Jean-Luc Mélenchon est de loin le meilleur tribun de la plèbe, depuis que Jean-Marie Le Pen a pris sa retraite. Mélenchon et Le Pen ont le don de déplaire aux femmes, à cause de leurs signes extérieurs de virilité.
Au contraire Emmanuel Macron plaît beaucoup au sexe, avec son air de sortir du séminaire ; il ne faut pas beaucoup le prier pour qu'il prononce un sermon, de préférence un éloge funèbre.
De plus les femmes capitalistes sont prédestinées à aller au paradis, tandis que le sort des hommes est plus incertain. Vous ne me croyez pas ? Regardez la carte du vote Macron ; en dehors des beaux quartiers de Paris qui votent avant tout CONTRE les Gilets jaunes par réflexe de caste, ce sont les régions où le sexe féminin est le sexe fort qui disent "amen" à Macron, qui a distribué son vaccin miraculeux comme des hosties.
Mélenchon est encore meilleur que Le Pen, qui était surtout doué pour remporter les joutes télévisées ; Mélenchon est encore meilleur et encore plus ringard que Le Pen, ce qui a le don de plaire aux jeunes militants de gauche.
L'un de ces militants, tout à son délire et qui m'a entrepris l'autre jour dans la rue à cause de mon air de ne pas aimer les flics, je suppose, me parla d'introduire grâce à Mélenchon un nouveau rapport de force avec la bourgeoisie capitaliste !? D'où sort ce gugusse, dans quel espace-temps est-il resté coincé ? Les différents scrutins présidentiel, législatif et européen, sont conçus comme un moyen pour subjuguer la classe moyenne : ils n'ont aucune autre utilité. Les gros contrats sont signés en coulisse. Pourquoi croit-on que F. Hollande célèbre les institutions bonapartistes et insiste sur leur caractère sacré, à chaque fois qu'on lui tend une perche ? Parce que ces institutions sont démocratiques ?
Le suffrage censitaire honni était moins antidémocratique que le régime gaulliste-bonapartiste : en 2024, le suffrage censitaire offrirait un meilleur rapport de force à la classe moyenne que le suffrage universel et son clergé abondant de publicistes.
Or c'est bien la classe moyenne, et non le prolétariat (qui n'est plus que l'ombre de ce qu'il fut en Europe), qui peut offrir une résistance à la politique technocratique conduite à partir de Bruxelles, qui ressemble plus à une martingale qu'à une politique véritable. L'indécence du capitalisme n'a jamais été aussi flagrante, qui consiste à jouer à qui perd-gagne avec des vies humaines.
Subjuguer n'est pas un terme excessif en parlant du régime démocratique actuel, si l'on se réfère au débat entre D. Trump et Joe Biden, dans une nation de tradition démocratique plus pure que la nôtre. Il est fascinant qu'un tel débat puisse fasciner tout un pays ; à côté de Trump et Biden, Mélenchon c'est de la poésie.
Commentaires
Pourtant, malgré sa séduction Macron est de plus en plus honni même (et surtout) dans son propre camp qui en a sans doute marre de sa stratégie du chaos permanent. Macron sort à la fois affaibli puisqu'il perd en assise électorale quoiqu'on en dise et renforcé car il se place toujours plus en "médiateur" indispensable.
E. Macron se souvient peut-être que son prédécesseur F. Mitterrand avait atteint un niveau d'indignité nationale record (1986)... avant d'être réélu triomphalement deux ans plus tard.
Il est vrai que le chemin de Macron est barré par des prétendants aussi malins que lui.