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pape

  • De quoi Benoît XVI est-il le nom ?

    Tâchons de faire le bilan critique de l'oeuvre intellectuelle de Benoît XVI (1927-2022), de la façon la moins polémique possible. J'explique ailleurs (sur ce blogue) pourquoi j'ai renié la religion catholique de mon enfance, à l'âge adulte, reniement qui n'est pas directement lié à Benoît XVI, mais plutôt au culte de la personnalité des papes, accru dernièrement par leur canonisation quasi-systématique et, bien entendu, l'usage de moyens de propagande médiatiques.

    Je crois avoir lu attentivement à peu près toutes les encycliques de Benoît XVI, y compris celles qu'on lui attribue sous lebenoit xvi,pape,mort,encyclique,fides et ratio nom de ses confrères. Il ne me paraît pas que Benoît XVI fût un "théologien", ni même un "philosophe". Joseph Ratzinger n'a pas conçu de nouveau dogme, ni cherché à élucider certaines prophéties comme Th. d'Aquin ; ni spécialement combattu l'hérésie comme Irénée ; son plaidoyer pour le mariage de la Foi et de la raison est bien de nature philosophique, mais assez minimaliste et problématique au pays de Voltaire et des Lumières, puisque les Lumières entendaient restaurer la raison, non pas contre la Foi, mais contre l'Eglise romaine. Benoît XVI s'inscrit-il comme G. Hegel dans la continuité des Lumières ? Ce n'est pas clair (pas plus clair de la part de Benoît XVI que ça ne l'est de la part de Hegel).

    - De mon point de vue, l'oeuvre de Benoît XVI, comme celle du concile Vatican II, est avant tout juridique et politique ; elle consiste à raffermir le lien entre la doctrine catholique (longtemps liée à la monarchie de droit divin) et la démocratie-chrétienne. On peut parler d'un effort de "rattrapage" par rapport aux Etats-Unis, nation fondée sur des valeurs démocratiques et chrétiennes (on peut voir au cours du conflit russo-ukrainien les dirigeants nord-américains invoquer des arguments et des textes chrétiens pour appuyer leur politique de soutien à l'Ukraine).

    Le double statut de chef politique et de chef religieux du président des Etats-Unis est assez évident, souligné par les querelles religieuses entre Républicains et Démocrates (en raison de sa culture "autarcique", la France est sur ce point un mauvais poste d'observation).

    Pour le dire plus simplement, il n'y a plus de différence entre un "catholique" et un "démocrate-chrétien", depuis la fin du XXe siècle, grâce à l'oeuvre de Benoît XVI et de ses confrères. Ce n'est pas un simple détail : cela pourrait faciliter, par exemple, le ralliement à l'évêque de Rome de certaines communautés dissidentes ou protestantes.

    L'ouvrage de Benoît XVI est donc un ouvrage de modernisation institutionnel. La meilleure preuve en est qu'il s'appuie sur la philosophie de Hegel, qui concilie la Foi et la raison ; K. Marx a montré que cette "raison" n'est pas n'importe quelle raison, puisqu'elle n'est autre que la raison d'Etat.

    C'est ici que le bât blesse, En effet, la différence entre "la raison d'Etat chrétienne" (présentée comme la "démocratie") et la monarchie de droit divin chrétien semble ténue, voire inexistante. Il semble donc que le point de vue politique et juridique de Benoît XVI soit le plus éloigné de la critique des temps modernes totalitaires. L'Etat totalitaire n'est-il pas justement "hégélien" ? Ne pèche-t-il pas par la volonté de viser autre chose que la satisfaction du bien commun ?

    D'autre part le point de vue institutionnel de Benoît XVI est réducteur. L'Eglise n'est pas un tas de pierre joliment agencées, comme les Juifs avaient tendance à croire, et certains conservateurs du patrimoine catholique ; mais elle n'est pas non plus une organisation étatique.

    NB : On peut reprocher à cette critique d'être réductrice ; elle est délibérément restreinte à la volonté de modernisation de l'Eglise de Benoît XVI, coordonnée avec celle de Jean-Paul II, son prédécesseur, et François Ier son successeur.

  • Le cas Bergoglio

    La démission de Joseph Ratzinger (Benoît XVI) au profit d'un nouveau pape évoque la démission d'un général après l'échec de son plan de bataille. Les discours publics de celui qui fut l'éminence grise de Karol Wojtyla (Jean-Paul II) rencontraient l'hostilité des médias du monde entier, qui ne manquaient jamais une occasion de rappeler son adhésion aux jeunesses hitlériennes.

    On peut penser que J. Ratzinger n'a jamais souhaité devenir pape, sachant que ce "péché de jeunesse" ne manquerait pas d'être mentionné par les médias, le rendant pratiquement inaudible.

    La réaction des médias et leur attitude comptent beaucoup du point de vue catholique ; le nier, c'est ignorer l'histoire de cette Eglise, ou encore refuser de prendre la mesure des efforts considérables de Jean-Paul II pour devenir une star planétaire, ce qui constitue un triomphe ou un sacre médiatique.

    Interrompue par l'inaptitude de Benoît XVI dans ce domaine, la marche en avant de l'Eglise romaine pour la reconnaissance médiatique a repris sous l'impulsion dudit "Pape François" (Jorge-Mario Bergoglio). L'Eglise romaine accuse un certain retard dans ce domaine, en comparaison de la religion dite "réformée" et des différentes sectes protestantes, déployées d'abord dans des pays du Nord de l'Europe où le journalisme est beaucoup plus moderne et efficace qu'en France ou en Italie. En France, la presse et les médias n'ont pratiquement aucune indépendance vis-à-vis de l'appareil d'Etat, sur le modèle soviétique (ou vice-versa).

    L'action du Pape François rencontre une certaine hostilité de la part des milieux catholiques français, ce qui était sans doute le cas aussi de son prédécesseur, pour des raisons et dans des milieux un peu différents. Le Pape François n'a sans doute cure des réticences françaises à son discours. D'abord parce que l'indiscipline française est presque une tradition multiséculaire; si la France n'a jamais rompu avec le pape, elle n'a jamais cessé de lui être infidèle, le trompant tantôt avec le roi, l'empereur ou la République.

    Et puis, surtout, ces catholiques français capricieux ne sont plus qu'une poignée, pas ou peu représentée directement sur l'échiquier politique. Le premier soin des candidats démocrates-chrétiens en France est de minimiser (au maximum) leur foi afin d'élargir leur audience.

    L'hostilité d'une partie des catholiques français s'explique par des raisons politiques. En effet, tandis que Benoît XVI semblait s'adresser d'abord aux Européens, le Pape François s'adresse aux pays en voie de développement, représentatifs de l'avenir, tandis que la situation démographique de l'Europe, son vieillissement, n'offre guère de perspective.

    (Pas question pour le pape d'approuver le "mariage gay", qui du point de vue du tiers-monde est perçu comme un caprice d'enfants gâtés ; pas question en revanche de condamner fermement l'avortement ou la contraception, qui dans le tiers-monde apparaissent comme le meilleur moyen de lutte contre la misère.)

    Sur certains points, le discours du pape François a même presque une tonalité "anti-occidentale", ce qui s'explique assez bien à cause du sentiment d'agacement, voire de colère, qui prend de l'ampleur dans les pays du tiers-monde et les pays en voie de développement, compte tenu des privilèges de l'Occident et de leur domination politique. Le pape trouve là une occasion de gommer l'image "d'Eglise des nantis et des patrons", qui colle à l'Eglise catholique depuis le XIXe siècle et les pamphlets prolétariens, dont les dommages en termes de propagande ont sans doute été considérables, et au moins comparables à l'affront de la Réforme protestante.

    En définitive, ce ne serait pas un paradoxe si grand de constater que la mondialisation se présente du point de vue de Rome comme une aubaine, c'est-à-dire comme le moyen de s'exprimer pleinement "urbi & orbi" (ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui, compte tenu de la puissance des médias occidentaux).

    Il n'en reste pas moins vrai que toute propagande se heurte à la défense expresse du Sauveur d'utiliser son message pour la défense d'une cause terrestre quelconque, que celle-ci soit nationale, prolétarienne, élitiste, économique, humanitaire. Le plan social, dans l'apocalypse, se confond avec l'enfer. 

