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charité

  • La Compassion

    La compassion pour autrui n'est souvent qu'une manière de s'apitoyer sur soi.

    On peut le constater avec le massacre au camion perpétré à Nice, qui a ému les Français et les téléspectateurs ; des milliers de personnes meurent de faim dans le monde chaque jour, dans l'indifférence, ou encore tué dans des conflits armés. Plus la victime d'un drame est proche, plus la compassion est grande.

    Cette compassion, réelle ou feinte, n'est pas une preuve d'amour mais de faiblesse. Quand s'ajoute à cette compassion un désir de vengeance ou de représailles, l'hypocrisie est avérée et parfaite.

    L'orchestration de la compassion et de l'émotion par les médias s'explique par la manière démagogique de gouverner les peuples désormais, probablement au moins aussi dangereuse que les méthodes terroristes.

    Voyons maintenant en quoi la compassion de Jésus-Christ diffère de ce que nous avons décrit, et qui n'est autre qu'un sentiment superficiel.

    D'abord, Jésus-Christ ne compatit pas "en général", mais tel homme ou telle femme suscite sa compassion - Lazare, un aveugle, un homme rossé et laissé pour mort dans la parabole du bon Samaritain...

    Jésus-Christ ne prononce pas des discours inutiles d'hommage aux victimes, au contraire des politiciens démocrates-chrétiens qui ne sont pas avares de simagrées.

     

  • Bazar de la charité

    La charité exprime l'amour divin. "Solidaire", l'humanité ne l'est pas plus qu'une meute de loups ; on peut même penser que les loups ont un sens de la solidarité plus aigu, dans la mesure où l'élan d'amour divin ne vient pas le perturber. Les espèces animales donnent l'exemple de la solidarité pure. L'amour qui règne au sein des familles se rapproche de la solidarité, dans la mesure où il est naturel.

    La charité a beaucoup moins bonne presse que la solidarité. En effet cette dernière est sociale, tandis que la charité ne l'est pas - elle ne tient pas compte des conventions sociales.

    Cependant on voit bien que le bon Samaritain de la parabole va beaucoup plus loin que la solidarité. On comprend qu'il n'y a de dépassement véritable que dans la charité. C'est un domaine dans lequel il est difficile de se vanter, d'ailleurs.

    Il est plus facile de se vanter dans le domaine de "l'action solidaire", comme on dit aujourd'hui, qui est comme un métier. Pourquoi pas ? Les cordonniers peuvent bien être fiers de leur travail, pourquoi quelqu'un qui exerce un métier dans le domaine de l'action solidaire ne le serait-il pas ? (même s'il est sans doute plus difficile de juger une bonne paire de chaussures qu'une bonne "action solidaire").

    Molière a conçu une parabole qui illustre bien la différence entre solidarité et charité. Don Juan, par solidarité, veut bien octroyer une obole au pauvre qui le lui demande, ainsi que nous voyons faire tous les jours dans le métro des Parisiens affables (et moi-même je n'aurais pas la prétention de me dire charitable sous prétexte que je lâche une pièce à qui me le demande), mais à condition que le pauvre abjure dieu. Molière montre ainsi que le plan social exclut dieu. J.-J. Rousseau enfonce le clou en disant qu'il y a des manières pour le riche de donner qui ressemblent à la manière dont le maître nourrit son chien. 

    Citons encore le cantique des "Restaus du coeur" : "Quand je pense à toi, je pense à moi." - cantique immonde car excluant que l'homme soit capable d'une bonté gratuite. On comprend ici que la tragédie de la démocratie est qu'elle n'a aucun exemple élevé à donner, ni dans le sens "satanique", ni dans le sens chrétien opposé. Le calcul finit par s'imposer comme le raisonnement ultime dans nos sociétés totalitaires où le dépassement individuel est subtilement proscrit.

    - Pour terminer, une anecdote qui m'a marquée, quand j'avais une quinzaine d'années ; à la sortie d'une église, comme un jeune type lui demande la pièce, un vieillard à la mise soignée, chapeau et canne, brandit cette dernière au-dessus de sa tête et menace le mendiant : "Faire l'aumône !... à ton âge... Vas-donc te chercher un travail !" La scène était assez cocasse, c'est pour ça que je l'ai retenue. Le vieillard ne manquait pas de courage, car le jeune clodo aurait aussi bien pu l'expédier "ad patres" d'une seule gifle.

    Du point de vue anthropologique, celui de la solidarité, on ne saurait donner tort ou raison au vieillard. Peut-être que le jeune type avait plus besoin d'un coup de pied au cul que d'une pièce pour s'acheter à boire ? Les Romains disent en effet : "Qui aime bien châtie bien".