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Place du chrétien

La mort de l'art est la rançon de la démocratie. Il n'y a que dans les "grandes démocraties modernes", régimes d'oppression sournoise, que l'expression de l'aliénation est justifiée comme l'art, ou encore l'expression du désir sexuel, de la peur, de l'angoisse.

Il n'y a qu'en démocratie que l'on ne se pose pas la question : - si l'aliénation a sa part dans l'art, qu'en est-il du domaine de la science ? Est-ce que nous ne subissons pas les conséquences de l'aliénation de certains prétendus savants ? Pour être juste, certains esprits critiques se sont posé la question, tels que Simone Weil, Georges Bernanos, Hannah Arendt, Georges Orwell, de la fiabilité de la science moderne, mais aucun n'y a répondu comme Hamlet, de façon catégorique, en transperçant Polonius.

La place du chrétien semble introuvable, puisque celui-ci ne se situe ni dans le camp, conservateur, de l'art, ni dans le camp de la démocratie, plus moderne ; ni dans la prison du passé, ni dans celle de l'avenir. Le chrétien voit dans l'art comme dans la démocratie, deux formes de satanisme, non pas opposées mais tributaires l'une de l'autre, opérant ensemble diversion. La première, l'art, plus pure, plus franchement hostile à l'idée de révélation chrétienne, posant le principe des limites de la nature vivante à l'aspiration chrétienne à connaître dieu et l'éternité. Le second antichristianisme, plus sournois, ne serait-ce que parce que portant le plus souvent l'étiquette "judéo-chrétienne", acharné à poser l'équation du temps et de l'éternité, à travers les trois discours de l'art, de la philosophie et de la science modernes.

Le satanisme de l'art s'oppose au judaïsme et au christianisme sous la forme d'une philosophie naturelle. Le satanisme de la démocratie s'oppose au christianisme sous la forme de l'artifice. Artifice de la démocratie, assez facilement discernable et auquel l'esprit français, moins spéculatif, a le don de s'opposer (même Tocqueville n'est pas assez sot pour avoir une foi aveugle dans la démocratie), mais aussi artifice de l'art, de la philosophie et de la science qui justifient la démocratie, tous trois sous l'empire de la notion d'infini, la plus artificielle qui soit.

Pourquoi la démocratie est condamnée à échouer ? Parce qu'elle est une perspective exclusivement humaine, par conséquent essentiellement athée, dépourvue de but anthropologique véritable. L'art vise lui, la jouissance, et la démocratie détruit l'art au profit de concepts religieux athées. Si la démocratie selon Marx est moins absurde, c'est à cause du but scientifique que Marx lui assigne, par-delà le motif strictement anthropologique du bonheur. La démocratie selon Marx n'est pas une fin en soi, mais un moyen d'accéder à la vérité. La démocratie selon Marx n'est pas un état de droit égalitaire - elle diffère en cela du principe démocratique totalitaire. Où le raisonnement démocratique de Marx est juste, c'est sur l'aspect de l'anti-élitisme, précisément le point où il a été trahi par la doctrine sociale léniniste. Marx observe justement, bibliquement, qu'une élite politique, quelles que soient les valeurs éthiques qu'elle défend, conservatrices ou modernes, poursuit nécessairement un but institutionnel et n'a pas intérêt à découvrir la vérité, à une vérité qui, si elle est métaphysique, a le don de dévaluer le plan institutionnel et social. Un homme de loi rationnel, désireux de consolider les lois humaines, est contraint de dire : il n'y a pas de vérité métaphysique, il n'y a que des vérités naturelles. Il est une manière, démocratique et moderne, de faire obstacle à la vérité, c'est de simuler un plan métaphysique dans le droit et les institutions, c'est-à-dire de promulguer des lois artificielles, pleines de promesses qui ne seront jamais tenues, des lois qui prétendent inclure l'amour et la liberté, mais ne visent en réalité qu'à les galvauder. 

 

Commentaires

  • Solide et assez clair synthèse de vos vues sur quelques questions, merci.

  • A mesure que vos schémas synthétiques s'épurent, ils deviennent de plus en plus abstraits, et on dirait un peu une arène de fantôme, votre terrier. J'aimerais vous voir définir ce que vous appelez "Art" un peu largement à mon goût. Nietzsche : "Nous avons l'art, et rien que l'art, pour ne pas mourir de la vérité". Quelle putain de gouffre franc ! L'art, corde raide de survie pour ne pas chuter dans l'inconfort véridique suicidaire ! Effroi de la vérité qui tue ! Très bien. Reste que le sens général de l'art est, usuellement le beau, et que le beau est, pour Platon, la splendeur du Vrai, pour Balzac, le Vrai bien habillé. Qu'il y'ai une part gigantesque de l'art qui soit un jeu d'ombre, un labyrinthe au miroir, un pur jeu de dupe et d'illusion, je veux bien, mais cela ne digère pas pas la tentative ARTISTIQUE par laquelle le vrai se met en forme. La mise en forme des représentations du monde, la mise en forme des impulsions humaines est un très solide axe de révélation et de démystification, que rien de conséquent ne m'interdit de nommer "ART". Querelle de mot sans doute, mais tant que l'on ne se met pas d'accord sur ce que recouvre les mots, nous sommes dans le marécage et dans la brume. Je ne sais pas bien si c'est votre méfiance juive et chrétienne pour les mots en général qui vous interdit d'entrer dans la chair de ces grands mots généraux dont vous usez tant, et d'en définir avec précision les contours et les arrêtes. Balzac est en ce sens un artiste, les grands satiristes de même, Molière (dont l'invention formelle est proprement stupéfiante, comme véhicule d'une démystification hilarante et profonde des travers humains, entre autre), et tout un tas d'autres noms que vous citez abondamment. Croyez-vous qu'il suffit qu'un artiste formule des vérités pour qu'il s'extirpe alors de l'Art ? Et puis quoi encore ? Vous devriez définir ce que vous appelez Art, et comment Molière devient hors de l'Art, malgré l'évidence qu'il soit un artiste. Il vous faudrait "typologiser" les divers aspects de l'Art, qu'on s'entende (moi je crois que je commence vaguement à cerner ce que vous entendez par Art mais je plains le profane en lapinosseries...). L'Art illusionniste ! L'Art du temps ! L'Art Méduse ! L'Art Grand Gardien des rêves du troupeau social ! L'Art-Opium ! Toutes douces saloperies de confort, pas de doute ! Mais quid de l'Art comme artisanat spirituel de dévoilement du monde par la forme ? De grâce, précisez un peu, on ne s'entend plus !

  • La vérité est cause d'inconfort suicidaire pour Nietzsche, uniquement en raison de son décret suivant lequel les prophètes juifs et Jésus-Christ sont des menteurs.

    - Cet esprit réactionnaire a besoin d'une vérité et d'une seule, qui garantisse l'équilibre du monde au profit de sa caste de surhommes sataniques, et cette vérité c'est l'ordre naturel des choses. Au-dessus de la nature vivante, il n'y a rien, selon Nietzsche, qui combat autant le dieu des chrétiens que les abstractions platoniciennes.
    - Mais, comme dit Marx, ce n'est pas parce que la philosophie catholique médiévale est nullissime, qu'elle fabrique un dieu-tissu de spéculations, que dieu n'existe pas.
    - Nietzsche se désintéresse du cosmos, parce que la science du cosmos est de faible rendement en termes de jouissance. Nietzsche veut jouir, un point c'est tout.
    Vous voulez une définition de l'art : "Philosophie naturelle." Donc Shakespeare n'est pas de l'art. Polonius-Copernic enferme la théologie dans la philosophie naturelle, et Hamlet l'en libère.