  • Rendez à César...

    Contre la tentative pharisienne de certains théologiens catholiques (mais pas exclusivement) de légitimer l'ordre politique et social à l'aide du Nouveau Testament, qui selon les apôtres donne tout son sens à l'ancienne Loi de Moïse (devenue lettre morte à cause du clergé juif) :

    - Un pauvre comprendra aisément l'exhortation de Jésus-Christ à ne pas se faire le serviteur de deux maîtres et à se préoccuper d'abord de son salut ; en effet les pauvres n'ont pas part, sauf accident, au gouvernement des hommes et de leurs affaires. Quant aux "simples en esprit", appelés aussi "bienheureux", ils restent insensibles aux flatteries démocratiques et perçoivent plus nettement leur caractère démagogique ou catastrophique (révolutions sanglantes au profit d'une caste nouvelle d'arrivistes).

    - La "démocratie-chrétienne" est la formule contemporaine de ce péché contre l'Esprit qui consiste à convoquer la parole de Dieu au service d'intérêts temporels ; la démocratie-chrétienne est une fiction juridique illustrée par les Etats-Unis - l'envers du décors est un régime ploutocratique qui scandalise une partie de l'humanité ; on ne pourrait concevoir de pire repoussoir, si toutefois les évêques de Rome et leur cour n'avaient déjà fourni l'exemple autrefois d'un éloignement radical de la parole divine qu'ils étaient censés promouvoir.

    - Fallacieux et saugrenu à la fois le raisonnement qui consiste à reprocher aux gouvernants de ce monde (unifié par l'argent) de manquer de respect à Dieu et aux Evangiles ; fallacieux parce qu'il contredit l'exigence formulée par Jésus-Christ à l'attention des pharisiens de ne pas confondre les choses spirituelles avec les choses humaines ou terre-à-terre qui relèvent de César (mariage, impôts, etc.) ; mais plus encore saugrenu ce raisonnement, car il peut servir à justifier le césarisme, ou bien son contraire, à savoir la rébellion contre le pouvoir civil.

    Jésus-Christ n'a pas interdit à ses disciples de se mêler de questions sociales ou politiques, pas plus qu'il ne leur a interdit de boire ou manger comme tout le monde, mais il leur a formellement interdit de s'en mêler en son nom ou celui de son père.

    Aucun auteur moderne n'a sans doute mieux traduit que Shakespeare dans ses tragédies la portée historique de cette transgression du message évangélique par certains prêtres ou conseillers politiques qui se réclament de la parole divine.

  • Question de foi

    "Il y a deux logiques de pensée et de foi : la peur de perdre ceux qui sont sauvés et le désir de sauver ceux qui sont perdus." Pape François (homélie 15 février)

    On peut dire la foi chrétienne, a contrario du pape, pure des sentiments humains que sont la crainte et le désir.

    Si l'on substitue dans son sermon "propagande de la foi" à "pensée" et "foi", alors le pape dit vrai.

  • Nietzsche et le pape

    De façon assez surprenante, F. Nietzsche est mentionné dans la dernière encyclique de l'évêque de Rome "Lumen fidei".

    F.N. est mentionné comme un simple détracteur de la foi chrétienne, et non comme l'apôtre de la "culture de vie" satanique ou antichrétienne. A cet égard, si le poème invoquant le nom de Zarathoustra peut paraître un peu obscurs aux béotiens, "L'Antichrist" ne laisse aucun doute possible quant à la volonté de Nietzsche d'éradiquer le judaïsme et le christianisme de la surface de la terre. Cette entreprise, le philosophe allemand la croit d'autant plus à la portée de l'humanité qu'il considère la bourgeoisie "judéo-chrétienne" occidentale comme une parodie de christianisme. Nietzsche, qui a lu les Evangiles dans son enfance, sait que l'on ne peut pas être bourgeois et chrétien en même temps, servir le veau d'or et dieu.

    L'originalité de Nietzsche est suffisamment grande pour qu'il mérite d'être présenté, et non introduit subrepticement dans un paragraphe. La critique marxiste, en comparaison, se contente d'accuser l'Eglise de Rome d'être une assemblée de tartuffes corrompus, au service du capital. Nietzsche va beaucoup plus loin dans sa tentative de démontrer que la théologie chrétienne est nulle et non avenue.

    Le principal mérite de Nietzsche - en quoi on peut voir la preuve d'une certaine naïveté -, est la relative franchise de son antichristianisme, contrairement à d'autres antichrists qui, comme le Français Charles Maurras, affichent leur sympathie pour l'Eglise romaine et dissimulent leur haine de Jésus-Christ et des apôtres, afin de séduire un plus grand nombre de jeunes crétins ignares dans des pays comme la France ou l'Italie, où l'on est "catholique par sa mère" - c'est-à-dire presque instinctivement.

    Une bonne raison de l'évêque de Rome d'en dire le moins possible sur Nietzsche est le jugement favorable de celui-ci vis-à-vis de l'Eglise romaine, restauratrice du paganisme et de la culture de vie selon lui, sous l'apparence de servir Jésus-Christ. La haine de Nietzsche est surtout dirigée contre les chrétiens qui témoignent d'un christianisme authentique, tels Paul de Tarse et Martin Luther.

    On peut comprendre Nietzsche comme un protestant allemand qui se convertit au catholicisme, afin de se libérer du puritanisme protestant et allemand, et désire parfaire la doctrine catholique romaine en indiquant qu'elle est un culte rendu, non pas à Dieu, mais à Satan et à la nature (à travers l'art, notamment).

    L'hommage du pape à Nietzsche est indirect, pour sa part. Il veut défendre la théologie catholique, accusée par Nietzsche de reposer sur une conception de la lumière entièrement rhétorique (contrairement au feu solaire satanique). Etant donné que l'encyclique se contente d'opposer une conception subjective de la lumière, elle ne fait que renforcer l'accusation de Nietzsche.

     

     

  • Le pape féministe

    Le pape François est l'auteur d'une déclaration de principe féministe, reprise par les médias et la propagande démocrate-chrétienne ; à propos des inégalités de salaire, comme quoi la gent féminine devrait être aussi bien payée que la gent masculine, blablabla. Les déclarations pacifistes du pape (toujours de principe) sont les plus suspectes d'insincérité, étant donné ses prises de position dans le domaine économique, et l'instabilité qui résulte de l'organisation économique mondiale, principal facteur de guerre.

    Le Messie des chrétiens, authentique propagateur de la foi, n'a jamais promis la paix sociale. Il n'a jamais rien promis à ses apôtres dans le domaine social. L'idéal de justice égalitariste n'est pas un idéal chrétien. Et il ne s'agit même pas de christianisme ici - tous les philosophes un tant soit peu honnêtes et conscients des limites posées par la nature à la condition humaine et aux sociétés temporelles le disent : l'égalité n'est qu'une illusion.

    Le public catholique est désormais tellement abruti que le pape pourrait aussi proclamer que "Le travail rend libre", ce public n'y verrait que du feu.

    Cependant le féminisme est lié en Occident au cléricalisme, à son activité de subversion du message évangélique par la doctrine sociale catholique. De ce fait, le féminisme est une longue tradition dans l'Eglise catholique, ignorée plus ou moins délibérément par les féministes socialistes contemporaines, qui font preuve à l'égard de l'Etat de la même dévotion, espèrent autant de lui que leurs consoeurs du temps jadis espéraient d'un dieu aux contours mal définis, sans doute aussi subjectif que l'Etat moderne.

    Les clercs lettrés, auteurs à la fin du moyen-âge des premiers romans féministes, à destination d'un public aristocratique ou populaire, mettent en avant, à travers diverses héroïnes ou saintes fictives, l'esprit de sacrifice des femmes, leur mérite social plus grand que celui du sexe naturellement opposé, faisant oublier que les évangiles sont muets sur les questions sociales. Jésus-Christ fait très explicitement comprendre aux juifs qui l'interrogent sur ces questions, notamment afin de le piéger, qu'elles lui sont indifférentes. C'est ce qui explique aussi que Ponce-Pilate n'a pas de motif valable pour condamner à mort le Messie, dont le message n'a aucune portée sociale révolutionnaire qui pourrait troubler l'ordre moral et politique romain. L'apôtre Paul confirme catégoriquement que "les oeuvres ne sauvent pas". Quant aux dispositions temporelles prises par Moïse (la possibilité pour les hommes de répudier leurs femmes sous divers prétextes), le Messie les déclare caduques.

