Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

amour

  • L'Etre et le Néant

    Comme un ami s'étonnait récemment de mon franc mépris pour la philosophie allemande de Jean-Paul Sartre, je lui répondis que cette philosophie étant diamétralement opposée de celle de Shakespeare, mon mépris était inévitable.

    La philosophie réactionnaire trouve quelques éléments qui la confortent dans le théâtre à vocation universelle de Shakespeare. La philosophie moderne, aucun. Les talibans sont plus modernes que Shakespeare. Le théâtre de Shakespeare procède impitoyablement au massacre des philosophes modernes, comme si Shakespeare avait prévu le nombre infini de leurs victimes.

    L'entreprise de censure "cryptocatholique" de J.-P. Sartre se limite à dénigrer une poésie hérétique française (Baudelaire, Flaubert...) car le rayonnement de Shakespeare est très faible en France ; on sabotera Molière beaucoup plus utilement (on peut s'amuser à regarder les mises en scène françaises du théâtre de Shakespeare comme un sabotage systématique, le plus souvent inconscient. Je ne suis pas certain qu'Anouilh ait fait exprès d'amputer "La Nuit des Rois" des scènes qui permettent de comprendre que Shakespeare n'est pas Marivaux).

    Le détournement de Shakespeare par Victor Hugo et Paul Claudel me paraît plus malin ou intentionnel. Victor Hugo est le prototype de celui qui n'aime rien parce qu'il aime tout. Le rapport de Victor Hugo à la littérature et à l'art est le même que son rapport aux femmes, il est pantagruélique.

    Dès les premières pièces, Shakespeare désacralise la littérature et la culture, sapant ainsi complètement la modernité. C'est ce qui a plu à Nietzsche, et pourquoi il a cru être Shakespeare réincarné pendant un certain temps... avant de déchanter car "L'Eternel retour" n'est qu'une philosophie de bonne femme selon le "grand Will". Si la philosophie réactionnaire plaît tant aux femmes, c'est parce qu'elles savent bien qu'elles l'ont inventée.

    Shakespeare montre que l'Amour et l'Argent sont les deux agents principaux de décomposition du corps social. Courir après l'Argent, c'est courir après le Néant. Cela explique, par exemple, pourquoi des personnes multimillionnaires, ont la sensation au soir de leur vie d'avoir gâché leur existence et que leur fortune ne s'oppose pas aux Néant ; on peut les voir s'adonner alors à des activités encore plus puériles, comme courir après l'Amour ou entamer une collection de timbres, aller visiter la lune en fusée.

    Il me semble que c'était mon état d'esprit quand j'étais au collège, et que j'avais effectivement l'impression de me mouvoir au ras du Néant, comme le marin sur son bateau. Par chance j'ai pu découvrir assez tôt dans ma vie -expérimentalement- que le marin aspire au Néant, c'est-à-dire à disparaître de la surface de la terre sans laisser de traces - j'explique de cette façon que la culture japonaise soit une culture de mort et que les Japonais se soient convertis aussi facilement à la barbarie occidentale moderne.

    C'est, à peine quelques années plus tard, en observant que toutes les lycéennes alphabétisées de mon lycée lisaient Sartre (un vrai piège à filles), que je me suis demandé : - Qu'est-ce qu'elles peuvent bien trouver à ce machin allemand ? Et alors j'ai lu Sartre. J'ignorais qu'il était laid et qu'il avait trouvé le moyen d'y suppléer en jonglant avec les mots, comme font la plupart des pasteurs en chaire le dimanche pour le plus grand bonheur des dames, suivant une observation déjà ancienne (de La Bruyère).

    L'Amour et l'Argent, porte-parole du Néant, sont de très vieux démons : la philosophie antique les avait déjà vaincus, dira-t-on. Ce n'est pas si sûr ; il n'est pas certain que l'Antiquité avait compris Homère et la victoire d'Ulysse sur "la bête de la terre", comme les disciples d'Homère les plus sagaces comprennent son "Iliade" et son "Odyssée" aujourd'hui.

    D'autre part Shakespeare montre comment la bourgeoisie et la philosophie moderne font du Néant, ce à quoi l'Antiquité n'avait pas pensé, un usage politique, de telle sorte qu'on peut comparer la philosophie moderne avec "un livre des Morts".

    Je me demande si Karl Marx avait saisi la monstruosité de la bourgeoisie moderne dans toute son étendue ? La charogne n'est pas seulement "belle", selon le mot de Baudelaire (qui en dit un peu trop au goût du censeur Sartre), c'est le plat quotidien du charognard moderne, dont il se repaît jusqu'à dévorer ses propres enfants en cas de disette.