    (En effet, un chrétien ne peut penser qu'un mot a, a eu ou aura un jour un sens univoque ("Ce qui sort de la bouche de l'homme, c'est ça qui souille l'homme"). L'effort pour faire croire que les mots ont une signification univoque et précise, cet effort est typique des prêtres babyloniens. C'est un effort qui coïncide avec la tentative de donner au monde humain des institutions uniques, centralisées. Même un artiste est capable de voir que ça ne peut pas marcher. Le point commun entre un suppôt de Satan de l'envergure de Nietzsche et un chrétien, c'est le constat que le mensonge moderne est fabriqué, entretenu, diffusé par des rhéteurs (bien plus que par des artistes). C'est ce qui explique qu'il y a une inspiration réactionnaire chez certains critiques du totalitarisme et de la démocratie libérale (Bernanos, H. Arendt).

  • C'est justement bien en vertu de la plurivocité des mots, qu'il vaudrait mieux faire usage de précisions, les cerner chacuns de définitions claires pour dissiper ses ambiguïtés, dans l'hypothèse que vous publiez ici pour que l'on vous lise, en tout cas.

    La philosophie naturelle dont vous parlez, se glisse partout, n'a rien de spécifique à l'Art, elle se glisse dans les juridictions, dans les pseudo-sciences, dans les discours politiques, dans les catéchismes laïques. C'est le biais humain lui même que de prendre son nombril pour un astre, voir directement pour un Dieu. l'Art a bien d'autres critères qui le spécifient, et dont l'usage fut mis au service de la quête de la vérité, de la formulation de vérités, par certains des noms que vous citez vous même, et bien d'autres.

    Qu'une pandémie "d'Art" plébéien, à l'inconscience foncière, et de crétinisme massifié, ou encore d'élitisme mensonger, occupe puissamment le monde et dérègle profondément les intelligences, cela ne fait pas de doute. Reste que ce biais "anthropologique" est partout, pas simplement dans l'activité artistique en propre, et que cet usage du mot "Art", très univoque justement dans vos texte, enterre sans raison bien évidente à mes yeux toute la potentialité démystificatrice, apocalyptique, de dévoilement, que l'on trouve elle en propre dans la technique artistique, c'est à dire par la mise en récit, la mise en forme, la mise au trait, la mise en image (toutes choses elle spécifiques de l'Art, en l’occurrence).

    Votre usage des "grands mots" généraux trahis une confiance en eux paradoxalement plus grande que vous ne le dites, car si vous vous en méfiez tant, vous feriez l'effort de les entourer d'adjectifs, de qualificatifs, qui même dans leur traîtresse imprécision vous permettraient de mieux dissiper la brume qui les entoure souvent faute de précision justement, en les mieux raccorder à des réalités et objets concret, et que l'on s'entendent ainsi mieux, non pas univoquement, mais moins embrumés d’ambiguïtés langagières.

  • "La vérité est cause d'inconfort suicidaire pour Nietzsche, uniquement en raison de son décret suivant lequel les prophètes juifs et Jésus-Christ sont des menteurs."

    "Nietzsche se désintéresse du cosmos, parce que la science du cosmos est de faible rendement en termes de jouissance. Nietzsche veut jouir, un point c'est tout."

    Si la vérité est cause d'inconfort suicidaire pour Nietzsche, c'est en effet qu'à ses yeux les prophètes et le Christ mentent, que leur parole est un fruit pourri, pure transcription compensatoire de leur faiblesse et de la haine de l'instinct qui en naquit, et qui voyage en héritage des prophètes juifs jusqu'au Christ. Nietzsche ne veut pas tant jouir qu'être puissant, et il estime que l'on ne peux pas être puissant en s'appuyant sur les fondements d'une fable morbide et menteuse, qui postule des "arrières mondes" métaphysiques qui lui semblent illusoires. C'est le même procès qu'il fait à la métaphysique platonicienne par ailleurs je crois, d'être menteuse et donc d'affaiblir le plan de l'instinct par des abstractions trop générales, qui éloigne donc du concret et du terrestre, seul plan de la puissance humaine. D'où aussi l'individualisme de Nietzsche qui critique en permanence à la fois l'abstraction et le commun, comme réducteur de la puissance individuelle. La métaphysique bride, déforme, oriente les potentialités de l'instinct humain, notamment par le biais de la morale qu'on lui achoppe ensuite dans les catéchismes, les mœurs, les méthodes sociales, éducative. C'est une part de la critique matérialiste de Nietzsche.

    Vous dites parfois que Nietzsche critique plus l'église ou le protestantisme de son temps que la Bible, je crois. C'est relativement faux, car pour Nietzsche, c'est la Bible même qui est le venin sécrété par la faiblesse juive, et non seulement la démocratie chrétienne. "Les premiers seront les derniers", ce genre de "promesses", la démystification de la chair, le dénie à l'organicité sociale et politique de toute valeur spirituelle, sont dans la Bible, et c'est cela que Nietzsche attaque d'abord, bien avant le Christ-femelle de la démocratie chrétienne.

    Nietzsche soupçonne derrière tout ce qui calomnie l'homme, les instincts, le monde, une haine compensant une faiblesse sur ces même plans. L'hypothèse psychologique se tient, et l'on retrouve en effet ce mécanisme de ressentiment dans la psychologie humaine. Il estime que la Bible est l'archétype d'un tel discours calomniateur. Pour lui donner vraiment tort il faudrait prouver que ces procès critiques formulés dans la bible ont un caractère scientifique, et non pas auto-justificateur ou psychologique, ce que vous vous attelez à faire je crois, avec plus ou moins de bonheur et de clarté à mes yeux.

  • Vous raisonnez en anthropologue, et il n'y a rien d'anthropologique dans le christianisme. La clarté de sens à laquelle vous dites aspirer n'existe pas.
    - Prenez le cas de Nietzsche, que vous citez sans le comprendre : Nitche ne croit pas, lui non plus, que la réalité, principalement cosmique, puisse être contenue dans les mots et le langage humains. Les précautions de langage que vous prétendez indispensable, Nitche s'en entoure peu, persuadé de faire pouvoir entendre ainsi plus puissamment son message satanique - et il a raison. Ce qu'il dit de l'art est mille fois plus clair que la casuistique moderne sur l'art et votre blabla épistémologique.

    Ainsi, quand Nietzsche dit qu'il ne peut pas y avoir d'art chrétien, en raison de l'indifférence des chrétiens à l'égard de la nature et de sa beauté (le chrétien cherche en effet une vérité supérieure, l'amour, qui n'a rien à voir avec la nature et sa beauté), Nietzsche ramène ainsi l'art officiel chrétien, c'est-à-dire 99% de la culture occidentale, au niveau de la propagande, c'est-à-dire d'une religion arbitraire, évolutionniste, condamnée à l'artifice. C'est un énorme pas dans l'assignation à l'art d'un but véritable (conservateur), que de dire quel but l'art ne peut pas poursuivre.
    - Je ne sais pas si vous le faites exprès ou quoi, mais vous donnez systématiquement l'impression d'être le genre de type qui croit qu'on peut approcher la vérité à 0,001 près.

  • "Votre usage des "grands mots" généraux trahis une confiance en eux paradoxalement plus grande que vous ne le dites, car si vous vous en méfiez tant, vous feriez l'effort de les entourer d'adjectifs, de qualificatifs, qui même dans leur traîtresse imprécision vous permettraient de mieux dissiper la brume qui les entoure souvent faute de précision justement, en les mieux raccorder à des réalités et objets concret, et que l'on s'entendent ainsi mieux, non pas univoquement, mais moins embrumés d’ambiguïtés langagières."