    Il n'est aucune société qui ne soit sous l'emprise de la mort, et par conséquent du péché. Il n'est aucune société qui fasse place à l'amour, et la civilisation moderne ne propose de l'amour qu'une conception dont l'érotomanie consumériste de l'Occident est la seule preuve tangible. Par ses déclarations en faveur de l'égalité salariale, le dernier évêque de Rome ne fait qu'ajouter sa pierre à cet édifice branlant.

  • L'Homme moderne

    Toute l'activité de l'homme moderne, je pense en particulier au pape, semble faite pour se prouver à lui-même qu'il n'est pas mort. Les hommes, avant d'être "modernes", se contentaient de vivre ; désormais, ils ont tendance à fournir la démonstration qu'ils existent bel et bien, à faire toutes sortes de dépenses qu'ils ne feraient pas s'ils vivaient vraiment. Si l'Occident gaspille autant, c'est bien parce qu'il est peuplé surtout de morts-vivants : les morts peuvent se permettre de flamber. 

    Est-ce que l'homme moderne ne se maudit pas lui-même dans son for intérieur, par exemple d'être aussi impuissant et de devoir toujours paraître et dire le contraire, pour répondre à l'attente féminine du monde ? Est-ce que l'homme moderne n'accomplit pas contre lui-même l'oeuvre du jugement dernier en se maudissant dans sa fuite ?

    Les rêves prouvent bien qu'il n'y a pas de frontière nette entre la vie et la mort, et que le point de vue technique médical est un peu limité.

  • Delenda est Roma

    Après un pape allemand de droite, jonglant avec les références philosophiques hégéliennes pour épater les amateurs de sermons tordus et autres séminaristes occupés à donner à leur homosexualité un sens digne de leur mère, la curie a bombardé un pape de gauche, plus habile à épater les foules. La religion du futur sera quantique ou ne sera pas - on pourra calculer son PPCM avec son téléphone cellulaire.

    Aussi ce pape parie-t-il ostensiblement avec ses gardes suisses sur les prochains matchs de foot. Du pain et des jeux de société plus ou moins violents, voilà le meilleur moyen d'endiguer la vérité. Au fait, Jésus jouait-il avant-centre ou arrière-droit ?

    Appartenir à l'Eglise romaine est le meilleur moyen d'être de son temps. Tous les styles de papes sont théoriquement possibles.

     

  • Le pape et la morale

    Un magazine mondain consacrait récemment une enquête au pape François. Quelques journalistes mondains y donnent leur avis sur le catholicisme et le dernier pape.

    Le catholicisme romain n'est "la foi du charbonnier" qu'en vertu des cartels dévolus à l'extraction de ce minerai précieux et des curés/journalistes/publicitaires/communicants qu'ils embauchent. Ne doutons pas que l'Esprit de dieu puisse aider les fidèles apôtres de la parole divine à triompher de cette fourberie. Hannah Arendt n'est pas chrétienne, cependant elle dit justement que, si la politique peut étouffer la vérité, pendant un laps de temps plus ou moins long, c'est-à-dire y mettre une vérité institutionnelle à la place, et faire passer cette vérité institutionnelle pour une vérité universelle, la politique est impuissante à remplacer la vérité. C'est cela même qui, selon les chrétiens, condamne le monde. Malgré tous les efforts de celui-ci pour éviter le jugement dernier, il ne l'évitera pas. Et l'évidence est, sous nos yeux, que le monde est en train de crever de ses propres apories, comme un serpent qui se mord la queue.

    Il est évident aussi que le pape François, comme ces prédécesseurs, donne dans l'activisme politique, activité où l'on ne surprend jamais le Messie et ses apôtres.

    En lisant la prose des derniers évêques de Rome, on comprend vite pourquoi Karl Marx parle de déphilosopher. La philosophie chrétienne est, en effet, la plus mauvaise du monde.

    - Ainsi le pape François déclare vouloir se montrer dur pour le péché, mais tendre pour le pécheur. Sur un tel propos, on ne peut fonder aucune vertu véritable, au sens profond et univoque de la vertu et de la culture de vie païenne à laquelle la vertu est liée. La véritable vertu implique le principe inverse de sévérité vis-à-vis du pécheur, et de tolérance à l'égard du péché et de sa cause naturelle. La saine anthropologie païenne vise le bien social, tout en s'inclinant devant le principe de l'éternel retour et de la mort.

    Une telle formule du pape justifie les violentes diatribes de l'antichrist Nitche, car il y a bien dans une telle formule le fondement de la moraline et de tous les décrets juridiques qui n'en sont pas, mais des ruses de tartuffe. Cette formule a bien une source évangélique, mais elle n'a pas un sens moral. On ne peut fonder aucune anthropologie ou science humaine dessus. Comme le dit Paul, Dieu ne demande pas à l'homme de se justifier par ses oeuvres morales, mais de s'essayer à l'amour, dont il est humainement incapable.

    On peut vérifier que la colère du Messie est dirigée contre les pharisiens, voire ses apôtres, non pas parce qu'ils portent atteinte à la vertu, mais parce qu'ils s'entêtent dans l'erreur et les doctrines sociales. Ils plaquent un raisonnement éthique sur la logique chrétienne et l'enseignement de leur maître, qui n'est pourtant pas venu comme le bouddha leur enseigner des règles de vie.

  • Un pape marxiste ?

    Le reproche a été fait au pape François d'être marxiste par des idéologues libéraux américains, à la suite de discours condamnant les méthodes économiques libérales.

    Disons-le d'emblée, la critique marxiste serait dépourvue d'intérêt si elle consistait dans la remise en cause des méthodes économiques libérales, puisqu'un tel discours revient à pisser dans un violon et, en définitive, à conforter l'idéologie libérale comme la doctrine la plus pragmatique et rationnelle.

    Karl Marx n'envisage pas le libéralisme tel qu'il se définit lui-même, mais tel qu'il est du point de vue historique, comme une composante du totalitarisme. Sans l'appui de l'Etat et de ses pouvoirs régaliens extraordinaires, la constitution de monopoles industriels et bancaires n'aurait pas été possible. La concurrence et la compétition qui, selon les idéologues libéraux sont facteurs de liberté économique, conduisent au contraire selon Marx à la constitution de positions économiques dominantes inexpugnables. Le monopole sur l'arme nucléaire est un exemple de monopole où ce double aspect régalien et capitaliste est perceptible, puisqu'il permet largement aux nations capitalistes surendettées de "tenir en respect" leurs créanciers, sans quoi elles ne pourraient poursuivre leurs objectifs de croissance et s'effondreraient. L'explication marxiste des guerres mondiales est loin de l'explication stalinienne pittoresque d'un accès de folie fachiste. Même Hegel, pourtant si peu lucide sur la décadence scientifique de l'Occident, ne conçoit pas Napoléon comme un homme vraiment libre de ses actes, mais plutôt comme l'acteur principal d'un opéra qui en ignore le livret.

    Marx souligne en outre combien les valeurs judéo-chrétiennes s'accordent avec ce plan de développement capitaliste. Et, indéniablement, l'idée de modernité est indissociable des valeurs judéo-chrétiennes : les utopies modernes totalitaires portent la marque du judéo-christianisme, qu'elles soient athées ou non. Du point de vue païen antihistorique synthétisé par Nitche, l'éthique moderne est une culture de mort irrationnelle. Nitche oppose ainsi à l'éthique et l'économie modernes les exigences de l'art et de la culture de vie païenne. Ce que la doctrine de Nitche occulte, d'une manière vraisemblablement volontaire, c'est la subversion du message évangélique opérée par ces valeurs dites "judéo-chrétiennes". Autrement dit, le progrès social et l'équité sociale sont des objectifs chrétiens truqués et catastophiques selon Nitche ; en réalité, il n'en est rien, les évangiles sont purs de tout motif de justice sociale. Ils ne permettent pas plus de légitimer la tyrannie que la révolte populaire ou la démocratie, bien que la plupart de leurs traductions ont servi cette fin.

