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chesterton

  • Contre Chesterton

    On peut considérer le point de vue de G.K. Chesterton comme radicalement opposé à celui de Shakespeare. Ce dernier s'est en effet employé à discréditer, non pas tant l'Eglise catholique romaine que la théorie de l'institution chrétienne en général, prévoyant l'éclatement de l'Eglise romaine en Eglises nationales, affectées de la même tare anthropologique. On comprend grâce à la formidable démonstration de Shakespeare que l'athéisme occidental moderne est le pur produit d'une morale judéo-chrétienne truquée, substituant au christianisme la philosophie de Platon. Des raisons sociales et uniquement des raisons sociales, montre Shakespeare, ont conduit à une traduction sociale du message évangélique.

    - Le constat de la mort de dieu a donc été tiré par Shakespeare bien avant Nitche, puisque pour le tragédien anglais, la culture médiévale est une culture athée, les édifices architecturaux ou littéraires, philosophiques, du moyen-âge, ayant seulement l'apparence chrétienne.

    Autrement dit, entre Dante Alighieri et la thèse de la possibilité d'un Occident chrétien, d'une part, et de l'autre Shakespeare et sa démonstration de l'impossibilité d'une quelconque doctrine sociale chrétienne, c'est-à-dire de l'accomplissement de la Révélation chrétienne dans le temps, il faut choisir - plus exactement, seules les écritures saintes permettent d'aider le fidèle à trancher entre ces deux propositions opposées.

    Converti au catholicisme romain, G.K. Chesterton s'est curieusement fait l'apologiste de l'Eglise romaine. "Curieusement", car défendre le point de vue catholique romain, ces derniers temps, revient pour un architecte à préférer les ruines à l'architecture. La puissance judiciaire de l'Eglise romaine a peu à peu décliné au cours des derniers siècles, et son droit canonique est devenu langue morte. Cela explique largement l'inflation des procédures de canonisation : quand un droit est dépourvu de portée immédiate, il devient virtuel, comparable au "désir d'avenir" stupide des bonnes femmes allemandes. S'agissant de cette puissance législative perdue, on pense aussi à la métaphore de la peau de chagrin.

    Chesterton a d'ailleurs la réputation d'être paradoxal, ce qui n'est pas bon signe quand on est chrétien ; on peut dire en effet la logique chrétienne dressée contre le paradoxe social. Qui aime la société ne peut en effet aimer la vérité, dans la mesure où celle-ci est le principal dissolvant de la société. L'athée, produit d'une société totalitaire judéo-chrétienne, afin de n'être pas démasqué par une invocation directe du mensonge, se retranchera derrière l'apologie d'une vérité paradoxale. Aucune culture n'est sans doute plus paradoxale que la culture anglaise, et dominante en vertu de ce paradoxe. Quelle nation sait mieux jouer de la tradition et de la modernité en même temps ? Chesterton est donc le pur produit de la culture anglaise - exactement le contraire de Shakespeare, donc, qui défie l'Angleterre comme Hamlet défie le Danemark.

    "Faire partie de l'Eglise romaine est encore le meilleur moyen de ne pas faire partie de son temps." énonce Chesterton, ce qui est une affirmation plus contraire à la vérité historique que la thèse de Nitche. L'Eglise romaine a au contraire inventé le truc de la modernité qui consiste à vouloir être de son temps. Les tenants de la modernité sont des catholiques romains qui s'ignorent, et leur conscience est entièrement prisonnière d'une manière de penser médiévale. C'est une erreur d'attribuer au seul protestantisme l'impulsion moderne, comme si le protestantisme était opposé au catholicisme. La meilleure preuve en est que les derniers pontifes romains (K. Wojtyla, J. Ratzinger) ont rallié des positions institutionnelles et philosophiques protestantes sans coup férir (démocratie, laïcité), bien mieux adaptées à l'état du droit moderne. Aussi inexacte et approximative l'idée que le protestantisme est un terrain plus favorable au capitalisme.

    La remarque de Chersterton ne vaut partiellement que pour l'Eglise romaine actuelle, qui semble une nef coulée dans sa rade, ou que l'on peut comparer encore à une femme stérile.

     

  • Satan et le mal

    La tradition catholique romaine a beaucoup oeuvré afin d'effacer Satan et l'antéchrist, ce qui revient à barrer à l'homme la voie du salut. L'exhortation évangélique est au contraire à déchiffrer le nombre de la bête.

    La fausse doctrine de l'Eglise romaine a oeuvré selon une méthode facile à comprendre, et que d'autres institutions chrétiennes ont imité. Elle y a oeuvré en incorporant les principes sataniques du droit romain, et ce faisant elle a joué le rôle de matrice des nations européennes.

    Un fidèle catholique n'accorde à aucun système légal, à aucune philosophie naturelle le caractère universel, que ce système fonde un régime monarchique de droit divin, recopié sur le culte égyptien satanique, ou qu'il fonde un régime démocratique bourgeois.

    Chacun sait dès le plus jeune âge, presque instinctivement, ce qu'il est naturellement bon ou mal de faire. Or Satan n'est pas "le dieu du mal", mais le dieu de la connaissance du bien et du mal. Satan est donc, du point de vue chrétien, un dieu vertueux et non un dieu mauvais.

    La coexistence de valeurs juridiques et de l'esprit évangélique au sein de la culture catholique romaine a bouleversé les valeurs juridiques et les mathématiques rationnelles d'une part, tout en portant atteinte à l'esprit chrétien d'autre part.

    G.K. Chesterton, moraliste anglais converti au catholicisme romain a eu ce mot : "Le monde moderne est plein d'anciennes vertus chrétiennes devenues folles." C'est inexact : il n'est nulle part écrit que dieu récompense la vertu, mais l'amour. Shakespeare, bien mieux que G.K. Chesterton, élucide le phénomène de l'invention de la "vertu chrétienne" par les élites catholiques pour leur propre profit. Derrière toute doctrine sociale chrétienne se cache un élitisme ; et derrière la doctrine sociale démocrate-chrétienne se cache l'élitisme le plus sournois de tous les temps.

    A l'heure du jugement dernier, qui a lieu ici et maintenant, le catholique romain peut toujours se justifier en disant qu'il n'est pas raisonnable de la part du Messie de n'avoir pas prévu des règles pour ordonner la vie de ses disciples. Mais se justifier n'est pas aimer.

    La connaissance du bien et du mal est presque instinctive. Savoir distinguer Dieu de Satan, au contraire ne se peut sans l'aide de l'Esprit.