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Petit Nicolas

Je me souviens n'avoir jamais autant entendu que quand j'étais gosse cette insulte : "Sale pédé !" Rien que de très normal compte tenu du culte naturel de la force chez les enfants. Il s'agissait en effet d'accuser tel ou tel de faiblesse. Il y avait un Kabyle (je n'ai compris qu'il l'était que bien plus tard vu qu'il était blond aux yeux bleus) qui m'avait traité de pédé une fois. On s'était mis sur la gueule conséquemment et puis ç'avait été terminé entre nous ensuite les échanges de noms d'oiseaux. La vexation a toujours lieu d'âme à âme, et c'est encore le corps qui encaisse le mieux le mal. L'âme est une salope, la femelle en nous qu'il faut dompter, mais les gosses l'ignorent, ne sachant encore ce qu'ils fabriquent sur cette terre.

Je suppose que ça n'a pas beaucoup changé depuis, compte tenu du peu d'influence des comités d'éthique de toutes sortes dans les cours d'écoles. Et c'est tant mieux : le comité d'éthique est une occupation d'adulte au bord de l'infantilisme, encore obsédé par l'orthographe malgré son âge avancé. Voyez Axel Kahn : le branleur parfait. Ou Louis Schweitzer, encore pire : toutes ces années à assassiner des gamins avec ses bagnoles sur l'autel du capitalisme, à la sortie des boîtes de nuit, pour se reconvertir ensuite dans l'"éthique" !

L'hypocrisie est du reste quelque chose que les enfants flairent assez bien, et de ce point de vue le capitalisme n'a pas beaucoup plus de mystère pour eux que pour Marx. Ce qui les rend perplexe, c'est surtout que leurs parents adhèrent à ce système de tout leur coeur. La psychologie, qui en dehors du capitalisme n'aurait pas de sens, à même inventé la "crise d'adolescence" pour justifier le sentiment de révolte de gosses à la jugeotte un peu plus exercée vis-à-vis de l'abjection capitaliste. L'absence de révolte des gonzesses (Simone Weil exceptée) prouve bien d'ailleurs que les femmes "ont le capitalisme dans le sang".

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L'abréviation en "PD" nous intriguait, je me souviens aussi. Pendant deux ou trois semaines, j'ai cru sur la foi de l'assertion d'un de mes potes que ces initiales signifiaient "Police départementale" ; avant qu'un autre pote n'ébauche pour moi un schéma de l'enculade afin d'éclairer ma lanterne (c'était le fils d'une institutrice très versée dans l'"éducation sexuelle" - encore un gadget significatif de la dépravation de l'Education nationale qui, comme l'éthique, fera toujours marrer les gosses). Je n'ai entravé que dalle à l'explication, d'ailleurs, et pas seulement à cause de mon dégoût pour la mécanique : tout simplement parce que le coït avec une gonzesse plutôt qu'un gonze m'apparaissait comme une absurdité suprême, le summum de la faiblesse, bien plus encore que le fait de s'accoupler avec un "alter ego". Indice supplémentaire que le goût du phallus et des matières génitales est typiquement féminin : je n'ai jamais vu au cours de ma scolarité ce fameux cours d'"éducation sexuelle" assuré par un homme, mais le plus souvent par des mères de famille hystériques animées d'une ferveur religieuse, n'hésitant pas à exhiber comme un titre de gloire le film amateur de leurs accouchements plus ou moins sanglants et glaireux, le cinéma le plus pornographique qu'il m'ait jamais été donné de voir, une véritable mystique du coït.

Compte tenu de l'attirance des pédés pour les flics, l'armée et la fonction publique en général, le coup de la "police départementale" pour traduire "PD" n'était finalement pas si inepte. Dans ces films yankis pour ados, prenons l'"Inspecteur Harry" par exemple : celui qui ne pige pas que l'inspecteur Harry est une tapette hystérique n'a rien compris au cinéma. Le sang qui appelle le sang, rien de plus féminin. Qui, plus qu'une femme a le culte de la famille, si ce n'est un pédéraste ? Même si ce culte est parfois douloureux pour un pédéraste, l'idolâtrie s'accommode très bien du sacrifice, s'il l'oblige parfois à contrefaire complètement la dure réalité comme Proust, la famille reste sacrée pour le pédéraste dans la mesure où elle renferme son idéal de pureté. L'enfance est comme l'Eden du pédé.

Sait-il Sarkozy lorsqu'il défend qu'on traite les "gays" de pédérastes, à l'aide d'une casuistique qui ne repose sur rien, même pas sur la casuistique du code pénal, que le sentiment pédérastique est un symptôme typiquement capitaliste, le résultat de l'exacerbation extrême du sentiment de piété familiale (qui passe bien sûr par l'étape puritaine) ? Ou est-ce le simple léchage de cul électoral de sa part ? Gardons-nous de prêter trop d'intelligence aux hommes politiques qui fournissent chaque semaine des preuves de débilité et d'impuissance. Derrière le culte de l'homme providentiel, que ce soit Napoléon ou Hitler, Louis XIV, on est toujours sûr de retrouver le sentiment pédérastique. La dispute entre Villepin et Sarkozy est au niveau de la bagarre de cour de récréation et devrait être réglée à coups de pied au cul.

Le veau d'or est un culte tribal, c'est-à-dire familial : à travers son voile d'hypocrisie c'est le sens du capitalisme qu'un enfant peut voir. On reconnaît le véritable enfant à ce qu'il n'y a en lui aucune nostalgie.

