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  • Bloy à la télé

    Un débat à la télé pour essayer de faire le point sur le niveau de la critique littéraire en France. Pour représenter la critique : Jérôme Garcin et Arnaud Viviant. Vu le niveau de ces deux argousinets de la pensée, je pourrais aussi bien aller me coucher…

    Quelques "images d'archives" sont rediffusées, montrant Edern-Hallier flanquant à la poubelle un bouquin de Labro par-dessus son épaule, avec dandysme. Et Viviant, petit critiquelard démocratique sur France-Inter, de s'offusquer devant ce qu'il prend pour de la désinvolture de la part d'Edern-Hallier. Pour se faire bien voir, il ironise sur le fait qu'E.-H. était aveugle, et que par conséquent comme critique littéraire… Comme s'il était besoin de lunettes pour deviner que la littérature de Labro n'a que deux fonctions complémentaires, la première laxative, la seconde hygiénique. "La littérature sans estomac", c'est encore trop gentil pour parler de la littérature de cabinets.

    C'est Marc Dambre dans sa grosse bio. de Nimier qui observe que celui-ci avait la "religion de la chose écrite" - à ne pas confondre avec la religion de la chose imprimée vendue sous le nom de "livre".

    Viviant s'enfonce encore un peu plus, concluant l'émission en disant qu'il adore David Lynche.

  • Petit traité d'art contemporain (3)

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    On peut être tenté parfois de recueillir l'absurdité à laquelle on est désormais quasi-quotidiennement confonté pour esquisser un portrait de notre époque au ras des pâquerettes.
    Ce ne sont pas les exemples qui manquent, de phrases, de gestes, de politiques, d'objets, d'ouvrages, de personnages ou de situations, comme ces gens qui éteignirent tous la lumière hier soir au même moment pendant cinq minutes en pensant ainsi accomplir un acte moral, une B.-A. démocratique, avant de s'en retourner à leur petite "existence" bourgeoise bien éclairée et bien chauffée, sans oublier de se brosser les dents avant de se coucher.
    Un pour cent seulement de nos concitoyens, me direz-vous, mais le problème c'est qu'ils sont censés incarner l'élite, la crème du pays !

    On peut être tenté, oui, mais qui un telle collection de petits bobards civiques ou philosophiques intéressera-t-elle dans cinquante, cent, ou cent-cinquante ans ? Personne. Les historiens du futur se pencheront sur quelques exemples saillants, la littérature de Robbe-Grillet, le musée Pompidou, la philosophie de Derrida, le cinéma français, et puis basta, ils passeront à une époque plus intéressante. Ah, j'allais oublier, un petit détour par les écrivains ayant prophétisé et tourné cette absurdité en dérision, Allais, Jarry, etc., ne leur fera pas de mal ; il soulagera le malaise qu'ils ne manqueront pas d'éprouver en remuant toute cette poussière. Mais les détails qui font l'air du temps ? On ne peut pas tout conserver, d'autant plus que notre civilisation produit énormément de déchets.

    En attendant, il me revient une anecdote, lorsque j'apprenais le dessin, une réflexion d'un professeur respectable. Il observait dans mon dos ma méthode, tout à fait capable de distinguer la syntaxe de chacun des élèves de son atelier, quand il me dit, l'air mi-inquiet mi-amusé : « Si vous continuez comme ça vous allez finir par peindre comme Fragonard ! ». L'incongruité de son propos me choqua au point que je ne pus ensuite faire autre chose pendant tout le restant de la séance que du barbouillage. Ce prof avait mis dans ma tête à la fois l'idée que j'avais effleuré le bas du manteau de Fragonard de mon pinceau, et l'idée que le manteau de Fragonard n'avait plus désormais que la valeur d'une vieille défroque. La vanité et la colère s'entrechoquaient dans mon esprit et me déconcentraient.

    Si je me permets de vous ennuyer avec cette petite histoire banale, c'est parce que je la crois significative. Certes, ce professeur n'était qu'un professeur et pas un maître, mais c'était loin d'être un imbécile. Il avait étudié aux Beaux-Arts de Paris mais en avait retenu des choses concrètes, précises, aussi surprenant que ça puisse paraître. Il était même possible avec lui de causer de peinture et d'art. Il comprenait ça de l'intérieur, ce qui est forcément plus intéressant que le point de vue de celui qui cherche à expliquer les choses de l'extérieur, aussi "sérieux" soit-il.
    Hélas la philosophie qu'on lui avait inculquée aux Beaux-Arts lui avait fait perdre le sens de la peinture. Disons le sens "grec", pour synthétiser. Il était incapable de penser les choses en termes de destin commun et ne voyait qu'une addition de petites justifications, de petits projets, de petites existences individuelles comme désolidarisées les unes des autres.

