C'est un trait de la sagesse antique de voir la procréation comme un acte irresponsable, c'est-à-dire qui n'est pas la conséquence du libre-arbitre, mais de l'instinct. A partir de là, la société n'est plus qu'un enchaînement de causes et de conséquences, dont la portée échappe à ses acteurs ; les sociétés baignent dans le sang, et il n'est guère difficile de déceler la ruse dans l'utopie de la justice sociale. La justice des hommes sert à blanchir la société, bien plus encore qu'à punir ou réprimer.
Beaucoup plus récemment, l'idée que la science politique est une science paradoxale ou folle, n'est pas venue par hasard à un abstinent sexuel, Alfred Jarry.
Cette représentation de la politique sous les traits du pape-roi-président Ubu ne doit pas cacher le caractère de charnier insondable de la société, mais que les imbéciles aiment néanmoins jusqu'à la folie, en tant qu'ils représentent une infinitésimale partie de cette masse, et que cette agglomération leur semble la meilleure des sécurité, bien que ce soit elle qui cause aussi leur perte. La doctrine sociale entraîne l'idolâtrie, nous dit le christianisme, après Moïse, rejoignant ainsi l'ancienne sagesse individualiste. Celle-ci montre que le lien de l'homme avec dieu ne peut être qu'individuel, une fois surmontées les lâches doctrines sociales qui enracinent l'homme dans la terre.
- L'argument de la littérature engagée pour parler de la prose ou de la poésie socialiste, est fait pour dissimuler le narcissisme derrière l'engagement. Ainsi la cause qui mobilise Sartre est parfaitement nébuleuse, mais c'est l'engagement qui est revigorant, et permet à Sartre de revêtir les habits sacerdotaux à la mode. Je cite Sarte, comme je pourrais citer Aragon, Mauriac ou Brasillach, tous les poètes incestueux.
Le progrès du nazisme ou du totalitarisme en France depuis la Libération est d'ailleurs significatif, non pas seulement en raison du succès de la médiocre littérature de M. Houellebecq, mais - j'aime mieux cet exemple - du fait que des universitaires français écrivent des pamphlets contre Jarry. Le plus significatif s'agissant de Houellebecq, qui n'est qu'un électron libre mû par une misanthropie allemande ou provinciale, c'est le revirement de l'intelligentsia française à son égard. Cette souplesse est un signe de veulerie sans précédent.
Mais revenons à la sagesse antique, qui n'avait pas le goût des paradoxes empilés les uns sur les autres, dont sont faites les oeuvres modernes truquées (ici un escroc ou un prestidigitateur professionnel est le mieux placé, je crois, pour comprendre mon propos sur l'argument de modernité, et saisir du même goût l'ampleur de la gabegie du système universitaire actuel, dont la principale raison sociale est la recherche du temps perdu).
Le christianisme va-t-il dans le sens de cette sagesse, ou bien de la folie païenne, facteur d'irresponsabilité croissante ? Bien entendu le sacerdoce catholique n'a pas été conçu par l'apôtre Paul dans l'un des buts institutionnels ou sociaux qui ont été inventés après lui, et qui sont cause que l'Eglise romaine a connu la débâcle après la fortune. Le prêtre chrétien selon Paul n'est pas le sorcier du village, qui fait tomber la pluie au moment opportun sur les moissons, et béni tout ce qui passe à portée de sa main, se voyant pour combler l'écart entre son rôle de thaumaturge et les écritures saintes, contraint de raconter n'importe quoi en chaire, jusqu'à l'abominable blasphème de la folie de Jésus-Christ parfois (je l'ai entendu proférer), sournoise imputation du vice humain à celui qui s'en tînt toujours à l'écart, et pour cette raison ne mourut pas.
Si ce n'est pas Satan qui a fomenté ainsi des prêtres chrétiens contre Jésus-Christ, alors qui ?
La vocation sacerdotale selon Paul n'est certainement pas l'assistanat social. L'apôtre sape d'ailleurs toute tentative de reconstituer le pharisaïsme juif dans sa lettre aux Hébreux. Il dissuade non seulement d'adhérer au droit naturel ou à éthique romaine - qu'il partagea en tant qu'assassin persécuteur de chrétiens -, mais il dissuade aussi de se référer à la loi de Moïse et au sacerdoce ancien. Il faut pour inventer une "éthique chrétienne", comme font les chrétiens-démocrates, piétiner non seulement la loi de Moïse, qui n'est certainement pas "éthique", mais aussi Paul et tous les évangélistes.
Le dogmatisme romain est une vérité infernale, érigée contre la vérité évangélique afin de le saper. Elle paraît consolider la vérité, mais elle en fournit une présentation juridique altérée, impossible puisque l'amour divin est dépourvu de caractère juridique, contrairement à la puissance de Satan qui, elle, est juridique.
La vocation chrétienne est bel et bien anarchiste selon saint Paul, ou antisociale pour être plus précis et relier Molière et Shakespeare à la théologie chrétienne authentique, c'est-à-dire insubordonnée à un quelconque pouvoir hiérarchique temporel, du type de ceux qui ont mis à mort le Christ.
Je reprenais récemment l'argument de Boccace : la possession satanique de l'Occident chrétien est justement proportionnelle à la vérité transmise par le Christ et ses apôtres. S'il y a bien un dieu "quantique" et savant de toute mesure et proportion, c'est d'ailleurs Satan, le dieu des ingénieurs allemands et des polytechniciens, qui croient trouver refuge comme Pythagore dans le langage.
Celui qui, aujourd'hui, dans un monde totalitaire, ne comprend pas comment on peut être chrétien ET antisocial ou anarchiste, a certainement été dissuadé de lire Molière à l'aide du cinéma, arme démoniaque absolue au service du viol des enfants, puisque le cinéma imite le crime social à merveille. Le cinéma totalitaire indique que la société n'est qu'une immense grotte obscure poisseuse, illuminée par une éthique platonicienne totalement artificielle, et qui promet ce qu'elle ne tiendra jamais : la véritable lumière.
Paul, après Jésus, comprend et explique que l'esprit de dieu est combattu avec acharnement par la doctrine sociale, dont le nombre générique est le 666, et que l'enfer durera aussi longtemps que dureront la doctrine sociale ou le socialisme.