    Pour être bien clair, cela aurait un usage purement pratique, les mots sont assez volatile comme ça, n'en rajoutez pas. Quand je parle de dissiper la brume, je ne veux pas dire que cela dégagerait "l'essence pure", la "pure signification" des mots en question ! Mais simplement : un peu de rigueur et de clarté (française !), qu'on se comprenne, encore une fois si vous entendez être lu ! C'est une histoire de terminologie moyenne ! Le sens moyen, usuel, étymologique, historique, du mot Art n'a rien à voir avec le sens que vous employez vous même ! C'est vous qui semblez penser détenir ce dictionnaire univoque, très spécifique par ailleurs, ou le sens vrai des mots serait consigné ! Le lecteur ne vivant pas dans votre tête, faite un effort ! Ce que vous nommez Art n'ayant rien de spécifiquement artistique, au sens historique, étymologique, usuel qu'eu le mot "Art", dites "anthropologique" ! Dites "philosophie naturelle" ! De même, ce que vous refusez de nommer Art (Shakespeare par exemple) ayant beaucoup à voir avec ce que le commun des mortels appelle Art (Par convention naturellement une fois encore, et alors ?! Pourquoi votre convention à vous devrais t-elle supplanter la convention usuelle sans l'élucider ? Vous possédez donc le VRAI sens du mot ? Vous l'avez capturé ce traître glissant dont vous dites vous méfier tant de la plurivocité ? Votre nombril serait t-il le maelstrom du monde ?!). En l’occurrence son théâtre est une MISE EN RÉCIT, parfaitement artistique (très riche expressivement au passage), mythologique, symbolique, allégorique ! Qu'elle confine à l'apocalyptique d'après vous n'enlève rien des moyens qui l'y font confiner, et qui sont ARTISTIQUE ! Merde ! C'est le Terrier de Babel à la fin !

  • En effet, Nietzsche m'a toujours semblé BEAUCOUP plus clair, ordonné, compréhensible, que votre terrier...

    C'est que, contrairement à ce que vous semblez penser, la langue comme outil de communication peut revêtir une certaine transparence, et probablement à cet endroit seulement. Je ne parle pas même de VÉRITÉ ici, je parle de communication claire. Car a qui parlez vous à la fin ?

    Nietzsche, Marx, Weil, Aristote, m'ont toujours semblé infiniment plus clair que vous, car leur usage de la langue ne prétend pas en détenir les clés (contrairement à vous avec vos grands mots déréglés à votre sauce, manifestement), ni ne prétend que la langue perce le secret du réel à chaque coup.

    Vos mots déréglés confine parfois à l'ésotérisme, vu que votre sens des mots s'éloigne très orgueilleusement des significations communes, sans forme de politesse ni de présentation, et qu'en l'absence d'un glossaire, ou d'un doctorat très décidé en Lapinologie, on ne peux l'élucider.

    Le résultat est parfois simplement qu'on l'on ne sait pas ce dont vous parlez. Que votre idée de ce qu'à été l'Art s'éloigne de la convention, et que vous visiez à percer ces grands mots à jours, ne devrais pas vous empêcher, pour le communiquer dans des billets, de formuler cette démystification des conventions avec des mots CONVENTIONNELS, où à minima moins chargés d’ambiguïtés orgueilleuse et quasi-solipsiste. Allez dire à tel artiste, allez dire à Balzac, qui faisait usage de la technique romanesque dans un but strictement contraire à ce que vous décrivez, allez dire à n'importe quelle historien même compétent, que "Art" signifie "Philosophie naturelle", qu'on se marre ! Que vous pensiez que derrière le gros de "l'activité artistique" se trappe la "philosophie naturelle" ne vous empêche pas de l'exprimer clairement, comme tout vos prédécesseur faisaient l'effort d'être compris, et l'étaient. Et là encore, la philosophie naturelle étant partout, et n'étant pas essentiellement ou spécifiquement artistique, cet usage serait relativement idiot à mon goût, par l’ambiguïté qu'il charrie notamment. Tant de détours mal clarifiés loin des usages moyens de la langue fait par ailleurs de votre art à vous (je suis taquin), un art élitiste. Dans votre terrier, on peux ranger son dictionnaires, on peux oublier ce que l'on sait des mots et de leur histoire, nul usage ici. Sans de solides bottes "anti-bourbier-quasi-ésotérique" ni de performante lunettes dissipatrices de "terminologie éloigné des conventions de langage usuelles", ce n'est plus un terrier, c'est un labyrinthe. Ou alors il faut avoir une dévotion pieuse et très consacrée pour vos hypothèses et votre système, et beaucoup de temps devant soi. Lapinos reconnaîtra les siens !

  • Lapinos reconnait les chiens anthropologues mieux que personne mais il ne sait pas les faire taire et d'ailleurs même le Christ n'y parvient pas, alors il les provoque avec un ou deux mots et là ça jappe à qui mieux mieux! un truc de dresseur pour faire taire un chien, j'en ai quatre je connais un peu, c'est d'attendre qu'ils aient fini d'aboyer pour donner l'ordre de se taire car le chien associe l'ordre avec ce qu'il est EN TRAIN DE FAIRE! une fois qu'il a pigé le chien n'aboie plus qu'à bon escient, disons à 0,001 près.
    Trêve de plaisanterie le chien humain qu'il faut faire taire c'est d'abord celui qui est en soi... dont acte.

  • Il fallut Fodio, ce qui vous ressemble assez, et avant que vous ne rétablissiez votre silence d'or chrétien, que vous veniez défendre tout de même votre Lapin, qui n'as pas besoin de ça, comme un bon chien de garde du temple, prompt et bien discipliné.

    J'admet cela dit volontiers que ma tartine était indigeste, flirtant avec le pinaillage de fils ingrat, et que vous avez eu vous la belle élégance de glapir courtement, mais vos réflexe m'intriguent toujours, au moindre frémissement dans le terrier, vous rappliquez en renfort ! Je ne sais pas bien quel serment mystérieux de garde du corps inquiet vous lie à ce Lapin, mais c'est beau à voir !

    Sur le fond j'aurais du faire plus court, et vais m'y risquer : j'ai essayé de présenter le terrier à toute une série de personnes, intéressées par les sujets ici discutés, compétent en ces matières (d'une compétence qui dépasse bien la mienne à vue d’œil), avides lecteurs de nombres d'écrivains ici discutés, et les interprétant dans des sens voisins du Lapin, parfois contradictoire. Leur réaction a toujours été peu ou prou la même : on ne vois pas bien parfois ou les tunnels de ce terrier mènent. Toute une série d’ambiguïtés de formulation ralentisse la progression, et j'ai parfois essayé de les dissiper auprès d'eux, et dans le mesure de ce que je déchiffre moi même de cette prose parfois peu claire. Je ne sais pas bien pour qui le Lapin écrit, lui parait t-il si opposé à l'élitisme. S'il écrit pour les trois égarés tenaces dans mon genre, et quelques petits disciples manifestement amoureux dans votre genre, très bien, qu'il persiste dans cette demi-brume (qui recèle des intuitions et des pensées profondes d'après moi, ce n'est pas là la question). S'il écrit pour lui, qu'il le garde pour lui. S'il entend toucher un lectorat moins décidé d'avance (malgré sa grandeur d'évidence solaire, n'est-ce pas ?), il devrait faire des efforts, c'est tout ce que je voulais dire. Ce qui se pense clairement s’énonce clairement. Un peu de structure nous éloignerais avec profit du registre hiéroglyphique. Lapinos aurait t-il tant l'orgueil de sa forme, qu'une demande de précision dans les termes résonne dans ce terrier comme une offense réclamant l'intervention du gardien du Temple, ou qu'on l'accuse d'être l'expression d'une piété délirante pour la linguistique enculeuse de mouche ?