    La logique païenne de Nitche cède sous le poids de la nécessité de faire porter la responsabilité de la subversion ou de l'inversion des valeurs au peuple, aux faibles, aux ratés, contre la démonstration de Shakespeare que cette subversion répond essentiellement aux besoins des élites morales et politiques occidentales. Ainsi les personnages qui, dans le théâtre de Shakespeare, tentent l'impossible conciliation de l'esprit chrétien et de la volonté politique, ou bien l'incarnent par l'usage de symboles usurpés, sont-ils représentatifs de l'antichristianisme et de sa montée en puissance au cours de l'histoire moderne. Shakespeare a conscience que la rétractation du monde au catholicisme ou à l'universalisme n'est pas le satanisme le plus brutal et aristocratique, à la manière de Nitche, mais bien l'invention du providentialisme le plus abstrait et fragile, anthropologique afin de préserver intactes les visées de l'élite.

    Le totalitarisme s'impose donc, contre la critique rationaliste de Nitche, en dépit de son caractère ubuesque et de l'effritement de la responsabilité politique qu'il entraîne, au grand dam des partisans réactionnaires du "politique d'abord", parce qu'il est le mieux adapté. L'aliénation du monde est la réponse du monde à la révélation chrétienne.

    Où le marxisme rencontre le christianisme, c'est lorsqu'il définit l'Etat moderne comme un facteur d'aliénation et une idole dont l'analogie avec le veau d'or n'est imperceptible que pour quelques puritains socialistes.

    Voilà pourquoi le Messie n'est pas venu apporter la paix au monde ; parce que celui-ci ne peut la concevoir autrement que comme l'ordre, fondé sur l'illusion de l'éternel retour, quand le christianisme affirme que l'émancipation de l'ordre naturel est possible. Si l'équilibre du monde était possible, la décélération prônée par certains, alors Nitche aurait raison : le christianisme ne serait qu'une pure invention, et l'histoire un leurre.

    Comme les évangiles n'ont aucune solution pour rendre le monde plus juste, non seulement le pape et les actionnaires des doctrines chrétiennes sociales ne sont pas marxistes (la conception de la science selon Marx, comme étant "hors du monde" ou répondant peu à ses besoins, est très proche de la conception chrétienne de dieu), mais ils ne sont pas chrétiens. Si les institutions chrétiennes avaient le monopole du salut, elles ne seraient pas irrémédiablement divisées sur ses solutions - irrémédiablement, car l'apocalypse est à l'oeuvre et l'histoire ne repasse pas les plats.  

  • Le pape antéchrist

    Il ne faut pas s'étonner de la substitution de discours sociologiques creux au message évangélique, à l'intérieur même de ce qui se donne l'apparence d'une Eglise chrétienne. Le Messie a mis en garde ses apôtres contre les faux prophètes s'exprimant en son nom. L'apôtre Paul dément l'argument totalitaire du progrès continu de l'humanité, en nous avertissant contre la montée en puissance de l'antéchrist au cours de l'histoire.

    Dernièrement, le nouvel évêque de Rome appelait à une journée de jeûne contre les opérations militaires prévues par le pacte Atlantique en Syrie : on se demande pourquoi ce tartuffe ne retire pas plutôt l'agrément de son officine aux clercs catholiques romains chargés de donner du coeur à l'ouvrage à certains militaires actifs au sein du pacte Atlantique, et qui osent ainsi dévoyer le message de paix du Messie des chrétiens.

    La même tartufferie est au coeur des repentances de l'Eglise romaine en raison de sa passivité au cours du dernier conflit mondial. On nage en plein athéisme, c'est-à-dire en plein délire anthropologique, puisqu'il s'agit là de toute évidence d'une opération de blanchiment éthique de la société civile occidentale.

    Le discours sociologique de l'évêque de Rome et de ses sbires démocrates-chrétiens en France, afin de défendre la "famille chrétienne", c'est-à-dire une institution païenne christianisée il y a plus de mille ans dans des circonstances morales et politiques incomparables avec celles de l'Occident impérialiste aujourd'hui, ce discours est scandaleux à divers titres ; il l'est d'abord en tant que subversion et occultation du message évangélique authentique.

    L'évêque de Rome déclare vouloir que soit mis en évidence "le lien unissant le bien commun à la promotion de la famille fondée sur le mariage, au-delà des préjugés et des idéologies". Il ajoute : "En tant qu'Eglise, nous proposons une conception de la famille qui est celle du livre de la Genèse, de l'unité dans la différence entre homme et femme. Dans cette réalité, nous reconnaissons un bien pour tous, la première société naturelle, comme elle est aussi reconnue dans la Constitution de la République italienne."

    La vérité est qu'il n'y a rien dans le Nouveau Testament qui fonde la gnose sociologique du dernier pape romain. D'une manière générale, on peut être sûr que "ce qui est reconnu dans la Constitution de la République italienne", comme dit ce pontife lèche-botte, s'apparente à ce que les chrétiens nomment "antichristianisme", et dont le parti démocrate-chrétien s'est arrangé pour faire disparaître la notion. Un enfant de choeur sait ce que le pape des bonnes femmes catholiques romaines ignore : à savoir que le Messie n'a cure de l'agrément de Ponce-Pilate.

    Si l'on remonte ne serait-ce qu'une cinquantaine d'années en arrière, on s'apercevra que les théologiens catholiques romains étaient gênés pour accorder au mariage chrétien plus que la valeur d'un demi-sacrement, notamment en raison de ça : "Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je suis venu apporter, non la paix, mais le glaive. Car je suis venu séparer le fils de son père, la fille de sa mère, et la bru de sa belle-mère ; et on aura pour ennemis les gens de sa propre maison." (Mt X, 34-36)

    En dépit des mensonges du pape, les évangiles n'attribuent à l'homme aucune vocation sociale. Le chrétien sait qu'elle serait nécessairement mondaine et macabre, impliquant la négation du péché originel. A cet égard, on note l'interprétation délirante de la Genèse par le pape : elle est systématique au cours de l'histoire de l'Occident de la part des clercs subversifs qui tentent d'attribuer au christianisme une vocation sociale. Ils font d'une fable scientifique une fable moralisatrice, pour tenter de contourner le problème que le message évangélique pose aux pharisiens, dans la mesure où il abolit le plan légal et éthique, au nom de l'esprit de dieu et de la parole divine. On peut qualifier le "judéo-christianisme", en tant qu'amalgame, de pharisaïsme ; ce syncrétisme, qui a pour effet d'ôter la dimension historique ou prophétique au christianisme, est la religion de la synagogue de Satan, expression où demeure gravée jusqu'à la fin des temps la tentative de Satan de se faire passer pour dieu aux yeux du monde, à l'aide de clercs corrompus. Ce "judéo-christianisme" est d'ailleurs l'essence de la modernité, c'est-à-dire de la tentative mondaine de mettre fin à l'histoire.

    On note d'ailleurs l'extrême hypocrisie du parti démocrate-chrétien et de ses chefs à prétendre incarner la défense de la civilisation, alors même que la démocratie-chrétienne est une des complices les plus actives de la décadence de l'Occident.

     

  • Paul, le Pape et l'Antéchrist

    Dans la dernière encyclique rédigée à quatre mains par les deux derniers évêques de Rome ("Lumen fidei"), le reproche de F. Nitche adressé à la foi chrétienne de nuire à la science est évoqué. Le pape-philosophe s'en sert pour développer un nouvel argumentaire purement rhétorique sur la foi et la raison. Un argumentaire sans fondement chrétien, car le christianisme N'EST PAS une doctrine philosophique.

    Il était une manière simple de renvoyer Nitche à ses chères études sataniques ; en effet, chez Nitche, suivant une conception romaine ou égyptienne de la science, et non spécifiquement grecque comme il le croit, art et science sont confondus. Le reproche précis fait au christianisme, en tant que cadre intellectuel principal de l'Occident moderne, est d'entraîner une perte de conscience de la réalité. Le "réalisme" de Nitche n'est pas celui de Marx, encore moins celui de Shakespeare ou Aristote. L'art, pour ces derniers, ne fonde qu'un semi-réalisme. 

