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Philosophie à la jarretière

Surmontant mon dégoût, je poursuis mon exploration de la planète féministe contemporaine. Après Caroline Fourest, faible rhétoricienne qui doit tout à son physique de playmate androgyne - Christine Ockrent, trop proche du pouvoir pour prêter une attention sincère à des peccadilles, qui s'attache surtout à brosser le costard de gentleman frimeur de son "compagnon” (de fortune), en regrettant seulement que celui-ci ait la dégaine de John Kerry et pas celle de Bill Clinton (Christine, tu t'es gourée de "partner", voilà où mènent les sentiments)… j'en viens tout naturellement à aborder le rivage de la docte Sylviane Agacinski.

Celle-ci a été la compagne de route d'un des philosophes les plus emmerdants et les plus vains de toute la philosophie, auprès de qui Sartre peut passer pour un joyeux farceur (ce qu'il était), puis d'un des hommes politiques les plus emmerdants et les plus vains de toute la politique : c'est dire le parfum de sérieux qui flotte autour d'elle.
D'ailleurs la philosophe a intitulé son ouvrage majeur La métaphysique des sexes, pas moins. Apprêtez-vous à échapper à l'attraction des frustes instincts terriens et virils, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs - par ordre de préséance alphabétique -, et à décoller pour de hautes sphères. Il se pourrait même qu'on frôle l'exhaustivité, ne vous étonnez pas si un "voile noir" vous aveugle à un moment où à un autre.

J'espère que les misogynes "ultras" me pardonneront cette remarque que, de toute évidence, sur le plan théorique Mademoiselle Agacinski est nettement plus intéressante que ses deux mentors successifs. Sa compilation de la théologie et de la morale chrétiennes ne manque pas de rigueur et d'honnêteté. Ainsi Sylviane avoue être tombée sous le charme de Tertullien ; la jolie féministe qui tombe amoureuse du vilain machiste, c'est un grand classique ; en pratique Sartre était on ne peut plus phallocrate et le dévouement de Simone exceptionnel, allant jusqu'à torcher son monstre incontinent alors que son style de vie bourgeois aurait très bien pu l'en dispenser. Je suis même tenté de croire que Simone était une meilleure épouse que sainte Monique, essentiellement dévouée à son fils, elle, ce qui n’est pas exactement pareil.

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C'est la thèse de Sylviane Agacinski qui est beaucoup plus "téléphonée", mais elle a le mérite de ne pas polluer toutes ses recherches antérieures, de venir juste en conclusion de sa Métaphysique. En effet, lorsque Sylviane A. parle de "la nature androcentrée de l'imaginaire chrétien", elle s'enfonce dans l'arbitraire, ce qui n'est pas tellement compatible, autant que je sache, avec un projet "philosophique" moderne.
Il est bien évident que pour un chrétien, ce sont surtout les athées comme Sylviane A. qui ont l'imagination fertile. C'est comme si Sylviane A., elle, entendait s'ancrer plus profondément dans la réalité. Or qu'en est-il de la réalité athée et féministe ? Pour ce qui est des régimes communistes, bien qu'Arte ou d'autres organes continuent d'en donner une image nostalgique, avec un minimum d'histoire on se rend bien compte que l'égalité communiste, le divorce et l'avortement entièrement libres, n'ont pas élevé l'ouvrière soviétique à une dignité supérieure à celle des autres femmes.
Pour ce qui est des régimes capitalistes, ils voudraient se parer de vertu en brandissant la bannière du combat contre les deux ou trois cent machos qui brutalisent leurs femmes, mais il n'y a pas besoin de gratter très fort le vernis démocratique de ces régimes pour voir qu'une seule loi morale y est en vigueur, la loi du marché. Et pour le "marché", comme ils disent, il n'y a pas de sexes ni de races, l'argent n'a pas d'odeur. Jospin ou Kouchner auraient-ils agi contre les "lois du marché" qui font de la femme de plus en plus de la chair à publicité, quand ce n'est pas un pur produit de consommation pornographique ?

L'idée centrale de la thèse, bien qu'exprimée de façon sophistiquée, est simplissime à piger : l'“androcentrisme chrétien” serait une peur de la différence, qui entraînerait un refus de cette différence ; assortie d'un parallèle audacieux (ou foireux) avec l'universalisme des Lumières qui serait aussi une peur de la différence (culturelle). Femmes et noirs, même combat !
L'inconvénient d'une thèse philosophique, c'est qu'on peut la retourner comme un bas à jarretière. Et si c'était l'égalitarisme athée, plutôt, qui était un refus de la science qui démontre les différences, un nivellement qui fait les affaires des entreprises capitalistes ?

C'est dommage, Mlle Agacinski aurait pu se montrer encore un peu plus virile, se contenter de remarques historiques pertinentes, et nous dispenser de son bavardage philosophique.

Commentaires

  • "Philosophie à la jarretière" aurait été un titre avec beaucoup plus de gueule - et de jambe !

    Je crains que les livres de Sylviane ne tombent bien vite dans le maelstrom de la modernité qu'elle appelle de ses voeux !

  • À part la victoire de Ségolène, difficile de savoir ce que Sylviane A. appelle de ses vœux exactement. Une femme au pouvoir, rien de plus médiéval, mais passons, il faut bien offrir un idéal aux bobos.

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