La philosophie démantelée par Karl Marx, avant que le culte de l'Etat et des institutions publiques ne soit reconstitué par les soviétiques, est celle destinée à servir de base au nouveau catéchisme républicain. Le millénarisme national-socialiste de Hegel est principalement visé, à cause du subterfuge particulier qu'il contient, à savoir le postulat ou l'hypothèse du progrès juridique. Marx est un penseur réaliste, non loin d'Honoré de Balzac : il ne croit pas que les sociétés s'agglutinent ou s'organisent selon une vision réaliste, mais au contraire sur le mode hypothétique ou religieux, onirique. C'est ce qui explique, à cause de Balzac sans doute, que Marx s'attendait à trouver plus de répondant à sa critique en France, où il fut un temps exilé : en raison de l'esprit concret des Français, moins prompt à se laisser endoctriner par les vieux rêves païens à la sauce catholique romaine ou républicaine.
- Pour ce qui est du rapport de l'argent, lien social majeur, et du rêve, en effet la France ne manque pas d'arguments philosophiques. C'est pratiquement un "tableau clinique", comme on dit aujourd'hui, de la folie de l'avare et des avaricieux, que Molière dresse dans sa pièce. De sorte que l'encouragement des artistes à la folie, par de piètres philosophes allemands, est en pure perte : le désir d'enrichissement ou de reconnaissance de l'artiste est déjà une marque de folie suicidaire ; le signe qu'il méconnaît le sens de l'art, non loin du sens de l'histoire. Ce n'est pas le destin d'un artiste d'enfourcher une monture - la société - qui tôt ou tard le désarçonnera et le piétinera. Marx est tout sauf moderne, car l'histoire n'a pas le sens que la société rêverait qu'elle ait.