    Nitche proclame nettement que l'art est supérieur à la science. Cette conception est romaine ou égyptienne, mais on peut également la dire "totalitaire", car c'est cette conception qui permet le mieux à l'élite politique de conserver la haute main sur l'art et la science. Le pape aurait pu répondre simplement : contrairement au préjugé élitiste de Nitche en faveur de l'art, le christianisme ne se préoccupe pas d'art, ni par conséquent de psychologie, seule la science consciente peut amener le chrétien à voir la vérité face à face.

    Hélas, du point de vue scolastique et philosophique du pape, cette réponse était impossible à faire, car le reproche adressé au judéo-christianisme d'être le ferment de la décadence artistique moderne est bel et bien fondé. L'origine de l'existentialisme et de l'art existentialiste moderne, réduits par K. Marx au niveau de l'onanisme, voire traduisant une tendance nécrophile (S. Dali), est bien dans les spéculations philosophiques médiévales, à peu près équivalentes sur le plan scientifique du sabir de la psychanalyse moderne, dont on voit qu'elle fait la plus forte impression dans les peuples ou les groupes sociaux les plus aliénés mentalement.

    Les philosophes des Lumières furent à la fois moins cohérents que Nitche, et en même temps plus pragmatiques, n'hésitant pas à confronter la doctrine chrétienne officielle avec ses propres fondements scripturaires afin de souligner l'inconséquence de la doctrine officielle.

    Mais l'encyclique évite de se pencher sur des aspects beaucoup plus vertigineux de l'attaque violente de Nitche contre la morale judéo-chrétienne, que Nitche n'hésite pas à accuser de crime contre l'humanité. C'est un avocat de Satan sauveur du monde, contre les judéo-chrétiens qui complotent son anéantissement, auquel le pape à affaire. Pratiquement, c'est du retour de Judas Iscariote parmi les apôtres dont il s'agit. Sans doute Nitche n'est pas le premier à renier le Messie, mais aucun ne l'a fait avec autant de conviction religieuse, sauf peut-être certains personnages des pièces de Molière, Shakespeare ou Marlowe.

    Il faut barboter dans la mauvaise bière philosophique allemande jusqu'au cou pour ne pas se rendre compte de la valeur de Nitche et de sa profondeur morale.

    - Le point où l'antéchrist et l'évêque de Rome sont "à égalité" est important, c'est celui de l'histoire, que le pape, de son trône, ne peut pas voir, exposant ses ouailles à être les cocus de l'histoire, ainsi que le sont toujours, à travers les âges, les âmes militaires ou militantes, qui essuient ainsi les plâtres de politiques menées par des chefs cyniques ou imbéciles. Quant à Nietzsche, sa conception physique de l'histoire, fondée sur la culture de vie païenne, et comprenant la culture de mort comme la décadence, cette conception le conduit à ignorer la vision historique de l'antéchrist selon l'apôtre Paul. Nitche, à l'instar de Judas, est disposé à affronter le destin et la mort - mais il n'est pas disposé à accepter la défaite de Satan prédite par les prophètes.

    Je renvoie ici à un petit opuscule anonyme (1838), disponible via google, qui traite de l'élucidation de l'antéchrist par l'apôtre Paul. Il est difficile de dire si elle est directement inspirée par Nitche, mais je constate un redoublement de la haine de l'apôtre des gentils, soigneusement organisé, y compris et surtout par des milieux dissimulés derrière le masque judéo-chrétien ; cette haine n'est d'ailleurs pas sans rappeler la pourriture maurrassienne, par sa manière pédérastique d'abuser de jeunes esprits en détournant du christianisme par des méthodes qui ne valent guère mieux que les trente deniers offerts par le sanhédrin à l'Iscariote. La clef de cette haine est facile à comprendre : les épîtres de Paul sont les plus dissuasives de forger un "judéo-christianisme" et, par exemple, de fabriquer une théocratie d'Etat comme celle en vigueur aujourd'hui aux Etats-Unis. Si le pape s'occupait de prolonger l'exégèse de Paul au lieu de vaticiner dans les déserts de la philosophie, il serait logiquement entraîné à excommunier tous les dirigeants des cartels industriels bancaires occidentaux "démocrate-chrétiens", au lieu de distribuer des sourires et des poignées de mains claudéliennes aux quatre coins de la terre.

  • Dialogue avec l'Antéchrist

    La fortune critique de Nitche est étonnante. Le "pape François" le cite curieusement dans sa récente encyclique ("Lumen fidei").

    L'incohérence de la pensée de Nitche sur de nombreux points, en particulier sur le point de son incapacité à démêler clairement ce qui relève de l'évangile et ce qui relève de la tradition chrétienne, cette incohérence s'explique du fait que cette pensée est un volontarisme, et que comme toute volonté ou vitalité, elle a des hauts et des bas. En quelque sorte, Nitche n'écrit que pour lui-même. Et on peut le dire de tout artiste moderne "nitchéen".

    Il ne fait aucun doute que la principale cause de la fortune critique de Nietzsche, en quoi son satanisme antimoderne est adoubé par les parangons de la moraline post-moderne de gauche ou de droite, est la mise en valeur par Nietzsche de l'instinct bestial. Voilà qui est propre à satisfaire le goût de la chair humaine, aussi bien du Shylock démocrate-chrétien que de l'athée rationaliste blasé, revenu de tout sauf des rentes de son capital.

    Le problème qui nous occupe est celui de la récupération de Nitche par des chiens démocrates-chrétiens. Les francs suppôts de Satan ne me tiendront pas rancune de dire de Nitche qu'il est satanique, ainsi qu'il l'écrit noir sur blanc. Il est un passage où Nitche écrit que les chrétiens, du fait de leur dieu, n'aiment pas la science ; j'aimerais leur prouver le contraire, en mettant Nitche et Hitler dans le même panier, celui des suppôts de Satan de 2nde classe. 

    "(...) cela impliquerait, en effet, un jugement net sur Jésus lui-même ; or, à cet égard, les jugements de Nietzsche demeurant ambigus malgré une sympathie évidente (entretenue, de plus, par une identification inconsciente qui éclatera à l'occasion de la crise de folie, où Nietzsche signera ses billets du nom, très révélateur, du "crucifié").

    Jean Granier, Nietzsche, PUF.

    Donc dans les presses universitaires de France, on peut écrire que l'antéchrist a de la sympathie pour Jésus-Christ. Et c'est de la science.

    "Ce saint anarchiste, qui appelait le bas peuple, les réprouvés et les "pécheurs", bref les tchandala à l'intérieur du judaïsme, à se soulever contre l'ordre établi - et ce, s'il faut en croire l'Evangile, dans un langage qui, aujourd'hui encore, vous conduirait tout droit en Sibérie - c'était un criminel politique -, dans la mesure où le crime politique était possible dans une société apolitique jusqu'à l'absurde.

    C'est cela qui le mena à la Croix : à preuve, l'inscription sur la Croix. Il est mort pour sa propre faute. Aussi souvent que l'on ait pu affirmer le contraire, rien n'indique qu'il soit mort pour les fautes des autres." (F. Nietzsche ; in : L'Antéchrist)

    Donc, en substance, Jésus de Nazareth était un agitateur politique qui, à ce titre, méritait la mort. Ce faux-cul de Claudel a tenté la théorie non moins probable de la sympathie de Ponce-Pilate pour Jésus-Christ. Le motif du diplomate Claudel (la bassesse humaine est résumée dans le terme de "diplomatie") est clair : il s'agit d'atténuer le machiavélisme du procurateur romain. Nietzsche exprime qu'il n'aurait pas éprouvé le besoin de "s'en laver les mains", mais qu'il se les serait salies volontiers. Pour ce qui est de la sympathie, ledit Granier met sans doute sous ce terme ce qu'il entend lui-même par là.

    Nietzsche reprend à son compte le soupçon que font peser les juifs sur le Christ. Les évangiles ne sont pas anarchistes au sens de Ravachol, Lénine ou Ben Laden. Ni les apôtres, ni Paul ne font d'effort pour instaurer un régime communiste ou une démocratie pour ceux que Nitche qualifie avec mépris de "ratés de la vie". Le nihilisme ou la culture de mort démocratique n'ont rien de chrétien.

