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sylviane agacinski

  • Fier d'être miso

    "WOMEN BEWARE OF WOMEN!" : je tombe sur ce magnifique slogan misogyne de Thomas Middleton (1580-1627). Cette misogynie-là est sensiblement différente de la misogynie du penseur judéo-chrétien abusé par sa mère, misogynie parfaitement réversible car passionnelle, dont Nitche ou Freud fournissent des exemples presque parfaits ; Nitche avoue que seule sa mère ou sa soeur aurait pu le faire renoncer à l'idée d'éternel retour... aveu d'aliénation stupéfiant. C'est peut-être seulement la soeur de Nitche et non le philologue boche lui-même que séduisit le parti nazi, mais étant donné que la soeur de Nitche a engrossé son frère de l'idée d'éternel retour,  ça revient au même.

    J'interprète le goût assez répandu dans le clergé chrétien comme laïc (M. Onfray) pour la morale sado-maso de Nitche comme un travers pédophile. Benoît XVI est d'une extraordinaire naïveté lorqu'il entend prévenir les débordements criminels du clergé par l'examen psychologique : il faut déjà pour gober la théorie de Freud avoir soi-même une inclinaison incestueuse ! Le serpent se mord la queue.

    Tandis que la misogynie de la Renaissance est évangélique, provient de la confrontation entre Marthe et Marie, la misogynie de Nitche est, elle, "vétéro-testamentaire", comme disent les théologiens contemporains dans le vent.

    Dans la société patriarcale du XIIe siècle, encore plongée dans l'obscurité, l'historien Georges Duby a souligné que se nouait souvent une relation ambiguë, notamment dans les milieux aisés, entre la mère et son fils (d'où dérive l'erreur d'interprétation du mythe d'Oedipe par Freud, fasciné qu'il est par la relation entre Jocaste et Oedipe, quand le mythe souligne au contraire ce que la morale doit à la politique, et vice-versa, ce que Shakespeare a parfaitement saisi - le correctif de Jung est d'ailleurs à peine moins inepte que l'inversion de Freud). Cette relation ambiguë semble d'ailleurs déterminer la théologie de saint Augustin. Oedipe n'est qu'un être parfaitement normal, enfermé dans le temps, dont il devine fort bien la définition énigmatique proposée par le Sphinx. Le Sphinx est pris parfois malgré sa signification démoniaque comme un symbole du potentiel de la pseudo-science pyschologique. En réalité c'est avec plus de sagesse que les Romains en ont fait un symbole de la tyrannie. La pseudo-science pyschologique de Freud n'est autre que le produit d'une politique tyrannique. Si Freud est aussi animiste, beaucoup plus encore que Thomas d'Aquin, c'est parce que l'âme s'avère le médiat idéal de domination pour un Etat totalitaire. Le mythe grec est beaucoup plus lumineux à cet égard que la superstition freudienne. Du régime dynastique de Thèbes, il révèle le sous-bassement, qui n'a rien d'idéal. Le raisonnement politique est fondamentalement génital et incestueux, comme Aristote le pense contre Platon, et il ne sort pas de ce cercle. Croire que le capitalisme, nettement inspiré par le modèle génital, est inéluctable, revient à enfermer la logique humaine dans le seul raisonnement génital. De cette façon Nitche comme Freud se retrouve en-deça du bien et du mal quand son voeu était de surmonter le rapport moral, abrutis incapables de comprendre qu'il n'y a pas de raisonnement plus politique que le raisonnement animiste du membre d'une tribu anthropophage ou d'un kamikaze japonais.

    Les féministes, Sylviane Agacinski par exemple, pourtant moins niaise que Simone de Beauvoir, a traduit sottement le patriarcat comme un abus de pouvoir masculin, alors qu'en réalité la violence de la politique touche tout autant les hommes, si ce n'est plus, mais d'une façon différente. Autant dire que les Japonais ou les Allemands sont "phallocrates", alors que de toute évidence ce sont des femelles avides de sécurité, qui se sont jetés après leur défaite sur le modèle yanki comme une femelle se jette sur le mâle dominant vainqueur.

    *

    Le type de misogynie que je qualifie de "romaine" ou de "judéo-boche" séduit d'ailleurs généralement les femmes, et non la misogynie d'Hamlet (Ophélie, c'est autant Nitche que Rosencrantz ou Guildenstern, savants manipulés par le pouvoir politique, le sont).

    Pourquoi ? Parce qu'en réalité il n'est pas difficile de comprendre que la misogynie de Schopenhauer ou de Nitche est d'abord dirigée contre eux-mêmes ; la femme que Nitche déteste le plus, c'est lui-même (Flaubert est beaucoup plus lucide que Nitche, même si sa critique du christianisme est similaire.) Nitche est complètement prisonnier de rapports familiaux. Plus encore qu'en lisant Proust, et c'est peu dire, j'ai la sensation désagréable en feuilletant Nitche d'être enfermé à double-tour dans une table de chevet (Proust me procure plutôt le mal de mer avec sa prose isomorphe de foetus inné).