  • La Science du Couple - PUB

    arnolfini.jpg

    Publication d'un opuscule de quarante pages au titre ironique : "La Science du Couple".

    J'y démontre que "Roméo & Juliette" est la satire la plus radicale jamais écrite contre l'amour courtois, c'est-à-dire contre la culture occidentale.

    Pour se procurer ce tirage limité (10 euros + frais de port), écrire à l'éditeur associatif Zébra : zebralefanzine@gmail.com

  • Amour barbare

    De toutes les religions, la religion de l'amour est la plus meurtrière. Si vous en doutez, faites le compte des abominations commises sous l'effet de la passion ou bien en son nom.

    Au nombre de ces abominations, il faut inclure celles perpétrées au nom du nationalisme, c'est-à-dire de l'amour immodéré de la patrie. Cette absence de modération est un ressort du nazisme, aussi bien que du communisme soviétique et de la démocratie-chrétienne (idéologies détestables du point de vue patriotique "authentique", c'est-à-dire raisonnable).

    On devrait tenir l'antisémitisme caractéristique du régime nazi, ou la haine des possédants qui caractérise le régime soviétique pour secondaires en comparaison de la folie meurtrière nationaliste. Si on ne le fait pas, c'est afin de préserver intacte la cupidité qui anime l'Occident. On pointe du doigt l'étincelle populiste, mais on ignore le tonneau de poudre du nationalisme, ou de l'hypernationalisme européen.

    Certain philosophe a d'ailleurs souligné la passion amoureuse qui unit les tyrans sanguinaires (Louis XIV, Napoléon, Hitler, Staline...) à leur peuple et à la nation qu'ils dominent ; la cupidité de ces chefs d'Etat est telle qu'elle ne trouve pas à se satisfaire dans les relations sexuelles banales.

    La rupture est ici consommée entre la culture occidentale moderne et l'humanisme, puisque ce courant de pensée difficile à cerner précisément implique au minimum la condamnation, sur le plan éthique, de la "passion".

    Dans "Roméo & Juliette", Shakespeare fait mieux que condamner l'amour, il en démonte tout le mécanisme, illustrant comment deux jeunes personnes mal instruites peuvent, en étant les jouets de leurs illusions et de la nature (ces deux aspects sont illustrés), se duper mutuellement.

    Or on ne peut mieux dissuader contre le poison de l'amour, puisque Shakespeare montre à quel point les amoureux sont passifs et privés de leur libre-arbitre. En effet l'amour a ceci de commun avec le fanatisme religieux qu'il repose sur une idée de la liberté entièrement fausse ou illusoire. Shakespeare procède donc comme un prestidigitateur qui dévoilerait le trucage d'un tour fascinant.

    Un autre mérite de la pièce est de souligner combien l'existence des amoureux est vaine, c'est-à-dire macabre. C'est aussi ce que l'on peut déduire du personnage d'Ophélie (dans "Hamlet"). On a pu dire que "L'amour, c'est l'infini mis à la portée des caniches". Or cela peut se dire aussi de la mort, qui dans les sociétés barbares a une connotation et un parfum mystique.

     

  • Education chrétienne ?

    Le respect, la vertu, l'art, et même la générosité s'enseignent et s'apprennent, mais non la liberté et l'amour. Il n'y a donc pas d'"éducation chrétienne", et c'est mentir que de prétendre le contraire, car la métaphysique déjoue le raisonnement humain, l'organisation humaine, la mort, tout ce qui est humain.

    A la limite, une bonne éducation doit faire suspecter que l'amour et la liberté ne sont que les inventions de mauvais romancier ou philosophe, car une bonne éducation implique de prémunir contre les illusions.

    Comme Jésus a dit : "Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi." (Matth. XIX,14), n'y a-t-il pas là un paradoxe ? Non, car le Messie est le messager de la Vérité, et son message est universel; si le Messie délivrait un message éthique, à l'instar de tel ou tel philosophe, alors dans ce cas il ne serait pas raisonnable que de petits enfants viennent troubler sa conférence. Mais Jésus-Christ est le contraire d'un philosophe (c'est même ce qui lui vaut la peur ou la haine du monde).

    On peut prendre à première vue l'enseignement de Paul de Tarse aux communautés chrétiennes pour un enseignement moral, mais il s'agit surtout de la part de l'apôtre des Gentils d'expliquer aux chrétiens comment ne pas faire obstacle au Salut et à la Parole de Dieu par leur comportement.

