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Mot-valise

Le mot "dieu" est comme le mot "amour", un mot-valise dans le sens où chacun y met à peu près ce qu'il veut. On peut observer que "dieu" et "amour" se confondent tous les deux très souvent avec un certain verbiage.

Quand Nietzsche dit : "Dieu est mort", du moins a-t-il le mérite de préciser de quel dieu il veut parler, à savoir le dieu de la vertu - à savoir Satan. Le néant l'a remplacé, dit Nietzsche, à savoir le dieu des juifs et des chrétiens, qui n'a jamais existé.

Nietzsche aurait pu en dire autant de l'amour, à savoir qu'il a été remplacé par la spéculation amoureuse, une sorte de verbiage oscillant entre la stimulation des zones érogènes et la théorie du genre.

Qui cherche dieu ou l'amour par-delà sa définition changeante, au gré des modes et des cultures, discernera vite la limite des mots et du langage - l'obstacle que le langage peut représenter pour la conscience, à double titre ; non seulement pour la conscience des choses physiques, mais aussi pour l'expérience des choses métaphysiques. En effet, le langage prend des distances avec le monde physique sous la forme d'une métaphysique truquée, mettons d'une "pataphysique" (au sens le plus péjoratif du terme). Au passage on peut remarquer combien la psychanalyse a mal tenu la promesse d'élargissement de la conscience faite par ses inventeurs, jouant en définitive pratiquement le rôle inverse de camisole rhétorique.

L'obstacle du langage est similaire à celui du plan social, que celui-ci soit pyramidal et statique, ou bien qu'il prenne une apparence plus évolutive, le clergé social (instituteurs, médecins, propagandistes, philosophes, etc.) s'attachant à faire passer cette évolution pour un progrès ou "le sens de l'histoire".

Ainsi peut-on voir Jésus-Christ, de même qu'il prohibe à ses apôtres toute tentative d'assimiler son message à une doctrine sociale, les mettre en garde contre les effets délétères du langage du point de vue de l'amour. "Les mots qui sortent de la bouche de l'homme, c'est cela qui souille l'homme", dit en effet Jésus-Christ, sachant à quel point le pharisaïsme et le jésuitisme reposent sur les mots.

Il y a quelque chose dans l'amour, comme dans dieu, qui se situe au niveau de l'expérience et que le langage humain, outil imparfait, peine à traduire.

 

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