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Evolutionisme et humanisme

Jean d'Ormesson, critique littéraire au "Figaro", suggérait il y a quelques années que la théorie transformiste darwinienne était en cause dans l'athéisme de la société occidentale moderne.

C'est inexact. C'est oublier d'abord que le christianisme n'a jamais été et ne sera jamais une religion commune, un culte providentiel, mais que c'est une religion qui compte peu d'élus, tant la puissance du Séducteur est grande.

C'est oublier ensuite que la thèse du "génie du christianisme" de Chateaubriand est parfaitement satanique, qui fait la théorie d'un christianisme culturel ou mondain. Mahomet fonde une culture, parce qu'il fonde une morale ; le christianisme prévient, lui, au contraire, contre la bête de la terre, et le christianisme oedipien ou pédérastique de Chateaubriand est une religion personnelle, anthropologique et non universelle. Chateaubriand s'émeut sur sa propre enfance, un certain nombre de fêtes païennes "christianisées", et il appelle ce sentiment qui lui réchauffe le coeur "christianisme".

Il faut prendre l'hypothèse transformiste darwinienne comme une philosophie naturelle moderne. On peut tirer ce constat en observant que les tenants de l'hypothèse évolutionniste postulent simultanément l'hypothèse du progrès social. Il est au moins une chose qui n'a pas évolué depuis l'Egypte antique, c'est la méthode qui consiste à légitimer le pouvoir politique et moral à l'aide de principes scientifiques plus ou moins solides. La théorie transformiste est donc un des éléments qui permettent à l'Occident moderne de prétendre non seulement à une puissance de feu supérieure, mais à la supériorité sur le plan éthique, dans la mesure où le culte du progrès social est devenu la religion commune de l'Occident.

Donc l'hypothèse de Darwin n'est pas spécifiquement athée, puisque le culte du progrès social a été introduit par le clergé chrétien, véhiculé par une culture chrétienne dans laquelle Charles Darwin a baigné. On fait parfois valoir les sentiments athées de Darwin, contrairement à ceux de son épouse, mais cette culture bourgeoise chrétienne est particulièrement propice au volte-face. Le curé athée Sartre fut ainsi athée tout au long de son existence, avant de manifester une sorte de fidéisme, quelque temps avant sa mort.

C'est bien la culture chrétienne occidentale qui fait de l'homme un être suprême, une conscience supérieure ; la meilleure preuve en est que la philosophie et la science physique antiques sont incompatibles avec la thèse transformiste, parce qu'au regard du cosmos, l'homme n'est rien ou presque pour un savant de l'antiquité, et l'énigme de l'origine et de la fin de l'humanité, bien plus que dans une détermination instinctive, est à rechercher dans les étoiles. La science naturelle antique fait le constat expérimental de la médiocrité humaine, au contraire de la science biologique moderne qui postule sa supériorité.

La raison que les chrétiens ont de s'opposer au darwinisme est que cette science mathématique (c'est-à-dire hypothétique, laissant place au hasard), est le fruit de la "culture chrétienne", c'est-à-dire d'une subversion de la parole divine, par et au profit d'élites corrompues.

En tant que philosophie naturelle propice à favoriser la pseudo-science raciale nazie ou la pseudo-science économique libérale, l'évolutionnisme contredit l'humanisme, particulièrement attaché aux sources antiques.

J'ai personnellement beaucoup argumenté contre des évolutionnistes, sous l'influence de cultures différentes. Les artistes sont ainsi naturellement sceptiques à l'égard de l'évolutionnisme, dans la mesure où ils font un effort pour se déterminer individuellement et sont donc hostiles à l'idée de progrès collectif ou social (idéologie beaucoup plus germanique que française). Le milieu démocrate-chrétien est à peu près le seul où l'on professe le darwinisme comme un dogme, et il est à peu près certain que les trois-quart des évêques et cardinaux catholiques romains sont convaincus de la validité des thèses de Darwin, sans jamais avoir lu le moindre ouvrage dessus. Si l'on prend la bêtise démocrate-chrétienne pour point de référence, il est certain que l'antécédent du singe est probable.

Commentaires

  • Les théories scientifiques et philosophiques qui ont rencontré le succès au XIXe siècle doivent davantage leur succès à leur mentalité subversive et antitraditionnelle qu'à leur réelle valeur. Au XIXe, vous pouviez affirmer tout et n'importe quoi, du moment que ce que vous affirmiez était contraire à la Tradition, la gloire vous était assurée. Et cette œuvre du subversion, dans laquelle les Occidentaux ont déployé une énergie formidable, nous a amenés au degré extrême de dégénérescence où nous nous trouvons actuellement.

    Les darwinistes prétendent nous raconter l'histoire des êtres vivants et de l'homme. Mais du point de vue de l'esprit, l'histoire racontée par des scientifiques et des historiens profanes n'a aucune valeur. Et la meilleure chose que puisse faire un homme ou une femme qui désire sincèrement posséder des vérités salvatrices, c'est d'ignorer purement et simplement ces théories profanes. La seule vérité historique fiable et utile se trouve dans les textes sacrés et pas ailleurs. Ainsi que le disait Tchouang Tseu : « La vérité historique elle-même n'est fiable que si elle dérive du principe ». Même si la vérité historique des textes sacrés ne se situe pas sur le même plan que celle recherchée par les profanes.

    Eh oui, c'est étonnant de voir des Chrétiens, y compris parmi les plus religieux, accorder la moindre importance à toutes ces sciences profanes et vulgaires. C'est vrai pour la science, mais aussi pour la philosophie et la politique. Qui, parmi les Chrétiens d'aujourd'hui, serait prêt à remettre en cause la laïcité ? Alors que la laïcité est une aberration du point de vue de la Science traditionnelle.

    Le christianisme n'est pas responsable de ces idées progressistes et évolutionnistes : au contraire, le christianisme présente toujours l'homme comme un misérable pécheur qui doit implorer le pardon pour être sauvé. Et le chrétien sait bien que l'humanité actuelle est à un degré inférieur à l'humanité primordiale, celle d'avant le péché originel.

  • La thèse sataniste de Nitche est plus cohérente que la vôtre ; d'abord parce que Nitche s'incline devant le même principe que vous, mais sachant que ce principe n'est pas chrétien, que l'évangile est le moins conservateur des messages religieux, qui dévalue même la famille.

    - Vous faites le constat d'une décadence (Nitche parle de "culture de mort" pour désigner la culture moderne), mais vous vous limitez à ce constat, somme toute assez évident dans de nombreux domaines, notamment dans le domaine artistique où le gadget rhétorique domine.

    - L'apocalypse chrétienne, qu'il est de tradition dans le clergé catholique romain d'occulter, illustre une histoire de l'humanité, jusqu'à la fin désirable des temps, reflètant l'affrontement de forces cosmiques supérieures, de même que le clergé et les pouvoirs publics, du temps du christ Jésus, s'unirent pour l'assassiner, mues par ce que vous appeler "le principe" (je ne dis pas cela pour vous diffamer, mais en raison de votre référence à la très étrange doctrine de Dante Alighieri, ou encore à celle de René Guénon, au moyen-âge et ses ordres religieux platoniciens subversifs, au sinistre assassin Bernard de Clairvaux...)

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