    Si l'on examine scrupuleusement le système scolaire occidental auquel les parents confient leurs rejetons, on verra que ce système est miné par une contradiction interne: il se fait fort d'éduquer et d'inculquer des connaissances simultanément, alors que ce sont deux "choses" séparées; peu à peu la différence entre la connaissance et la vertu s'estompe, au détriment de ces deux choses distinctes.

    Dans ce cas, comment élever des enfants quand on est chrétien ? Cela passe d'abord par la reconnaissance que la tâche principale du chrétien n'est pas l'éducation, la politique ou l'élevage des moutons.

  • Besoin d'amour

    - Je n'ai pas besoin de Dieu pour vivre.

    J'ai déjà entendu cette formule athée plusieurs fois. Elle me semble correspondre à la religion de Ponce-Pilate qui, comme chacun sait, "s'en lave les mains".

    Cette formule est assez juste, car on se passe très bien d'amour pour vivre. Parfois, on se dit même, en observant certaines personnes fragiles - femmes enceintes, vieillards, enfants souffreteux, que l'amour les tuerait.

  • Blasphèmes

    Pour certains, le blasphème ne doit pas être sanctionné, car la liberté d'expression est illimitée ; d'autres, au contraire, plaident le respect des convictions d'autrui, en public, et jugent les paroles blasphématoires blâmables.

    Le blasphème contre dieu est devenu, dans les pays occidentaux, une chose assez banale. D'une certaine façon, on peut dire que la "liberté d'expression" est devenue plus sacrée que dieu. Cette liberté d'expression est d'ailleurs une notion assez indéfinissable, comme souvent les choses sacrées. Cependant, les insultes visant l'Etat et ses représentants légaux demeurent en principe répréhensibles, et c'est là une forme de censure du blasphème contre l'ordre et l'autorité.

    Le caractère sacré de l'argent s'impose assez naturellement en Occident, plus facilement que le culte de l'Etat (dont la puissance dépend largement). Rares sont les athées qui ne croient pas dans l'Argent.

    On note que la concurrence entre dieu et l'argent dans le coeur des hommes est un vieux thème biblique, repris dans les temps modernes par Shakespeare ou Karl Marx.

    Mais le blasphème le plus banal dans l'Occident moderne me semble le blasphème contre l'amour. C'est pratiquement comme si la survie du monde moderne dépendait de ce blasphème.

    En effet il y a bien pire que nier l'amour, comme font les savants biologistes qui n'en décèlent pas la moindre trace dans leurs éprouvettes ; invoquer l'amour en toutes circonstances est sans doute bien pire que nier son existence, ce qui relève d'une observation générale assez exacte, puisque l'amour est l'exception et non la norme.

    Est-il exagéré de dire que la culture occidentale moderne, plus qu'aucune autre, est un complot contre l'amour ? Un phénomène propre à l'Occident comme la société de consommation, qui est aussi une manière politique d'asservir les masses, me paraît explicable du seul point de vue du blasphème contre l'amour.

  • De l'Athéisme

    "Je respecte Dieu. En effet, c'est l'homme qui l'a inventé ; et s'il l'a inventé c'est parce qu'il en avait besoin." Dixit un athée (un peu benêt).

    On respectera l'Argent pour la même raison.

    Le Dieu des chrétiens ne répond à aucun besoin humain, c'est là sa différence avec les autres dieux, et pourquoi on peut parler de "dieu inconnu", car il n'entre pas dans le champ de la réflexion et du raisonnement humain. L'homme peut parfaitement vivre sans amour, sans paix, sans liberté, sans vérité, choses qui ne contribuent en rien au bonheur. C'est sans doute l'effet que Jésus-Christ fit autour de lui, l'effet d'un homme hors du commun, car il n'y a pratiquement aucun homme vivant qui se laisse conduire entièrement par l'amour.

    "Tu ne tueras pas" est incompréhensible du point de vue humain. Tuer est un besoin humain essentiel, même s'il convient de respecter les formes légales. Tuer : les hommes lâches tuent au nom de dieu, de la liberté, de la démocratie, de la raison d'Etat, de la révolution ; et les hommes courageux tuent en leur nom propre. L'homme a des besoins atroces, à côté d'aspiration un peu moins basses.

  • Mot-valise

    Le mot "dieu" est comme le mot "amour", un mot-valise dans le sens où chacun y met à peu près ce qu'il veut. On peut observer que "dieu" et "amour" se confondent tous les deux très souvent avec un certain verbiage.

