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Sainte Psychanalyse

La psychanalyse et les psychanalystes prolongent l'oeuvre du clergé catholique. Je le déduis de la perméabilité des milieux catholiques à cette pseudo-science, ainsi que d'un ouvrage de Carl Jung qui établit l'origine médiévale de la psychanalyse (si tous les catholiques ne le savent pas, le moyen-âge est la "place forte" du catholicisme).

Le pape Benoît XVI fit ainsi l'extravagante proposition, à la suite de scandales sexuels à répétition dans les séminaires catholiques, de soumettre les candidats au sacerdoce catholique à un examen psychologique préalable. Etonnante confiance dans la psychiatrie, dont les résultats ne sont pas probants... Mais surtout, cette recommandation traduit une conception du sacerdoce étrangère à celle que les évangiles mettent en avant, et que l'apôtre Paul explique.

Dès son apparition, la psychanalyse a rencontré l'opposition de médecins, de philosophes ou de savants ; la prétention de la psychanalyse à la critique littéraire ou artistique a notamment été brocardée sans ménagement.

Mais les psychanalystes ont su rapidement mettre au point la censure qui protège leur art de la critique ; on ne trouve pas facilement en France dans les bibliothèques les auteurs qui contestent le pouvoir thérapeutique ou la valeur scientifique de la psychanalyse. Le service que la psychanalyse et les psychanalystes rendent à l'Etat (ils siègent même parfois dans les tribunaux) explique largement l'efficacité de cette censure.

Je reproduis donc ici l'avis de Ludwig Rubiner sur la psychanalyse (souligné par moi) :

"Quand, au bout d'un bref séjour, je quittai de nouveau Berlin, la psychanalyse s'y était entre-temps établie. Elle est excessivement intelligente, et une conversation avec elle fait partie des singuliers plaisirs de cette vie - pour peu qu'on soit enclin à traîner formellement en longueur des hypothèses avec une fièvre logique. Mais il faut dire qu'elle est également d'autant limitée qu'elle veut s'appliquer à tout.

On croyait autrefois, de façon naïve et niaise, que la prétendue "vie" s'orientait, à peu près une génération plus tard, sur la spéculation artistique. C'est trente ans après les préraphaélites anglais, par exemple, que les dames de Saxe ont porté des vêtements rationnels.

Il nous faut apporter un complément à cette règle : la "Science" en procède elle aussi. Trente ans après la mort de Dostoïevski, apogée, pour toute une génération, d'une littérature qui analyse l'âme, la psychanalyse entre en action. Elle est évidemment loin de se douter qu'il ne s'agit plus depuis longtemps pour nous de problèmes en discussion, mais de faits, d'éléments concrets, de quelque chose qu'il est possible d'exprimer par les statistiques : il ne s'agit plus pour nous de psychologie, mais de notre nouvelle mythologie.

C'est pourquoi, dans sa valeur logique, la psychanalyse est fort inintéressante. Ce qui est seul important, c'est son utilité grossièrement pratique, le résultat thérapeutique.

Observez sur qui opère la psychanalyse : non sur les êtres créateurs (législateurs). Mais sur ceux dans la vie desquels la nature peut pénétrer immédiatement ; sur les artistes impressionnistes, sur les personnes qui aiment la mer et sur les femmes.

En revanche elle reste sans aucun sens pour des êtres qui sont dirigés par un esprit libre ; car chez eux la mémoire n'a pas à jacasser en vue d'une libération - elle procède, au contraire, d'une transposition, à l'intérieur d'objectifs qu'elle s'est consciemment fixés, en action directe." (1913)

Autrement dit, les personnes malades sont particulièrement disposées à prendre la psychanalyse au sérieux. Il est vrai que beaucoup de médecins, aujourd'hui encore, demeurent assez sceptiques.

Par "esprit libre", L. Rubiner entend "forte volonté", ce qui n'est pas la même chose (en particulier du point de vue chrétien où seule la vérité rend libre). Néanmoins il est vrai qu'un homme d'action vit dans le présent, délesté au maximum du fardeau du passé, dans lesquelles beaucoup de personnes passives demeurent engluées.

Réduite à une méthode consistant à se débarrasser du passé, la psychanalyse serait assez bénigne et équivalente du sacrement de confession catholique. Mais Rubiner a raison d'envisager la psychanalyse beaucoup plus largement, comme une cause et une conséquence en même temps d'une évolution des mentalités en Occident.

Il faut préciser que la nouvelle mythologie bourgeoise est une antimythologie, puisqu'elle place l'homme au centre de l'art et de la littérature. Le cinéma est le parfait exemple de cette antimythologie bourgeoise, puisque cet art est presque entièrement thérapeutique. Il m'est arrivé de croiser quelques hommes et femmes d'action au cours de mon existence : aucun ne parvenait vraiment à s'intéresser au cinéma.

Commentaires

  • Jung disait aussi que la psychanalyse se contentait juste en gros d'amputer la partie malade de la psyché. Et a vrai dire, si on y réfléchit bien, la plupart des concepts de cette science sont douteux, (comme par exemple la seconde topique) ou en tout cas discutables puisque largement inspirée par ce qu'on pourrait appeler les structures mentales de Freud.

  • Evolution notable également : tandis que pour Jung, "inconscient" est synonyme d'aliénation (plus ou moins grande), le discours psychanalytique aujourd'hui a tendance à présenter l'inconscient comme une chose ou un état d'esprit positif.
    L. Rubiner met à juste titre en avant que la psychanalyse n'a jamais autant de valeur que du point de vue du patient, dont la volonté est altérée par la maladie/folie ; de même la religion (au sens de détermination inconsciente) n'a jamais autant d'importance que du point de vue des personnes superstitieuses.

  • Jung explique que l'inconscient contient souvent des conflits, problématiques, part d'ombre, etc. que le conscient a refoulé, d’où l'aliénation. Le travail consiste ici à les mettre à jour et les "digérer". Freud lui dans sa seconde topique n’intègre pas au contraire, il crée une digue (le Surmoi) pour que le Ça reste contenu et ne vienne pas interférer avec le Moi. Malheureusement, la digue finit par déborder parfois...

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