    Le délire de persécution signalé n'a rien à voir avec la crucifixion ; pas même dans les termes où Nietzsche la conçoit. Plus probablement Nietzsche souffrait comme les misanthropes du manque de reconnaissance sociale. Et la nature ou la vie, qui est la cause la plus évidente de persécution, n'est pas forcément tendre, y compris avec ceux qui chantent ses louanges. 

     

  • Pan et le pape

    Crosse et mitre portés par les évêques romains sont des symboles païens : ils traduisent l'entendement supérieur des choses de la nature. L'excellence du clergé romain en science naturelle est toute relative désormais, puisque nombre d'évêques défendent la théorie du transformisme, bien qu'elle soit une simple pétition de principe.

    Si les historiens de la science faisaient leur travail, ils révèleraient d'ailleurs que l'évolutionnisme darwinien ne pourrait avoir été conçu en dehors des préjugés propres aux castes dirigeantes judéo-chrétiennes, dont cette hypothèse traduit les idéaux sociaux dévoyés. L'évolutionnisme est aussi typique de la médiocrité scientifique de l'Occident judéo-chrétien que les droits de l'homme sont typiques du totalitarisme. Très peu de doctrines religieuses auront été défendues avec des moyens de propagande aussi puissants que ceux mis au service des valeurs anthropologiques occidentales. L'erreur qu'un savant païen n'aurait pu commettre, c'est celle d'où le darwinisme part, et qui consiste à placer l'homme au faîte de la Nature. On décèle le même tour d'esprit débile dans le droit de propriété intellectuelle, où le bourgeois occidental se pose en démiurge.

    Qui prône la démocratie et le darwinisme devrait se demander d'abord comment il peut croire à la formule juridique la plus détachée des exigences naturelles et biologiques, avant d'asséner ses dogmes évolutionnistes et son "éthique scientifique" la plus hypocrite à travers les âges.

    La faiblesse et le mensonge théologique catholique romain, pour le résumer, consiste à tenter de rapprocher la pensée platonicienne de la spiritualité chrétienne, qui la récuse absolument. Pas une ligne des évangiles ne va dans le sens de la métaphysique platonicienne. Le prêtre romain plonge donc la vérité dans un brouillard philosophique où il finit généralement par s'égarer lui-même.

    La pédérastie et sa justification est bel et bien une marque typique de notre époque, platonicienne. Elle est significative de la dévotion sans frein aux institutions, systématiquement "matricielles" ou providentielles. Et ce culte des institutions a été introduit par le clergé romain, en dépit de la parole divine.

    Réfutons donc le pape François Ier et son discours écologiste conformiste et doublement insane : -antichrétien et inefficace.

    "Lorsqu’on parle d’environnement, "on pense au livre de la Genèse qui rapporte que Dieu confia la terre à l’homme et à la femme pour qu’ils la cultivent et la protègent."

    - Tactique systématique des théologiens romains : effacer l'épisode de la mort et de la chute (ici de façon grossière), et donc laver l'homme du péché tel qu'il est indiqué dans la Genèse, afin d'attribuer à un clergé nécessairement antichrétien le pouvoir de juger."

    "(...) Cultiver et protéger est un ordre de Dieu valable dans le temps et applicable à chacun de nous. Cela fait partie de son projet qui est de faire grandir le monde dans la responsabilité, afin d’en faire un jardin, un espace vivable pour tous. Benoît XVI a plusieurs fois rappelé que la mission attribuée à l’humanité par le Créateur implique le respect des rythmes et de la logique de la Création. Mais l’homme est souvent dominé par la tendance à dominer, posséder, manipuler et exploiter, et non par le respect de la nature considérée comme un don gratuit."

    Prose délirante. Le Messie ordonne l'amour, et celui-ci est intemporel. La spiritualité chrétienne implique le détachement de la terre ; c'est ce qui la rend aussi difficile à comprendre par les femmes. A l'idée "d'espace vivable pour tous", c'est-à-dire de pré carré où la luzerne pousse en abondance, les évangiles opposent la Jérusalem céleste ou l'épouse du Christ, et la vision apocalyptique réaliste d'un monde inéluctablement en proie à des luttes sanglantes jusqu'à la fin des temps.

    - Respect des rythmes et de la logique de la création ? Elles sont païennes ou familiales. Le Messie n'est pas venu apporter la paix dans le monde, disent les écritures, mais le glaive entre le père et le fils pour permettre au fils de trancher la gorge de son père quand celui-ci contredit sans vergogne la parole de dieu, afin de mystifier les foules hystériques qui se prosternent devant lui, afin de les inciter à supporter le joug du temps.

    "La personne est en danger et ceci justifie la priorité d’une écologie humaine. Ce danger est d’autant plus grave que sa cause est profonde. Il ne s’agit pas d’économie mais d’éthique et d’anthropologie."

    L'homme est surtout menacé par sa propre bêtise, dont les causes naturelles sont considérablement accrues par les discours éthique et anthropologique modernes. Ils sont à l'origine des guerres et des charniers modernes, auxquels ils ont servi de prétextes idéologiques et d'arguments, impliquant la démocratie-chrétienne au point qu'aucun chrétien ne devrait plus avoir l'impudence de se réclamer chrétien. Même la cause naturelle de la bêtise, mise à jour par les païens, ce scandaleux pape la dissimule et tous les écologistes à la langue fourchue, en louant sans réserve la nature ainsi que des abrutis ou des cinéastes.

    Il est IMPOSSIBLE de fonder une éthique ou une anthropologie chrétienne sur les évangiles. L'anthropologie et l'éthique résultent d'un pacte passé par l'homme avec la nature. Le culte démoniaque égyptien est le cadre le plus rationnel de l'éthique et de l'anthropologie. L'interdit juif ou chrétien de représenter dieu s'oppose directement à l'éthique et à l'anthropologie, car le moraliste ou l'anthropologue se représente dieu selon son désir, ce qui est le propre de l'idolâtrie. Job se plaint à dieu qu'il ne permette pas l'anthropologie, et dieu lui répond qu'il lui procure bien plus : la science et la vision des choses éternelles, dont les anthropologues et les moralistes se privent pour jouir mieux à présent (souvent sur le dos d'autrui).

    "Il s’agit d’une culture du gaspillage et du rejet qui tend à devenir commune. La mode aujourd’hui c’est l’argent et la richesse, pas l’homme. C’est la dictature de l’argent. Dieu a chargé l’homme de gérer la terre, non l’argent."

    L'argent est l'essence de l'anthropologie, où s'accomplit sans doute l'art le plus élevé de l'homme moderne. D'où émane l'émotion la plus forte ; la métaphysique du citoyen des régimes totalitaires est celle d'un paradis fiscal pour tous. Et il n'est pas difficile de deviner le préablable du purgatoire romaine et de ses indulgences dans cette métaphysique bourgeoise. Molière nous montre avant Balzac comment le bourgeois s'attache à l'argent bien au-delà de son usage pratique, en vertu de sa puissance de séduction anthropologique massive. Comme toute anthropologie, l'argent a le pouvoir de rassurer l'homme aussi bien que de le terroriser.

    Comme les tombeaux pyramidaux, le sphinx et Oedipe concentrent le culte anthropologique égyptien, l'argent est le condensé de l'anthropologie occidentale. Ce pape ubuesque prône l'anthropologie et l'éthique, sans savoir en quoi ils consistent. Sa rhétorique est inférieure à celle de l'argent même !

    Seul un suppôt de Satan peut oser proférer, pour justifier sa stupide incitation au "retour à la terre", que Dieu a chargé "l'homme de gérer la terre", quand la parabole des talents a un sens exclusivement spirituel, et que toutes les choses terrestres ne sont pour le chrétien que des choses charnelles.


  • Le pape antéchrist

    A travers la théorie du complot illuminati, cette thèse se répand sur la toile. Cela n'est pas sans rappeler le temps où l'imprimerie fut inventée, permettant la diffusion des évangiles des réformateurs protestants et leur iconographie, dans laquelle l'évêque de Rome est représenté de telle façon, comme l'antéchrist.

