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Premiers chrétiens ?

La mode, depuis environ deux siècles, est au retour au "christianisme primitif" ; aux Etats-Unis en premier lieu cette mode s’est fait jour, car la législation laïque de cette nation a permis l’épanouissement d’une multitude de sectes chrétiennes, dont le point commun est la rupture avec la « tradition ».

Conçue comme un retour au christianisme primitif, aux premières assemblées et communautés chrétiennes, une imitation de leurs rituels et modes de vie, cette mode ressemble à celle des congrégations religieuses monastiques, dont l’âge d’or se situe au moyen-âge, répondant pour beaucoup à une aspiration à une plus grande sincérité.

Or de ces monastères sont sortis une infinité de théologiens variés, parfois condamnés pour cause d’hérésie par leurs supérieurs hiérarchiques, et d’autre part la science dite « scolastique », pratiquement autonome de la foi chrétienne, et que nul chrétien n’est tenu de prendre au sérieux. Le Messie a condamné la religion juive de son temps, rendue stérile par ses prêtres, invitant à en extirper jusque aux racines ; de même les fruits de la scolastique sont invisibles.

Le retour au christianisme primitif est un voyage en arrière inutile puisque la religion chrétienne est entièrement tournée vers la fin des temps, le temps dit du « Jugement dernier ». Il est aussi dit que « Les derniers seront les premiers. » (à trois reprises dans l’évangile de Mathieu), paroles divines que l’Apôtre éclaire, au moins en partie, disant que certaines paroles mystérieuses du Messie seront dévoilées seulement à la fin des temps.

De surcroît le mot « tradition » est un mot qui sonne creux comme un tronc évidé de l’intérieur ; par conséquent il est difficile de rompre avec une chose qui n’existe pas.

Ainsi que le savant chrétien Francis Bacon en a fait la démonstration, il n’existe pas une mais plusieurs traditions philosophiques antiques, qui se contredisent entre elles ; si une telle tradition monolithique a un jour existé, ajoute ce saint (contre la vanité de certains érudits de son temps), elle a été engloutie et il n’en reste pas de trace utilisable pour soigner la bêtise humaine, « bêtise » au sens de « péché » ; cette démonstration est confirmée par le « flou artistique » dans lequel se réfugient les théoriciens de cette Tradition (Pic de la Mirandole, fin XVe), dont les propos résonnent eux-mêmes comme un tronc creux.

De ce mirage de la Tradition, la psychanalyse est, par les temps qui courent, une formule courante, qui feint de dévoiler la nature humaine à l’aide d’un savoir exhumé dans l’Antiquité.

A dire vrai, le contenu scientifique de la psychanalyse, s’il n’est pas inexistant et restaure bien certain savoir antique, est assez mince, bien que des foules entières de personnes crédules accordent un grand crédit à la psychanalyse.

D’autres sectes ou communautés chrétiennes ont mieux compris que le risque éloignement n’est pas d’ordre temporel, mais vis-à-vis de la Foi, dont le Messie enseigne à ses apôtres qu’elle est la pierre angulaire de l’Eglise, contre laquelle les portes de l’Enfer ne peuvent prévaloir ; l’apocalypse de Jean de Patmos révèle que, très tôt, les sept premières Eglises chrétiennes s’éloignèrent de la Foi selon des mobiles différents pour se rapprocher de « l’esprit du monde », par quoi on caractérise la volonté de ceux qui ont fait le choix de se tenir éloignés de la Foi et de l’Amour, soit qu’ils les méprisent à la manière des anciens païens, soit qu’ils s’en fassent une fausse idée en confondant l’Amour avec l’élan sexuel et la Foi avec la superstition (deux erreurs presque toujours reliées) comme beaucoup d’esprits mondains aujourd'hui.

A l’athée qui s’étonnerait d’une multiplicité de sectes chrétiennes, prônant parfois des doctrines contradictoires, et serait découragé pour cette raison de s’approcher de la foi chrétienne, je veux donner une explication et un conseil.

On ne s’étonne pas des dérives et changements de cap nombreux dans la science astronomique et des bouleversements radicaux de perspective qu’elle a connu au cours des siècles, pour ne pas dire des millénaires. Il y a de nombreuses explications plausibles à la persistance de l’erreur humaine à propos de sujet élevés. La foi chrétienne n’est pas moins exigeante que l'art de pénétrer les mystères du Ciel ou les choses de la nature. Les esprits faibles (superstitieux) se contentent volontiers de miracles et s’y arrêtent. On peut faire l’éloge d’un certain athéisme qui ne se contenterait pas de miracles. Ainsi que Jésus-Christ l’a dit, la chair s’interpose entre l’homme et la Foi, comme elle s’interpose entre toute entreprise courageuse et l’homme.

Quant au conseil il est donné par Jésus-Christ lui-même à ses apôtres de se méfier des discours qui ont seulement l’apparence chrétienne mais trahissent en réalité la Foi. En effet, dès les premiers temps du christianisme, des imposteurs s'emparèrent de la foi chrétienne pour la mettre à leur service ; il y en eût même qui le firent en étant animés d’une bonne intention, mais négligeant son contenu.

On peut tenir Paul de Tarse pour un authentique promoteur et défenseur de la Foi, d’un accès facile pour quiconque n’appartiendrait pas à une chrétienne.

