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Fruit de la passion

La condamnation de la passion par les apôtres chrétiens est souvent mal comprise, notamment à cause d'imbéciles catholiques romains qui ont saccagé et continuent de saccager sans vergogne la théologie chrétienne au bénéfice d'entreprises les plus douteuses.

Tout est dit ou presque par le mot de "commerce", qui traduit à la fois le rapport amoureux et la transaction monétaire. C'est un rapprochement aussi judicieux que celui entre l'argent et toutes les sécrétions humaines.

Pour Bacon-Shakespeare, il n'y a pas d'hommes amoureux, il n'y a que des imbéciles. Karl Marx s'en prend à juste titre au romantisme comme à un fléau de l'esprit, par où la bourgeoisie libérale replète trahit le même mobile que l'aristocratie d'ancien régime. Balzac peint une réalité sociale crapoteuse derrière les grandes bannières sentimentales. Il n'est pas difficile de deviner qu'il n'y a qu'un seul "génie du christianisme" dans tout le christianisme, c'est le pédéraste Chateaubriand lui-même, presque aussi amoureux de sa propre enfance que Proust.

Le mépris chrétien de la passion amoureuse n'est pas difficile à comprendre. Il se justifie, comme celui des sages de l'Antiquité, par le refus de l'esclavage. Shakespeare souligne bien que la passion amoureuse a été restaurée dans ses droits par un clergé romain indigne, pour le bénéfice de l'ordre aristocratique d'abord. L'issue catastrophique du délire amoureux de Roméo et Juliette, a bien comme le mariage de la reine Gertrude et du roi Claudius un motif apocalyptique sous-jacent. Ce n'est pas le fait du hasard si l'on retrouve dans la figuration de l'Eglise romaine sous les traits d'une prostituée, le double aspect sexuel et mercantile.

La prostituée porte en effet la double marque de l'esclavage social : le sexe et l'argent. Ainsi les personnes passionnées ou romantiques sont-elles, comme Ophélie en est l'illustration dans "Hamlet", selon la sagesse chrétienne ou antique, des personnes inauthentiques, c'est-à-dire n'agissant pas de leur propre chef, mais sous l'emprise d'un conditionnement social plus fort. Ces personnes prennent leur esclavage ou leur manque d'indépendance pour un choix délibéré ; en réalité elles sont quasiment "virtuelles" et leur trajectoire inflexible est déjà écrite dans les astres, selon la sagesse chrétienne qui voit les personnes morales comme des personnes perdues d'avance.

Shakespeare a prévu le triomphe du romantisme, idéal le plus truqué, comme un encens flottant au-dessus de l'exploitation de l'homme par l'homme, c'est-à-dire de l'esclavage généralisé et du commerce total, vanté par des chiens qui en tirent le maximum de profit comme le "libéralisme", alors qu'il est parfaitement automatique et programmé pour l'enfer.

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