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Jésus contre Socrate

La référence à Socrate ou Platon est un des éléments de la subversion païenne à l'intérieur du christianisme. Détournant le christianisme à leur profit, les élites occidentales, notamment au moyen-âge, ont théorisé à l'aide de clercs renégats la convergence du christianisme et de la philosophie de Platon.

Si cet office est le plus sinistre du point de vue chrétien, déclenchant la colère du Christ Jésus contre les pharisiens et la synagogue, c'est parce qu'il revient à abolir progressivement la notion juive essentielle du péché originel. Un blogueur catholique romain, Yves Daoudal, impute cette négation du péché originel au "socialisme" : le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il fait preuve de très courte vue ; dans la mesure où les évangiles ne permettent de fonder aucune doctrine sociale - aucun parti, aucune magistrature, aucune nation ne peut revendiquer la caution de la parole divine -, dans cette mesure ce blogueur catholique romain a raison : le socialisme ne peut s'enorgueillir du point de vue chrétien que de la bêtise d'Adam et Eve. Mais ce blogueur est totalement aveugle en ce qui concerne une dimension historique essentielle : la doctrine catholique romaine est la matrice de toutes les doctrines sociales modernes, y compris dans leur formulation laïque ou athée.

Qu'est-ce qu'un athée qui se prosterne devant les "droits de l'homme" et la démocratie, si ce n'est un imbécile, ignorant qu'il n'y a là que le produit dérivé des valeurs dites "judéo-chrétiennes" occidentales ; c'est-à-dire que le mouvement d'abstraction éthique ou esthétique moderne n'aurait pu avoir lieu sans le préalable de la doctrine catholique romaine.

J'ai coutume de le dire, et je le répète, que le totalitarisme est une formule de la tyrannie, adaptée au fait nouveau de la révélation chrétienne. Cette dernière permet aux hommes de bonne volonté de s'affranchir de leur condition naturelle d'esclave, d'une manière plus radicale encore que le judaïsme. Pour les élites politiques et morales, dès lors, le christianisme se présente comme un obstacle insurmontable afin de bâtir un monde reflétant l'architecture du système solaire (résumée par le nombre 666).

Pour prendre l'exemple le plus contemporain : l'objectif de la paix mondiale, fondée sur des valeurs (judéo-chrétiennes) modernes, cet argument qui sert d'étendard aux puissances occidentales, s'accompagne du mensonge, au sein de ces nations, selon lequel ces valeurs éthiques les plus abstraites, et à vrai dire recevable d'un seul point de vue animiste, résultent de l'accomplissement des valeurs anthropologiques judéo-chrétiennes ou de "l'esprit des Lumières". Cela même alors que le christianisme est le moins susceptible de fonder un jugement de valeur quelconque, et que le christianisme est la moins anthropologique des religions, puisqu'elle fournit d'emblée une réponse mythologique aux questionnements psycho-sociaux : le péché originel. A la vertu platonicienne, qui a valeur d'absolu sur le plan social, le christianisme n'accorde qu'une importance relative.

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La question des philosophies, des arts ou des sciences "pré-chrétiens" est une question critique. En principe, la philosophie antique est démoniaque du point de vue chrétien, c'est-à-dire qu'elle véhicule une philosophie naturelle où la mort prend place. Tandis qu'il n'y a pas de bonne mort ou de mort honorable du point de vue chrétien.

Il reste que quelques philosophes ou poètes antiques ont conçu qu'il n'était pas impossible pour l'homme de surmonter sa condition d'être mortel et sa bêtise naturelle ou héréditaire, à force de sagesse, contrairement aux autres espèces.

Sans indiquer malheureusement une direction, le poète Baudelaire est un des derniers poètes occidentaux à avoir exprimé la raison profonde qui empêche les chrétiens d'adhérer à l'hypothèse de l'évolution, ainsi : "Il y a dans tout homme, à toute heure, deux postulations simultanées, l'une vers Dieu, l'autre vers Satan."

Il faut préciser que la postulation vers le bien moral représente la postulation vers Satan. Satan est le bienfaiteur de l'humanité, ou se pose comme tel. Il guide naturellement l'homme d'élite, ou celui qui, issu de la plèbe, est animé par la volonté de s'élever. On voit de la première ligne à la dernière des évangiles, le Christ Jésus manifester son désintérêt absolu pour tout ce qui est éthique ou ne l'est pas du point de vue social. C'est toujours vis-à-vis de Satan qu'un criminel de droit commun s'endette en perpétrant son crime, tandis qu'il n'y a du point de vue chrétien d'attentat véritable que contre la vérité. Autrement dit, l'amour chrétien se présente comme une transgression sociale et une menace pour les élites.


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