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jean staume

  • Créationnisme (13)

    On connaît le mot de Chesterton selon lequel le monde actuel serait plein d’idées chrétiennes dévoyées.
    Famille chrétienne, dernier magazine démocrate-chrétien en circulation, fournit la preuve presque chaque semaine de l'inaptitude à raisonner de façon authentiquement chrétienne, de l'évanouissement de la raison consécutif à l'évanouissement de la foi.

    Dans le dernier numéro de ce magazine, on peut lire une interviou de Jean Jaume, un évolutionniste démocrate-chrétien plus ou moins paléontologue, le genre de bavard qui comme son confrère anglo-saxon Stephen Gould remplit des bouquins et des bouquins de considérations générales, au détriment de la vraie science (celle d’un Réaumur, par exemple).
    Pour situer exactement le niveau de la prose de ces pantins, il faut dire que ce ne sont même pas des historiens des sciences sérieux, ni des vulgarisateurs compétents comme Claude Allègre… ni même des auteurs de science-fiction habiles comme Buffon ou Darwin !

    “En dehors de toute conception religieuse”, ce Jaume entend démontrer dans son bouquin que Darwin n’est pas le seul théoricien de l’évolution valable. Tu parles d’un "scoop" ! Enterrer Darwin pour ressusciter Teilhard de Chardin, tu parles d’un progrès !
    Jean Jaume résume la théorie de Darwin comme un mélange de sélection naturelle et de hasard - un hasard “pondéré”, en quelque sorte. Si la théorie de Darwin est bancale, pourquoi ne pas lui en substituer une encore plus déconnante ? Voilà à peu près la logique des démocrates-crétins.

    “En dehors de toute conception religieuse” : on peut être certain que ce préambule naïf, un "leitmotiv" de Gould également, annonce une tonne de préjugés démocratiques assénés avec la bonhomie de Pangloss. En effet, pas plus tard que quelques lignes plus bas, vient la conclusion définitive de Jean Jaume, ô combien prévisible :
    « On ne peut plus prétendre, aujourd’hui, avoir une démarche scientifique et être non-évolutionniste. »
    Tout est dit dans cette démonstration, ce credo, de l’esprit démocratique et “libéral” : amen !
    L'espèce de croyants la plus dangereuse qui soit, c'est bien celle des croyants qui ignorent qu'ils croient, parce que c'est l'espèce la plus bête. La "bêtise" des démocrates fait encore plus peur que la "méchanceté" des nazis.

    *

    J’en profite pour noter au passage le discernement de Marx et ce petit “tour” que lui a réservé l’histoire.
    Pour Marx, Malthus et Darwin - qui s’est largement inspiré du précédent -, n’ont qu’une valeur limitée : ils ont le mérite à ses yeux d’ébranler profondément les valeurs de la bourgeoisie. Au plan scientifique en revanche, Marx n'est pas dupe du manque d’originalité, pour ne pas dire plus, de Malthus et de Darwin, de leurs erreurs quasi-volontaires. Il qualifie l’Essai sur le principe de la population (1803) de “pasquinade”.

    Mais Marx sous-estimait le cynisme de la bourgeoisie. La classe dominante n’a en effet pas hésité longtemps à propulser Malthus et Darwin, ces deux plagiaires, au rang d’idoles, à leur construire des autels et à excommunier tout ceux qui osent pointer du doigt la faillite de leur idéologie. On n'arrête pas le cours du progrès, mais on peut l'inverser apparemment.