    On comprend ainsi l'importance de Picasso, philosophe-peintre. L'importance, non pas dans le sens où Picasso est décisif, je ne le pense pas, mais dans le sens où Picasso est la clef de voûte. L'existentialisme repose sur lui, il est le maillon le plus solide, parce qu'il est le plus complexe, plus complexe que la peinture de Cézanne par exemple, dont l'architecture est trop voyante, pas très maligne à côté.
    Picasso n'a aucune descendance artistique ou presque - qui s'intéresse encore à Lhote ou Friesz ? Mais il a une descendance philosophique. Dans le domaine de l'existentialisme, Heidegger ou même Sartre sont des avortons à côté de Picasso ! Parce qu'un petit schéma vaut mieux qu'un long discours…

  • À l'école de Madiran

    Marie Drücker, qui présente l'actualité tardivement sur France 3, faisait son devoir de journaliste il y a quelques jours en dénonçant à Serge Klarsfeld l'existence de blogues "négationnistes" (Ah bon, où ça ? Et suis-je moi même un "négationniste" si j'ose dire que de tels blogues n'existent pas ?).
    Mademoiselle Drücker suggérait ainsi à Serge Klarsfeld d'aller à la chasse aux nazis sur internet… Quand elle sera enfin purifiée de toute trace de nazisme, la France se portera mieux, semble penser cette petite dinde médiatique hors prompteur. S'il n'y a pas un fond de protestantisme hygiénique dans cette idée-là…

    Mais Klarsfeld, de l'air magnanime de celui qui a d'autres chats à fouetter, de répondre à la novice qu'on peut assimiler ce qui se dit sur les blogues à de la correspondance privée, et donc laisser pisser.
    Ce décret de Klarsfeld résume bien l'esprit de la censure démocratique. Ce qui caractérise les blogues, ce n'est pas leur caractère privé. Ne nous répercute-t-on pas les lapalissades de Loïc Le Meur à longueur de semaine dans tous les médias officiels ? Non, ce qui caractérise la plupart des blogues, c'est la confidentialité.
    Le critère de Klarsfeld, ce n'est pas le respect de la vie privée ni même opinions privées, ce qui compte c'est que ce qui se dit sur la plupart des blogues, "a fortiori" s'ils sont anticonformes, ne rencontre pas d'écho. Pour renforcer ce système, il conviendra de faire l'apologie du journaliste officiel, qui, lui, en professionnel, contrôle ses sources (Et Timisoara ?).
    Tandis que sous Louis XV, pour prendre un exemple sur lequel je me suis aussi documenté, le souci d'être efficace est déjà là, bien sûr, mais ce n'est pas le seul souci. Lorsque Louis XV fait arrêter Diderot à cause d'un petit conte érotico-philosophique, Diderot n'est pas très connu ; c'est aussi pour le principe qu'on lui met le grappin dessus. Il suffira ensuite à Diderot de faire ses plus plates excuses et de jurer de ne pas recommencer pour être libéré assez rapidement. L'affaire est presque un bon coup de pub pour le philosophe qui n'a pas souffert, loin s'en faut, de ses conditions de détention à Vincennes, accédant même à la bibliothèque du Gouverneur de la prison, et faisant le mur pour aller surveiller sa maîtresse au bal. Tout ça ne fait pas très sérieux, n'est-ce pas ? En démocratie, on est beaucoup plus efficace - sans être à l'abri de la gaffe d'un fonctionnaire zélé pour autant, nul n'est parfait. Tel David Irving qui lorsqu'il fut arrêté l'année dernière et jeté en prison en Autriche, était quasiment inconnu et a ainsi accédé à une petite notoriété qu'il n'aurait pas récoltée si on l'avait laissé circuler librement.

    La "déontologie journalistique", comme disent les démagogues qui parlent de morale en termes techniques comme s'ils parlaient de lavements, la déontologie devrait bientôt nous priver de l'air de chien de race battu que prend Marie Drücker pour égrener le chapelet des bonnes et des mauvaises nouvelles, entre deux débats truqués organisés par le cocker Taddéi. On a en effet découvert que la Drücker était la maîtresse de François Baroin, l'ex-jeune premier chiraquien, maire de Troyes, l'andouillette la plus triste qu'on ait jamais servi depuis longtemps en politique…
    Scandale médiatique ! Non que la République soit prude, certes pas, elle est tolérante, c'est leur affaire à Marie et François s'ils veulent coucher ensemble dans leur Sphère privée***, mais l'électeur, ont-ils seulement pensé à l'électeur dans leur élan ? C'est qu'il est si sensible, l'électeur, un rien le fait foncer comme un mouton affolé d'un extrême à l'autre du champ !
    Il y a bien des juristes, des messieurs en apparence très sérieux, donc, qui planchent sur une solution constitutionnelle pour éviter à l'électeur ces funestes écarts de conduite et pour l'aider à voter comme il faut. Le modèle américain séduit beaucoup. Mais tant qu'on n'a pas trouvé la recette miracle, il convient d'être prudent. Après ça, il y aura grande partouze filmée entre ministres et animateurs du JT, entre élus locaux et correspondants de la presse locale ! Il y aura du champagne, de l'andouillette et du caviar pour plaire à tout le monde ! Parole d'homme politique/journaliste !