    Bien que l'enseignement scolaire n'en fait pas mention, étant donné son caractère dogmatique, l'argument apocalyptique est sous-jacent dans les Lumières françaises (d'Holbach, l'abbé Grégoire), ainsi que dans le marxisme. Pour une raison assez simple : l'apocalypse chrétienne, dans la logique des évangiles, fait obstacle au mysticisme politique millénariste. Que ce millénarisme soit celui de la monarchie de droit divin, ou bien démocratique, sachant que ce dernier n'en est que le produit dérivé. C'est particulièrement net en France, où la démocratie revêt plus qu'ailleurs un caractère entièrement théorique, médias et journalistes reproduisant le phénomène de la cour. Le mépris de tel ou tel souverain récent, de Gaulle ou Mitterrand, pour les médias et les journalistes, ne fait que répéter la même défiance de la part de Louis XIV vis-à-vis des courtisans. L'alternance politique répond d'abord au besoin d'orchestrer ou d'encadrer la cour, selon le but rempli par la délocalisation de la cour à Versailles. La parabole du sphinx, qui préside à tous les destins, vaut ainsi non seulement pour la trajectoire de l'homme, mais celle des institutions humaines, qui ne subissent pas d'autres modifications que celles que les lois de la physique font subir au corps et à l'âme humaine.

    Tout homme est antichrist, selon une démarche passive (féminine) ou plus active (virile), dès lors qu'il ourdit une doctrine sociale ou s'y soumet, en dépit de l'avertissement du Messie qu'il ne faut rien attendre du monde, et que le plus bête est d'attendre une évolution positive de la société. C'est un attentat contre la science, commis par les savants ou les artistes qui prônent le progrès social. Les juristes sont la plupart du temps de cette espèce, afin de justifier leur activité parasitaire. Pour le reste, ce sont des apôtres de la technique, qui postulent son équivalence avec la science, quand bien même la technique n'a pas d'autre but que l'imitation de la nature, tout le reste n'étant qu'un cinéma improbable, celui-là même dont le millénarisme politique s'enfle, et qui passe par une occultation systématique des ravages de la science polytechnique. Sans la démonstration du progrès technique, la mystique politique moderne s'écroule. Et cette démonstration n'est pas une preuve, c'est une démonstration.

    Comprenez la nécessaire censure de Bacon, alias Shakespeare, par la communauté scientifique moderne : son souci d'une science universelle, contredit radicalement la captation par une élite de soi-disant "génies scientifiques", dont la virtuosité se remarque surtout dans l'échec à résoudre la quadrature du cercle, probablement le mobile le plus maniaque qu'on peut assigner à la science, et le moins expérimental.

    Nécessaire aussi la censure, car Bacon promeut le progrès scientifique contre l'idée que l'invention technique soit un progrès. Très souvent, celle-ci n'est que le fruit du hasard et du tâtonnement le plus dangereux pour l'homme. Le phénomène le plus dissuasif de croire que la démocratie est autre chose qu'un subterfuge juridique, "une hypothèse dont les preuves ne sont pas encore réunies dans la nature", comme disent les mathématiciens les plus débiles, c'est bien la polytechnique moderne et son insouciance criminelle à se servir du peuple comme d'un cobaye pour ses expériences. C'est là le détachement le plus net de l'humanisme, et du mépris de l'homme par l'homme.

    Une fois perçue l'intention nécessairement prédatrice d'une élite, tout est dit du complot, de sa cause et de son but. L'homme d'élite le plus avisé a conscience de son anéantissement prochain, en même temps qu'il est nécessaire que le peuple ne parvienne pas à cette conscience, faute de quoi il se trouverait jeté à bas de sa monture. L'éthique, pour le peuple, revient au consentement par le cheval du cavalier ("Mon royaume pour un cheval !").

    On voit que l'Eglise romaine, en sa doctrine, n'a fait qu'épouser le mouvement de métamorphose des institutions politiques occidentales, y compris dans leur formulation mystique la plus chrétienne. Le fait qu'elle s'y soit soumise de façon passive, comme l'épouse d'un tyran (ainsi de Gertrude, mère de Hamlet, honnie par celui-ci), est assez dissuasif de voir dans le pape lui-même l'incarnation de l'antéchrist, et dans le nombre de la bête (666) la désignation d'un homme en particulier. Le nombre de la bête désigne bien plutôt la force tutélaire à laquelle l'homme se soumet, suivant un déterminisme plus ou moins conscient, et que les Egyptiens représentèrent par le zodiaque. La panoplie de l'évêque de Rome s'inspire d'ailleurs bien plus des symboles païens égyptiens (crosse et mitre, notamment), que du symbolisme chrétien du cavalier blanc, incarnation de la force spirituelle. Un autre phénomène étrange, au point qu'il est remarqué et critiqué parfois au sein de l'institution romaine, est la canonisation des papes, manifestation apparente d'un culte hiérarchique et providentiel, tel que les élites en ont conçu et en conçoivent à toutes les époques, sans d'ailleurs que la conviction dans l'au-delà soit nécessaire, autrement que comme le simple raffermissement de la volonté.




  • Croire le pape ?

    A propos des premières exortations du pape :

    «(...) Quand on ne confesse pas Jésus-Christ, on confesse la mondanité du diable, la mondanité du démon.»

    Confesser Jésus-Christ n'est pas simplement le fait des apôtres ou des disciples, mais aussi celui des faux prophètes et des magiciens. Qui est le démon ? Comment agit-il ? En quoi consiste sa puissance de sidération des masses ? Voilà un point, sur lequel les fidèles du Romain à la mitre et à la crosse feraient bien de s'interroger.

    «(...) Quand nous confessons un Christ sans Croix, nous ne sommes pas disciples du Seigneur: nous sommes mondains, nous sommes des évêques, des prêtres, des cardinaux, des papes, mais pas des disciples du Seigneur.»

    La croix est un symbole romain. Le Messie a vaincu la croix et n'est pas restée attachée à elle. Qui requiert l'attachement à la croix, le sacrifice d'une partie de l'humanité au profit de l'autre ? Le monde ou bien notre seul père légitime, selon l'évangile de Matthieu ? Pourquoi les avocats de Satan sont-ils de plus en plus nombreux à porter la croix ? Pour qui le soldat d'une nation chrétienne consent-il à se sacrifier ?

    L'esprit de sacrifice des pauvres et des imbéciles (les soldats), est-il naturel, ou leur a-t-il été inculqué par les riches et les puissants ?


  • Le pape français

    Pape et français en même temps, ça ne colle pas ; il faut être tordu aujourd'hui plus que jamais pour être papr, et non français. Ce Bergoglio risque de devenir un imbroglio rapidement si c'est un "honnête homme".

    L'ignorance où une bonne partie du monde se tient des Saintes Ecritures, seule empêche de voir le décalage entre celles-ci et l'ésotérique folklore qui se trame au Vatican. Même l'argument de la tradition atteint la démence, car si l'homme peut ajouter à l'Esprit et à la parole de dieu, certes dans ce cas-là on ne voit pas ce que l'homme a ajouté au cours des siècles à la parole de dieu pour s'approcher de la vérité.

    Tous les chemins mènent à Satan. Un seul permet d'y échapper. Gare au fléau de la démocratie-chrétienne et son esprit divisionnaire.

  • De Pangloss à Nitche

    De toutes les personnalités publiques encore vivantes et qui hantent la terre, le pape Benoît XVI est la plus "nitchéenne" d'entre elles. Quelques-uns de ses sbires en France s'attachent par conséquent à  démontrer, sans économiser les "loopings" rhétoriques, que l'antéchrist, a contrario de ce qu'il a écrit noir sur blanc et argumenté longuement, est parmi les plus fidèles apôtres chrétiens. Cela revient à trahir Nitche pour mieux trahir Jésus-Christ.mithraism.png

    Il y a encore trop de vérité dans Nitche pour la démocratie-chrétienne, sans doute la frange la plus représentative de la faillite de l'esprit français. Les arguments de la démocratie-chrétienne se limitent à : "Le général de Gaulle a dit que...", alors même que Napoléon III paraît un géant à côté de ce dernier ; la dimension politique de de Gaulle est une invention de l'éducation civique, proportionnelle au poids de la télévision dans l'éducation civique.