    Au lieu de diriger sa vindicte contre sa famille, le ventre sacré de sa mère, d'où vient son hystérie, Nitche s'en est pris à des objets extérieurs : Dieu, les femmes, le christianisme (attitude typique de la mentalité libérale, soit dit en passant, qui toujours se défausse et trouve un bouc émissaire, même confrontée à l'évidence de sa propre faillite et corruption. Exemple tout frais : c'est George Bush et non la société civile yankie qui a dévasté l'Irak pour se venger d'un crime que les Irakiens n'avaient pas commis. Le "coup d'Hitler" est sans arrêt recommencé, cinématographie à l'appui.)

    Ce type de misogynie est un aveu de faiblesse et il séduit les femmes, assez nombreuses, ayant un désir de maternité. On peut même penser que si l'institution matrimoniale persiste, malgré son caractère irrationnel au regard des derniers virages en épingle de l'économie capitaliste, qui permet d'épargner individuellement très facilement et se préoccupe peu des conditions de logement et de vie familiale des smicards, si l'institution du mariage perdure c'est uniquement en raison du désir de maternité persistant des femmes.

    Bien sûr ce n'est pas un hasard si le problème des misogynies recoupe exactement celui des antisémitismes. Pourquoi l'antisémitisme et la misogynie "nationales-socialistes" de Nitche sont beaucoup plus dangereux que ceux de Voltaire ? Parce que dans le cas de Voltaire il s'agit d'une critique, tandis que dans le cas de Nitche, ses passions sont dirigées contre lui-même et peuvent aller jusqu'au suicide. Quelqu'un qui peut se tuer par désamour de lui-même est capable de n'importe quelles tortures contre le corps d'un autre. Déjà Léon Bloy à la fin du XIXe siècle mettait les Juifs en garde contre les dangers du libéralisme, avertissement resté lettre morte.

    Les Juifs manquèrent de recul sur la religion allemande et l'idée libérale de renouvellement génétique, imposant aux Juifs de muter à peine de disparaître, Etat dans l'Etat, vieillard qu'on préfère confier à l'hospice (vaine est la tentative de scinder le nazisme aussi bien du capitalisme que du darwinisme) ; les Allemands n'en avaient pas sur les Juifs, et les camps de travailleurs juifs paraissent issus du goût médiéval des Allemands pour la purge.

    Simone Weil en revanche est dans le même cas que Voltaire et son rapport au judaïsme, étant critique, ne représente aucun danger. D'ailleurs celle-ci a rejeté les idoles allemandes (Max Planck) exactement de la même manière et pour les mêmes raisons qu'elle a rejeté les idoles juives. Probablement Simone Weil a-t-elle été sauvée des eaux de la bêtise, contrairement à son frère André Weil, compromis dans les pitreries du "groupe Bourbaki", parce que la mère de Simone Weil ne l'a pas possédée, n'a pas tué en elle tout esprit critique. Jonas n'est pas un simplement un Juif, c'est un Juif qui vit dans les organes de la baleine, privé de lumière. Et la baleine est une métaphore pour le Léviathan.


  • Marx pour les Nuls

    L'affirmation comme quoi "la Femme est la pire ennemie de la Femme" fait écho selon moi à l'axiome de Marx selon lequel "le Capital est le pire ennemi du Capital".

    Dans la société patriarcale juive ou prostestante, musulmane, la femme joue un rôle décisif dans la perpétuation du patriarcat par le biais de l'éducation des enfants de sexe mâle. Le code moral juif, protestant ou musulman est inculqué aux jeunes garçons dès leur plus jeune âge par leurs mères.

    Le patriarcat repose autant sur les femmes que sur les hommes, si ce n'est plus. Lorsque la loi interdisant le voile fut promulguée, par exemple, provocation de la part de Jacques Chirac pour détourner l'attention de la corruption au plus haut niveau de l'Etat, alors on vit surtout des femmes musulmanes affronter le clergé laïc déchaîné. On se souvient notamment de deux soeurs d'origine juive converties à l'islam, trimballées sur tous les plateaux de télé par leur père de confession laïque, vantant le voile comme le meilleure remède contre la prostitution capitaliste.

    Qu'en est-il de la femme laïque, la femme féministe, censée être l'antithèse de la femme au foyer, cet être quasi-générique, fée du logis sans grande individualité ni sexualité et à laquelle les jeunes Juifs ou les jeunes musulmans, les jeunes protestants restent souvent particulièrement attachés jusqu'à un âge avancé de leur vie ?

