J’aime la femme à la peau de serpent qui prestement se décale afin de se placer entièrement dans mon champ de vision. Profil parfait de haut en bas.
Pas tout à fait un animal : elle sait jouir de sa propre beauté qui se reflète dans mes mirettes ; pas tout à fait un être pensant non plus : elle a obéi à un mouvement instinctif, plus fort qu’elle, plus fort que son planning de femme libérée. Nitche admire l’instinct. Le surhomme de Nitche est une femelle. Sa mère ?
Les femmes idiotes vont aux hommes qui savent apprécier les femmes idiotes ;
les femmes intelligentes vont aux hommes qui ont besoin de renfort ;
les femmes masculines vont aux hommes qui aiment se faire marcher sur les pieds ;
les femmes belles vont aux hommes qui savent louer leur beauté.
Après, tout peut arriver : une idiote peut devenir intelligente, car de l’idiotie à l’intelligence féminine, il n’y a qu’un pas ; une belle femme peut perdre sa beauté, une femme masculine peut virer sa cuti - les femmes intelligentes, elles, réservent peu de surprises.
Une femme idiote, belle et intelligente à la fois ? Fiction, poésie. "Le prince charmant n’existe pas", comme elles disent.
« - Vous permettez ? Je voudrais vous dire deux choses : une chose agréable et une chose désagréable ; je commence par la chose agréable : vous possédez une beauté rare, comme on n’en rencontre qu’une fois par an aux États-Unis, une fois par mois en France, une fois par semaine en Allemagne, une fois par jour à Prague. Mais, quand on est belle comme vous l’êtes, on n’a pas le droit de se fringuer comme ça, avec un jean et un débardeur orange. »
Voilà, je l’ai laissée un peu interloquée ; les femmes le sont pour pas grand-chose. Mon tort c’est de continuer à leur adresser la parole.
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Austérité
Dans mon régime austère, je m’autorise quand même à me beurrer la gueule une fois de temps en temps et à fumer du bon tabac quand quelqu’un m’en propose, ce qui est de plus en plus rare. Les régimes trop stricts, c’est pas bon, et puis le vin et le tabac “humanisent” un peu cette foutue société de consommation de bobos évolutionnistes de mes couilles gonflées à bloc.
C’est du côté des femmes que je me sens le moins rassuré. Une vraie femme, il y en un peu moins en ce moment qui prennent ce chemin à l’âge de la puberté, une vraie femme sait déchiffrer dans le regard d’un homme, a fortiori d’un lapin comme moi, depuis combien de temps il n’a pas baisé. En fonction de cette information que vous lui livrez, malgré vous, elle adopte une stratégie différente.
- Votre dernier coup de rein remonte à la veille ?… alors elle se montrera accommodante, jouera peu de ses appâts ; désarmée, elle insistera sur les sentiments, qui ne sont pas son premier réflexe, et elle se montrera “maternelle” pour mieux vous embobiner.
- Au contraire, si vous vivez dans l'isolement le plus complet depuis des semaines, des mois, des années, poursuivant tel ou tel graal, là si une vraie femme veut vous mettre le grappin dessus, vous ne trouverez votre salut que dans la fuite ou dans le fameux "coup de saint Antoine" (les créationnistes comprendront).
C'est pour ça que je ne suis pas rassuré et que je fréquente de plus en plus les piscines de la rive gauche, où on rencontre peu de vraies femmes. Il m'arrive aussi d'aller courir au Bois de Boulogne, pour chasser le stress. -
Manque de sang-froid
Pour ne pas ajouter à la servitude du monde contemporain d’autres dépendances, j’ai décidé il y a quelques mois d’arrêter de baiser, de fumer et de boire, pour voir l’effet. Peut-être était-ce après avoir lu une page de Baudelaire ? Je ne sais plus très bien, ça n’a pas été une décision franche, nette et signée, je n’en ai parlé à personne.
Ça m’a demandé un effort moins grand que je ne pensais. Le contrecoup, c’est que je suis assailli, dès que je ferme l’œil pour prendre un peu de repos par des rêves de bacchanales pas ordinaires - pas exactement le genre boîte de nuit, musique techno et boule à facettes. Mais cela cesse dès que j’ouvre l’œil. Les rêves sont plus vrais que la réalité : c’est dingue, si je pouvais me payer les mêmes grands crus que je bois dans mes rêves, et les mêmes havanes, je crois que je me remettrais à boire et à fumer sur le champ !