  • Ces énièmes précisions resterons probablement lettre morte. Le chien anthropologique aboie, la caravane apocalyptique passe.

  • Tout ce qui est écrit est déjà mort Robot je sors pas de là; c'est le monde qui passe l'Apocalypse est toujours là!

  • Plus court : ta gueule.

  • Nous parlons bien sûr de la part de l'activité humaine qui ne répond pas à un besoin essentiel, et que l'homme appelle tantôt art, tantôt science.
    - Le point de vue satanique de Nietzsche est que l'art est supérieur à la science. Le point de vue juif ou chrétien est opposé.
    - Dans la "philosophie naturelle", art et science se rejoignent, ne font qu'un. La technique est un exemple de philosophie naturelle, qui peut aussi bien être dite "art" que "science". La technique dissimule l'antagonisme entre art et science. La technique, fondement de l'esprit moderne, est critiquable du double point de vue de Nietzsche et du christianisme. Du point de vue de Nietzsche parce qu'elle correspond à une idée de l'art altérée, une poésie médiocre - du point de vue chrétien parce qu'elle correspond à une idée de la science altérée ; la technique est une "science sans conscience", parce qu'elle est un moyen dépourvu de but.

  • Ruse satanique la technique dont le but est de rassurer au physique comme au moral, confort sécurité et...élégance et là on voit bien que l'art y est mêlé au moins sur le plan esthétique. La technique a donc tout pour séduire les femmes et les enfants (et donc les pédérastes, aussi proches du robot (de la machine) qu'on peut l'être).
    Tu dis l'aliénation des scientifiques modernes, disons aussi sénilité, retour en enfance ; et possession aussi mais c'est tout du kif.
    Je trouve ta note et tes commentaires extrêmement clairs et édifiants et la réaction de not' Robot, disons logique et naturelle. Ma Pénélope réagit exactement pareil.
    Je dis pas ça par provoc, Captain, mais les pièges sentimentaux que vous me posez, que je serais un amoureux défendeur de Lapinos, du temple etc., c'est quand même un peu gros, même P. est passée à autre chose.

  • Ha oui j'aime bien aussi "la place introuvable du chrétien", j'entends tout de suite après "sur la terre" ou "dans ce monde" mais ça va peut-être sans dire.

  • A Fodio :

    "Je trouve ta note et tes commentaires extrêmement clairs et édifiants". C'est le "extrêmement" qui trahis votre dévotion, Fodio. "Change rien, on t'aime Lapinos, n'écoute pas les critiques, ils ne comprennent pas ton génie, ta confiture édifiante pour mauvais cochons sourds-aveugles".

    Que votre P. soit passée à autre chose la regarde, l'inconstance féminine l'explique probablement, ou l'indulgence amoureuse, je ne sais pas bien. Il n'y a que les imbéciles et les femmes qui changent d'avis quant il n'y a aucune raison d'en changer.

    Reste que vous ne semblez pas pouvoir vous empêcher de rappliquer au moindre frémissement dans le terrier, tel un preux chevalier, pour formuler, avec constance, à quel point le Lapin a toujours "extrêmement" tout dit, et a quel point toute critique, même sur la forme, est toujours le fait de chiens de Satan. Quelque part entre le samouraï et le courtisan. Pourquoi formuler ainsi à chaque "critique" a quel point vous buvez la prose du Lapin comme du petit lait ? La citadelle extrêmement claire vous semble t-elle assiégée ? Il est envisageable que dans un tel nid d'amour chrétien, la venue bavarde d'un maigre robot s'apparente à un siège, mais tout de même...

    A Lapinos :


    Merci pour cette redéfinition un peu plus claire à mon goût. Je crois avoir à peu près compris votre grille générale depuis un moment, à travers la brume de certaine formulation trop abstraites ou ambiguës à mon goût, c'est tout ce que je voulais dire plus tôt.

    La littérature qui se donne pour objet le dévoilement du vrai, n'a elle aussi rien d'un besoin nécessaire, au sens strict. Où classez vous alors ces tentatives ? Dans l'art quand elles sont aveugles, et dans la science quand elles voient ? Je trouve cela boiteux.

    Je reste sur des fondamentaux anciens que l'Art est la discipline qui s'applique au Beau, et que le Beau est le "vrai bien habillé", ou "la splendeur du vrai", et alors cette littérature "apocalyptique" est artistique. L'objet de l'Art, ce qu'il y'a de spécifique, est le soucis esthétique.

    Il y'a un Art "apocalyptique", discipline qui s'attache à dévoiler et à démystifier le monde, par des moyens esthétiques, littéraires, picturaux (j'omet musicaux à dessein la musique ne parlant qu'au corps et son objet étant dénué de toute substance spirituelle), tentative aiguillé par le soucis du vrai.

    Il y'a un Art "non-apocalyptique", aiguillé par divers soucis, d'ivresse, d'exaltation, de récréation, de plaisir des sens, de repos de l'intelligence, et qui stimule toutes ces choses, là encore par des moyens esthétiques. Cet art "non-apocalyptique" et dans son usage moyen, massif, un art satanique, inféodé au temps, inféodé au corps, inféodé au principe d'addiction.

    (Par un pont précis, il peut favoriser des "dispositions d'esprits" favorables. Aristote, à propos de la musique, se pose la question de savoir si, la musique étant un "repos de l'intelligence", elle ne concours pas, par ce biais, à affiner du même coup l'intelligence. Dérégler le corps, par la fréquentation de formes multiples, opposées, le faire dérayer de ses atavisme, de sa température sociale moyenne, désentrave aussi l'intelligence, et peux alimenter une quête de juste vue du monde et des choses. Dans la plupart des cas, c'est naturellement un filet pour capturer les enfants, et les gaver de sensibilité musicale aveugle, les disposer mieux à la possession sociale et au somnambulisme mobilisé. D'où qu'on peux parler d'un élitisme ici, passer entre les mailles d'un tel filet étant chose ardue dans un temps de saturation irrespirable des ondes médusantes.)

    "Un homme de loi rationnel, désireux de consolider les lois humaines, est contraint de dire : il n'y a pas de vérité métaphysique, il n'y a que des vérités naturelles."

    C'est, sur le plan pratique, vérifié dans les tendances actuelles du juridisme. C'est en effet le biais du juridisme contemporain, libéral, de ne reconnaitre (au niveau de l'esprit des lois, et pas forcément de la personne de "l'homme de loi"d'ailleurs) aucune métaphysique et d'appeler cela "neutralité axiologique", ou "neutralité morale" (au passage, neutralité mon cul, d'autres dieux plus informels prennent la relève dans ces constructions légale là, qui sont truffés de tabous et totems).

    Mais théoriquement rien ne contraint nécessairement à une telle négation de la métaphysique chez l'homme de loi. En régime laïque, il est tout à fait possible de postuler qu'il y a une vérité métaphysique, en même temps que l'on postule que ce sont aux lois humaine que les citoyens doivent se soumettre, dans la société, par convention, et en assignant à la fonction juridique un but de paix civil que l'on estime pas du tout (ou pas assez) rempli par la ou les vérités métaphysique en question. La chose publique et les rapports entre les hommes sur terre, séparée de l'intime conviction et du salut personnel.

