Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Darwinisme et néo-nazisme

La propagande de la foi dans l'évolutionnisme, ou pour être plus dans le "transformisme", pose comme un fait historique que le "darwinisme social" constitue un détournement de l'hypothèse de Darwin. C'est faux.

D'abord, il n'y a pas d'inconséquence sur le plan éthique, quand on croit dans l'hypothèse du transformisme, comme la science nazie, à vouloir en chercher une application sur le plan social. Après tout, la bombe atomique n'est pas plus sympathique que le nazisme, et on ne prétend pas pour autant qu'elle est erronée sur le plan scientifique.

Ensuite, l'effort d'application du darwinisme, dont témoigne le nazisme, n'a pas cessé à la suite de l'effondrement de ce régime.

- Mettons que le darwinisme social nazi n'a pas fait ses preuves, bien au contraire, puisque la déroute rapide des Allemands face aux "sous-hommes communistes" a enclenché le début de l'extinction de la fière race allemande, qui a subi les pertes les plus nombreuses au cours de la dernière guerre. Ce darwinisme social a permis la relégation des juifs au plus bas niveau moral, au rang de personnes peu compétitives (ce qui n'a rien en soi d'insultant pour les juifs, dont la spiritualité ne trouve aucun fondement dans la compétitivité ou l'identité, principe racial et/ou juridique).

- Mais le darwinisme social libéral, qui permet actuellement de reléguer une partie de l'humanité au rang de la sous-humanité, avec la promesse identique à celle faite aux juifs de "libération par le travail", ce néo-darwinisme social n'a pas, lui non plus, fait ses preuves. Autrement dit, nous sommes en train de l'expérimenter, et, malgré les débuts catastrophiques du darwinisme social, les comités d'éthique paraissent peu s'en émouvoir.

D'une certaine façon, le darwinisme social libéral paraît voué à un échec plus cuisant et certain encore que le nazisme ; en effet, si certains ont pu croire dans la victoire de l'Allemagne sur le reste du monde, il paraît dérisoire d'affirmer l'équilibre du monde sur la base de la compétition économique, assortie de la seule promesse aux sous-hommes de connaître un jour la démocratie et les profits qui vont avec, pour qu'elle ne soit pas seulement un mirage. On voit se répéter dans le darwinisme social libéral, le même cynisme et les mêmes spéculations scientifiques douteuses que dans le nazisme. En dehors des milieux industriels et boursiers, le darwinisme social paraît scandaleux. Pourquoi ne pas examiner, en dehors des milieux industriels et boursiers, s'il n'y a pas lieu de réouvrir le débat scientifique à propos de Darwin ? C'est naïf, je le reconnais, puisque la télévision joue désormais un rôle de premier plan dans le débat scientifique.

+

Si l'on a fait un peu d'histoire, et pas seulement de la biologie, on verra d'ailleurs que le nazisme n'a fait que donner une coloration juridique particulière à un darwinisme social libéral existant auparavant. Le nazisme n'a pas l'exclusivité du mélange ésotérique de la science et de l'éthique, puisque c'est une caractéristique du totalitarisme, en général. C'est le mode de raisonnement essentiel des régimes théocratiques depuis les débuts (avérés) de l'histoire de l'humanité, tandis que l'étrange attelage de la science et de la morale publique a de quoi surprendre un esprit scientifique plus sérieux, qui objectera : "Et pourquoi ne pas intégrer la science-fiction dans la science, tant qu'on est à y admettre des comités d'éthiques ?" Objection d'autant mieux fondée que c'est ce que font systématiquement les régimes théocratiques depuis l'origine (prouvée) de l'humanité : ils ne distinguent pas la science de la science-fiction. Typique de la théocratie européenne du XVIIe siècle, la science de Galilée mêle psychologie de l'univers et science-fiction (le purgatoire), d'une manière qui n'a rien de surprenant. Pus récemment, la philosophie naturelle de Montesquieu et sa théorie raciste, qui repose plus sur les envolées lyriques que les syllogismes mathématiques, effectue la même jonction de la science naturelle et du droit. La science, dans un régime technocratique, présente le même caractère dogmatique que dans une théocratie.

- J'entendais récemment Roland Jaccard (statistiques + biologie), piètre savant comme tous les polytechniciens, déplorer quasiment dans la même phrase le défaut de contrôle des savants par des experts ès éthique (c'est-à-dire des curés, fonctionnaires de l'Etat), ET le rôle joué par l'économie et l'argent dans la science moderne. L'argent est sans doute la principale raison, aujourd'hui, du mélange de l'éthique et de la science. Il n'y a rien de plus éthique que l'argent. Il n'y a d'ailleurs qu'un statisticien imbécile pour croire que l'Etat et ses curés sont des esprits purs, et que ce n'est pas l'argent qui les détermine eux aussi.

- Pour poser l'hypothèse évolutionniste, il faut auparavant poser le fatalisme comme une vérité scientifique. Comme cette vérité est de nature religieuse ou juridique, on peut penser qu'elle traduit chez Darwin l'influence des préjugés théocratiques de son époque. Le judéo-christianisme de Darwin est d'ailleurs très proche de celui de Hitler. Dans les mêmes termes que Darwin et ses disciples posent le principe de la transformation du singe en homme, on pourrait faire la théorie que l'espèce humaine est prédestinée à retomber au niveau éthique où se situe le singe, et à ne plus se comporter autrement que suivant une programmation naturelle fatale.

Mais, en pratique, quiconque résiste à la bestialité du darwinisme social nazi ou libéral, en refusant de s'inscrire dans la chaîne alimentaire, fait écueil au transformisme, tant que celui-ci n'aura pas démontré comment un être humain peut se situer à part de toute l'espèce à laquelle il appartient, et refuser de se soumettre au droit naturel commun, à laquelle toutes les autres espèces vivantes se plient. Bien sûr il y a une grande place d'abrutissement religieux, de psychologie et de calculs spéculatifs chez l'homme, mais il n'y a pas que ça, et même la détermination psychologique moyenne dans les régimes théocratiques ne serait pas, sans l'effort considérable du clergé pour promouvoir la culture, vecteur principal de l'enseignement de la science et des arts sous la forme dogmatique.

C'est exactement le même abandon de l'esprit critique qui est requis pour croire le transformisme vrai, que celui qui est exigé pour croire que le libéralisme est une doctrine économique sérieuse, alors qu'elle s'appuie principalement sur l'escamotage et la censure de tous les faits historiques qui la contredisent. Pour croire au libéralisme, il faut croire au destin, comme les joueurs de poker ; idem pour croire au darwinisme, qui ne fournit pas l'explication de l'indétermination humaine, mais seulement de son déterminisme (et encore, une partie seulement).

Les commentaires sont fermés.