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Achtung, je ne me prends pas pour un samouraï pour autant, ni pour le “surhomme” de Nitche, cette tapette dégénérée.
Je n’aurais sans doute pas pu être moine. Quand je me suis posé la question de choisir ou pas ce métier, j’étais adolescent, je me trouvai dans un monastère assez sévère, justement, chez le portier. La cloche a sonné. Le portier est allé ouvrir. Deux femmes presque entièrement nues sont entrées, vêtues seulement de shorts et de petits soutifs multicolores. Les murs pâles et la fraîcheur du cloître faisaient ressortir leur teint hâlé. La mère et la fille ; elles voulaient voir un moine pour de bon au moins une fois dans leur vie.
Il y avait bien un écriteau sur le portail exigeant une tenue décente de la part des impétrants, mais ces deux blondes-là ne se jugeaient pas indécentes du tout, elles étaient presque innocentes. Le frère portier a fait preuve d’un sang-froid admirable. Il les a laissées mater un coup gentiment à l’intérieur de l’abbatiale, écouter un peu de grégorien, et puis il les a renvoyées à leur circuit touristique, sans se douter qu’il venait d’anéantir ma vocation religieuse.
Je sais bien que ce qui me permet de “tenir”, c’est de savoir que je peux recommencer quand je veux. Je ne suis pas encore vraiment épris de ma liberté. Je ne m’attends pas à l’être au bout de quelques mois seulement. L’amour de la liberté est un truc surnaturel. -
La bonne définition
Parfois un pharisien, l’air d’un qui revient de loin et qui en a vu d’autres, pose cette question qu’il croit être un piège : « Mais au fait, qu’est-ce que la décadence ? »
Ce ne sont pas les images qui manquent dans la littérature pour illustrer la décadence. Antoine Blondin suggère une plage ensoleillée, recouverte de corps de juilletistes ou d’aoûtiens en décomposition. Une route de montagne bouchée par des vacanciers qui se rendent aux sports d’hiver est tout aussi évocatrice. La décadence n’est pas saisonnière.
Ou encore le couronnement par l’Académie française d’un roman écrit en langue barbare, l’“imprimatur” que des autorités religieuses ont pu lui décerner.
Ou encore cette image d’un “adulte” qui lit Harry Potter dans le métro, tellement absorbé par ces histoires de collégiens et de sorciers qu’il rate sa correspondance.
Avant qu’ils ne soient détruits, les orgueilleux gratte-ciel géométriques de Manhattan, comme l’a fait remarquer M.-E. Nabe, étaient un symbole de la décadence, de la décadence satisfaite d’elle-même.
Nulle part ailleurs qu’aux États-Unis l’image de la décadence n’est plus frappante, car le spectacle de la nature, encore largement vierge, la fait ressortir par contraste. À côté d’une sierra profonde bordée de lacs immenses, un casino en béton où des ménagères s’empressent d’aller dépenser leurs salaires d’esclaves. À côté d’une forêt vertigineuse et silencieuse, un “mall”, un hypermarché où tous les indigènes font leur shopping, font la queue devant le cinéma, mangent des sandwichs, se regardent dans le blanc des yeux. Et les cours de la Bourse qui s’affichent sur des écrans géants lumineux en guise de destin.
Mais aux États-Unis, fondés sur les débris de vieilles civilisations et de grandes déclarations hypocrites qui ont abouti très vite à une guerre civile sanglante, au nom de l’abolition de l’esclavage, dans le but pour les États du Nord de s’approprier les richesses et la main d’œuvre du Sud coûte que coûte, aux États-Unis la décadence, le mélange intime de pornographie et de puritanisme viscéral, d’hygiénisme, le vice blanchi par l’argent, ce tour est assez “logique”, était prévisible, sauf pour les “libéraux” imbéciles.
La décadence en France est bien plus “scandaleuse”. Donc, lorsqu’on me demande ma définition de la décadence, je réponds de préférence par cette phénoménologie marxiste : « Il suffit d’écouter Bernard Arnault parler d’art. »
Et comme je ne suis pas plus contre le clan Sarkozy qu’un autre clan, j’ajoute que le discours d’Arnault et celui de Pinault sont parfaitement interchangeables ; je défie quiconque de distinguer les deux styles.