    Cette tendance du juridisme est bien décrite par Michéa par exemple, l'aspect de "neutralité axiologique" en particulier, qui in fine condamne d'ailleurs le libéralisme à la paralysie et à l'impuissance politique. La politique libérale a ceci de particulier qu'elle se condamne elle même à l'impolitique, qu'elle sécrète une sorte d'anarchie molle qui déstructurent ses organes sociaux, ruine son ordre symbolique, sape sa cohésion et la vertu de ses citoyens.

    Rendre à "César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est Dieu" est la prétention mal assumée (et ridiculement mal accomplie) des régimes laïques, conception qui se développe notamment dans l'opposition convictions privés / usages publics. Naturellement ce biais de sécularisation, sensé affaiblir les tendances politiques théocratiques (et dont l'émergence fut pensée dans la foulée des guerres de religions et pour s'en prémunir) est toujours mal goupillé, et fini toujours par sacraliser, voir diviniser les lois de César, mais il n'est pas strictement nécessaire de nier l'existence d'une vérité métaphysique pour faire dominer le droit naturel sur les écrits prophétiques ou métaphysique.

    Dans le cas de la métaphysique chrétienne, cela tombe sous le sens, d'après vous même d'ailleurs, la métaphysique biblique ne se situant pas sur le plans moral ni juridique, et n'ayant pas les mêmes objets ni finalités (vérité / morale, ou salut / paix sociale), il est donc naturel que les hommes de loi puise ailleurs pour fonder leurs systèmes juridiques, et en soi, cela ne contraint pas à postuler que la vérité métaphysique n'existe pas.

    Si vous voulez dire que le principe juridique étant condamnée par votre lecture de la bible, alors s'y appliquer condamne à nier la Parole, je l'entend. Il y'a toute une série d'autres métaphysiques, ou d'autres interprétations de la métaphysique chrétienne d'ailleurs, qui peuvent s'accorder avec le biais moral ou juridique, ou à minima l’admettre sur le plan des affaires humaines.

    L'islam notamment diffère beaucoup sur ce point, car Allah, d'après les interprétation les plus usuelles en tout cas, intime un code moral et juridique a ses fidèles. D'autres théologies autorisent aux hommes de participer aux affaires humaines sans que cela ne soit incompatible avec leurs vues de la métaphysique. Dans l'attente de la fin des temps, réguler les affaires humaines. (tentative pétrie d'iniquités, hypocrite, foireuse, mais qui ne nécessite pas de postuler l'inexistence de cette fin des temps, ni de la métaphysique.)

    C'est plus probablement les aspects eschatologiques de certaines métaphysiques qui peuvent discréditer le réflexe juridique ou moral, le rendant surtout vain, ("pourquoi sauver les meubles si la terre va passer ?") bien plus que strictement opposé.

  • Si c'est plus clair à votre goût, alors tant mieux.

    - L'ordre juridique n'implique pas nécessairement de nier la métaphysique... en théorie. Mais en pratique et dans la réalité, l'ordre juridique vise à étouffer la métaphysique, particulièrement dans les temps modernes. De la façon suivante : en substituant à la métaphysique une "pataphysique", telle que la démocratie.
    Il ne vous a pas échappé que, dans les temps modernes, ont été baptisés chrétiens, ou juif dernièrement, des nations et des états qui NE PEUVENT PAS l'être. Comme je l'ai souvent écrit et répété sur ce blog, de la façon la plus claire, rien ne semble obliger juridiquement et pratiquement le président des Etats-Unis à prêter serment sur la Bible, et la profaner ainsi. Si cela n'a aucun sens, ni pratique, ni métaphysique, alors pourquoi le fait-il. Pourquoi la monarchie anglaise, d'ordre satanique et relevant du droit naturel, dérobe au christianisme ses symboles ? La réponse, ce n'est pas : la déraison, ainsi que le soutient Nietzsche. La réponse est dans saint Paul ou Shakespeare, et c'est : l'antéchrist opère ainsi une manoeuvre de diversion et de division en opposant un "Etat juif" au judaïsme de Moïse.

  • En plus du sens eschatologique que vous indiquez ici, et qui m'intéresse, j'y vois aussi un sens pratique. Toute société cohérente, qui vise à la fois la puissance (ou l'hégémonie) et la cohésion sociale (stabilité nécessaire à la puissance), s'appuie sur une religiosité qui éloigne l'homme de l'anarchie, qui le mobilise et le rappelle à l'ordre s'il est trop tenté par l'idée d'être libre, c'est à dire de voir clair. Brouiller les yeux des moutons par l'opiomanie symbolique.

    Par principe de continuité historique simple (liées aux origines et à la démographie américaine originelle), un président américain se doit d'honorer, d'exalter, cette communauté de communion, ses oripeaux et symboles chrétien. Cette communion est toujours d'avance relative, d'où que les Etats-Unis, léviathan gigantesque, requiert une rhétorique aussi massive, aussi grossièrement mensongère, à-la-sauce "plus petit dénominateur commun", en l’occurrence la foi des pères, qui résonne déjà dans pas mal de cœurs américains, et encore mieux avec la mécanique hollywoodienne.

    Cette communion est toujours menacée, notamment à cause de toute une série de minorités à la fois religieuses, politiques, à cause de tout les individus ou les groupes de conviction ou de "sensibilité antipolitique", tout les réfractaires et esprits libres, et ce en Amérique comme ailleurs. Ajoutons que le libéralisme américain ayant un effet d'acide sur les structures communautaires et familiale en général, favorisant un individualisme de masse explosif, une anomie sociale galopante, il faut bien un liant pour resserrer le maillage social.

    C'est la religion comme opium symbolique, pour cimenter la religion civile. Le rite a beau être de basses-eaux, frôler le parodique en maints endroits, mentir comme un arracheur de dent grotesque, sa fonction d'unificateur social persiste, en filigrane insistant, en corde sensible de l'harmonie sociale.

    Les grand-messes dont les américains raffolent sont imbibés d'une telle religiosité, qui oscille entre dionysiaque frelaté rock'n'roll pour foules en délire et pathos chrétien frelaté. Faire vibrer autant de cordes religieuses que possible, voilà une raison pratique qui tient la route.

  • Votre argumentaire est le plus antinitchéen possible, puisque Nietzsche s'attache à démontrer que le "droit chrétien" est parfaitement subversif de la notion de droit.
    - C'est vrai également du point de vue chrétien : le droit chrétien est pure fornication, c'est-à-dire péché contre l'esprit.
    - Du reste, seul un esprit spécieux peut distinguer la démocratie chrétienne en Amérique du capitalisme sur laquelle l'idéologie démocrate-chrétienne repose. Et pour ma part je crois comme Marx dans la mécanique autodestructrice du capitalisme, autrement dit que le capitalisme n'est pas "pratique". La démocratie-chrétienne et le capitalisme sont indissociables politiquement.

  • Je ne sais pas si ma grille est nécessairement anti-nietzschéen, pas même l'aspect que vous soulevez ici. Le droit chrétien, son "égalitarisme" notamment dont Nietzsche critique ce en quoi il affaiblit le droit, sont en effet des subversions du droit. Nietzsche n'a pas par ailleurs vu l'avènement des tendances américaines dont nous sommes les contemporains.

    L'Amérique, nation d'avocats chrétien, c'est à dire de loup déguisés en agneaux, n'en conserve pas moins un droit très puissant même si probablement imprégné d'égalitarisme, et ce droit admettons subverti n'affaiblit pas par ailleurs sa puissance en tant qu'empire, puissance militaire, puissance de sidération et de fascination, puissance symbolique. Naturellement, l’Amérique est un empire de papier, de fausse monnaie, "virtuel", autant que militaire, qui a de ce fait une grande fragilité qui l'engloutira vite, et qui sera peut être lié à cette subversion du droit par le droit chrétien. C'est en cela une sous-civilisation, a laquelle il manque les fondements "solides", les fondements du moins qu'un réactionnaire de la trempe de Nietzsche pourrait considérer comme solides, et notamment peut être, un droit "solide", plus élitiste et aristocratique.