 

Commentaires

  • "tout simplement parce que le coït avec une gonzesse plutôt qu'un gonze m'apparaissait comme une absurdité suprême et le summum de la faiblesse."

    Si je saisi bien la psycholologie lapinienne, il me semble que vous vouliez dire l'inverse...

    (et pour bien vous faire chier je crie "ouh ouh le lapsusus révélateur" XD)

  • Non, non, j'avais une dizaine d'années alors et l'idée même pour un garçon de jouer avec une fille était assez indécente pour moi comme la plupart des gars de ma classe. L'idée de coucher avec une fille aurait filé la nausée à la plupart d'entre nous (faut pas oublier que le récit de Proust à propos du petit Marcel et de la petite Albertine est un récit de pédéraste nostalgique).
    J'ai lu plus attentivement les Saintes Ecritures depuis, mais en ce temps-là j'étais militariste, et la valorisation des rapports pédérastiques a souvent lieu dans le régime militaire. Sans remonter jusqu'aux guerriers Spartiates et à l'érection de la pédérastie en tactique, voyez la soldatesque nazie ou japonaise plus récemment, le désert des Tartares. Le soldat est tellement dépendant de la matrice militaire et politique qu'il a presque un caractère "inné", d'être "non-accouché". J'ai ouï-dire qu'au Japon aujourd'hui ce sont les femmes qui sont les hommes et les hommes qui sont les femmes, comme j'ai pu constater en Allemagne (les Etats-Unis je n'en parle même pas, la pédérastie y est presque palpable en permanence : c'est le pays de la nostalgie de tout et n'importe quoi, à tel point que les Yankis ont proscrit de leur territoire les deux seules sciences historiques modernes : le catholicisme et le communisme.)

    Le malentendu vient de ce que l'on traduit la pédérastie comme une cause, alors qu'elle n'est que la conséquence des excès de cette religion bourgeoise de la famille qu'est le capitalisme. Le pédéraste, quel que soit son sexe et son penchant génital particulier est typiquement "celui qui ne se connaît pas lui-même" suivant la formule de la sagesse des Anciens. Narcisse meurt de schizophrénie.
    La querelle entre Boutin et les pédés, je le répète, comme la querelle entre Cohn-Bendit et de Gaulle naguère est un conflit entre générations pour savoir qui va tenir les cordons de la bourse et qui aura la plus belle place dans le caveau de famille.

  • Merci pour ces précisions. Personnellement, l'idée de coucher avec une fille ne me choquait guère quand j'avais dix ans. Je dois être né pédéraste XD

  • La nécessité de coucher avec quelqu'un, quel que soit son sexe, a évoluée conjointement avec la nécessité de consommer en général. Essayez toujours, vous n'arriverez pas à détacher la frénésie de consommation de la frénésie sexuelle. Si l'objet du désir est aussi lassant, c'est qu'il n'est qu'une projection de soi-même.

    J'ai plus de trente ans et je suis d'une génération où NI la nécessité de coucher, NI celle de consommer n'était aussi forte qu'elle est devenue maintenant. En dehors de quelque gonzesse sous le coup de règles précoces, les élèves de ma classe avaient autre chose en tête qu'imiter leurs parents le plus vite possible (Canal+, la chaîne du beauf congénital et ses films de putes n'existait pas encore). Mon premier film porno, je vous le répète, est d'une mère de famille fière de son oeuvre on ne peut plus banale au point de s'en faire une gloire et de l'exhiber partout sous le prétexte d'éducation sexuelle : je lui dois peut-être d'avoir compris assez tôt que la putain et la mère de famille, très loin d'être des ennemies, doivent plutôt être vues comme des complices et partagent un idéal très proche où la vie se confond avec la mort ? (Historiquement d'ailleurs, en même temps que les clercs du moyen âge "bétonnent" leurs arguties juridiques sur le mariage chrétien, la prostitution fait rage dans les rues de Paris. Impossible d'écrire l'histoire de l'accession de la bourgeoisie au pouvoir sans écrire parallèlement l'histoire du mariage bourgeois.)

    J'ai beau fouiller ma mémoire, je ne me souviens pas même à dix ans de gamine de ma classe se trimballant avec des peluches dans leur cartable ; aujourd'hui ce sont des gonzesses de vingt ans qu'on voit se trimballer avec dans les rues !
    Cette sorte d'anorexie-boulimie de sexe, le petit Nicolas main dans la main avec sa Carla à Disneyland, ne fait que traduire la "grande peur des bien-pensants" que le ciel leur tombe sur la tête. Réalité à peine esquissée par Ben Laden. Si vous voulez mon avis, s'il y a bien quelque chose qui est justifié dans ce grand bordel des principes bourgeois démocrates-chrétiens, c'est cette grande peur qu'ils essaient de faire passer à coup de drogues diverses et variées.

  • Comparer Axel Kahn et Louis Schweitzer est un peu léger. Axel Kahn est celui qui, membre du comité national d'éthique, a émis un rapport favorable à la culture des OGM en France en tant que président de la CGB, puis, dans la foulée, s'est fait embaucher pour 2 ans par le groupe qui les fabriquait, tout en restant salarié de l'INSERM et membre du comité national d'éthique. Un vrai travail d'artiste!

  • Voilà pourquoi l'éthique tient à garder ses distances avec la morale. Je sais pas si vous avez remarqué : "Non, non, disent les mecs, c'est pas une question de morale, c'est une question d'éthique."
    Exactement comme ceux qui sont responsables sans qu'on puisse les inculper, le beurre et l'argent du beurre.

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