    Quand Nietzsche dit : "Dieu est mort", du moins a-t-il le mérite de préciser de quel dieu il veut parler, à savoir le dieu de la vertu - à savoir Satan. Le néant l'a remplacé, dit Nietzsche, à savoir le dieu des juifs et des chrétiens, qui n'a jamais existé.

    Nietzsche aurait pu en dire autant de l'amour, à savoir qu'il a été remplacé par la spéculation amoureuse, une sorte de verbiage oscillant entre la stimulation des zones érogènes et la théorie du genre.

    Qui cherche dieu ou l'amour par-delà sa définition changeante, au gré des modes et des cultures, discernera vite la limite des mots et du langage - l'obstacle que le langage peut représenter pour la conscience, à double titre ; non seulement pour la conscience des choses physiques, mais aussi pour l'expérience des choses métaphysiques. En effet, le langage prend des distances avec le monde physique sous la forme d'une métaphysique truquée, mettons d'une "pataphysique" (au sens le plus péjoratif du terme). Au passage on peut remarquer combien la psychanalyse a mal tenu la promesse d'élargissement de la conscience faite par ses inventeurs, jouant en définitive pratiquement le rôle inverse de camisole rhétorique.

    L'obstacle du langage est similaire à celui du plan social, que celui-ci soit pyramidal et statique, ou bien qu'il prenne une apparence plus évolutive, le clergé social (instituteurs, médecins, propagandistes, philosophes, etc.) s'attachant à faire passer cette évolution pour un progrès ou "le sens de l'histoire".

    Ainsi peut-on voir Jésus-Christ, de même qu'il prohibe à ses apôtres toute tentative d'assimiler son message à une doctrine sociale, les mettre en garde contre les effets délétères du langage du point de vue de l'amour. "Les mots qui sortent de la bouche de l'homme, c'est cela qui souille l'homme", dit en effet Jésus-Christ, sachant à quel point le pharisaïsme et le jésuitisme reposent sur les mots.

    Il y a quelque chose dans l'amour, comme dans dieu, qui se situe au niveau de l'expérience et que le langage humain, outil imparfait, peine à traduire.

     

  • Logique de l'Amour (2)

    Amour et logique sont liés. Ils n'existent pas pour ceux qui n'entendent que la cause et les raisons biologiques.

    La culture moderne ubuesque, quant à elle, s'emploie doublement à dévaluer le bon sens commun et l'amour, et les remplacer par le "sentiment amoureux". On le voit à travers le "mariage des gays", qui avant d'être gay traduit le sens de la modernité. Or, derrière l'argument de la modernité, on retrouvera toujours la main de l'Eglise catholique romaine.

  • Logique de l'Amour

    Il est plus logique de voir quelqu'un de fort aimer quelqu'un de faible, car la faiblesse implique un défaut de volonté et l'impossibilité d'aimer autrui par conséquent. C'est là le sens "d'aime ton prochain comme toi-même". Dans la société totalitaire contemporaine, l'individu est incité à se transformer en "objet du désir" ; cette société est donc organisée pour empêcher l'amour. Par-delà la vertu authentique, ce que l'éthique judéo-chrétienne la plus compatible avec le capitalisme veut détruire, c'est l'amour.

    C'est pourquoi on ne peut prôner l'amour et faire l'éloge de la faiblesse en même temps. Le Messie des chrétiens, prônant l'amour, prône une force distincte de la vertu, dont la source est physique. L'amour chrétien est de surcroît étranger à la casuistique de l'âme platonicienne, qui a eu pour effet de transformer en quelques siècles le catholicisme en bouddhisme (les prônes de l'évêque de Rome ne diffèrent pas ou peu de ceux du Dalaï Lama).

    Disons et redisons-le, il n'y a pas d'éthique chrétienne ou judéo-chrétienne possible, c'est-à-dire que le message évangélique ramène l'éthique au plan humain où elle se situe.

    Si Nietzsche nie la réalité des choses métaphysiques, c'est pour la raison qu'il n'est pas un surhomme, mais qu'il s'efforce de le devenir, luttant contre sa peine à jouir (typiquement allemande ou féminine). Nietzsche cherche à obtenir par l'art ce que la bourgeoise puritaine veulent compenser par la psychanalyse. Or la métaphysique n'est d'aucune utilité dans la quête d'un plus grand bonheur. L'évidence est, contre le propos de Nietzsche et ses disciples, d'une religion grecque qui fait place à la métaphysique - notamment Aristote et Homère. Cependant cette métaphysique cherche à s'en débarrasser, comme un enfant ou un adolescent les questions qui ne sont pas d'ordre érotique.