    C'est parce que je considère aussi l'aspect auto-destructeur du capitalisme, de la forme libérale qu'il a pris, et de la galvanisation typiquement américaine de cette même forme libérale, que j'analyse cet usage de la rhétorique chrétienne notamment en ce sens : rustine symbolique, tentative de continuité pour colmater les brèches de la dislocation, tentative (très banale en politique) de créer du sacré, c'est à dire du commun, c'est à dire de la religion civile.

    Déduisez-vous du fait que le capitalisme n'est pas d'après vous "pratique", qu'un politicien aux dents longues en régime capitaliste ne peux pas avoir le bon sens de vouloir incarner une continuité symbolique avec la "foi des pères", et de faire sonner la corde "chrétienne" sensible, par pur opportunisme par exemple ?

    Pensez vous qu'avec même une once de sens commun, il n'est pas évident que l'on ne sera pas élu président aux états-unis en se présentant en turban, ni qu'on ne gouvernera en exaltant des chants bouddhistes dans les meetings ?

    Y compris dans un système capitaliste autodestructeur, les dents-longues restent stratèges, aussi ineptes et possédés soient ces élites. Les motifs eschatologique que vous indiquez sont probablement plus profonds et réclament d'être élucidés, mais l'hypothèse politicienne et stratégique est cohérente et réaliste elle aussi.

  • Tentative de résumer de façon saillante en une image :

    Bien sûr qu'à terme il n'y aura plus de pain, que tout se cassera la gueule sous les contradictions du système industriel capitaliste, qui se rêve illimité, et bien sûr qu'on verra à terme à travers la peau d'un empire exsangue, que les os sont de papier.

    En attendant, dans la logique du court terme, assez typiquement américaine d'ailleurs, il n'est pas totalement illogique de jouer aux charmeur de serpent, sur des airs chrétiens tant qu'à faire, pour pas trancher, pour que les moutons continuent à bosser pour l'Oncle Sam sans trop rechigner. Certains politiciens aveugles ne voit même pas que le mur se rapproche, et ils jouent même la musique sans arrière pensée, juste parce que la musique leur semble adoucir les mœurs sociales, et qu'ils en aiment eux même la mélodie.

    "Goddddd Blessssss Americaaaaa !". C'est un fort beau rêve n'est-ce pas, qui vaut bien qu'on y attache ses espoirs et son cœur patriotique. "Hahahaha" (signé Geronimo et quelques million de cadavre à travers le monde.)

  • L'espoir et le rêve rendent aussi con que la propagande, et il y'a des millions de ces rêveurs qui bandent pour la Statue de la Liberté d'un cœur sincère, qui la croient très pure et immaculée.

    La bêtise, c'est de la paresse, presque pas besoin d'un cadre eschatologique sur ce point, la banalité du mal chez les "citoyens" suffit amplement (ça va pas vous plaire ça, banalité du mal). Ajoutons que cette banalité est entretenue à dessein ou non, par l'abêtissement de masse américain, véritable usine à moutons aveugles.

    Je veux bien croire que ce cadre eschatologique existe par ailleurs, qu'il complète cette banalité anthropologique de la religion civile américaine, mais ça n'enlève rien des raisons pratiques de l'usage de la rhétorique chrétienne, qui tiens d'ailleurs du gri-gri grotesque, ici comme en d'autres temps.

    La raison pratique est évidente, on gouverne sur des mythes fondateurs et sur des continuités symboliques, point barre, même si l'on est conscient que l'on va dans le mur, et qu'on y va en laissant de gigantesques traînés de sang, parfois même peut être chez certain politicien dans l'espoir sincère de renverser cette tendance qui nous mène droit dans le mur, et là encore, on va s'appuyer sur le sacré local, sur la religion civile qui nous précède, par soucis de cohésion sociale, aussi hypocrite que cela soit.

    On gouverne sur un tel sacré encore plus naturellement si l'on est pas conscient que l'on va dans le mur, vu qu'il est l'air naturel de la politique, son bouillon de culture le plus naturellement favorable.

    "Pourquoi les Etats-Unis se présentent comme chrétiens" revient à se demander pourquoi les états-unis ne sont pas une nation d'anarchistes, ou encore pourquoi la politique fonctionne aux états-unis comme elle a toujours et partout fonctionné : par l'hypocrisie politique infernale et pavée de bonne intentions, et par le baratin fédérateur. Ce Christ menteur est hyper-fédérateur, voilà tout.

    La force fédératrice en question a peut être à voir avec l'Evangile lui même, dont le nom même évoque une "bonne nouvelle" universelle qui résonne fortement en l'homme, et qu'il est alors profitable de détourner ou de parodier, si l'on veut fédérer sur le plan politique. Peut être aussi pour mieux digérer sa dangerosité ? Sont-ce là les contours de l'antéchrist ? Possible. Le pratique et la real-politique rejoignent ici l'eschatologique eu quelque sorte.

  • - Nietzsche, cet anti-Tocqueville, a produit une analyse de la culture de mort hégélienne, ce qui constitue bien plus qu'une simple anticipation des dégâts causés par la culture de masse démocrate-chrétienne.
    - Sur la question : "à quoi bon la rhétorique démocrate-chrétienne ?" quand la culture d'une nation donne toutes les apparences du mercantilisme ? D'abord disons que le phénomène "judéo-chrétien" n'est pas seulement américain ; il est aussi le fait des papes catholiques qui apportent leur caution aux valeurs totalitaires américaines et des plus hautes instances technocratiques qui siègent à Bruxelles. Le truc de l'éthique judéo-chrétienne est un phénomène mondial. Ensuite je vous fais la remarque que, des trois alternatives totalitaires au XXe siècle que sont le nazisme, le communisme et la démocratie-chrétienne, la plus faible est le nazisme, la seule qui prône explicitement et symboliquement comme Nietzsche le retour au paganisme. Le nazisme s'est effondré en moins de dix ans. Le néo-paganisme demeure extrêmement vivace, sous des formes plus ou moins crédibles, mais il s'avère incapable de revêtir une forme juridique ou politique. Quant au communisme, il peut très largement être assimilé à un "catholicisme ouvrier", comme Lénine l'a fait (pour le regretter).
    Une telle domination de l'éthique judéo-chrétienne et de la culture de mort est assez inexplicable au premier abord.

  • A titre d'hypothèse :

    L'influence et l'omniprésence d'une telle éthique judéo-chrétienne et en particulier l’effondrement rapide du nazisme tiens peut être simplement au fait qu'historiquement, des puissances politiques gigantesques (Rome, la papauté, les divers "saints-empires", toute une série de royauté européennes plus ou moins impériales) on installés de longue date cette usurpation politique du nom de Dieu sous les traits et le symbolisme judéo-chrétien, et lui on donné une consistance politique, juridique, institutionnelle, diplomatique colossale, aussi colossale qu'elle est menteuse. Et précisément, une consistance colossale dans les nations qui terrassèrent, militairement à minima, le dragon néo-païen nazi, durant le choc idéologique du 20 ème siècle. Sur le plan mondial, la structuration et la consistance politique d'un tel judéo-christianisme fantoche dépassait de très loin, et depuis des siècles, celle de la tentative néo-païenne nazi. Autant dire que le nazisme avait ce monde judéo-chrétien contre lui, c'est à dire peu ou prou le monde tout court, sur le plan des puissances géopolitiques occidentale de l'époque (ces biens heureux "Alliés") .

