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L'existentialisme est un naturisme

Quelle petite dinde Rive-gauche n’a pas un jour ou l’autre trimballé au tréfond d’un sac Vuitton ou Prada contenant toute sa personnalité un bouquin de Simone de Beauvoir ? Si je peux me permettre cette remarque féministe (l’influence de Nabe sans doute), en ça la petite dinde se montre supérieure aux crétins du même bord mais de sexe opposé qui achètent la camelote de BHL ou qui vont voir au “Crazy Horse” la Dombasle exhiber sa plastique chirurgicale. Le néant ne peut mourir !

Quel point commun entre le couple Dombasle-Lévy et le couple Beauvoir-Sartre, si ne n’est la notion de “couple” même ? la dévotion de la “femelle” Dombasle au “mâle” BHL n’est qu’un avatar de la dévotion du “castor” pour son intello hybride, mi-carpe mi-lapin.

S’il y a bien une évolution qui ne manque pas de preuves, c’est l’évolution politique. Le néant de BHL fait ressortir le peu de sincérité et d’humanisme chez Sartre naguère. Ce qu’il y a de contradictoire également chez Sartre, vu que les mobiles de BHL, eux, sont parfaitement homogènes.
Pisser sur la tombe de Chateaubriand, fort bien, évidemment je ne trouve rien à redire à ça ; “Quand on s’expose aux embruns, il ne faut pas s’étonner d’être mouillé”, dit un proverbe breton. Mais Chateaubriand n’est-il pas un existentialiste formidable, un existentialiste sans existentialisme, un menteur invétéré qui relègue Rousseau au rang de boy-scout et Kierkegaard à celui de morne imbécile exotique ?

C’est un junker polonais, Gombrowicz, qui a le mieux formulé son concurrent Jean-Paul : “le prophète de l’égotisme bourgeois”. Cette définition s’applique très bien à François-René aussi.
Je parierais qu’avant de mettre en scène sa petite plaisanterie pour choquer le bourgeois, qui relève du terrorisme de cour d’école, Sartre a lu cette critique de Marx :
« En étudiant le cloaque espagnol, je suis tombé sur les manœuvres du digne Chateaubriand, ce fabriquant de belle littérature qui allie de la façon la plus répugnante le scepticisme distingué et le voltairianisme du dix-huitième siècle au sentimentalisme distingué et au romantisme du dix-neuvième. Cet alliage ne pouvait manquer de faire époque en France au point de vue du style, bien que, même dans le style, le faux saute souvent aux yeux, malgré tous les artifices (…) » [Lettre à Engels, 1854]
Convergence de Marx, de Hegel, de Sainte-Beuve et de Baudelaire, Baudelaire qui n’est PAS romantique, ou qui ne l’est qu’à son cœur défendant.

Pisser sur la tombe de Chateaubriand, c’était donc une manière pour Sartre de se pisser dessus ; tant qu’on dispose d’une bonne dévote pour essuyer…

Commentaires

  • Quitte à citer autant citer correctement.

    "En étudiant la gâchis espagnol j'ai découvert entre autres les manigances du digne CH., ce littérateur calligraphe, qui marie de la façon la plus écoeurante le scepticisme et le voltairianisme distingués du 18ème siécle au sentimentalisme et au romantisme affectés du 19ème siècle. Cet alliage ne pouvait, bien sûr, manquer de faire époque en France quant au style, bien que, même dans le style, le faux-semblant saute souvent aux yeux, malgré les prouesses artistiques. Pour ce qui est du bonhomme politique, lui-même s'est entièrement offert en spectacle dans son Congrès de Vérone, et la seule question est de savoir s'il a reçu d'Alexandre Pavlovitch de l'argent comptant ou s'il a été acheté par des flatteries auxquelles ce personnage infatué est sensible comme personne."%%%
    Lettre à Engels du 26 octobre 1854 (trad M.Rubel, 1974).

    On verra que "distingués" s'applique à scepticisme et voltairianisme qui sont donc connotés positivement. Le sentimentalisme et le romantisme sont "affectés". Marx se situe du coté des Lumières (cf également ses critiques de Maistre et Bonald).

  • Ben moi, dans mon sac Lancel, quand j'était une petite dinde des beaux quartiers de Toulouse, j'avais Atala, René, Les Natchez..................

  • Ma traduction est de Jean Fréville et a reçu l'imprimatur du PCF.
    Du côté des Lumières, Marx ? Pas exactement, Voltaire est ce que la bourgeoisie a produit de mieux pour Marx, mais son admiration va surtout aux Anglais. Les nazis sont beaucoup plus "du côté" des Lumières que Marx. Marx sait parfaitement que Voltaire était un esclavagiste.

    C'est un peu la même chose avec Darwin, Marx se félicite de son pouvoir subversif, mais sur le fond il ne gobe pas leurs théories.

  • Le Château (brillant ou pas) aura effectivement inventé cette littérature française qui empoisonne encore tous les esprits mal ou bien veillants. Proust le copiera avec brio et encore plus d'ennui, de snobisme et de fatuité (pour ne pas dire de romantisme sycophante et vain).
    Sartre doit être sauvé au moins pour sa nausée - tout le reste est à chier sans regret.
    Admettez quand même, Lapinos, que Voltaire fut un des premiers vrais réactionnaires dans ce pays de bourgeois éberlués. Même, s'il ne fut pas un saint - loin de là !
    Et Zola peut bien aller se faire foutre !
    Rousseau n'était pas français ; il peut être un bon arbitre parfois.
    Baudelaire était tout sauf un romantique.
    Et Rimbaud qui s'en dédit...
    Si je vous emmerde, dites-le hein !

  • Je reconnais que cette petite autobiographie, "Candide", est un des sommets de la littérature bourgeoise.
    Vous faites bien de parler de Proust, car le pastiche est au coeur des propos de Marx sur la décadence bourgeoise. Proust ne pouvait pas lui non plus par conséquent manquer de "faire époque en France au plan du style".
    Quant aux niaiseries philosophiques de Proust, elles préfigurent le crétinisme des philosophes contemporains.

    Picasso aussi est un grand pasticheur, un maniériste accessible à une poignée de connaisseurs seulement, tout sauf un peintre "populaire". Pasticheur aussi, Nitche, sauf que lui n'en est même pas conscient, il se croit "original", contrairement à Proust et à Picasso. Nitche pense tout haut ce que la bourgeoisie pense tout bas.

    Chateaubriand, Proust, Nitche, comme par hasard on a là trois des auteurs favoris de l'abbé Mugnier, le prêtre embourgeoisé exemplaire.

  • Laissons Candide à ses candeurs, ses jardins, ses cultures et relisons tranquillement le dictionnaire philosophique.

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