    Le satanisme de Nietzsche coïncide en effet parfaitement avec la volonté de l'adolescent de devenir un adulte plus fort. L'adolescent viril niera le plus souvent l'amour, dont il n'a le plus souvent connaissance que sous la forme abstraite féminine du sentiment amoureux. On peut dire l'artiste "nietzschéen" également, dans la mesure où ce que l'artiste recherche plus ou moins confusément dans l'exercice de l'art, c'est un renforcement de sa volonté, la mise à distance de la mort (devant laquelle seule les civilisations au bord de la pourriture s'inclinent avec dévotion, leur art cinématographique ou photographique macabre).

    Si les personnes faibles ne peuvent aimer, c'est pour la raison qu'elles ne se connaissent pas elles-mêmes - ce qui est indispensable en termes de volonté comme d'amour.

  • Transgression

    Il n'y a rien de moins transgressif que l'amour du sexe. Aussi verra-t-on volontiers dans le chimpanzé, réputé érotomane, un modèle de citoyenneté.

    Il n'y a rien de plus transgressif, au contraire, que l'amour de la science, comparable à un aigle dans le ciel, dangereux pour tous les reptiles.

  • Des Athées

    On remarque chez certains athées, plus faibles que d'autres, l'importance des sentiments et du hasard. Certains n'hésitent pas à parler d'amour, à l'écrire avec un grand A, et font du couple une priorité. Ils trahissent ainsi une forme de tempérament et de dévotion religieux similaires à ceux que l'on retrouve dans des cultures traditionnelles plus anciennes. L'athéisme n'est pas forcément synonyme d'un recul de la religion, ni du dragon que les athées désignent sous le terme de "fanatisme religieux". Cet athéisme se forme exactement comme les plus médiocres religions, par "capillarité sociale".

    Ces athées "mous" se laissent diriger par des esprits plus fermes, moins sentimentaux (comme le sont souvent les responsables politiques de premier plan), exactement comme s'ils étaient des dévots conduits par des prêtres. La conscience humaine n'a accompli aucun progrès collectif grâce à la psychanalyse, syntaxe commune des athées (dès lors que j'entends un prêtre chrétien parler avec respect d'un psychiatre, à cause de sa "science", je sais que ce prêtre est un imposteur, car la psychiatrie moderne est avant tout une non-science ou une tentative de science, articulée autour de vestiges mythologiques et médicaux multimillénaires).

    Le rapport des élites occidentales athées avec leurs ouailles n'est pas un rapport unilatéral de domination. Ces élites ont fort à faire, notamment sur le plan économique, pour maîtriser le sentimentalisme des masses et l'orienter dans le sens de leur intérêt ; cette imbécillité religieuse leur est propice, en même temps qu'elle leur nuit.

    Dans ce rapport des élites modernes avec leurs troupeaux, on reconnaît la marque de la philosophie médiévale chrétienne. C'est elle qui introduit ce type de rapport de domination plus subtil que la force physique, mais également plus religieux. Tocqueville a raison d'établir un lien entre la culture chrétienne et la démocratie moderne, à propos de laquelle il paria imprudemment qu'elle n'évoluerait pas vers le totalitarisme et la barbarie (erreur qu'il n'aurait pas commise s'il avait été un authentique chrétien).

  • Science sans conscience

    ...n'est que ruine de l'âme.

    J'ai déjà dit sur ce blogue combien la "conscience chrétienne" dont Rabelais fait état dans cet avertissement, diverge de l'éthique, sorbonagrerie néoplatonicienne de clercs ineptes. J'en veux pour preuve que le darwinisme, promotion d'un déterminisme barbare et totalitaire, reçoit la caution la plus souvent aveugle d'exemplaires tartufes, attachés par ailleurs à brandir la bannière de l'éthique, y compris jusque sur le terrain de la guerre où elle est vouée à être indéfiniment bafouée par des lois supérieures.

    D'éthique de la liberté il n'est pas question dans le christianisme. Les évangiles illustrent une conception chrétienne de la liberté OPPOSEE à celle de l'éthique, contrairement au païen Platon. "Ethique de la liberté" : la formule est d'un pasteur et universitaire protestant, Jacques Ellul, sournoisement occupé à promouvoir le choc des cultures sous couvert d'anarchie. J. Ellul aurait mieux fait de lire les paraboles du Christ, qui montrent toutes le fossé qui sépare la charité de l'éthique. Il aurait aussi pu lire Platon, et comprendre ainsi à quel point l'éthique est compatible avec l'esclavage.