  • "Une telle domination de l'éthique judéo-chrétienne et de la culture de mort est assez inexplicable au premier abord."

    Nietzsche l'explique lui par la séduction (morbide) qu'exerce sur les peuples, et singulièrement sur ceux qu'il appelle les "faibles", les "promesses" et symboles évangéliques et juifs, séduction qu'il estime fruit d'un ressentiment de l'esclave contre le maître qui trouve écho selon lui dans la Bible, dont la Bible est même l'expression déguisée en métaphysique. Ajoutons que si son hypothèse est vrai, il est naturelle et logique, "pratique" si l'on veut, que les élites politiques mondiales ce soit accaparées certains motifs rhétorique ou symboles chrétien, d'apparences chrétienne ou biblique.

  • Ajoutons enfin que les messianismes séculiers du 20ème ont tous pillés et singés - Du Grand Soir au Führer - la "promesse" de "revanche" faites aux humbles par la Bible, en la rabattant mécaniquement sur terre.

  • Je dis "enfin", mais je devrais dire encore. Encore donc : en fin critique de l'utopie politique (païenne et/ou socialiste), vous n'êtes pas sans ignorer les échos tenace que la rhétorique politique entretient avec le discours messianique en général et le messianisme chrétien en particulier. Que cet écho soit menteur, nul doute, mais il existe néanmoins, et des populations entière, entretenu en cette erreur par des élites et l'instruction de ces élites, ne font pas très bien la différence entre le ciel et le Grand Soir. Un même fil conducteur d'espoir les relie superficiellement, mais cette superficialité même n’empêche pas les mêmes cordes psychologiques de vibrer chez le pauvre hère moyen, avide d'utopies pour compenser son sort. N'est pas Job qui veut, surtout en ces temps d'épaisse brume et de culture de masse. L'homme est pressé, que voulez vous.

  • Tout ça pour dire que je ne vois pas bien ce qu'il y a d'inexplicable dans la propagation d'un discours qu'en gros vous qualifiez d'antéchristique, car il joue sur une corde sensible chez l'homme, s'appuie sur une universalité aussi menteuse peut être qu'elle est efficace dans sa séduction. Je ne vois pas bien non plus ce qu'il y'a d'inexplicable dans la persistance d'un tel discours, une fois son efficacité politique manifeste, et une fois qu'il s'est concentré, sédimenté, institué avec une telle insistance dans les nations les plus puissantes du monde et dans nombres de foyers.

  • - Pour être clair, au cas où quelqu'un nous lirait : le messianisme politique judéo-chrétien (ou communiste, mais non nazi, en raison de son satanisme affirmé) est un antichristianisme, car le messianisme est apolitique.

    - La propagation du messianisme politique via les plus hautes instances gouvernementales mondiales démocrates-chrétiennes est incompréhensible du point de vue païen. En effet, comment expliquer qu'un message chrétien, venu du néant, interfère à ce point dans la politique ? Comment se fait-il que ce qui n'est rien, à savoir la nation de progrès politique, artifice de la philosophie judéo-chrétienne inepte, puisse s'imposer comme l'élément culturel majeur ? Comment se fait-il que l'homme ne parvienne pas à l'équilibre politique, que les espèces animales atteignent sans peine ?

    - Du point de vue du messianisme politique démocrate-chrétien dans ses diverses formules plus ou moins anthropologiques, il n'y a bien sûr aucun effort pour comprendre quoi que ce soit. Toutes les forces démocrates-chrétiennes sont au service de la propagande ou du mensonge.

    - Du point de vue des fidèles chrétiens, qui voient clair dans le pagano-christianisme, dont l'Eglise romaine est la personnification, il y a dans cette emprise sur le monde des élites et des idées judéo-chrétiennes la manifestation du complot formé par l'Antéchrist, et décrit par exemple par saint Paul dans ses épîtres. Mais, comme dit déjà l'ancien testament : Satan a tendu un piège et il est tombé dedans.

  • Ce que vous décrivez n'a rien d'incompréhensible pour un païen. Il a à la limite quelque chose d'incompréhensible pour l'archétype du païen que vous utilisez comme faire-valoir de votre christianisme, archétype qui frôle le pastiche, mais c'est là votre affaire.

    (Ou alors vous parlez des légions d'imbécile en général, composés de cette sorte de païens grotesques, idolâtres ravis de l'homme et du monde. Mais alors on peux faire beaucoup plus court : tout est incompréhensible pour ce genre d'animal là, pas besoin de préciser.)

    Si vous parlez du païen avec un peu de sérieux, de la pensée antique par exemple, il n'avait jamais échappé aux grecques que l'homme était attiré par le vide. Que des postulations contraires existaient en lui, des pulsions de morts et de vie. Que si la nature a horreur du vide, l'homme parfois en raffole. Que les passions, dont sont fourrés notre temps inepte, perdent l'homme. Que Thanatos et Éros font en l'homme un bras de fer permanent.

    Pensez que du fait que pour les grecs, l'aristocratie, ou une variante aristocratique de la démocratie était le meilleur régime, ces mêmes grecs ne savaient pas ce qui la menaçait, et que son stricte contraire pouvait très bien l'emporter ? Pensez vous qu'ils ignoraient l'idée de décadence politique ?

    Pensez vous qu'ils estimaient que l'aristocratie était éternelle, s'auto-instituait, et que le fait qu'une idéologie politique faible, vermoulue, au droit ubuesque, inepte, percluse d'abstraction ridicules, finisse par s'imposer pour un temps leur aurait semblé totalement incompréhensible ?

    Incompréhensible en vertu simplement du fait qu'il considérait que l'aristocratie était meilleur ? Pensez que les grecs étaient assez benêts pour estimer que le meilleur gagne toujours à la fin, comme dans la production hollywoodienne ? Pensez vous que les grecs était des benêt de progressistes à la gueule béate ?

    Ignorez vous que Polybe Il y'a plus de 2000 ans décrivait la décadence politique par cette succession : "monarchie, tyrannie, aristocratie, oligarchie, puis démocratie qui dégénère en ochlocratie avant l'avènement d'un homme providentiel qui ramènera la monarchie."

    Notre temps a les traits d'une sorte d'ochlocratie faite civilisation, la plus inepte des civilisations, toute de vide fourrée.
    Vermoulue, faite en apparence pour durer peu, mais néanmoins persistante, car matériellement encore fonctionnelle et puissante.

    Les affinités de l'homme pour le vide fascinant, pour le miroir aux alouettes, pour la sidération, sont communes, et tout le fatras de mensonge démocratique, égalitaire, cimente l'enlisement, l'accélère aussi, singulièrement.

    Sur la persistance : En physique de base, une constatation simple voit que quand l'on tombe trop bas, il est ardue de remonter, voir impossible, surtout qu'il est probable qu'on se soit cassé quelque chose dans la chute. Un enfant de trois ans au fond d'un trou après une mauvaise chute le sait aussi. Pensez vous ce "païen" plus bête qu'un enfant de trois ans ?

  • Vous devez vous figurer le païen comme un enfant gâté de mère nature, qui tape du point d'une moue boudeuse en s'exclamant : "c'est pas juste !".

    Une sorte de progressiste darwinien, ignorant parfait du principe de décadence. Alors que même pour Nietzsche, genre de païen que vous lisez parait-t-il mieux que moi, il n'y a rien d'incompréhensible au fait que certaines tendances psychologiques peu aristocratiques prennent l'ascendant et subvertisse des constructions politiques plus aristocratiques. Que son hypothèse d'une révolte des esclaves contre les maîtres vous semble peu crédible je veux bien, mais vous mentez alors en disant que cela lui apparaît incompréhensible.