Commentaires

  • Pour ma part beaucoup de mal à parler à des athées quand il s'agit en somme de véritables croyants, dans le plus mauvais sens du terme, qui ne connaissent même pas leurs dieux (le principal pour les "athées" français étant l'Etat comme me le faisait remarquer il y a deux jours un apprentis cuistot malien mahométan de 18ans.)
    Ne serait-ce pas plutôt qu'ils confondent le sexe avec les sentiments, qu'ils prennent pour de l'amour?
    Ne serait-ce pas plutôt les soi-disant chrétiens qui prennent le sexe pour de l'amour.

    (au fait, rien à voir, pour les quat'zarts, tu te rends ou tu persistes?)

  • Je ne parle pas ici d'athées endurcis dans leur athéisme, mais d'athées ignorants et curieux, qui ne connaissent le christianisme par la télévision (l'oracle de l'Etat).

  • Par la télévision ou par l'école républicaine. Je voudrais pas te décourager existe-t-il des" athées ignorants et curieux" à même de seulement constater les "dérives et changements de cap nombreux dans la science astronomique et des bouleversements radicaux de perspective qu’elle a connu au cours des siècles, pour ne pas dire des millénaires." ?

  • C'est sous-estimer dangereusement le pouvoir de la propagande républicaine, non?

  • Réponse indirecte : le sommet de la contre-culture au XXe siècle, c'est "1984" de Georges Orwell selon moi. Aucun autre bouquin n'exprime plus nettement et radicalement l'idée que la culture occidentale ne vaut absolument RIEN, ce qui dans un régime totalitaire où la Culture représente TOUT représente le plus grand des blasphèmes possibles.

    Or ce bouquin est écrit par un athée au sens où je l'entends dans ma note, c'est-à-dire un type qui éprouve de la méfiance vis-à-vis des religions en général, que celles-ci s'avancent derrière des symboles religieux ou qu'elles soient séculières, comme le socialisme. Orwell a fait une expérience politico-mystique, et elle l'a déçue ; il en a tiré la leçon.

    - "1984" est bien sûr qualifié de "désespérant" par les curés mondains, tenanciers de la Culture, qui se comportent exactement comme des dealers en face de qui propose un sevrage net. Mais un lecteur attentif verra que "1984" n'est pas si désespérant que ça. Ce n'est jamais désespérant de combattre le nihilisme, c'est-à-dire l'aspiration à la mort, dissimulé derrière la culture occidentale contemporaine comme la gueule de bois derrière le verre de vin.

  • D'ailleurs, à bien y réfléchir Goldstein l'ennemi intérieur d'Océania n'est rien de plus que la voix intérieure de chaque personne, qui n'est pas dupe de toutes ses manipulations. D’où aussi les séances de haine à son encontre et au contraire un respect mythico-religieux à Big Brother qui représente l'aliénation dans toute son horreur.

    On a aussi malgré toutes ses manipulations, cet état de guerre permanent, (ça ne vous rappelle rien en ce moment ?) toute la décrépitude de ce régime qui malgré une façade impeccable de productivité, d'efficience, etc. est en réalité de moins en moins capable de subvenir aux besoins de ses propres populations : les lames de rasoirs sont introuvables, la nourriture n'est plus qu'artificielle et O’Brien nous parle des rats qui vont même jusqu'à tuer des êtres humains (ce qui là encore se vérifie aisément à Paris même si les rats ne vont pas jusque là du moins pas encore...) ce qui rend l'effondrement de ce système inévitable à plus ou moins brève échéance.

  • Ce qui rend le totalitarisme fragile, c'est qu'il repose sur le mensonge, qui à la longue peut engendrer la confusion jusqu'à mettre en péril l'Etat et les élites oligarchiques.
    On peut dire en effet que Goldstein est la voix intérieure de ceux qui ne sont pas dupes, ou qui ne supportent pas physiquement le régime totalitaire ; Winston dit à Julia que sa dissidence se situe "en-dessous de la ceinture."
    Mais la Fraternité est un piège. C'est une des meilleures parties de "1984" où Orwell introduit sa propre désillusion ; la foi dans le socialisme révolutionnaire comme moyen de lutte l'avait conduit à une impasse. Le fachisme comme la démocratie-chrétienne ou le communlsme se présentent d'ailleurs comme des mouvements "fraternels".

  • Je ne sais pas si vous le savez Lapinos mais le livre que Winston obtient de O'Brien (Théorie et pratique du collectivisme oligarchique) existe réellement et a même pour auteur un certain Goldstein ! Je l'ai appris avec cette vidéo : https://player.vimeo.com/video/96798315 (si ça vous intéresse)

  • Je l'ignorais ; je pensais que Orwell avait plagié un essayiste socialiste. Ce qu'il est intéressant de relever, c'est que la Fraternité existe encore en 2021 ; les pseudo-marxistes comme Gramsci, sont toujours cités par des personnalités publiques ; Edwy Plenel est une sorte de Goldstein caricatural.

    Les tentatives de récupérer Orwell par différents partis politiques, notamment démocrates-chrétiens, sont intéressantes car Orwell fait de la propagande politique la principale source du mensonge généralisé.

  • Le totalitarisme est aussi fragile je trouve à cause de la violence qu'il génère et qui finit par se retourner contre-lui même : la masse même complètement endormie, peut toujours se déchaîner de manière irrationnelle et même les "élites" sont violentes entre elles: il suffit par exemple de penser à tous les scandales actuels qui sont finalement des règlements de compte entre hauts fonctionnaires, grands patrons, etc. Bref, l'enfer est divisé avec lui même, comme le disent les Évangiles.

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