    J'allais oublier Molière : l'aumône de Don Juan au pauvre est significative de la démarche éthique, dont Molière montre ici le caractère de parodie subtile de la charité. Don Juan est athée : son geste a une dimension sociale. Il ne fait pas l'aumône suivant le commandement de dieu, mais pour le bien du monde, c'est-à-dire au fond pour lui-même, car Don Juan a conscience que la société n'a qu'une valeur relative. Et Molière, lui, sait que la société n'a aucune valeur du point de vue chrétien.

    Ce que Rabelais dit de la science, on peut le dire de l'amour : "Amour sans conscience n'est que ruine de l'âme." (Cela ne vaut pas d'abord pour les putains, dont bien souvent la conscience est plus nette des véritables ressorts de l'amour humain que les filles à papa.)

    Science et amour se confondent parfaitement du point de vue chrétien. L'incitation à la conscience dans la science est ainsi incompréhensible du point de vue païen, qui relève du droit naturel et de la philosophie naturelle. La nature est pour le physicien païen un dieu seulement partiellement pénétrable. Le physicien païen s'incline devant la nature qui en saura toujours plus que lui.

    Sauf la dimension de respect, la technocratie moderne répète exactement la même mentalité. L'éthique moderne, substituée à la conscience chrétienne authentique, n'est là que pour affranchir la science du respect, c'est-à-dire pour attribuer à l'homme une capacité qui n'est pas la sienne, mais celle de l'homme. Les soi-disant "comités d'éthiques" ne sont là que pour servir de caution à la barbarie moderne. L'athéisme ou l'éthique chrétienne sont des armes juridiques au service de la domination occidentale. Si complot de l'Occident il y a, il consiste surtout à faire passer les valeurs occidentales pour des valeurs "scientifiques", ce qu'elles ne sont pas. Les mathématiques sont une science inférieure à la poésie, et bien souvent les mathématiciens n'ont de la nature ou de l'univers que des supputations pour toute connaissance.

    Les propagandistes modernes de l'éthique juive, chrétienne ou laïque, sont en réalité les artisans de la destruction de l'humanisme chrétien authentique. L'éthique chrétienne substitue le néant à dieu - il devient ainsi possible de passer de l'athéisme au christianisme, et du christianisme à l'athéisme, comme on enfonce une porte ouverte.

    Simultanément, d'une manière tragique et qui a été illustrée par Shakespeare dans plusieurs pièces, l'éthique chrétienne (l'odeur qui empeste le Danemark) incline l'amour dans le sens de la mort (suivant le mobile qui détermine Ophélie). Il ne s'agit pas pour Shakespeare comme certains l'ont cru (Nitche) de dénoncer le christianisme, mais bien de dénoncer une morale chrétienne-platonicienne qui dissimule derrière l'argument de la tradition l'occultation du message évangélique, de sorte que la culture médiévale n'est qu'un syncrétisme abject dans la plupart de ses propositions, notamment les plus officielles.

     

     

  • Dans la Matrice

    L'amour est tout aussi improbable que dieu, mais il est apparemment plus flatteur pour l'esprit humain de croire que l'amour existe. Y a-t-il religion plus idiote à travers les âges que celle des chanteurs chantant l'amour sur tous les tons ?

  • De l'Amour

    Le truc de l'amour est bien plus important dans les romans, au cinéma, dans les magazines, que dans la vie. C'est ce qui donne l'impression, aux Etats-Unis, de vivre parmi des personnages de fiction.

    Les grands esprits et les grands hommes dont l'histoire a retenu le nom furent d'ailleurs à peu près insensibles à la passion. Je ne parle pas ici de Napoléon, dont l'action politique et militaire fut aussi catastrophique pour la France que celle de Hitler pour l'Allemagne.

    L'éloge bourgeois de la passion est un éloge indirect de la barbarie. L'aristocrate commet ses crimes au grand jour. C'est par des rouages compliqués que la bourgeoisie entraîne les jeunes niais de sa propre mouture, et le populo en masse, à assassiner pour son compte quand c'est nécessaire.

  • Guerre et amour

    Si Homère est historien, c'est parce qu'il nous montre que la guerre et l'amour sont pour l'homme sur le même plan ; et que cela est valable en tous temps, en dépit des sermons des sophistes platoniciens visant à démontrer que l'homme est intrinsèquement bon.

    L'historien ne fait pas dans le détail, contrairement au chroniqueur mondain.

    La guerre est un art érotique ; la manière dont chaque civilisation fait la guerre reflète sa façon de faire l'amour. Un dessinateur lucide sur la lâcheté croissante des soldats français au cours des âges, les montrant de plus en plus éloignés par la puissance de feu de leurs adversaires, aurait pu faire le même dessin à propos de l'amour, de plus en plus "virtuel" sous nos latitudes.

