le déterminisme "protestant" qui sous-tend l'évolutionnisme. La part de hasard que contient l'idéologie évolutionniste, inacceptable sur le plan du raisonnement scientifique, cet aléa vient de la religion dite "judéo-chrétienne" ou "protestante", "puritaine".
Par ailleurs, les critiques que Bergson adresse au scepticisme de Descartes ne sont pas moins ineptes que celles de Voltaire auparavant. Bergson n'a pas mieux compris que l'algèbre de Descartes ou B. Pascal vient d'une fiction... fiction que Bergson entretient lui-même, un comble, sous prétexte de combattre Descartes (!). Si les sophismes de H. Bergson sont plus brillants que ceux du crétin Albert Einstein, ils n'en sont pas moins de vains sophismes.
Ce lecteur distrait ignore du reste qu'une bonne partie de la communauté juive est remontée contre Bergson tout autant que contre Simone Weil dans la mesure où Bergson a écrit (comme Churchill) que certains Juifs, par leur comportement, ont excité les persécutions du régime allemand et de Vichy. Propos qui, contrairement à la lecture dialectique de Simone Weil de l'Ancien et du Nouveau Testament, n'a pas de consistance historique et ressemble fort à une affirmation gratuite.
Commentaires
Ils feraient mieux de s'en prendre à Simone Veil.
je suis catholique et j'aime bcp simone weil.
je n'a rien non plus contre famille chrétienne.
c'est bien de défendre cette femme complètemen extraordinaire, mais n'est-il pas dangereux de mettre tous les catholiques dans le même panier en partant de lettres de lecteurs lambda absolument pas représentatifs de la pensée catholique telle que l'Église l'exprime ?
si certains lecteurs ne croient pas à la profonde intelligence de Simone Weil, je dis tant pis pour eux, si certains sont suffisamment bêtes pour les suivre comme des moutons de panurge sans chercher à lire une ligne de Simone, ce sont des ignorants.
Si vous aimez vraiment Simone Weil, et que vous ne faites pas semblant comme les faux-derches imbibés de culture yankie de "Famille chrétienne", alors vous devez la connaître et savoir que Simone Weil a tenu contre les préjugés mondains des propos si incorrects qu'ils sont à peu près impubliables aujourd'hui dans les médiats officiels.
C'est certainement de là que viennent toutes les attaques sournoises contre Simone Weil. Comme par hasard elles viennent toutes de journalistes et écrivaillons mondains.
Il est sournois de faire paraître comme "Famille chrétienne" l'a fait un vague éloge de S. Weil signé d'un critique de ciné débile, Edouard Hubert, puis de faire suivre cet éloge de deux longues lettres attaquant S. Weil et la diffamant.
Si j'envoie une lettre à "Famille chrétienne" disant que ste Thérèse de Lisieux est une sado-maso déséquilibrée sous prétexte qu'elle s'infligeait certains supplices corporels, croyez-vous qu'ils publieront cette lettre ?
Pas difficile de démontrer non plus de la même façon que Thérèse d'Avila est une hystérique.
Faire valoir H. Bergson à côté, en outre, je le répète est ridicule et prouve que les baveux de "Famille chrétienne" sont des ignares télémaniaques, car Bergson a tenu sur les Juifs de son époque, pas sur ceux de l'Ancien Testament contrairement à Simone Weil, des propos plus choquants et moins scientifiques.
Comme W. Churchill, Bergson a écrit que les Juifs ont eu une part de responsabilité dans le sort qu'ils ont subi au cours de la deuxième guerre mondiale : propos qui n'a aucune valeur scientifique et ne repose sur aucune étude historique sérieuse.
Simone Weil, elle, fait le constat que le peuple juif dans l'Ancien Testament, passe son temps à désobéir à Dieu et à Moïse, qu'il se montre presque systématiquement cruel, notamment Jonas qui insiste pour que Ninive soit détruite. Constat qui repose, lui, sur une exégèse, peut-être pas parfaite, mais sûrement plus sérieuse que les délires psychanalytiques de Francis Kaplan.
Par ailleurs l'évolutionnisme de Bergson, s'il est peut-être plus poétique que celui de Darwin, n'est pas moins incohérent et discrédite totalement Bergson en tant que penseur chrétien.
En revanche, le constat par Simone Weil que l'algèbre de Max Planck est totalement irrationnelle et "antiphysique", ce simple constat suffit à faire d'elle un des deux ou trois plus grands savants du XXe siècle. La conséquence de l'observation sur Max Planck -appuyé sur la thermodynamique des gaz (tout un symbole !) et les équations d'un abruti nommé Helmholtz-, la conséquence étant que l'ensemble des prix Nobel de Physique (algébrique) n'est qu'une tripotée de bricoleurs biscornus étrangers à la physique fondamentale, et pas seulement les prix Nobel d'économie sortis d'Harvard qui fondent les règles de l'économie sur celles du "Black Jack".
Donc que les cathos BCBG de "Famille chrétienne" ne partagent pas la conception du christianisme de Simone Weil, Bernanos ou Léon Bloy et voient dans "La Petite Maison dans la Prairie" ou "Les Mémoires d'Outre-Tombe", les singeries de Jean Guitton, du pasteur Ellul ou du bougnat Tillinac des oeuvres plus universelles que celles de Simone Weil ou Bernanos, c'est leur problème, mais qu'ils présentent une Simone Weil sans bras, sans tête et sans jambes, relève de l'attentat et du terrorisme intellectuel (S. W. ne peut maintenant défendre son intégrité contre les attaques).
Les anorexiques, ce sont eux ; d'ailleurs l'anorexie ne va pas sans une frénésie de consommation que cette gazette pour femelles traduit sur plus de la moitié de sa "superficie".
Si vous aimez Simone Weil comme "Famille chrétienne" l'aime, c'est-à-dire sans la tête, les bras et les jambes, alors vous l'aimez comme un pur esprit, ce qu'elle n'est pas ; et dans ce cas autant inhaler un gaz.
Sans oublier tout le mal que Simone Weil a dit de la racaille journalistique et de sa propension invétérée au mensonge, propos qu'on aimerait voir "Famille chrétienne" publier plutôt que des critiques de cinéma débiles à propos du dernier navet yanki à la mode.