Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Chrétiens en guerre (2)

    Le christianisme est une religion de paix, mais les chrétiens s'affrontent depuis des siècles au cours de guerres sans pitié. Il y a là sans doute de quoi dégoûter du christianisme...

    Je lisais il y a quelques heures sur un réseau social les messages d'un soi-disant chrétien, un de ces cadres supérieurs de la nation, ayant occupé un haut rang dans l'échelon administratif militaire : il éructait littéralement de haine. L'un de ses parents venait-il d'être fauché par une balle ou écrasé par un obus ? Il ne semble pas.

    Tournons-nous plutôt vers un artisan de paix : Francis Bacon. J'hésite à le qualifier d'humaniste car le terme a perdu toute signification précise. F. Bacon tire de la Bible cette leçon, illustrée aussi par Homère, que la modération est ce qui fait le plus défaut à l'homme naturel (sans morale), le précipitant tantôt vers Charybde, tantôt vers Sylla.

    Sur le plan religieux, F. Bacon décrit donc le pacifisme radical de certains chrétiens (les "anabaptistes", par ex.), d'une part, et la justification de la guerre par des motifs chrétiens d'autre part (les exemples ne manquent pas), comme deux erreurs ou deux écueils opposés.

    Autant que possible la guerre doit être évitée par les dirigeants chrétiens ; et, bien sûr, on ne prévient pas la guerre grâce à des incantations pacifistes ou en faisant la course aux armements - ni en faisant les deux en même temps (ce qui est assez caractéristique du régime démocrate-chrétien).

    Et, lorsque la guerre éclate malgré tout, comme la guerre relève de la politique, elle ne doit en aucun cas être justifiée par des arguments chrétiens, car les chrétiens doivent "rendre à César ce qui est à César" selon la réplique de Jésus aux pharisiens.

  • De quoi Benoît XVI est-il le nom ?

    Tâchons de faire le bilan critique de l'oeuvre intellectuelle de Benoît XVI (1927-2022), de la façon la moins polémique possible. J'explique ailleurs (sur ce blogue) pourquoi j'ai renié la religion catholique de mon enfance, à l'âge adulte, reniement qui n'est pas directement lié à Benoît XVI, mais plutôt au culte de la personnalité des papes, accru dernièrement par leur canonisation quasi-systématique et, bien entendu, l'usage de moyens de propagande médiatiques.

    Je crois avoir lu attentivement à peu près toutes les encycliques de Benoît XVI, y compris celles qu'on lui attribue sous lebenoit xvi,pape,mort,encyclique,fides et ratio nom de ses confrères. Il ne me paraît pas que Benoît XVI fût un "théologien", ni même un "philosophe". Joseph Ratzinger n'a pas conçu de nouveau dogme, ni cherché à élucider certaines prophéties comme Th. d'Aquin ; ni spécialement combattu l'hérésie comme Irénée ; son plaidoyer pour le mariage de la Foi et de la raison est bien de nature philosophique, mais assez minimaliste et problématique au pays de Voltaire et des Lumières, puisque les Lumières entendaient restaurer la raison, non pas contre la Foi, mais contre l'Eglise romaine. Benoît XVI s'inscrit-il comme G. Hegel dans la continuité des Lumières ? Ce n'est pas clair (pas plus clair de la part de Benoît XVI que ça ne l'est de la part de Hegel).

    - De mon point de vue, l'oeuvre de Benoît XVI, comme celle du concile Vatican II, est avant tout juridique et politique ; elle consiste à raffermir le lien entre la doctrine catholique (longtemps liée à la monarchie de droit divin) et la démocratie-chrétienne. On peut parler d'un effort de "rattrapage" par rapport aux Etats-Unis, nation fondée sur des valeurs démocratiques et chrétiennes (on peut voir au cours du conflit russo-ukrainien les dirigeants nord-américains invoquer des arguments et des textes chrétiens pour appuyer leur politique de soutien à l'Ukraine).

    Le double statut de chef politique et de chef religieux du président des Etats-Unis est assez évident, souligné par les querelles religieuses entre Républicains et Démocrates (en raison de sa culture "autarcique", la France est sur ce point un mauvais poste d'observation).

    Pour le dire plus simplement, il n'y a plus de différence entre un "catholique" et un "démocrate-chrétien", depuis la fin du XXe siècle, grâce à l'oeuvre de Benoît XVI et de ses confrères. Ce n'est pas un simple détail : cela pourrait faciliter, par exemple, le ralliement à l'évêque de Rome de certaines communautés dissidentes ou protestantes.

    L'ouvrage de Benoît XVI est donc un ouvrage de modernisation institutionnel. La meilleure preuve en est qu'il s'appuie sur la philosophie de Hegel, qui concilie la Foi et la raison ; K. Marx a montré que cette "raison" n'est pas n'importe quelle raison, puisqu'elle n'est autre que la raison d'Etat.

    C'est ici que le bât blesse, En effet, la différence entre "la raison d'Etat chrétienne" (présentée comme la "démocratie") et la monarchie de droit divin chrétien semble ténue, voire inexistante. Il semble donc que le point de vue politique et juridique de Benoît XVI soit le plus éloigné de la critique des temps modernes totalitaires. L'Etat totalitaire n'est-il pas justement "hégélien" ? Ne pèche-t-il pas par la volonté de viser autre chose que la satisfaction du bien commun ?

    D'autre part le point de vue institutionnel de Benoît XVI est réducteur. L'Eglise n'est pas un tas de pierre joliment agencées, comme les Juifs avaient tendance à croire, et certains conservateurs du patrimoine catholique ; mais elle n'est pas non plus une organisation étatique.

    NB : On peut reprocher à cette critique d'être réductrice ; elle est délibérément restreinte à la volonté de modernisation de l'Eglise de Benoît XVI, coordonnée avec celle de Jean-Paul II, son prédécesseur, et François Ier son successeur.