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Bacon notre Shakespeare

Peter D. Usher, astronome à l'université de Pennsylvanie, est l'auteur d'une thèse selon laquelle "Hamlet" aurait été rédigé pour célébrer la "révolution copernicienne", c'est-à-dire l'invention par Nicolas Copernic (1473-1543) du système héliocentrique. J'utilise ici volontairement le terme ambigu d'"invention", car l'héliocentrisme n'est pas une idée originale de Copernic, mais fut postulée dès l'Antiquité ; de plus l'héliocentrisme demeure pour certains savants mathématiciens modernes (H. Poincaré) une simple "méthode de calcul".

La thèse de Peter Usher a le mérite de remarquer ce que beaucoup de soi-disant spécialistes de Shakespeare (quelle université n'a pas le sien ?) ne remarquent pas : l'arrière-plan cosmologique de "Hamlet". Il n'y a rien d'étonnant à cela ; en effet le héros de la pièce, dans une tirade restée célèbre entre toutes, se demande si la vie vaut vraiment d'être vécue ? Or cette question est centrale en philosophie, et la philosophie proche parente de l'astronomie depuis l'Antiquité.

Les allusions à l'astronomie sont en effet nombreuses dans "Hamlet", parmi lesquelles on peut citer cette coïncidence que le château d'Elseneur où est située la tragédie, alors au Danemark, était la propriété du père du célèbre astronome Tycho Brahé, dont la renommée dépassa celle de Copernic. Tycho Brahé étudia à Wittenberg (ville d'Allemagne célèbre grâce au théologien luthérien, mais aussi homme de lettres et astronome, P. Mélanchton). Mais ici il faut préciser que Tycho Brahé fut un ferme défenseur de la conception géocentrique de l'univers (tout comme Luther et Mélanchton). C'est même le conservatisme de Tycho Brahé en cette matière qui lui vaut une moindre renommée aujourd'hui, en comparaison de N. Copernic ou G. Galilée (promoteur ultérieur de l'héliocentrisme).

Autre élément astronomique significatif de la pièce : le spectre qui apparaît à Hamlet est une étoile (cela n'apparaît pas dans toutes les traductions françaises) ; autrement dit, Shakespeare met en scène une épiphanie. Aucun historien de la science n'ignore les réactions que pouvaient déclencher à l'époque de la Renaissance dans le monde savant la découverte d'une nouvelle étoile.

Encore faut-il préciser que la tragédie est le "genre littéraire scientifique" par excellence, et diffère en cela du genre dramatique en vogue ultérieurement en Occident. De la même manière que le cinéma transforme en divertissement certaines théories scientifiques modernes, de nombreux mythes antiques illustrent une conception scientifique du monde.

Volontairement ou non, l'astronome P. Usher ne fait que répéter une thèse "baconienne"* plus ancienne, dont il tire la conclusion inverse. Les Baconiens soulignent aussi les multiples références de "Hamlet" à l'astronomie, aux implications opposées des thèses héliocentrique et géocentrique. Mais les Baconiens ajoutent qu'une caractéristique de la science de Francis Bacon est d'appuyer la thèse géocentrique, d'incliner par conséquent sur ce point du côté de Tycho Brahé. Non seulement F. Bacon dans son "Novum Organum" s'oppose au système héliocentrique, mais fournit une preuve expérimentale dissuadant de se fier à la perception de la lumière des étoiles pour le calcul des distances interplanétaires. Il s'oppose donc non seulement à Copernic, mais dans son ensemble à ce qui sera qualifié bien longtemps après Copernic de "révolution copernicienne".

On trouve dans le corpus philosophique et scientifique de Francis Bacon bien des raisons d'écrire une pièce sur le thème important de la discorde entre la science et la politique, mais surtout la thèse de P. Usher se heurte à une pierre d'achoppement de taille et qui "saute" aux yeux. Si "Hamlet" est fait pour défendre N. Copernic et son nouveau système héliocentrique, comment se fait-il que le personnage auquel le héros de la pièce se montre le plus hostile se nomme "Polonius". Comment ne pas remarquer que Copernic, d'entre tous les Polonais est le plus fameux ? Comment ne pas le remarquer quand on est persuadé de l'arrière-plan astronomique de la pièce ?

*Les "Baconiens" prétendent que Shakespeare n'est que le prête-nom de Francis Bacon Verulam.