    J'ai entendu un jour un pornocrate, c'est-à-dire un type auquel son banquier accorde plus de garanties qu'à un maquereau, parce qu'il donne des signes d'adhésion à la démocratie et aux valeurs actuelles, témoigner du progrès conjoint de la pornographie et de la technologie. On peut en dire de même de la guerre : elle stimule l'esprit terre-à-terre des ingénieurs.

    Un historien occidental doit savoir que dans cette métamorphose des comportements militaires et amoureux, l'Eglise romaine a joué un rôle décisif. S'il l'ignore, c'est un imbécile ou un menteur (Il y a dans l'Université beaucoup de menteurs positifs, qui tronquent et truquent, et la profession d'intellectuel est la moins surveillée. C'est une profession dans laquelle on n'est pas capable de fournir une définition valable de l'intelligence, après trois mille ans de philosophie.)

    S'il n'y a pas de place dans le christianisme pour la culture, pas plus qu'elle ne trouve de fondement chez Homère, c'est parce que la culture est faite pour occulter l'aspect de prédation dans l'amour humain. Il n'y a aucun doute à avoir sur le fait que les soi-disant chrétiens qui suggèrent un plan érotique dans l'art chrétien sont d'authentiques suppôts de Satan. Les "armées chrétiennes" sont justifiées par la "culture chrétienne" : en aucun cas elles ne le sont par les saintes écritures et les apôtres véritables du Messie. Il faut ici se servir du glaive de Jésus, et trancher la gorge des faux prophètes qui prétendent le contraire.

    La culture occidentale paraît anodine, voire anecdotique : elle est en réalité un discours de haine diffus, mais extrêmement puissant, et sa barbarie excède celle du nazisme. C'est une explosion de chair potentielle, et les chrétiens doivent se tenir sur leur garde s'ils ne veulent basculer dans l'étang de feu, c'est-à-dire être happés définitivement par l'enfer où nous sommes.


  • Besoin d'amour

    La subversion de l'amour procède comme celle du christianisme. Le besoin d'amour est mis à la place de l'amour, comme le besoin de dieu est mis à la place de dieu. Dieu a-t-il besoin de l'homme ? Non. Tandis que la nature est difficilement concevable sans l'homme, quoi qu'en disent les adeptes du transformisme des espèces, hypothèse elle-même inconcevable en dehors du prisme humain.

    Il est donc aussi difficile pour l'homme d'appréhender dieu qu'il lui est facile de faire la démonstration de la grande architecture du monde (666). C'est, en gros, le drame du prophète Job, que cette distance qui le sépare de son dieu - celle de la bêtise humaine -, tandis que les païens reçoivent tous les jours des témoignages de la présence du grand architecte auprès d'eux, "tutélaire" comme un père ou une mère pour un enfant. Même pour Jésus, dieu ne semble pas bouger le petit doigt, ce qui déclenche les sarcasmes des assassins Juifs et Romains, au nom de la loi.

    L'homme a-t-il besoin de dieu ? Non. Les élites ne peuvent se passer d'un principe qui inspire le respect aux masses qu'elles gouvernent, mais l'homme n'a pas plus besoin de dieu qu'un animal requiert d'être domestiqué. Indiqué comme un besoin, dieu n'est que le principe conçu par les élites pour intimer à la masse le respect de ses possessions. Dans les régimes dits "laïcs", c'est la culture qui joue ce rôle. La culture pour les niais, l'argent pour ceux qui le sont un peu moins.

    C'est ce qui explique l'absence de dieu, mais aussi de l'amour, dans un monde bourgeois ou capitaliste organisé en fonction des besoins ou de la nécessité. Pour ce qui est d'exclure dieu des arts et des lettres, c'est-à-dire de la culture, c'est d'abord le clergé catholique qui s'en est chargé. La technique de Pascal est exemplaire, mais elle est loin d'être le seul exemple. La technique de Pascal est typiquement cléricale, et Voltaire ne la caractérise pas ainsi suffisamment : elle consiste à expulser dieu de la conscience humaine au profit d'un principe d'organisation essentiel : le hasard. Dans l'ensemble, il faut dire que la méfiance atavique du Français vis-à-vis des mathématiciens et des mathématiques est bien fondée. Il faut s'en méfier autant que des femmes, car tous leurs raisonnements partent d'eux-mêmes.

