Rien de plus éloigné de la religion que la spiritualité, ainsi que la vie de Jésus-Christ nous le montre, puisque le mobile de son assassinat est un mobile religieux.
L'évangile de Jésus-Christ nous enseigne d'ailleurs qu'à la fin des temps, la spiritualité triomphera sur la religion.
Au coeur de la religion, les questions sexuelles et alimentaires, l'organisation des rapports humains ; de sorte que l'on peut dire qu'il n'y a pas de société possible sans religion - il n'y en a jamais eu, aussi dévastatrice soit-elle, comme le récent nationalisme.
Au plan social, l'erreur humaine fait loi, à l'exception des sociétés totalitaires qui, visant la perfection, ont convoqué la bestialité. Il s'agit au contraire, quand on poursuit un but spirituel, de surmonter l'erreur humaine. Le point de vue spirituel rabaisse si nécessaire la religion et la société au niveau de ce qu'elles sont, à savoir un mouvement de prédation de l'homme par l'homme.
On peut tenir Molière et Balzac pour des auteurs spirituels dans la mesure où ils font voir les ressorts véritables de la société.
Il est logique qu'un auteur spirituel soit considéré comme un auteur irréligieux. A l'inverse on peut considérer une littérature dépourvue de but spirituel, tel Proust qui s'adresse plus aux sens qu'à l'esprit, comme une littérature religieuse.