Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

marie drucker

  • Internet et la censure

    Internet commence à poser des problèmes au gouvernement  de Sarkozy. D'une situation où l'UMP s'était adjoint les services du crétin blogueur-vedette Loïc Le Meur, on est passé assez rapidement à une situation de "dissidence larvée" des blogues qui commence à poser un problème institutionnel, ne serait-ce qu'à cause des millions qu'un gouvernement démocratiquement élu, quel qu'il soit, au moins depuis Goebbels, est obligé de dépenser dans la propagande, rebaptisée "communication".

    Autrement dit à quoi sert "Le Point", à quoi sert "Le Monde", si les blogues contredisent pour pas un rond des journalistes grassement payés à bourrer le mou de l'opinion publique dans TOUS les domaines.

    Et la situation de la France est plus "avancée", dans la mesure où le nombre de blogueurs est très supérieur à celui de tous les autres pays, compte tenu de l'individualisme des Français et de leur niveau élevé d'équipement (tous les services gouvernementaux répètent en boucle depuis cinq ans que les gamins qui n'apprennent pas à se servir d'un ordinateur sont voués à l'arriération mentale, contre la plus élémentaire vérité que l'humanisme vrai se passe aussi bien d'ordinateurs que de la machine à calculer de Blaise Pascal.)

    On avait prévu les profits de la pornographie en ligne (l'essai du "Minitel rose" aidant), ceux des services marchands, même s'ils s'avèrent beaucoup moins juteux que la traite des Hongroises ou des Slovaques par dizaines de milliers, mais on ne se doutait pas qu'il y aurait des blogueurs, autant de blogueurs.

    Surtout on ne se doutait pas qu'ils ne se contenteraient pas tous de recopier les articles de "Libé" ou du "Figaro" tels quels, ou de commenter le dernier épisode de "Plus Belle la Vie". On ne s'attendait qu'à des blogueurs dans le style de Jean d'Ormesson ou de Laurent Joffrin.

    Bien sûr les blogues sont "a priori" beaucoup moins dangereux que des radios ou des télévisions libres, susceptibles d'ameuter rapidement des foules d'auditeurs. Mais on peut poser l'axiome suivant que, dès l'instant où la vérité sera publiée sur internet et que cette vérité sera accessible facilement à travers le dédale de "sites" (la "Propaganda Staffel" en est réduite, paraît-il, à acheter des mots-clé dans "Google" pour tenter d'étouffer la contradiction !), un groupe de députés réclamera alors qu'une forme de censure efficace soit mise en place sur le ouaibe, car les blogueurs ne vérifient pas leurs informations, tandis que les baveux officiels, eux, disent la vérité, toute la vérité et rien que la vérité que le ministère de l'Intérieur leur livre gratuitement. Jamais un bobard dans la presse officielle. Ou très peu. Si peu que les lecteurs ne s'en rendent même pas compte.

    Il y a un an ou deux, la journaliste de télé Marie Drucker s'inquiétait qu'on puisse parler librement sur internet de la choa, jusqu'à débattre de ses modalités ou de ses mobiles, auprès de Serge Klarsfeld, célèbre chasseur international de nazis. Comment pouvait-il laisser s'ébattre tous ces petits Le Pen librement sans rien faire ?

    Celui-ci lui fit cette réponse tolérante que les discussions sur le ouaibe peuvent être assimilées à des correspondances privées. Je signale de nouveau cette "jurisprudence" à l'attention de quiconque serait attaqué en justice pour des propos tenus sur internet et "passant la mesure" de ce qu'on peut écrire dans un pays démocratique, libéré de son passé clérical et monarchique, où brille le soleil de la liberté d'expression.

    Serge Klarsfeld n'est pas magistrat, ni rabbin, ni curé, certes, mais sans conteste il fait partie des plus hautes autorités morales du pays et il est un des défenseurs de la communauté des Français la plus sensible aux attaques et à l'humour noir. Faut bien sûr pas se faire trop d'illusions. Un chasseur de nazis qui ne changerait pas d'avis ne serait qu'un imbécile comme tout le monde.

    Comment elle fait cette phrase de Voltaire, au fait. Ah oui : "Je ne suis pas d'accord avec vous, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous ayez le droit de le dire ?" Une référence un peu dépassée. On venait alors à peine de sortir du Moyen-âge.