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Orwell ou Shakespeare

A qui me fait remarquer que Georges Orwell fut un écrivain visionnaire, je réplique qu'Orwell a près de quatre siècles de retard sur Shakespeare ; "rétro-visionnaire" paraît donc mieux adapté.

Comparés à Shakespeare, tous les poètes occidentaux paraissent "modernes", c'est-à-dire producteurs d'ouvrages de circonstance, voués au rebut, suivant cette vérité éternelle que le temps commence d'abord par frapper de ses rayons ceux qui croient malin de lui réclamer des dividendes.

Bien qu'il ne se passe pas un jour sans qu'un professeur complote d'assassiner Hamlet une bonne fois pour toutes, Shakespeare demeure, bien plus contondant qu'Orwell, une pierre dans la botte de l'oppresseur, le genre de caillou dont Goliath ne croyait pas devoir se méfier.

Beaucoup mieux qu'Orwell, Shakespeare montre que l'oppression s'accroît du faux savoir livresque, autrement dit de la "culture", n'interdisant pas la lecture, mais rendant au contraire obligatoires les ouvrages les plus vains -tout ce qui relève de la psychologie-, passion qui trahit l'onanisme des intellectuels ; la grande majorité des lectrices ne fait que boire comme du petit lait le foutre de curés ou d'enfants de choeur, croyant ainsi se fertiliser la cervelle. Les imbéciles, chez Shakespeare, sont presque toujours des ecclésiastiques (Polonius, Thomas More, Erasme), sachant la contribution majeure de l'intelligentsia catholique aux divertissements psychologiques. La foi et la raison totalitaires sont inscrites pour Shakespeare dans le plan des hommes depuis le jour où un homme, Jésus, est parvenu à échapper à la condition humaine, privant le clergé et la culture de toute fonction, et même la fonction de sa fonction. 

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