    Un monde sans amour est l'enfer. Si Shakespeare inspire parfois le respect, même à ceux qui n'y comprennent rien, c'est parce qu'il écrit au milieu de l'enfer, que les esprits faibles et les esprits manipulateurs s'entendent pour situer au-delà du moment présent. Pratiquement toute la religion ou la culture est faite pour ça : pour mettre l'enfer et la mort à distance. Ce qui dissout presque instantanément la niaise Ophélie, n'est pas le mépris ou le rejet de son fiancé, mais la conscience subite que le monde dans lequel elle vit ne connaît l'amour que sous la forme d'un subterfuge. Ophélie n'est pas, contrairement à ce qu'elle croit, la fille chérie de son père, mais un vulgaire appât ; pire qu'une putain, car la putain sait qu'elle est un appât, et que la société n'est qu'un bras de fer. La putain est animée par l'énergie du désespoir : la petite Ophélie raisonne comme un fromage à pâte molle.

    Shakespeare est l'auteur d'une charge d'une violence inouïe contre la culture occidentale. Les papes sont à quatre pattes dans la boue, cherchant leurs lunettes. Les rois se tiennent la gorge à deux mains, pour tenter de retenir le sang qui s'en écoule. Le cinéma : le cinéma est un invention uniquement pour tenter de cautériser la plaie que Shakespeare a ouverte.

    Ne laissons pas Shakespeare tenir sa position seul à la bataille d'Armagédon. Prenons la milice de Satan à revers.

  • L'Amour courtois

    Le mariage gay est le comble de l'amour courtois.

    De tous les sacrements forgés par l'Eglise romaine, le sacrement de mariage est celui par lequel la subversion du christianisme par l'Eglise romaine est la plus nettement visible ; comme le fait remarquer Martin Luther, ce sacrement n'a pas de fondement scripturaire. Au sein même de la gnose catholique romaine, il ne fut accordé pendant très longtemps au mariage qu'une valeur de sous-sacrement.

    Au profane qui passerait par là, je rappelle que les évangiles chrétiens n'accordent aucune valeur spirituelle, à l'opposé du bouddhisme, à l'organisation sociale ou aux lois statistiques. Le christianisme est pur de tout mysticisme sexuel, et la "fornication" dans le vocabulaire eschatologique désigne, non l'acte de chair hétérosexuel ou homosexuel en lui-même, mais le fait de prêter à l'acte sexuel une fonction qu'il n'a pas, ce qui est le propre des religions païennes.

    Pour les justes, fidèles à la parole de Jésus-Christ, qui est l'Esprit de Dieu, l'organisation sociale est démoniaque. Et on peut constater en effet que la subversion du christianisme, autrement dit le "socialisme chrétien", entraîne une occultation progressive de l'antichrist, jusqu'à l'apologie de Nitche, aujourd'hui, dans les cercles catholiques romains, après celle de Charles Maurras, au mépris le plus complet de la vérité.

    Si la dénonciation de l'amour courtois ("Roméo & Juliette") est au coeur de la littérature apocalyptique de Shakespeare, c'est pour la simple et bonne raison que l'amour courtois permet de comprendre l'histoire tragique de l'Occident moderne, son iniquité, non pas "banale" mais extraordinaire ; c'est-à-dire comment le clergé soi-disant catholique a été pendant longtemps l'artisan principal de la subversion du christianisme afin de doter la société d'une éthique et d'un régime légal; avant d'être tardivement remplacé dans cette fonction par un personnel judiciaire officiellement "laïc", mais dont les conceptions sont entièrement tributaires du régime de droit précédent.

    Une enquête sérieuse sur les "racines chrétiennes de la France", telle que l'université est incapable de produire aujourd'hui, mettrait à jour deux faits politiquement incorrects : 1/Le prolongement des institutions ecclésiastiques romaines par les institutions républicaines. 2/L'impossibilité de rattacher la notion de "racine chrétienne" aux Ecritures saintes.

    Apparemment ce sont deux camps opposés qui s'affrontent sur la question juridique du "mariage gay" ; en réalité ils sont tous les deux fornicateurs. Un camp occulte que le christianisme n'a aucun aspect juridique ; l'autre camp occulte que la principale cause d'évolution du droit est économique et dépourvue de rapport avec un humanisme quelconque. Il occulte que le droit occidental est un des outils majeurs de l'esclavagisme moderne et de ses conséquences terribles pour une partie de l'humanité, enchaînée aux caprices de l'autre.

    La barbarie, en France, tient désormais le haut du pavé. Enfants, gardez-vous de ces chiens qui disent vouloir votre bien : vous n'êtes qu'une livre de chair négociable entre leurs mains.