Commentaires

  • On a ouvert la tombe de Tycho Brahe, un des Bâtisseurs du Ciel!
    L’un des fondateurs de l’astronomie moderne, le danois Tycho Brahe, est mort dans des conditions mystérieuses. Ayant peut-être inspiré à Shakespeare l’histoire d’Hamlet, il aurait aussi pu être assassiné par Kepler. Pour tenter d’y voir plus clair, son corps a été exhumé temporairement du 15 au 19 novembre 2010 à Prague.
    Pour le médiéviste Peter Andersen, directeur du département d’études allemandes de l’université de Strasbourg, qui a travaillé six ans durant à élucider les causes et motifs de la mort de l’astronome danois Tycho Brahe, il faut envisager une tout autre hypothèse (que l'assassinat par son "disciple" Kepler). D’après ses travaux, en partie basés sur les écrits d’un neveu de Tycho, Erik Brahe, l’astronome aurait été empoisonné sur ordre du roi du Danemark Christian IV. Ne supportant plus la rumeur faisant de Tycho son vrai père et manipulé par son conseiller Jon Jakobsen, le roi aurait donc décidé de faire disparaître cette menace pour sa légitimité.
    Le retors Jakobsen, qui aurait été en communication avec Shakespeare, aurait inspiré à celui-ci le drame d’Hamlet. Le célèbre « To be or not to be » du prince danois ne serait qu’une allusion cryptée (to be pour TB) à l’ascendance réelle ou possible de Christian IV. Il faudrait donc lire « Tycho Brahe or not Tycho Brahe ».
    http://www.futura-sciences.com/magazines/espace/infos/actu/d/astronomie-on-ouvert-tombe-tycho-brahe-batisseurs-ciel-26162/

  • -C'est sur le travail (inachevé) de Poincaré qu'Einstein a fondé son "relativisme", c'est du moins ce qu'on enseigne à la synagogue de Satan! Cela dit il est permis de douter qu'il a été aussi "lucide" que son prédécesseur en matière d'astronomie.
    -La thèse de Brahé semble être un moyen terme entre géo et héliocentrisme.
    -Les dates, découverte de la "Nova" en 1572, première apparition d'un Hur-Hamlet primitif se jouant à Londres vers la fin des années 80, un certain Nashe déclarant en 89 dans une préface que la traduction des tragédies de Sénèque donne des Hamlet complets "("whole Hamlets)(comme du pain complet?). La première apparition d'un Hamlet signé Shake-speare (ou -spare selon une autre source développant une autre thèse (Tassinari/Florio)) date de 1603 probabilitalement composée en 1600-1601.(la thèse de Tassinari n'exclut pas la candidature de Bacon).
    Enfin il ressort de tout ça que le chauvivisme des Lords angliches eût gagné à se choisir un autre emblème que cet insignifiant acteur stratfordais "all art and no life" et la question est: pourquoi pas Bacon. Se pût-il que la simple allusion homo phonique porcine de son nom eût effrayé Satan? ça expliquerait la mort de Bacon d'un chaud/froid, la Tempête comme testament, etc. et pour l'humour de mauvais goût du prince des ténèbres, l’apparition 4 siècles plus tard d'un peintre macabre homo nyme complet (jusqu'au coming out de Gainsbourg sorti tout roti d'un de ses tableaux pour se faire enfiler) et dont la renommée chez les jeunes artistes ou scientifiques français dépassent haut la bite celle du baron. However la piste Florio reste à explorer.
    Lend me your ears gentle citizens of the united kingdom, the evil that men do lives after them, the good is often interred with their bones.

  • Les indices astronomiques sont semés par l'auteur de "Hamlet" afin d'orienter les lecteurs vers le thème principal de cette pièce.
    L'histoire des sciences est aujourd'hui une discipline sinistrée, véhiculant de nombreux préjugés et légendes (par exemple sur Galilée, ou encore l'histoire enfantine de la pomme de Newton) ; le concept de "révolution copernicienne" est lui-même largement insignifiant. Or il faut, pour comprendre "Hamlet", saisir les enjeux ou implications des thèses héliocentrique et géocentrique opposées. Faute de quoi il est difficile de comprendre comment ce qui apparaît comme une oeuvre littéraire peut avoir un thème astronomique ou cosmologique.

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