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Précisions à propos de l'Apocalypse

La Bibliothèque nationale de France-F. Mitterrand (Paris 13e) organise actuellement une expo. sur le thème de l'Apocalypse à travers les âges, exposant notamment des livres d'heures enluminés millénaires, ainsi que des oeuvres d'art contemporaines sur ce thème pittoresque.

Cette expo. s'accompagne d'un épais catalogue comportant de nombreuses reproductions et quelques commentaires confiés à des historiens et divers théoriciens. Ceux-ci s'efforcent de replacer l'Apocalypse dans le contexte laïc contemporain, ce qui n'est pas forcément illogique car l'Apocalypse suscita l'intérêt des humanistes au cours de la Renaissance ; le cas d'A. Dürer est le plus fameux, puisque cet artiste allemand, proche du courant humaniste, illustra avec soin l'Apocalypse, y ajoutant un portrait de l'ange déchu (Satan), intitulé "Melancolia I".

L'interprétation laïque de l'Apocalypse peut cependant prêter à confusion en France où laïcité rime parfois avec athéisme.

Du point de vue chrétien, si l'Apocalypse rompt par la forme fabuleuse avec les évangiles et les épîtres de Paul, elle est en concordance avec l'annonce évangélique de la fin des temps par le Messie lui-même. L'Apocalypse présente une difficulté d'interprétation supplémentaire, mais le Messie s'exprime lui-même en paraboles, qui n'ont pas toujours été comprises ni interprétées de façon univoque, bien que l'exégèse de Paul fasse autorité pour beaucoup de chrétiens (même si les théologiens catholiques soutiennent contre Paul que les oeuvres humaines sont une voie de Salut).

- Une historienne fait ce rappel -utile- que l'Apocalypse n'est pas, du point de vue chrétien, synonyme de "catastrophe". Non seulement la fin du monde dominé par Satan est une bonne nouvelle pour les chrétiens, mais l'Apocalypse est un message d'espérance, puisqu'elle annonce la victoire finale du camp des saints ; elle réconforte les chrétiens qui vivent pendant "le règne de la prostituée", au cours duquel les chrétiens "charnels" tiennent le haut du pavé, et qui précède la fin des temps. Cette vision provoque l'étonnement de l'apôtre visionnaire.

 - Il aurait fallu rappeler aussi que l'Apocalypse resta mal comprise au Moyen-Âge ; elle est bien moins emblématique de la culture médiévale que la poésie ésotérique de Dante Alighieri, qui mélange la philosophie païenne de Platon et les références chrétiennes. L'esprit de la prophétie est en lien avec les prophéties juives, tandis que celui de Platon est géométrique (égyptien), et "le nombre de la bête" est "un nombre d'homme".

Le théologien catholique Thomas d'Aquin, responsable d'un syncrétisme assez confus entre la philosophie idéaliste grecque et l'enseignement du Messie, n'a fait que quelques commentaires sans grande portée à propos de l'Apocalypse.

- Il semble que Shakespeare désapprouve l'usage polémique de l'Apocalypse par les disciples de Martin Luther, contre l'Eglise romaine et les potentats catholiques, assimilés à une nouvelle Babylone à visage chrétien. Il s'agit-là d'un usage séditieux, alors que la guerre sainte est une guerre spirituelle (Luther reprochait justement à l'Eglise romaine de ramener la Foi au plan temporel à travers les sacrements).

- L'Apocalypse de Jean confirme la définition du satanisme que l'on peut déduire des évangiles et de Paul de Tarse comme "un effort à visage chrétien pour subvertir la Foi chrétienne", c'est-à-dire la pierre angulaire du Salut. Autrement dit, il n'y a pas de satanisme "extérieur" au christianisme. Bien qu'il se proclame "antéchrist" et multiplie les blasphèmes odieux dans son oeuvre, F. Nietzsche n'est pas "satanique" (la fréquentation des néo-païens "identitaires" n'est pas pour autant souhaitable) ; les disciples de Mahomet ne sont pas non plus "sataniques" pour la même raison (ils se situent à l'extérieur de la communauté des disciples de Jésus-Christ).

Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi le "christianisme identitaire" est nécessairement satanique : d'une manière générale, contre les Pharisiens, le Messie reconnaît comme ses disciples ceux qui accomplissent des actes d'amour (le Samaritain), et non ceux qui se répandent en discours chrétiens. Si le "France, fille aînée de l'Eglise" est un slogan identitaire bien connu, tombé en désuétude depuis que le nombre de catholiques-pratiquants a fondu, on retrouve un dispositif identitaire similaire plus vivace au niveau de l'Union européenne.

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