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  • Du Capitalisme révolutionnaire

    Le mouvement de l'économie capitaliste est, du point de vue de Marx ou Lénine, un mouvement révolutionnaire. De son analyse poussée du Capital, Marx avait déduit un mouvement dynamique. Il avait prévu que ce mouvement détruirait les structures sociales traditionnelles. Il voyait déjà dans la "Comédie humaine" de Balzac cette destruction à l'oeuvre, on ne peut mieux décrite par son auteur. On emploie le vilain terme de "juridicisation des rapports sociaux" pour décrire ce qui constitue selon Marx la révélation par Balzac des conséquences sociales du capitalisme. On peut dire que l'Etat totalitaire, au XXe siècle, est le point de croisement - un véritable noeud gordien - de tous les rapports sociaux. Au stade totalitaire la distinction entre la vie privée et la vie publique est, de ce fait, abolie, suivant la description saisissante d'Orwell dans "1984".

    Le capitalisme est la force révolutionnaire qui permet à la classe bourgeoise de s'imposer sur l'aristocratie foncière, qui se convertira à la culture bourgeoise ou sera "déclassée". Si la révolution fut moins violente Outre-Manche, explique Marx, c'est en raison de la conversion d'une large partie de l'aristocratie foncière britannique à la nouvelle économie capitaliste. Le capitalisme est encore le moyen de la victoire de la bourgeoisie américaine industrielle sur les propriétaires fonciers des Etats du Sud qui avaient fait sécession. La bourgeoisie capitaliste n'a pas exactement aboli l'esclavage selon Marx, elle lui a substitué le salariat ouvrier.

    En même temps que l'Etat bourgeois est le produit de la révolution, il s'oppose à la révolution populaire ou prolétarienne qui menace à son tour sa position dominante. Tout en célébrant la révolution comme un événement fondateur, la culture bourgeoise décrète plus ou moins discrètement le monopole de la bourgeoisie sur la révolution. G. Orwell n'a pas seulement montré que ce dispositif est caractéristique de l'Etat stalinien, mais qu'il l'est de l'Etat bourgeois, d'une manière générale.

    Le premier réflexe d'un certain nombre de publicistes bourgeois a été de retirer le label révolutionnaire au mouvement des Gilets jaunes. Comment les Gilets jaunes pourraient-ils se dire "révolutionnaires" si les apparatchiks prétendent l'être ?

    Le mouvement libéral MAGA se dit "révolutionnaire", mais il s'agit d'une révolution doublement supervisée par le président des Etats-Unis et une bonne partie de l'oligarchie.

    La culture bourgeoise contre-révolutionnaire passe en France par l'enseignement des valeurs laïques et républicaines issues des Lumières. La révolution n'a plus de raison d'être, en somme, puisqu'elle a déjà eu lieu et que l'Etat républicain en constitue le plus merveilleux accomplissement.