Dans les temps modernes, la notion de "philosophie naturelle" s'est perdue au profit de concepts éthiques plus flous et arbitraires, dans lesquels les hommes vertueux n'ont pas de peine à reconnaître un signe de corruption ou de décadence.
Qu'est-ce donc que la philosophie naturelle ? Pour simplifier, disons que la philosophie naturelle est un cercle. Cette figure majeure de la géométrie, pour ainsi dire "divine", symbolise en effet au mieux la notion de philosophie naturelle, c'est-à-dire de sagesse issue de la Nature. Platon avait fait inscrire au fronton de son académie : "Que nul n'entre s'il n'est géomètre." Il aurait aussi bien pu écrire "666", car le cercle est le nombre géométrique, le nombre d'homme suprême - toutes les autres représentations abstraite de la puissance naturelle en dérivent.
L'anneau ou le cercle est donc le signe satanique par excellence. Il est humainement impossible de sortir du cercle, et jamais aucune institution humaine, politique ou morale, ne parviendra à le briser. Les temps modernes se moquent de Satan, comme le crétin qui a construit une digue élevée croit qu'elle pourra résister à une lame de fond.
Commentaires
« Quand il affermit les cieux, j’étais là, quand il traça un cercle à la surface de l’abîme, quand il condensa les nuées d’en haut, quand se gonflèrent les sources de l’abîme (…) » Salomon, Proverbes (VIII-27,28)
Le cercle est aussi bien le symbole de l’Etre, que la contention tumultueuse que lui inflige le fait d’être justement – à savoir la vie, l’essor irrépressible de créatures toujours plus singulières, enchâssées dans leur essence aussi fatalement qu’elles ploient sous les cieux concentriques... Au dehors du cercle, les ténèbres et la mort ; à l’intérieur, la pesanteur et le péché. Le cercle est son symbole parce que le conflit est l’essence de l’Etre, dont Dieu s’échappe pour son salut ; en tous cas la douleur – la force sans la Grâce. La Grâce apaise l’Etre empli de lui-même, elle lève le conflit du monde et soulage la douleur essentielle de vivre. Egalement rayonnante et cependant imparfaitement diffuse en chacun, elle est l’auréole de la vie parce que le périmètre du monde. « Que la lumière soit ! », dit la parole de vie confiante : et ainsi, pour la vie confiante, la lumière est même – la mort n’est que nuit.
Aussi, plutôt que le cercle, la spirale à mon sens symbolise l’œuvre du Porteur de lumière. Elle n’est pas l’Etre sans fin du cercle – l’éternité. Elle est la tombée éternelle de la nuit, œuvre insondable de l’enfer, happée par le sillage évanescent d’un Verbe devenu pure oreille. – Délivrance imaginaire et stratégie satanique, au plan de la théologie comme de la spiritualité (qu’on devrait toujours opposer), la musique est, comme s’en gausse le Lapin qui jamais n’écouta Mozart et toujours boycotta les Beatles, certainement l’hallucination la plus terrassante, le système onirique le plus gazeux exploité par les prêtres pour énamourer le bon peuple et l’abrutir de mièvreries réconfortantes. En ce sens, la musique est toujours l’éteignoir liturgique du Verbe, le rêve est une lumière postiche. – Et le 6 en est très logiquement le symbole tournoyant, comme un cercle crochu…
Le chapitre VIII des Proverbes que vous citez concerne la sagesse éternelle de Yahweh ; il y est mentionné qu'elle était là bien avant la terre où se meuvent les hommes, et que tous ceux qui haïssent la sagesse aiment la mort - l'homme vraiment sage est immortel.
- L'apocalypse de Jean (chap. XIII) fait appel à l'intelligence et la sagesse pour compter le nombre de la bête, qui est "un nombre d'homme". Je dis qu'il faut comprendre "nombre d'homme", non pas comme un code chiffré désignant une personne, mais comme la géométrie, c'est-à-dire la philosophie naturelle ("homme" est pris ici au sens générique). C'est une cosmologie satanique/païenne qui est indiquée.
- A propos de la figure du cercle : c'est le symbole de la vertu, c'est-à-dire de la connaissance du bien et du mal, connaissance qui n'est pas identifiable à la sagesse éternelle qui rend immortel. Le troisième oeil, figuré par un cercle tracé sur le front dans certaines religions païennes évoque cette connaissance du bien et du mal.
Quant à la spirale, elle est plutôt le signe de la géométrie moderne, c'est-à-dire d'une philosophie et d'un droit naturels altérés au regard du pur satanisme. La spirale est symbole de l'existence humaine tronquée, tandis que le cercle signifie l'éternel retour, l'inaltérabilité de la puissance de Satan.
- Enfin, j'ai une question à vous poser, Guit'z : considérez-vous comme moi la "Divine Comédie" de Dante comme un ouvrage satanique, c'est-à-dire présentant comme "chrétienne" une philosophie et une cosmologie platonicienne satanique ?
L'anecdote sur la célèbre phrase de Platon (qu'au demeurant je trouve absurde, car comme le dit Heidegger, "La science ne pense pas") est probablement fausse, car relayée par une source unique extrêmement tardive.
Platon est, quoi qu'il en soit, incontestablement pythagoricien, ce qui n'est sans doute pas étranger à la rupture d'Aristote avec la doctrine de Platon.
La différence entre le cercle et la spirale c'est la vie. Elle re-spire. Sans cette respiration c'est la mort.
La spirale est un symbole beaucoup plus humain, donc plus macabre que le cercle. Nitche s'appuie sur le cycle, qui indique la conservation de la source d'énergie créatrice.