    Mais Nitche, contrairement au pape, n'est pas démocrate pour un sou : il hait le peuple tant qu'il peut, et tous ceux qui ne lui trouvent pas moins de mérite qu'à l'élite : Jésus-Christ, les communistes, les anarchistes. Mais qu'a-t-elle fait, la démocratie-chrétienne, pour le peuple ? Moins qu'Adolf Hitler ou l'ex-RDA. Ah, si, elle lui a léché le cul : mais le peuple n'a jamais demandé ça. En termes d'oppression, la démocratie-chrétienne excède la puissance de l'idéologie nazie ou soviétique. L'idéologie nazie ne fait qu'indiquer le retard de l'Allemagne à se conformer au modèle totalitaire : retard par rapport à l'idéologie soviétique, et plus encore par rapport à la démocratie-chrétienne dont le modèle est anglais. Les méthodes de Hitler pour hypnotiser le peuple sont rudimentaires.

    Nitche étant un irresponsable parfait, ne briguant aucun mandat électif, mais seulement les privilèges anciens d'une caste déchue, celle du propriétaire agricole, il est naturel qu'il se tamponne de la démocratie et ne dissimule pas sa vocation purement démagogique. Nitche n'a nul besoin de gauchir son discours ou de le féminiser pour séduire. Sans inséminateur mâle, d'ailleurs, fini les comices agricoles sous le haut-patronage de Bacchus, fini l'écologie authentique. Nitche est le tenant d'un ordre démoniaque révolu à jamais ; il oublie un des principaux dons de l'Antéchrist : le don de métamorphose, que Shakespeare met en revanche en exergue tout au long de son théâtre, entreprise de démolition de la culture médiévale, dans laquelle le dernier tragédien de l'ère chrétienne fait ressortir la permanence d'un culte païen primitif jusqu'au coeur de l'Occident apparemment chrétien - si peu chrétien, en réalité, nous explique Shakespeare, qu'il n'a opposé aucune résistance à la polytechnique islamique ou arabe, pourtant la plus radicalement opposée à l'esprit chrétien. Les nations mahométanes sont aujourd'hui opprimées par des puissances hyperboréennes à qui elles ont enseigné l'art de maîtriser les forces naturelles précédemment... dans la seule mesure où Satan permet aux polytechniciens et tous ceux qui ont passé un pacte avec lui de le faire, ajoutera le chrétien à la suite de Shakespeare. Ce sont aujourd'hui les musulmans qui ont le plus de raison de faire la critique de l'islam. Etrange malice du destin ; n'y a-t-il pas là, comme Shakespeare, le plus grand motif de se méfier de la Providence, qui fait les cocus cocus, et les mahométans mutilés par leurs propres armes ? A trop étudier l'islam en profondeur, en effet, à l'instar du protestant Jacques Ellul ou de R. Guénon, les Occidentaux risquent d'y découvrir un Occident -et un Etat israélien-, non pas exactement façonné par l'islam comme dit Ellul, mais plutôt animé par des valeurs culturelles identiques. On constate que l'opposition entre la culture occidentale et la culture musulmane est artificiellement creusée par les partisans du choc culturel ou de la guerre : avec plus de ruse de la part des Occidentaux qui possèdent un net avantage militaire : le terrorisme musulman profite d'abord à l'Occident, qui n'a de cesse de l'exciter pour conserver le principal argument au service de l'exploitation colonialiste.

    Au contraire c'est dans un but pacificateur que certains font l'effort de rapprocher la culture islamique de l'art occidental (on peut constater que l'art iranien a évolué d'une manière identique à l'art européen, c'est-à-dire qu'il n'est pas moins marqué par le mercantilisme que l'art occidental au bord de la crise cardiaque) : ils vont ainsi au devant d'une impasse qui n'est pas moins tragique que la guerre, événement érotique où la culture retrouve une nouvelle vigueur (à condition que l'extermination ne soit pas générale) : celle qui consiste à fournir la preuve que l'argument de la modernité est une supercherie "hénaurme", et que le même souci d'exploitation anime toutes les civilisations depuis l'origine, doublé d'une grossière conscience religieuse au niveau de la culture de vie, c'est-à-dire du tribalisme. Cela revient à tuer définitivement le dieu que Nitche a voulu sauver à travers cette dernière parade de la modernité.

    La seule vérité, à l'écart de ce débat éthique ou purement stylistique, demeure l'avertissement de Shakespeare contre la culture, qui n'est qu'un masque de beauté, un vernis d'autant plus épais que la croûte à cacher est bourbeuse ou grossière. Tant qu'on n'a pas arraché le masque de la culture, on ne sait pas qui ou quoi se cache derrière. Le culte identitaire, maquillage le plus économique et vulgaire, n'est encouragé dans le peuple par un clergé cynique qu'à la seule fin de rendre celui-ci le plus manipulable et dévoué possible. Si l'on autopsie le cadavre de quelque pauvre bougre, suicidé sous la pression sociale, ex-employé d'une entreprise de télécommunication, on y retrouvera la programmation identitaire, puce électronique de base des citoyens tatoués des régimes identitaires. 

    - Même s'il est moins absurde et mensonger, je m'étonne du rapprochement que certains "nitchéens" opèrent avec Voltaire. Voltaire, conseiller du prince prussien, est une sorte d'Alain Minc qui aurait fait des études plus poussées, de sorte que si Voltaire avait fini évêque au lieu d'académicien, il aurait été parmi les deux ou trois évêques les moins ignares de toute l'histoire de l'Eglise romaine, qui a toujours promu à ces postes des bellâtres ignares (dans le genre de Mitt Romney) afin de mieux capter l'attention des femmes.

    Nitche ou Benoît XVI sont plus proches de Pangloss, dont celui-là porte les habits sacerdotaux, empruntés au culte de Mithra : crosse et chapeau pointu. L'immobilisme moral, dont l'ataraxie bouddhiste n'est pas loin, c'est-à-dire le penchant confessé par Nitche, et le pousse à s'opposer à tout ce qui lui semble incarner le changement, en bien ou en mal, est en effet justifié mathématiquement par Pangloss-Leibnitz, dans sa formule fameuse : "Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes." Cette formule implique que, puisque la nature est structurellement ou mathématiquement inaltérable, la société dont les principes éthiques ne font que refléter l'âme du monde, ne peut mieux faire que rester figée, elle aussi, dans des rapports de force immuables, où la violence trouve sa place, aussi bien que le plaisir ou le profit. Les mutations sociales ne peuvent aller que dans le sens d'une dégradation. Leibnitz complète la morale privée de Nitche d'un plan géométrique ou astronomique.

    On raconte que Voltaire était "franc-maçon", mais lorsqu'il s'attaque à la religion de Pangloss, c'est au culte démoniaque de l'Egypte antique qu'il s'attaque, perpétué surtout par les moines du moyen âge et non seulement certains cercles maçonniques laïcs modernes ou le nazisme. Voltaire ne peut s'accommoder du caractère statistique de la culture, et de son recyclage à l'infini des mêmes valeurs réconfortantes pour les élites.

    Sur ce point Voltaire suit Shakespeare (et précède Marx) dans la critique radicale du monachisme romain et l'instrumentalisation du christianisme au profit des élites. Le culte de Baphomet qui sévit aujourd'hui aux Etats-Unis, exprimé plus moins franchement en fonction des castes, n'est que la queue d'un ancien dragon. Dans cette société américaine, la plus strictement inégalitaire ou pyramidale, où l'argent seul transcende les castes, le christianisme affiché partout fait office d'argument démagogique. Il comble la lacune d'un ancien paganisme où la domination des masses était assurée à l'aide d'instruments plus rudimentaires que la drogue, la publicité, la télévision ou le millénarisme démocratique.

    + L'illustration représente le culte de Mithra, à côté du "Sol Invictus", culte perse, iranien, ou encore installé à Rome, et à quoi l'Eglise romaine catholique a progressivement ramené le christianisme sous couvert de "tradition" (en l'occurence une trahison) afin de pallier l'absence de solution morale ou éthique dans la spiritualité chrétienne, inutilisable par l'élite.