    On voit bien qu'il s'agit là d'une parodie de féminité. Sylviane Agacinski, par exemple, avec ses petites fiches de philosophie peut bien essayer de faire oublier qu'elle doit tout à la notoriété de ses compagnons successifs, Derrida et Jospin, il n'est pas certain qu'elle parvienne à s'abuser elle-même.

    Le féminisme laïc n'est qu'une attitude réactionnaire vis-à-vis du régime patriarcal. Quel plus bel exemple que le droit de répudiation, apanage exclusif de l'homme dans la société de droit patriarcal, accordé désormais aux femmes par le divorce laïc ? Toute la profonde stupidité de la religion laïque est dans cet exemple, ainsi que dans les philosophies existentialistes de Nitche ou Kierkegaard, tous ces pasteurs chrétiens avortés, reconvertis en pasteurs laïcs et qui ne croient qu'en un seul dieu : leur mère.

    Si le féminisme est plus redoutable encore que le patriarcat, c'est parce qu'il est un archaïsme hypocrite, déguisé. Et rien ne peut dégoûter plus un homme de la modernité que sa parodie laïque capitaliste.

    Qu'est-ce qui peut bien dans ce cas préserver la femme d'aller se jeter sur l'un de ses deux écueils, tant que les législations archaïques ou laïques s'imposent ? La Science. Dans le cas exceptionnel d'une femme moderne telle que Simone Weil, on voit bien que ce qui l'a préservée des dangers d'une éducation laïque, c'est la science. Le cinéma et les romans de Proust, susceptibles de faire même d'un homme une femelle, sont à proscrire absolument de l'éducation d'une femme, portée naturellement à se vautrer dans la fiction. Si Sarkozy a eu un mot intelligent dans toute sa carrière, il est involontaire et c'est contre "La Princesse de Clèves".

    Un autre exemple c'est la méthode de Marx qui consistait à faire apprendre par coeur à ses filles de longs extraits de Shakespeare ou de Dante.

     

  • L'Essence de la laïcité

    Une pute a sûrement plus de chose à dire sur le féminisme que la grande bourgeoise Sylviane Agacinski. Entre parenthèse, celle-ci ne rate jamais une occasion de déverser sa bile sur Ségolène Royal.

    Le dernier bouquin de Mme Agacinski : "Métaphysique des sexes", est destiné à prouver que la religion laïque, la sienne, il n'y a rien de mieux pour la condition féminine. Après avoir démontré précédemment que la religion catholique, il n'y a rien de pire. Ben voyons ; si tout ça n'est pas cousu de fil blanc...

    La tactique de Mme Agacinski relève des mêmes procédés grossiers utilisés par Michel Onfray : des petites fiches de théologie ou de philosophie avec lesquelles on peut démontrer tout et son contraire et épater le public de "France 2" à bon compte. On ne peut pas se contenter, pour dégager l'esprit du mariage chrétien, d'étudier quelques théologiens. Un étudiant en licence d'histoire sait bien que la théologie n'est pas uniforme en général, la doctrine du mariage pas plus qu'une autre, et qu'on ne peut apprécier la théologie en dehors de tout contexte.

    A ce compte là, on pourra aussi bien dire que les Etats-Unis sont un modèle de société féministe, et passer sous silence la prostitution organisée à l'échelle industrielle par ce régime hypocrite. Sans compter la laideur des femmes yankies.

    Le plus bête dans cette thèse, c'est que Mme Agacinski se réfère presque exclusivement à une théologie démodée dont on ne parlerait plus ou beaucoup moins si l'Allemagne n'en avait pas entretenu la mémoire - et je ne veux pas seulement parler de saint Augustin. C'est dans la culture protestante que ce sont épanouis précisément les imbéciles écrivains misogynes pour lesquels Mme Agacinski ne cache pas une certaine affection (!), les Strindberg, Ibsen, Nitche, tout ce fatras emmerdant, ce branlement de vieux garçons.

    Encore une fois le cas Agacinski n'est pas isolé. C'est le cas de quasiment tout le clergé laïc, on peut aussi citer Allègre, Brighelli, Finkielkraut, Mgr Barbarin, Antoine Compagnon, Robert Redeker, Onfray, etc. : tous ont la particularité de ne pas se connaître eux-mêmes, de faire comme si leur religion laïque ne devait pas tout ou presque au protestantisme.

    Il faut se mettre à la place des jeunes générations : que le progrès est difficile à aimer lorsqu'il a le visage arrogant de Sylviane Agacinski !