  • "Comment se fait-il que l'homme ne parvienne pas à l'équilibre politique, que les espèces animales atteignent sans peine ?"

    Vous semblez là aussi penser que pour les païens (j'aimerais bien savoir de quels païens vous parlez), l'homme est un animal banal. La pensée païenne grecque notamment avait en horreur la nécessité et le déterminisme, qu'elle jugeait indigne, sinon de l'homme, du moins du citoyen, d'où que par exemple le travail, lieu de la nécessité, était sous-traité aux esclaves.

    Cette nécessité et ce déterminisme, ils l'attribuaient justement aux espèces animales, et ils avaient une vision beaucoup plus clair que vous ne semblez le croire de la complexité humaine qui fait que l'homme est à la fois plus et moins qu'un animal, une vision claire de la liberté humaine, une vision claire de la psychologie humaine, ils savaient bien qu'elle charrie en elle même la possibilité de son propre sabordage, et la possibilité de décadence et de dégénérescence politique qui s'en suit.

  • - Pour un juif ou un chrétien, l'Egyptien incarne symboliquement la doctrine païenne la plus pure.

    - Le païen selon Nietzsche est un archétype qui n'a jamais existé, dans la mesure où la culture grecque est aussi sous l'influence du judaïsme (Homère) et non identique à la culture satanique égyptienne. Mais l'archétype de Nietzsche, aussi archétypal soit-il, a le mérite de pouvoir servir de base à une discussion, ainsi que sa définition de l'art comme une philosophie naturelle, une "culture de vie".

    - Je maintiens donc ce que je disais : pour un païen d'aujourd'hui - mettons un brahmane puisque vous voulez un exemple précis -, les convulsions de la culture occidentale modernes sont incompréhensibles.

    - Précisons que Nietzsche, qui définit le christianisme comme une culture de mort, reposant sur le néant, est persuadé de la victoire prochaine du paganisme, et de la mort du christianisme. La bourgeoisie chrétienne, dont nombre de ses amis faisaient partie, n'était pour lui qu'une apparence de christianisme vouée à l'extinction prochaine. Mais la vérité est que le christianisme n'existe pas sur le plan social ou institutionnel ; il n'existe qu'au regard de la vérité.

  • "L'art comme culture de vie". Il serait intéressant de préciser cette formule, d'en dessiner des contours plus précis. Mais si déjà vous utilisiez avec consistance cette formule dans vos développements, que d'équivoques évités !

    J'entend que je ne pense pas que Balzac caractérise légèrement son travail d'art, ni qu'il ai exprimé avec légèreté ces conceptions sur l'art qui le raccroche à la recherche et à la mise en forme de la vérité. ("L'art littéraire, en France, ne pourra jamais divorcer avec la raison." "Le beau est le vrai bien habillé")

    J'entend mieux désormais ce que vous appelez païen, merci. Reste que vous vous méprenez à mon avis, les "sagesses orientales" diverses ont des eschatologies elles-aussi, qui tendent toutes vers une catastrophe généralisée, à la suite d'une longue dégénérescence civilisationnelle. Rien que sur le brahmanisme, n'étant pas spécialiste, je me permet un copier-collé sur l'âge dit du "Kali-Yuga", dans lequel nous sommes d'après ces brahmanes :

    " Kali-yuga: la justice n'est plus que le dixième de ce qu'elle était au krta-yuga. La véritable adoration a disparu, de même que le véritable sacrifice. [...] C'est l'époque de la colère, la haine, du désir violent, des passions, des violences. Les maladies sont universellement répandues. Les préoccupations matérielles sont excessives. Les hommes cherchent des satisfactions en dehors du mariage, avec des femmes de basse caste, et l'homosexualité se répand. "

    En voilà de la convulsion ! Si vous vouliez dire "incompréhensible" au sens ou il n'en donne pas le sens chrétien que vous y entendez-vous, c'est une autre affaire.

    Votre hypothèse d'un Homère juif est intéressante, mais un peu facile non ? S'il vous suffit d'attribuer au judaïsme tout ce que vous trouvez de ferment valide dans la civilisation grecque pour vous débarrasser du paganisme grecque...

    Sinon, il est entendu qu'en effet, la culture chrétienne, si notre "monde des droits de l'homme" sort droit de son ventre comme vous le dessinez, est une telle "culture de mort", la plus retorses et tarabiscotés que la terre ai connu sans doute.

  • - Toutes les précisions sur l'art satanique ou païen sont dans Nietzsche, antisémite et antichrétien radical. J'ai déjà expliqué en long et en large pourquoi ces explications de Nietzsche sont recevables du point de vue juif ou chrétien anti-artistique. Ce qui ne l'est pas, c'est la démonstration de Nietzsche que les juifs et les chrétiens souhaitent remplacer l'art par rien, c'est-à-dire que la philosophie naturelle (l'éternel retour) représente le sommet de la conscience humaine, au-delà de laquelle il n'y a rien. La métaphysique juive ou chrétienne est pure spéculation selon Nietzsche.
    - Je n'ai pas évoqué les idées générales de Balzac sur l'art.

    - Les païens ne conçoivent pas la fin du monde comme un souverain bien, contrairement aux juifs et aux chrétiens. Dans ce sens, il n'y a pas d'eschatologie païenne.
    Votre théorie, si je la résume, est que tout est dans tout, un peu comme ces universitaires du XIXe siècle qui s'employaient à démontrer que toutes les mythologies se valent (= délivrent grosso modo le même message).

    - Je ne me débarrasse pas du paganisme grec ; c'est Nietzsche qui se débarrasse de la métaphysique grecque, incontestablement présente chez Aristote ou Homère. Nietzsche adopte la philosophie naturelle héraclitéenne, loin d'être l'unique mode de pensée grec.
    L'hypothèse du judaïsme d'Homère, ancienne puisque Bacon la suggère déjà au début du XVIIe siècle, repose sur divers éléments précis. L'antagonisme entre Achille et Ulysse, par exemple, dont les déterminations sont opposées. L'individualisme d'Ulysse, opposé au socialisme d'Achille, est un détail remarquable, car le judaïsme est la seule religion qui place l'individu au-dessus de la société. Le judaïsme, et le christianisme à sa suite, déprécient la société au profit de l'individualisme et de l'amour, de la connaissance. De sorte qu'on peut dire que toute forme de socialisme, et en particulier les doctrines sociales prétendument catholiques ou chrétiennes, reposent sur la négation du péché originel.
    De surcroît, la rage de Platon et des platoniciens contre Homère est aussi un élément remarquable. Platon juge en effet Homère dangereux du point de vue "éthique" ; or le judaïsme n'est précisément pas une religion "éthique". Le Christ et les apôtres ne cessent de le répéter aux prêtres juifs.
    Plus largement, l'analogie entre certains mythes grecs et certains mythes juifs est aussi remarquable. Héraklès est un héros mythologique qui dément l'affirmation de Nietzsche selon laquelle la culture grecque est pure de toute métaphysique, c'est-à-dire de toute logique qui ne peut, selon lui, qu'être juive.
    Etc. (le débat entre nous portait sur l'art, et je ne souhaite pas ouvrir un autre débat ici sur un autre sujet).

  • Merci pour ces précisions, j'essayerais d'y répondre quelques incises dans les jours qui viennent en espérant que cela vous intéresse. Du grain à moudre en tout cas, en ce qui me concerne. Ce ravalement de façade est par ailleurs une bonne chose. La typographie est plus claire, et l'archivage mieux ordonné.

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