     

  • Philosophie à la jarretière

    Surmontant mon dégoût, je poursuis mon exploration de la planète féministe contemporaine. Après Caroline Fourest, faible rhétoricienne qui doit tout à son physique de playmate androgyne - Christine Ockrent, trop proche du pouvoir pour prêter une attention sincère à des peccadilles, qui s'attache surtout à brosser le costard de gentleman frimeur de son "compagnon” (de fortune), en regrettant seulement que celui-ci ait la dégaine de John Kerry et pas celle de Bill Clinton (Christine, tu t'es gourée de "partner", voilà où mènent les sentiments)… j'en viens tout naturellement à aborder le rivage de la docte Sylviane Agacinski.

    Celle-ci a été la compagne de route d'un des philosophes les plus emmerdants et les plus vains de toute la philosophie, auprès de qui Sartre peut passer pour un joyeux farceur (ce qu'il était), puis d'un des hommes politiques les plus emmerdants et les plus vains de toute la politique : c'est dire le parfum de sérieux qui flotte autour d'elle.
    D'ailleurs la philosophe a intitulé son ouvrage majeur La métaphysique des sexes, pas moins. Apprêtez-vous à échapper à l'attraction des frustes instincts terriens et virils, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs - par ordre de préséance alphabétique -, et à décoller pour de hautes sphères. Il se pourrait même qu'on frôle l'exhaustivité, ne vous étonnez pas si un "voile noir" vous aveugle à un moment où à un autre.

    J'espère que les misogynes "ultras" me pardonneront cette remarque que, de toute évidence, sur le plan théorique Mademoiselle Agacinski est nettement plus intéressante que ses deux mentors successifs. Sa compilation de la théologie et de la morale chrétiennes ne manque pas de rigueur et d'honnêteté. Ainsi Sylviane avoue être tombée sous le charme de Tertullien ; la jolie féministe qui tombe amoureuse du vilain machiste, c'est un grand classique ; en pratique Sartre était on ne peut plus phallocrate et le dévouement de Simone exceptionnel, allant jusqu'à torcher son monstre incontinent alors que son style de vie bourgeois aurait très bien pu l'en dispenser. Je suis même tenté de croire que Simone était une meilleure épouse que sainte Monique, essentiellement dévouée à son fils, elle, ce qui n’est pas exactement pareil.

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    C'est la thèse de Sylviane Agacinski qui est beaucoup plus "téléphonée", mais elle a le mérite de ne pas polluer toutes ses recherches antérieures, de venir juste en conclusion de sa Métaphysique. En effet, lorsque Sylviane A. parle de "la nature androcentrée de l'imaginaire chrétien", elle s'enfonce dans l'arbitraire, ce qui n'est pas tellement compatible, autant que je sache, avec un projet "philosophique" moderne.
    Il est bien évident que pour un chrétien, ce sont surtout les athées comme Sylviane A. qui ont l'imagination fertile. C'est comme si Sylviane A., elle, entendait s'ancrer plus profondément dans la réalité. Or qu'en est-il de la réalité athée et féministe ? Pour ce qui est des régimes communistes, bien qu'Arte ou d'autres organes continuent d'en donner une image nostalgique, avec un minimum d'histoire on se rend bien compte que l'égalité communiste, le divorce et l'avortement entièrement libres, n'ont pas élevé l'ouvrière soviétique à une dignité supérieure à celle des autres femmes.
    Pour ce qui est des régimes capitalistes, ils voudraient se parer de vertu en brandissant la bannière du combat contre les deux ou trois cent machos qui brutalisent leurs femmes, mais il n'y a pas besoin de gratter très fort le vernis démocratique de ces régimes pour voir qu'une seule loi morale y est en vigueur, la loi du marché. Et pour le "marché", comme ils disent, il n'y a pas de sexes ni de races, l'argent n'a pas d'odeur. Jospin ou Kouchner auraient-ils agi contre les "lois du marché" qui font de la femme de plus en plus de la chair à publicité, quand ce n'est pas un pur produit de consommation pornographique ?

    L'idée centrale de la thèse, bien qu'exprimée de façon sophistiquée, est simplissime à piger : l'“androcentrisme chrétien” serait une peur de la différence, qui entraînerait un refus de cette différence ; assortie d'un parallèle audacieux (ou foireux) avec l'universalisme des Lumières qui serait aussi une peur de la différence (culturelle). Femmes et noirs, même combat !
    L'inconvénient d'une thèse philosophique, c'est qu'on peut la retourner comme un bas à jarretière. Et si c'était l'égalitarisme athée, plutôt, qui était un refus de la science qui démontre les différences, un nivellement qui fait les affaires des entreprises capitalistes ?

    C'est dommage, Mlle Agacinski aurait pu se montrer encore un peu plus virile, se contenter de remarques historiques pertinentes, et nous dispenser de son bavardage philosophique.